mardi 29 novembre 2022

L’ange et le sourire, 2 – Christian Bobin / Les écureuils et les anges

 La Route inconnue n’a pas été épargnée ces derniers temps en disparitions. Le 23 novembre est décédé Christian Bobin.

Le Bernin, L’extase de sainte Thérèse ; source : Wikipedia.


Je fais ici une entorse à une vague règle que je ne m’étais pas fixée (et d’autant 

plus respectable bien sûr), mais… de me tenir à sept billets par mois.

C’est que, lisant l’article du Figaro de Sébastien Lapaque, le 25 novembre, 

consacré à C. Bobin (lu grâce à un membre actif de l’Association des Amis

d’André Dhôtel, Olivier Annequin), le thème du sourire, comme central (outre

Christian Bobin lui-même évidemment), pouvait difficilement être contourné, lors

que j’en avais déjà parlé au billet du 25 novembre.

Jugez plutôt :


« S'il évoquait un jour la présence réelle du Dieu caché des religieuses et des 

Messieurs de Port-Royal, ce sera à travers un traité du sourire. “Je ne sais pas trop

pourquoi, le sourire me semble être l'objet de méditation le plus profond possible. 

Je m'appuie à ce propos sur le sourire de quelques disparus qui se maintient et les

maintient hors des eaux noires. (…) Des sourires, aussi, comme on en voit pointer 

dans les berceaux au coin des lèvres des nouveau-nés. (…) Tout ce que je pourrais

vous dire honnêtement de Dieu, c'est ça. C'est la confiance. Non pas la confiance 

en quelque chose, non pas une confiance sans objet, mais la confiance en

quelqu'un, en une présence. Aller au-delà me semblerait impudique et un peu 

risqué. Si vous commencez à clamer à voix haute ce que vous aimez, si vous le

dites trop clairement, vous le tuez.

(...) L'écrivain citait peu ses confrères mais il avait le goût du mot d'auteur qui 

touche sa cible comme une fléchette. Dans Pierre, il avait reproduit cette phrase

d'André Dhôtel : “Nous devrions savoir que tout est à jamais loin, sinon ça ne 

serait pas la vie.” »


Le Caravage, L’Amour victorieux ; source : Wikipedia.


On est déjà passé du côté de la composition du Bernin (à propos de Wera von 

Essen, quelque part par ici, (ce billet et le suivant)…


Quant au Caravage... Plutôt amour qu'ange; quelle différence?

Messager, vaguement armé/désarmé. 

Je lis en quatrième de couverture d’un folio que j’ai, La grande

vie, Christian Bobin : « Ce qui manque à ce monde, ce n’est pas l’argent. Ce n’est 

même pas ce qu’on appelle “le sens”. Ce qui manque à ce monde c’est la rivière

des yeux d’enfants, la gaieté des écureuils et des anges. »


Nils Blanchard



vendredi 25 novembre 2022

L’Ange au sourire – deux rescapés de la guerre, à Reims

 Il m’arrive – pas en Alsace – de lire la presse régionale.

Ange au sourire, Reims

Et la Route inconnue (l’association des amis d’André Dhôtel) est en lien de ce 

blog) ; je ne saurais trop vous les recommander (le site, l’association, André

Dhôtel…) Bon… Cette association se réunit parfois à Reims. À la bibliothèque

Carnegie, notamment… Une des membres de cette association, ayant lu mon

livre, m’a envoyé une partie d’une édition de L’Ardennais où l’on pouvait lire, le 

27 novembre dernier – il y a un an  ! –, un article de deux pages, de Guillaume

Lévy, sur deux enfants de Forbach, qui furent aussi deux acteurs de la guerre.




L’histoire n’est pas banale. Nés en 1925 (Achille Muller, à gauche sur l’image), 

et en 1926 (Roger Boulanger, à droite), ils ont vécu dans la même rue à

Forbach et ont fréquenté la même école, raconte L’Ardennais. En 1942, A. 

Muller rejoint l’Espagne, puis Gibraltar, puis Londres, et va combattre les nazis

pendant le reste de la guerre. R. Boulanger, lui, pour éviter l’incorporation (la

Moselle avait été annexée à l’Allemagne), fuit en Suisse. Refoulé, après six

mois de prison, il est envoyé au KL Natzweiler. Puis il est transféré au KL

Flossenbürg début 1944, d’où il parvient à s’échapper pendant les marches de

la mort (il a publié un livre l’année dernière).

Après une retrouvaille en 1945, ils ne se reverront que 71 ans plus tard (en

août 2016), à l’occasion d’un film co-écrit par Olivier Hennegrave et Cheikh 

Sakho sur leurs destins parallèles. Chacun croyait l’autre mort.


L’ange, étymologiquement, c’est avant tout un messager. Porteur de liens, de

connaissances… Quand il sourit, c’est encore mieux. Quand les histoires ne

se terminent pas si mal que cela. Ce n’est pas si évident de faire sourire les

statues…

(Sourit-il, le garçon au poisson de l'en-tête de ce blog ?)



Nils Blanchard



P.-S. : Décès de Hédi Fried, le 20 novembre dernier, rescapée de la Shoah et

ayant beaucoup œuvré à sa mémoire en Suède. Hongroise (Transylvanie),

d’une famille juive, après un passage en ghetto, elle avait été déportée avec 

sa sœur et ses deux parents d’abord à Auschwitz (où ses parents ont été

gazés). De là, elle est passée par un camp de travail près de Hambourg puis,

atteinte du typhus, au camp de Bergen-Belsen. Elle avait été évacuée en

Suède par les « Bus blancs » de la Croix-Rouge.


dimanche 20 novembre 2022

Nostalgie

 

Wolinski - Charlie Hebdo, 1982

(Dessin reproduit dans Le Monde le 9 janvier 2015.)

Aucun rapport... 

La nostalgie redeviendra-t-elle un jour ce qu’elle sera peut-être autrefois ? 


Nils Blanchard


vendredi 18 novembre 2022

1943/1942

À Haguenau, le 17 novembre, conférence remarquable de Robert Steegmann, spécialiste de l’étude du KL Natzweiler.

NB - Le Struthof

Si j’ai parlé de (19)42, ici, entre autres (lien), je n’attache pas une grande importance à ces dates rondes – même si je vais encore évoquer 1922 çà et là, par amusement…

Le sujet abordé par R. Steegmann, comme il l’a mentionné dès le départ, n’était pas du domaine de l’amusement : 1943 à Natzweiler : une année particulière et décisive.
Alors, bien sûr, 80 ans se seront bientôt écoulés depuis lors ; ce qui est à la fois beaucoup et peu encore.

Grand mérite de cet exposé : un discours de clarification, au regard de « mal dits » – l’intervenant est revenu plusieurs fois sur cette notion –, autour de l’histoire du camp de concentration communément appelé « Le Struthof ». Le conférencier a rappelé notamment la différence essentielle entre les camps du KL Natzweiler (camp de concentration dépendant de la nébuleuse administrative idoine…) et celui de Schirmeck, camp de redressement, qui lui dépendait du Gauleiter Wagner.

Je ne vais pas faire ici une recension complète de la conférence (j’envoie mes notes en PDF à qui le demande), qui reprend bien sûr, aussi, en grande partie, les travaux publiés de l’historien. Mais précisément aussi, autre rappel de cet exposé : l’avancée, incessante, des travaux sur le sujet des camps de concentration et du KL Natzweiler en l’occurrence, qui lèvent le voile, encore une fois, sur certains mal dits, donc, sur des non dits aussi, voire encore bien sûr d’anciennes ignorances.

Or un certain flou entretenu peut favoriser les révisionnistes.




NB - KZ Bisingen

Je m’attarderai ici sur ce qui a été dit sur les camps annexes, au cœur de ma propre étude : pour le KL Natzweiler, le premier camp annexe ouvre le 15/12/1942 à Obernai (château de Hell).
En 1943, 6 autres : Peltre (près de Metz), Heppenheim (Allemagne), Ellwangen (Allemagne), Metz – Fort de Queuleu, Iffezheim (Allemagne) Schömberg (Allemagne, le 18/12).
Puis en 1944, plus de 50 camps encore. Sur 52 000 détenus, sur toute la période, étant passés par le complexe de Natzweiler, 35 000 ne sont jamais passés par le camp central. Dont, Elmar Krusman.

L'intervenant rappelle aussi la « noria » des voyages incessants des déportés d’un camp à l’autre…
Alors, globalement (ouf…) m’est confirmé le fait que mon livre ne contient pas trop, trop d’erreurs… que j’avais suivi des pistes dignes d’intérêt (que je suis toujours du reste…)
Aussi, Robert Steegmann a insisté sur les avancées de la recherche, qui mettent à bas la thèse communément véhiculée du « On ne savait pas ». Donne différents exemples, les livraisons au camp, une entreprise de Schirmeck qui a participé à la construction de certains bâtiments…
Pour ne pas parler des camps annexes, on y revient, au cœur de zones habitées...

Mais nous sommes encore en 2022, 80 ans après 1942, année revient le Mémorial de la Shoah notamment.


Puis, au passage, novembre 1942 (le 15) 80 ans de la mort d’Annemarie Schwarzenbach, dont… on reparlera.

A. Schwarzenbach



Nils Blanchard


mardi 15 novembre 2022

Rééditions dhôteliennes – Allez, mettons quatre, cinq…

 Quel rapport avec les Suédois d’ailleurs ? Je ne sais trop… Si ce n’est – on en reparlera – que Dhôtel a préfacé Selma Lagerlöf, que j’ai pu trouver quelque similitude avec Edith Södergran, que des moins récentes rééditions que celles de cette année, en Folio, ont été illustrées avec des tableaux de Nils Nilsson…


Pour commencer, il y a cette réédition de ce qui est sans doute la première 

nouvelle d’André Dhôtel publiée (comme le note Roland Frankart en postface).

Elle parut d’abord au Petit Journal, en 1937.

Ce sont les Éditions Lettres Vives qui ont fait reparaître ce beau texte ;

collection : Entre 4 yeux.

On s’est interrogé récemment ici sur la présence du mal dans les contes de 

Dhôtel (tout en ayant, et par ailleurs, repéré la présence passablement

entêtante de la guerre, certes en arrière-plan). « Histoire sentimentale » n’est

-elle pas, justement, l’intrusion diabolique d’une certaine modernité qui vient

chambouler la vie de deux jeunes et bien sympathiques branleurs ? Ils 

« gagnent » du temps dans leurs tournées, mais perdent autant de

communication, entre eux, avec les paysans le long des routes de campagne,

avec qui la lenteur ancienne de leurs déplacements permettait des

conversations… avec la nature tout simplement. Maléfique, cette modernité ?

La nouvelle se termine sur l’évocation nostalgique de leur ancienne guimbarde

hors d’usage :


« Ils évoquèrent l’image d’une triste ferraille, qui sentait le roussi, gisant dans 

la nuit printanière à la lisière d’un petit bois. » (Je souligne.)


Il s’agit de leur ancienne camionnette qu’ils ont dû remplacer par un nouveau

véhicule, après une panne non dénuée de diablerie, panne à l’issue de 

laquelle, qui plus est, les deux compères sont d’abord « emplis d’une joie

profonde, s’étant, par surcroît, attardés dans deux ou trois auberges »… Allez,

mettons quatre, cinq…


Le Vrai mystère des champignons, on a eu l’occasion de l’évoquer déjà. 

Et quant au roussi (bolet Satan…..)



David.

On doit cette réédition, magnifique, aux éditions de l’arbre vengeur. Là!

Pour toutes sortes de raisons je n’avais pas lu, jusqu’ici, ce roman qui

m’attirait pourtant beaucoup.

Il m’attirait d’abord, parce qu’il a été publié une première fois grâce à Florence

Gould (après avoir été refusé par Gallimard et avant d’entrer aux Éditions de

Minuit). Ensuite, et entre autres, parce que Matthieu Galey l’évoque ainsi

dans son journal, le 11 novembre 1957:


« Il est une heure du matin (nous sommes donc le 12). En montant me coucher 

j'ai ouvert David, que j'avais commencé il y a quelques jours sans

passion. Impossible de m'en arracher avant la fin, englué par cet univers de

trouble et de féerie. Je n'avais jamais compris la vénération respectueuse de

mes amis pour Dhôtel; je la comprends mieux à présent: celle qu'on peut 

ressentir pour un magicien, pour un être en contact direct avec le surnaturel. »


Matthieu Galey a raison ; on a qui plus est l’impression, avec ce roman très

« dhôtelien », d’une pièce manquante dans l’univers de l’écrivain…

Clés ouvertes : enfance cruelle de David ; lieux intemporels…

On en reparlera.


Et pour retomber sur je ne sais quelles pattes, je peux m’amuser à imaginer

que Wera von Essen, dans son Svar till D – qui est çà et là un Daniel… un

David… – ait fait un hommage – totalement improbable – à D(hôtel).

Non.

Mais en fait, David, Daniel (que le livre de Wera von Essen mélange au

premier prénom), sont étrangement présents chez des auteures récentes :

ainsi dans Messalina de Hillevi Norburg : le personnage principal. Dont on

reparlera... 

On trouve aussi un David évoqué en lien avec la Suède dans le blog que les

venisophiles connaissent sans doute; c'est ici...



Nils Blanchard


P.-S. Mettons quatre, cinq : il y a eu aussi, récemment, la traduction de 

Bernard le Paresseux en allemand, par Anne Weber – qui a aussi signé la

préface de David –, avec une préface de Peter Handke (éditions Matthes &

Seitz), une réédition de Lorsque tu reviendras, aux éditions de la Clé

à molette. Voir le site de la Route inconnue (Amis d’André Dhôtel), en lien de 

ce blog.


samedi 12 novembre 2022

Traversée de l’Allemagne (2)

(...) En Allemagne, plus loin, souvent : des embouteillages et des travaux. (…)
Il faudrait aller voir comment se passaient les voyages de Vergennes quand il alla et revint de son ambassade.

NB - Allemagne

Des voyages beaucoup plus longs, bien sûr, parsemés d’étapes.
Pourquoi est-ce que je me retrouve (nous retrouvons-nous) cerné sans cesse d’un sentiment d’urgence ?
Certes, j’avais des gens à voir en Suède, un article à écrire…

Et tenez, cette (mini) étape que j’évoquais au billet précédent : aire d’autoroute allemande, garçon dans une aire de jeu et ramasseur de feuille à la soufflerie bruyante… N’est-ce pas un peu à l’image de notre époque ? Plus personne ne balaie les feuilles, avec balais et râteaux, nous dira-t-on, notamment pas les professionnels.
Mais Lennart Erling, si (le 31 octobre dernier), dans Den långsamma bloggen : 

« Nu faller löven från gårdens alla stora, vackra träd (…) och det är dags att börja räfsa undan från gräsmattor och gårdsplan. Det har jag inget emot, tvärtom. Speciellt en dag som denna, då den gråmulna himlen äntligen spricker upp (…) Det är det slags arbete som befrämjar långsamt tänkande, kanske också ett slags glömska, en flykt från denna höst då overkligheten blivit verklighet. » 

« Voilà que nous sommes au temps où tombent les feuilles de tous ces grands et beaux arbres (…) et il est temps de commencer à ratisser la pelouse, le terrain. Ça ne me dérange pas, au contraire. Surtout un jour comme celui-ci, où le temps gris, couvert, se dégage enfin. (…) C’est un type de travail qui encourage une pensée tranquille, peut-être aussi un certain oubli, une fuite hors de cet automne lors duquel l’irréalité est devenue réelle. »

Bon. Mais à une station-service, m’est revenu mon interrogation sur la parole et le bien (et donc le mal). J’étais allé faire pipi aux toilettes, payantes là-bas ; avais-dû donc franchir un tourniquet à l’aide de ma carte bleue.
Tourniquet passé, une femme derrière moi m’interpelle. Voilée, d’origine étrangère (elle parlait allemand encore plus mal que moi), elle me demande comment on fait pour entrer. Je lui explique qu’il faut payer, puis entre aux toilettes en me disant que je lui paierai son « passage » à mon retour.
Et de retour, je la retrouve à la même place, mais en train d’écouter les explications d’un autre voyageur, en train, pour autant que j’aie compris, de lui dévider un cours sur les institutions politiques de l’Allemagne. Bref, ça bavasse… Je ne veux pas les déranger, m’en vais (pressé, aussi, je l’ai dit).
Puis je me fais cette réflexion que le voyageur bavard n’a peut-être pas eu la (petite) générosité de faire passer son attentive auditrice.
Conclusion : la parole n’est pas toujours du côté du bien… Voyez le serpent du Jardin…

NB 

Pris la route classique, traversée Puttgarden – Rødby pour aller au Danemark.
Là, dans le royaume d’Hamlet, flopée d’affiches électorales le long des routes pour les élections législatives dont les résultats – c’est la mode – ont été serrés et indécis.
Sur une affiche des « Démocrates danois », le slogan : « Les Danois d’abord ». Ce genre de billevesées aussi est à la mode. Notre monde se referme, on a déjà évoqué ça…
(Ces Danois-là n’ont-ils pas été contents, pourtant, de profiter des vaccins suédois, allemands, américains, pendant la crise sanitaire, qui auraient tout aussi bien pu être indiens ou sud-africains ?)

NB

Gabrielle Roland Walden, dans son blog  (Gabrielles blogg), le 4 novembre dernier, s’effraie quant à elle de la manière des extrême droites actuelles de s’éloigner des principes des Nations Unies, et d’abord ceux des droits de l’homme.
Ça va un peu avec ce repli sur eux-mêmes de bien des pays ; rejeter les autres, n’est-ce pas un peu se rejeter soi-même ? En géopolitique, en tout cas…

Tenez, Elseneur (Helsingør). C’est la deuxième traversée en bateau, Danemark – Suède.

NB

On y reviendra, comme je dis peut-être trop souvent.


Nils Blanchard


P.-S. – La Revue des revues, dont le numéro 68 est paru récemment, évoque 84, Vie et littérature, avec sollicitude. Archivistique négative, théologie négative… Et Bernard Baillaud de finir : « Nous en reparlerons. »
Surtout, la revue (des revues…) est pasionnante ; il y est question aussi d’Edda, du Contrat social, des correspondances Apollinaire – Salmon, Paulhan – Breton, et bien d’autres choses encore…





Enfin, à Strasbourg…



mercredi 9 novembre 2022

Traversée de l’Allemagne (1)

 Dans l’automne encore, été passer quelques jours en Suède. Pour cela, traversé l’Allemagne, ce qui m’a remis en mémoire des souvenirs d’enfance – comme à chaque fois – et d’autres réflexions, constatations.

NB

Pris l’autoroute. On se promet toujours qu’on ne procédera pas ainsi, puis on 

est pris par le temps… Un arrêt, après Kassel, où je ne suis pas retourné voir

les Savery, Rembrandt, vases grecs en ce château prisé par Mandiargues… Voir

ici(Le blog « Ma plume fée dans Paris », déjà évoqué, parle aussi de

Mandiargues en lien à un article publié peut-être deux jours après ma

traversée allemande, dans  un ancien article d’octobre 2015, sur le square

Georges Cain, en face de l’Institut Suédois… :


« Dans le Musée Noir (1946), l'auteur surréaliste André Pieyre de 

Mandiargues (1909-1991) écrit, au sujet du square : « Il s'agit d'une sorte de

jardin tzigane ou parfois les séraphins s'exaltent, et parfois les démons, où ne

s'ouvrent parfois les grilles que sur un décor silencieux et vide devant lequel

s'érige, avec autant de présence que dans un désert roux, la silhouette et les

monolithes depuis trente siècles éclatés, l'attente, cette cathédrale morose

hantée par le solitaire. » »)


L’article initial, du 28 octobre 2022, portait sur la magnifique sculpture qui orne 

ce square, Île de France, de Maillol… – Maillol dont il fut question aussi ...)


Bref, à cet arrêt, petit square de jeu pour les enfants où jouait vaguement un

garçon esseulé, rendu peut-être d’autant plus pusillanime du fait du vacarme

d’une souffleuse de feuilles actionnée par un employé (de l’autoroute?) Cela, à

quelques pas de cette vue, à la fois proche et inaccessible.

Paradis interdits des paysages d’autoroute…


NB


Or donc, souvenirs d’enfance ; voyages en voiture vers la Suède en famille.

L’Allemagne était un peu le « domaine » de mon père, qui aimait (aime)

beaucoup ce pays, pour toutes sortes de raisons… La Suède, ma mère en est

issue.


Souvenirs de chansons, aussi… Patricia Kaas, D’Allemagne… Je me suis

toujours interrogé sur ces paroles, de Didier Barbelivien et François Bernheim,

« Je sais où s’arrête l’indulgence ». À quoi est-il fait allusion, là ?


Mais quand j’étais enfant, j’avais « imposé » ma cassette de Pierre Bachelet.


« C’est drôle d’être réveillé en pleine nuit

Et de se dire que la paix est finie…


Souvenez-vous, je n’aimais que vous,

Je n’aimais que vous.


Puis ils ont occupé la préfecture

Tué quelques otages le long d’un mur

C’étaient des paysans, un charpentier,

Et la femme du petit vieux d’à côté... »


C’est du par cœur, et je pourrais continuer ; paroles de Jean-Pierre Lang.


NB


(Au passage, lors que je m’apprête à évoquer çà et là l’année (19)22, on voit 

que je roulais là à 122 kilomètres à l’heure. Clin d’œil à Alluvions…)


Mais, non, l’idée n’est pas ici de réveiller de vieux démons. J’ai parmi mes

meilleurs amis, aussi, en Allemagne. Puis la chanson de Bachelet précise :


« Mais méfions-nous qu’en y mettant des noms,

On se trompe de lieux ou d’opinions... »


Là aussi, on pourrait s’interroger : relativisme, nuance ? Par rapport à quoi ?

On a des trésors, dans notre patrimoine de variétés – qui ne lassent pas

d’interroger, et tant mieux, souvent – qui peuvent nous consoler de

certaines crasses sonores actuelles (pardon…)


Mais, l’Allemagne, traversée.

Je me souviens d’un oncle, avec qui je traversai aussi le pays, à un moment

où j’étais jeune conducteur, qui m’avertit (avec grande raison) : sur l’autoroute

allemande, il faut presque plus regarder dans son rétroviseur que devant soi.


NB


N’a-t-on pas là, dans un sens, comme une métaphore d’interrogations sur le

passé, de la mise en question de l’histoire ?

Thomas Nydahl, le 8 novembre, s’interroge au début de son billet du jour :


« Vad väntar oss framöver? Det vet vi absolut ingenting om. Det är därför vi 

påstår oss lära av det förflutna. Ändå är också det något vi dåligt förmår. Hur

tydliga måste tecken vara för att man ska ta dem på allvar? »


« Qu’est-ce qui nous attend plus loin ? On n’en a strictement aucune idée. 

C’est pourquoi nous prétendons apprendre du passé. Cependant, ça non plus,

on ne le maîtrise pas bien. Et de quelle précision doivent être les traits pour 

qu’on les prenne au sérieux ? »


Plus loin, sur l’autoroute allemande, souvent, des embouteillages. Et des travaux.


NB




Nils Blanchard



P.-S. ¤ Ulf Kristersson rentré de Turquie... On reparlera, de ces histoires de

neutralité...

La Suède va-t-elle "lâcher" les Kurdes de Syrie? (Il est vrai que ce ne sera

pas la première...)


¤ Ouverture demain à Caen du festival les Boréales ; Suède à l'honneur.


En Mayenne – quelque part vers la civilisation

Rencontres avec des étrangers, qui parfois peuvent donner l’impression que l’on est très proche du premier inconnu venu. Puis, la plupart du...