lundi 7 avril 2025

Guerre, Héloïse, et poèmes inédits de Dhôtel – Citations

J'ai comparé des époques, fait souvent allusion ici aux débuts des années vingt. Et on pourrait parler des trente. Autres sujets ici, mais on en revient pourtant, étrangement, à la guerre.
Puisque l’on parlait de Céline… Mais aussi, et d’abord, lien à de récentes publications de La Route inconnue (lien de ce blog, à droite de l’écran, version ordi, pas smartphone, etc.)



 Il y a eu d’abord le dernier Cahier André Dhôtel (n° 22, La guerre, le mal, La Route inconnue, fin 2024), on a en déjà parlé ; j’y ai écrit deux textes : un long « Mars » et un plus court « La guerre dans L’Homme de la scierie », celui-ci écrit plus vite (mais mieux, sans doute – le premier a été fait en grande partie pendant le confinement ; on avait du temps dans un certain sens, mais un autre temps…) 
Bon, mais là n’est pas le propos. Le thème, néanmoins, bien sûr : la guerre.




En relisant l’introduction d’Héloïse à son recueil – paru, c’est un hasard ; est-ce un hasard ? Avez-vous dit « hasard » ? – à peu près en même temps que le cahier Dhôtel, L’Embrasement des siècles, on est frappé, immédiatement, par le thème sous-jacent de la guerre.
Les cinq premières lignes :

« Je m’appelle Héloïse.
Ça veut dire Bois robuste.
J'ai survécu au feu.
Électrosensible, je vis en exil,
Prisonnière à ciel ouvert (…) »

Robustesse, survivance, exil, prison (ou camp)…

Quelques lignes plus loin, une citation de Théophile de Viau : « Il faudra qu’on me laisse vivre / Après m’avoir fait tant mourir. »

Quelques lignes après, un poème d’André Dhôtel.



Il s’agit là d’un texte cité çà et là dans le Le soleil du désert (Gallimard, 1973) :

« Tu suivras la musaraigne
jusqu’à la lisière des pins.
Tu suivras le faucon
jusqu’aux confins du désert.

Enfant perdue tu retrouveras
la vie dans les lieux sans vie,
l'amour sur la terre sans amour,
et sûrement le paradis
plus loin que la lumière sauvage. »


Et voilà que vient de paraître le soixante-huitième bulletin de la Route inconnue. Il est consacré en partie aux 70 ans du Pays où l’on n’arrive jamais (où l’intrigue se noue du fait de la guerre ; le personnage d’Hélène étant adoptée lors qu’on croit – à tort – sa mère morte ou mourante pendant l’Exode).
Là, Roland Frankart a aussi tiré des archives de Charleville trois poèmes inédits de Dhôtel. Le troisième :

« Graffitis imaginaires (Grèce)

Je suis un mauvais poète
indigne de Pindare.
On m’a mis au dernier rang
à la procession des Panathénées.
Jamais on ne me choisira
pour les concours olympiques.
J'aime le ciel bleu
mais le ciel bleu n’est pas à la mode.
Mortel et déjà mort sans doute,
ombre d’avant les ombres,
mais le plus merveilleux
c'est que n’étant rien, mais rien,
les convenances obligent
encore à être discret
par simple amour de la loi d’or
des naissances promises.
Gens du futur, je bois un peu
d'hydromel ou de vin
et je n’aime pas du tout
le service militaire. »

Eva Blanchard (détail)

Céline là-dedans me direz-vous (outre les titre et thème du roman retrouvé) ?
On en reparlera, mais allez, un aperçu ; les premières lignes (Gallimard, 2022) :

« Pas tout à fait. J’ai bien dû rester là encore une partie de la nuit suivante. Toute l’oreille à gauche était collée par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrée. »

Eh, mais j’oubliais ; dans l’introduction d’Héloïse Combes, entre Viau et Dhôtel, cette citation d’Alejandra Pizarnik :

« J'ai enduré des jours de bête.
Le vent et la pluie m’effacèrent
comme un feu, comme un poème
écrit sur un mur. »


Nils Blanchard


Ajout. Étiquettes du dernier billet: Karlshamn, Suède, Paris.

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