La Route inconnue n’a pas été épargnée ces derniers temps en disparitions. Le 23 novembre est décédé Christian Bobin.
Le Bernin, L’extase de sainte Thérèse ; source : Wikipedia. |
Je fais ici une entorse à une vague règle que je ne m’étais pas fixée (et d’autant
plus respectable bien sûr), mais… de me tenir à sept billets par mois.
C’est que, lisant l’article du Figaro de Sébastien Lapaque, le 25 novembre,
consacré à C. Bobin (lu grâce à un membre actif de l’Association des Amis
d’André Dhôtel, Olivier Annequin), le thème du sourire, comme central (outre
Christian Bobin lui-même évidemment), pouvait difficilement être contourné, lors
que j’en avais déjà parlé au billet du 25 novembre.
Jugez plutôt :
« S'il évoquait un jour la présence réelle du Dieu caché des religieuses et des
Messieurs de Port-Royal, ce sera à travers un traité du sourire. “Je ne sais pas trop
pourquoi, le sourire me semble être l'objet de méditation le plus profond possible.
Je m'appuie à ce propos sur le sourire de quelques disparus qui se maintient et les
maintient hors des eaux noires. (…) Des sourires, aussi, comme on en voit pointer
dans les berceaux au coin des lèvres des nouveau-nés. (…) Tout ce que je pourrais
vous dire honnêtement de Dieu, c'est ça. C'est la confiance. Non pas la confiance
en quelque chose, non pas une confiance sans objet, mais la confiance en
quelqu'un, en une présence. Aller au-delà me semblerait impudique et un peu
risqué. Si vous commencez à clamer à voix haute ce que vous aimez, si vous le
dites trop clairement, vous le tuez.”
(...) L'écrivain citait peu ses confrères mais il avait le goût du mot d'auteur qui
touche sa cible comme une fléchette. Dans Pierre, il avait reproduit cette phrase
d'André Dhôtel : “Nous devrions savoir que tout est à jamais loin, sinon ça ne
serait pas la vie.” »
Le Caravage, L’Amour victorieux ; source : Wikipedia. |
On est déjà passé du côté de la composition du Bernin (à propos de Wera von
Essen, quelque part par ici, (ce billet et le suivant)…
Quant au Caravage... Plutôt amour qu'ange; quelle différence?
Messager, vaguement armé/désarmé.
Je lis en quatrième de couverture d’un folio que j’ai, La grande
vie, Christian Bobin : « Ce qui manque à ce monde, ce n’est pas l’argent. Ce n’est
même pas ce qu’on appelle “le sens”. Ce qui manque à ce monde c’est la rivière
des yeux d’enfants, la gaieté des écureuils et des anges. »
Nils Blanchard
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