Quel rapport avec les Suédois d’ailleurs ? Je ne sais trop… Si ce n’est – on en reparlera – que Dhôtel a préfacé Selma Lagerlöf, que j’ai pu trouver quelque similitude avec Edith Södergran, que des moins récentes rééditions que celles de cette année, en Folio, ont été illustrées avec des tableaux de Nils Nilsson…
Pour commencer, il y a cette réédition de ce qui est sans doute la première
nouvelle d’André Dhôtel publiée (comme le note Roland Frankart en postface).
Elle parut d’abord au Petit Journal, en 1937.
Ce sont les Éditions Lettres Vives qui ont fait reparaître ce beau texte ;
collection : Entre 4 yeux.
On s’est interrogé récemment ici sur la présence du mal dans les contes de
Dhôtel (tout en ayant, et par ailleurs, repéré la présence passablement
entêtante de la guerre, certes en arrière-plan). « Histoire sentimentale » n’est
-elle pas, justement, l’intrusion diabolique d’une certaine modernité qui vient
chambouler la vie de deux jeunes et bien sympathiques branleurs ? Ils
« gagnent » du temps dans leurs tournées, mais perdent autant de
communication, entre eux, avec les paysans le long des routes de campagne,
avec qui la lenteur ancienne de leurs déplacements permettait des
conversations… avec la nature tout simplement. Maléfique, cette modernité ?
La nouvelle se termine sur l’évocation nostalgique de leur ancienne guimbarde
hors d’usage :
« Ils évoquèrent l’image d’une triste ferraille, qui sentait le roussi, gisant dans
la nuit printanière à la lisière d’un petit bois. » (Je souligne.)
Il s’agit de leur ancienne camionnette qu’ils ont dû remplacer par un nouveau
véhicule, après une panne non dénuée de diablerie, panne à l’issue de
laquelle, qui plus est, les deux compères sont d’abord « emplis d’une joie
profonde, s’étant, par surcroît, attardés dans deux ou trois auberges »… Allez,
mettons quatre, cinq…
Le Vrai mystère des champignons, on a eu l’occasion de l’évoquer déjà.
Et quant au roussi (bolet Satan…..)
David.
On doit cette réédition, magnifique, aux éditions de l’arbre vengeur. Là!
Pour toutes sortes de raisons je n’avais pas lu, jusqu’ici, ce roman qui
m’attirait pourtant beaucoup.
Il m’attirait d’abord, parce qu’il a été publié une première fois grâce à Florence
Gould (après avoir été refusé par Gallimard et avant d’entrer aux Éditions de
Minuit). Ensuite, et entre autres, parce que Matthieu Galey l’évoque ainsi
dans son journal, le 11 novembre 1957:
« Il est une heure du matin (nous sommes donc le 12). En montant me coucher
j'ai ouvert David, que j'avais commencé il y a quelques jours sans
passion. Impossible de m'en arracher avant la fin, englué par cet univers de
trouble et de féerie. Je n'avais jamais compris la vénération respectueuse de
mes amis pour Dhôtel; je la comprends mieux à présent: celle qu'on peut
ressentir pour un magicien, pour un être en contact direct avec le surnaturel. »
Matthieu Galey a raison ; on a qui plus est l’impression, avec ce roman très
« dhôtelien », d’une pièce manquante dans l’univers de l’écrivain…
Clés ouvertes : enfance cruelle de David ; lieux intemporels…
On en reparlera.
Et pour retomber sur je ne sais quelles pattes, je peux m’amuser à imaginer
que Wera von Essen, dans son Svar till D – qui est çà et là un Daniel… un
David… – ait fait un hommage – totalement improbable – à D(hôtel).
Non.
Mais en fait, David, Daniel (que le livre de Wera von Essen mélange au
premier prénom), sont étrangement présents chez des auteures récentes :
ainsi dans Messalina de Hillevi Norburg : le personnage principal. Dont on
reparlera...
On trouve aussi un David évoqué en lien avec la Suède dans le blog que les
venisophiles connaissent sans doute; c'est ici...
Nils Blanchard
P.-S. Mettons quatre, cinq : il y a eu aussi, récemment, la traduction de
Bernard le Paresseux en allemand, par Anne Weber – qui a aussi signé la
préface de David –, avec une préface de Peter Handke (éditions Matthes &
Seitz), une réédition de Lorsque tu reviendras, aux éditions de la Clé
à molette. Voir le site de la Route inconnue (Amis d’André Dhôtel), en lien de
ce blog.
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