Je n’avais pas prévu de publier si vite un nouveau billet, et pas sur ce thème. Mais il se trouve que j’ai assisté hier à une représentation théâtrale assez particulière, La grève des jus, à la BNU (Bibliothèque Nationale Universitaire) de Strasbourg. (Collection binôme ; Compagnie Les sens des mots.)
Photo NB. A. Maillol, musée Maillol, Paris |
La mise en scène avait été assurée par Daniel Blanchard (oui, si ce n’est toi…), qui y
jouait aussi, avec Thibault Rossigneux (maître d’œuvre aussi de la conception
d’ensemble) et Sandrine Lanno.
Cette représentation avait lieu dans le cadre de la cinquième édition du festival
Demostratif, intitulée cette année « Inévitables révoltes », du 31 mai au 4 juin à
Strasbourg. Courez-y si vous pouvez !
Autre lien, vers un site formidable – on y reviendra… –, et cette photographie
de Lærke Posselt… Nordic Women's Literature
Tenez, il y avait une pièce (mais c’était avant-hier, je ne l’ai pas vue), qui s’intitulait
Nuits/Forêts, par une compagnie (de Strasbourg) s’appelant Conférence pour les
arbres. Bref, tout un programme.
Le principe des binômes (qui existent déjà depuis plusieurs années ; il y en a eu
plusieurs dizaines, est de susciter la rencontre entre un scientifique et un auteur
dramatique. Les deux discutent pendant un temps limité (le scientifique expliquant à
l’auteur ses recherches), puis l’auteur a un délai de quelques semaines pour écrire
un texte inspiré par cette rencontre, par le thème de recherche du scientifique. Puis,
bien sûr, la compagnie "Les sens des mots" met en scène le texte. (Ils seront, cet été, à
Avignon.) Binômes
Pour ce qui est de la représentation d’hier, il y avait au départ du binôme, la vidéo de
la rencontre (sur les quais de Paris), et de l’échange entre la scientifique – une
philosophe, en l’occurrence, Estelle Ferrarese, professeure de philosophie morale et
politique, directrice de l’Institut du Genre, et l’auteur (Romain Nicolas).
À un moment Estelle Ferrarese de remarquer que le corps avait été peu traité par la
philosophie ; bien sûr, il y avait eu Nietzsche…
Le genre, le corps, Nietzsche… Alors moi forcément j’ai pensé à Edith Södergran.
Elle a été marquée par Nietzsche pendant une partie de sa carrière de poétesse.
Le corps, le genre, dans un certain sens, est au cœur de beaucoup – de tous ? –
les poèmes d’Edith Södergran, elle qui se sut très tôt condamnée à plus ou moins brève
échéance au sana, à la mort lente du fléau de la tuberculose.
Voyons plutôt, parmi ses vers les plus connus.
La quatrième partie de Dagen svalnar… (Le jour fraîchit…), très citée ces derniers
temps : « Du sökte en kvinna / och fann en själ – / du är besviken. » (« Tu cherchais
une femme / et tu as trouvé une âme – / tu es déçu. »)
Photo NB. Oeuvres de Germaine Richier et Alberto Giacometti au musée Maillol, Paris, 2018 |
Ou ce vers extrait du poème Gud (Dieu) : « gud är det oseddas obefläckade själ och det
outtänktas redan förruttnade kropp ; » (« dieu est l’âme non vue immaculée et
le corps non pensé déjà pourri ; »).
Puis encore ce poème très cité aussi, au titre français Vierge moderne, qui commence
ainsi : « Jag är ingen kvinna. Jag är ett neutrum. / Jag är ett barn, en page och ett
djärvt beslut, (...) » « Je ne suis pas une femme. Je suis une neutralité. / Je suis un
enfant, un page et une décision osée, (…) »
Ou encore, ces vers du deuxième des Deux poèmes de plage : « Mellan gråa
stenar / ligger din vita kropp och sörjer / över dagarna som komma och gå. »
« Entre les pierres grises / couché ton corps blanc pleure / sur les jours qui vont
et viennent. »
Etc.
Nils Blanchard
P.-S. Puisqu’il est question de liens, j’ai ajouté à ceux du blog : – Alluvions, parce
qu’on y parle de plein de choses qui me passionnent et qui entrent étrangement en
résonnance (raisonnance?) avec ce dont il est question parfois dans ce blog. Allez-y
voir…
– Le site de l’association des Amis d’Edith Södergran, car on n’a pas fini de la lire,
ni de parler d’elle.
– Il a été question le 30 mai dernier dans Ent'revues , de 84, vie et littérature,
évoqué déjà ici, par le spécialiste de Jean Paulhan (notamment) Bernard Baillaud.
Et, tenez, il y est même question, là, d’archivistique, ce qui ramène (oui, très
indirectement), au dernier billet de ce blog…
– Le thème de l’arbre, aussi, est revenu dans diverses correspondances, recherches
(sans parler de sa présence régulière dans les poèmes d’E. Södergran…). Il y a ce
livre, qui m’intrigue, de Dominique Daguet (disparu récemment), qui publia André
Dhôtel aux Cahiers bleus…
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