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samedi 16 novembre 2024

Nostalgie ? Again ?

Est-ce vraiment de la nostalgie ? Qu’est-ce que la nostalgie ? Un précédent billet de ce blog, le 16 septembre dernier, faisait allusion à une amie retrouvée par la blogueuse Sandra Holmqvist

NB - église de Laroche – Saint-Cydroine


On retrouve quelque chose d’un peu similaire – mais la réaction est différente – dans celui de Julia Eriksson le 4 novembre dernier ; ça se passe chez un marchand de couleurs à Stockholm :

« (...) och så plötsligt i gången står ett bekant ansikte från förr. ”Men, det är ju du”, säger hon. ”Det är ju du!”, svarar jag. Vi möts i en kram och jag tänker att det måste vara tio år sedan sist och vi pratar ikapp i väntan på att nummertavlan ska ropa ut våra siffror och hon ska måla om sitt kök och jo, jag bor här nu, bara några kvarter bort och vi båda har lämnat hemstaden, ungdomen, spårvagnarna och våra gemensamma nämnare bakom oss. Blivit några andra men ändå så mycket samma. »

« (...) et soudain, dans le passage : un visage connu du passé. ”Mais c’est bien toi”, dit-elle. C’est bien toi !”, je réponds. Nous nous étreignons, lors que je songe que ça doit faire dix ans la dernière fois, et nous parlons sans nous arrêter en attendant que nos numéros d’attente soient appelés ; elle va rependre sa cuisine, et oui, j’habite ici maintenant, à quelques rues seulement ; toutes deux avons laissé derrière nous la ville d’origine, la jeunesse, les tramways, ce qui nous rassemblait. Devenues des autres personnes et cependant tellement les mêmes. »

NB – église de Chassericourt


En l’occurrence : intrusion du passé dans la vie quotidienne. Mais ce passé peut être aussi un refuge savamment recherché, entretenu – ravivé ? – :

« Där [vid kvällsöppna museet] vandrar jag sedan i tystnad bland färgstarka tavlor, låter mig sköljas av expressionismens uttryck, fäster blicken på en annan tid, betraktar den med ögonen och magen, andas långsamt och tar in. »

« Là [dans un musée ouvert le soir] j’évolue ensuite en silence entre les tableaux aux couleurs vives, me laisse emporter par l’impressionnisme, porte le regard dans un autre temps, le contemple avec les yeux, le ventre, respire lentement et y adhère. »

NB – église de Chassericourt


C'est ce que je fais bien différemment lors de traversées assez régulières de la France ces derniers temps. Aux confins de l’Aube et de la Haute-Marne, il y a une multitude de plus ou moins petites églises à visiter, quand elles sont ouvertes. Deux ou trois kilomètres – un peu plus ? – de détour pour aller en chercher une ; on hésite… On y va ?

NB - église de Vallentigny


On se retrouve soudain comme dans un autre monde. Une dame arrange des fleurs sur des tombes à proximité – sourire discret ; qu’est-ce que vient faire cet homme plus ou moins entre deux âges, peut-elle se demander, là ? Un prêtre ? Un pilleur ? Quelqu’un qui a des origines par ici ?
Un touriste, un curieux ? Un badaud… Il y en a si peu.

Des tableaux sont mités, on marche sur une tombe.
Proportions, lumières ; çà et là des traces de fragilité.
Çà et là des morceaux d’anciennes fresques médiévales qui resurgissent. Mais elles se confondraient presque avec l’humidité qui ronge aussi ces édifices pas toujours assez entretenus, même si on devine – grillages métalliques – une volonté de les aérer.


NB - église de Vallentigny


Parties du XIIIème siècle, du XIVème. Beaucoup de choses héritées du XVIème siècle dans cette région…
Et le XVIIIème siècle est intervenu, avec ses maître-autels notamment. Des angelots parfois étrangement maladroits dans le dessin de leurs visages.


NB - église d'Outines. Style Louis XIV, ce retable d'autel. 


Équilibre somme toute précaire dans une calme résistance au temps.


Nils Blanchard


Et puis… L’article d’Adam Cwejman, pour rappel, à propos de l’élection de D. Trump (le 6 novembre dernier, dans le Göteborgs Posten) mentionnait une opposition entre villes et campagnes : « Ju mer innerstadsväljarens föreställningsvärld dominerar politiken, ju mindre blir stödet utanför bubblan. » (« Plus les représentants des centres urbains dominent la politique, plus faible est leur prégnance en dehors de leur bulle. ») Mais il faut y regarder de plus près : il semble que les trumpistes aient fait des progrès aussi dans les villes… Alors ?
J'essayais de faire montre d’un certain optimisme. Mais j'ai vu (sur internet, sur je ne sais quelle chaîne publique française) une partie de reportage montrant des partisans de l’ancien/futur président défiler en files de « panzers » dans la campagne de je ne sais quel État. (Je suis peu précis, me dira-t-on. Peu importe.) Impression qu’a retrouvée en moi cette visualisation – je ne crois pas qu’il y avait un quelconque montage, une quelconque falsification. Quelque chose de proprement infernal – et on reviendra à l’enfer… – rappelant un peu le début du roman Le retour du gang de la clé à molette (Edward Abbey)…
Quatre ans, quand même, ce sera long.

L'ancien/futur président… Ancien/futur, décidément… Les deux sont liés mais ces gens, brûlant leur essence peut-être schisteuse dans leurs « panzers » rejettent ce lien. Ils croient se ruer dans le futur par peur du passé ; ils détruisent la vie par peur de la mort.

(À suivre ?)

NB

lundi 16 septembre 2024

Nostalgie, again / L’amie retrouvée

Cette fois, je l’ajoute à la liste de blogs en lien de celui-ci – on les atteint en version ordinateur ; ils sont à droite de l’écran… Cela faisait un certain temps que je voulais le faire ; je reportais…

Affiche du théâtre de Vasa


« Sandra skriver », là, évoque fort bien je trouve une rencontre fortuite avec une ancienne camarade de lycée, à un moment où elle-même ressent… un certain blues.
« Nuit des arts » à Vasa – où j’ai eu le plaisir de passer quelques jours, dans une autre vie, avec des gens formidables – ; l’auteure se retrouve seule, un peu cafardeuse, et s’assoit sur un banc.

« (...) när en gammal gymnasieklasskompis slår sig ner bredvid mig. ”Hej”, säger hon, ”jag kände att jag ville komma och prata med dig.” Så vi pratar litegrann, om att hon har börjat jobba igen efter föräldraledighet och om att bo i trähuslägenhet och om hur livet är i det stora hela. Hon är lika innerlig, varm och vänlig som när vi umgicks dagligen för femton år sedan, säger att det känns bekant att sitta bredvid varandra på en bänk. Så många gånger vi gjort det i skolkorridorer. Jag känner mig trygg och nästan lite yr, som att ett mjukt sken har lagt sig över oss och gjort världen suddig i kanterna. »

« (...) quand une vieille camarade de lycée s’installe à côté de moi. Salut”, dit-elle, ”j’ai bien envie de bavarder un peu avec toi.” Donc on bavarde un peu ; elle s’est remise à travailler après un congé parental, elle vit dans un appartement d’un immeuble en bois ; comment est la vie en gros. Elle est toujours aussi présente, chaleureuse et gentille qu’au temps où l’on se voyait quotidiennement, il y a quinze ans ; elle dit d’ailleurs qu’il y a quelque chose de familier dans cette situation où l’on est, assises sur un banc toutes les deux, comme on l’a fait si souvent dans les couloirs de l’école. Je me sens en confiance, presque un peu pompette, comme si une douce clarté nous avait recouvertes et rendu le monde comme un peu flottant. »



Là, il s’agit de bonne nostalgie, de rencontre, même si elle marque le temps qui passe… Moins enthousiasmante est la nostalgie paperassière : tomber sur certaines vieilles lettres, voire vieux écrits… C’est ce qui arrive à Julien Green qui écrit dans son journal (version intégrale, Bouquins, 2021, tome 3, page 57) le 19 mars 1946 : « Retrouvé des lettres écrites en 1939 et des bouts de manuscrits qui m’ont jeté dans une assez grande tristesse. Il arrive un moment où aucun souvenir ne peut plus donner de plaisir sans mélange, où la mémoire devient une source de mélancolie. »

On retrouve – c’est aussi pour rester un peu en août – un peu le même thème dans la recension par Bernur d’un recueil de poésie d’Alexander Bargum : All tid leder hit (Tous les temps mènent ici). Peu avant la cinquantaine, précise le blogueur, Alexander Bargum serait dans les traces de Tomas Tranströmer et Louise Glück, Pia Tafdrup aussi. Et cette citation : « ”Att minnas är att förstöra. […] Att förstöra / är att minnas”. » (« ”Se souvenir c’est détruire. […] Détruire / c’est se souvenir”.

Bon, mais l’amie retrouvée de Sandra me rappelle bien sûr d’autres retrouvailles, plus ou moins réussies, plus ou moins espérées – sans revêtir la terrible destinée de l’ami du roman de Fred Uhlman.


Nils Blanchard


P.-S.: J'avais écrit ce qui précède il y a déjà quelques jours. Entre temps, le 13 septembre dernier, un article paraît sur le blog « Sandra skriver », intitulé « Sjugoen minuter » (« vingt-et-une minutes »).
Ce qui ramène à ce billet paru ici.
Trois minutes d’écart…

Conférence à venir à Nantes, de la diplomate Pia Edström Bourdeau. Voilà qui pourrait intéresser mes anciens étudiants, mais c'est à l'autre bout de la France... 



vendredi 16 février 2024

Inquiétudes de février / Autres blogs

 Retour aux premiers jours du mois. Le 1er, il y a eu ce poème de Sandra skriver. Le 2, Gabrielles blog, en lien de ce blog-ci, parlait d’antisémitisme en Suède. Le 3, Den långsamma bloggen (en lien indirect de ce blog, via Nordic Voices in Translation et Bernur), évoque un avenir sombre, peut-être, avec un détour via Rebecca Solnit. 

NB - Rhin, février 2024

On reviendra sans doute à ces sujets, noms…
Mais avançons, comme ces péniches sur le Rhin, barges que nous sommes – je me promène moins que de coutume ces derniers temps, prends peu de photos, sinon du bord du Rhin, où je grignote biscuits et pommes en guise de déjeuners, parfois… –, le 4. Le 4, chronique dans le Göteborgs Posten d’Adam Cwejman : « Kriget som väst helst vill glömma » – « La guerre que l’Occident s’efforce d’oublier ». Elle est introduite de la sorte :

« Putin sitter och väntar på att USA och Europa ska glömma av Ukraina. »

« Poutine, sur son trône, attend que les États-Unis et l’Europe oublient l’Ukraine. »

On continue ?
Le 5, Poutine de son côté de relancer ses offensives d’infox ; ambassadeur de Russie convoqué au Quai d’Orsay.

Le 6, Krickelins (pas en lien, mais blog évoqué de temps en temps), interroge : « Hur hanterar ni ångest ? » (« Comment vous débrouillez-vous avec l’angoisse (ou le stress...) »

Elle explique :

« Det hela började med ett mail som triggade mig så oehört och satte igång känslor av både skam, skuld och värdelöshet. »

« Tout a commencé par un courriel qui m’a ébranlée et a engendré sentiments à la fois de honte, culpabilité et impuissance. »

Eh, il est vrai qu’on reçoit parfois de ces courriels…
Puis, c’était le 6 février 24, 90 ans après l’autre 6 février, ces manifestations à Paris, de ligues, qui dégénérèrent.
Hitler était déjà au pouvoir depuis plus d’un an ; moins de cinq mois plus tard, il y aurait la Nuit des longs couteaux…
Puis…

NB - Rhin, février 2024

Notre monde est entré à sa manière aussi dans des impasses desquelles il est bien difficile de s’extirper. Peut-on comparer les deux époques ? Ainsi a-t-on appris, un 6/2 encore… que pour la première fois en France un réseau d’armes imprimées en 3D a été démantelé. Plus de traçabilité des armes ? Porte ouverte à toutes les dingueries et milices.
Bon. Mais le 8 (on ne va pas passer en revue tous les jours…), sur Gabis annex (en lien, en lien…), il est question de « Retour de la lumière ».

« Fyra dagar med sol och uteliv. Uteliv här betyder att sticka iväg med sparken, sitta en stund i solen, prata med några som råkar komma förbi, sparka vidare med sparken, se Satsfjället i motljus och Marsfjällen i solljus. En stilla lycka att solen äntligen är uppe lite längre, det känns som en begynnande vår, trots de låga temperaturerna mellan 16 och 19 minusgrader. Innan dess hade vi två dygn med snöstorm. Noll sikt. Bara vitt, vitt, vitt. Igenmurade fönster. »

« Quatre jour de soleil, et vie au dehors. La vie au dehors, ici [elle est dans le Västerbotten, assez loin au nord de la Suède], ça signifie partir avec le spark, contempler les monts Sat et Mar à contre-jour. Un léger bonheur d’avoir enfin le soleil un peu plus longtemps ici. Impression d’un frémissement du printemps, malgré les températures basses – entre 16 et 19° sous 0. Juste avant, il y avait eu deux jours de tempête de neige. Aucune vue. Seulement le blanc, le blanc, le blanc. Fenêtres bouchées. »

Je pouvais me dire que ce n’était pas si mal, ces photos du Rhin.
Étrange relation avec ce fleuve. Ces dernières années, oui, mais bien avant aussi.
Goût aussi d’amitiés perdues, si lointaines et en même temps.
On y reviendra...

La nuit du chasseur -- Capture d'écran

Sur le blog Alluvions (en lien de celui-ci, en haut, à droite, etc.), il a été question récemment – le 1er février, le 5… – de barque, et… de ce film magnifique de Charles Laughton : La nuit du chasseur.
Il est, là, des scènes où les enfants dérivent sur leur barque – sur quelle rivière, sur quel fleuve ? – lors que le ciel étoilé semble les contempler. Ou encore, lorsqu’ils se reposent en cette grange aux allures de décor, et dont ces allures précisément la rendent d’autant plus réelle.

Le réel ?

Le 16, annonce de la mort d’Alexeï Navalny, dans un camp « disciplinaire » sibérien.


Nils Blanchard

mercredi 14 février 2024

A 69 – Fil d'inquiétudes de février

 Il ne s’agit pas ici de position sexuelle, mais d’un projet d’autoroute qui, pardon, n’est pas particulièrement bandant.

NB – 2024, pas février

Évidemment, on peut me reprocher ici d’être hors sujet, surtout de me mêler de ce qui ne me regarde pas, de ce que je ne connais pas. Bon.
Ce que je sais, c’est qu’indépendamment de ce qu’on peut penser d’elle (j’ai remarqué qu’il y avait tout un fatras de thèses alarmistes la concernant… généralement sans source ni auteur bien sûr…), il est difficile de ne pas donner raison à Greta Thunberg quand elle dit, sur le site du projet d’A 69 où elle s’est rendue le 10 février (source : Dagens Nyheter du même jour ; article d’Emilia Lindell) :

« – Tyvärr är den här typen av projekt inte unika för Frankrike utan pågår över hela världen och är ett symtom på en global kris. »

« – Malheureusement, ce genre de projet n’est pas l’apanage de la France ; il relève d’un symptôme de crise globale à l’échelle du Monde. »

Comme pour les panzers dont il fut question ici, le problème dépasse l’intérêt (somme toute compréhensible – comme à Paris, pour les travailleurs de peine en panzer qui doivent se frayer un chemin malcommode dans la boue de Montmartre pour accéder à leurs vignes –) du projet ou de l’objet : il faut arrêter, à un moment donné (et ce moment est déjà amplement dépassé) d’artificialiser des espaces sans que cela relève d’un intérêt de premier ordre.

Capture d’écran DN, Greta Thunberg


Sinon, Céline écrit quelque part – je cite de mémoire – : « Février est le mois le plus petit, c’est aussi le plus méchant. »
Travail, impression de n’avoir pas une seconde à soi (ou presque). Mauvaises nuits. Mauvaise passe (pas tant que ça, peu importe…) Mais, aussi…

Dès le premier jour de ce mois, en allant sur ce blog « Sandra skriver », on lit (l’auteure suit un programme de thèmes d’un autre blog, en lien du sien pour ce mois-ci – pourquoi ce mois-ci ? – :

« Allvarligt talat, vem
har ro att skriva dikter
när en oväntad storm
slår ut strömmen
och knäcker lärkträd över vägen
– jag skulle ändå ingenstans.

(...) »


Sérieusement, qui
peut se permettre d’écrire des poèmes
quand un orage imprévu
coupe le courant
et renverse des mélèzes sur la route
de toute façon je n’allais nulle part.

(...) »


Non, mais sérieusement…
Quel orage ?
L'Ukraine ? Le mois de janvier qui a battu des records de chaleur ?

NB - Rhin, février 2024

Plus loin : 

« Men allvarligt talat, vem
har ens ego nog att skriva dikter
när Edith redan gått till fots genom solsystemet
när Lars Huldén avlossat hagelskott
mot kristallkronan på lyrikens allvarskammare.

(…) »


Mais sérieusement, qui
a seulement le front d’écrire des poèmes
lors qu’Edith a déjà marché à travers le système solaire
et alors que Lars Huldén a fait un carton, au fusil,
sur le lustre de l’antre de la poésie sérieuse.

(…) »


Lars Huldén… Il s’ajoute à la longue liste des auteurs attendant lecture auprès de ma modeste personne (et s’en contrefichant bien sûr, mais...)
Mais, aussi : Edith. Bien sûr (E. Södergran, Dikter och aforismer, SLS/Atlantis, édition d’Holger Lillqvist, 2014, page 118) : 

« Till fots
fick jag gå genom solsystemen,
innan jag fann den första tråden (…) »

« C'est à pied
qu’il m’a été donné de traverser le système solaire,
avant que je trouve le premier fil (…) »


Nils Blanchard

mercredi 9 août 2023

Le livre d’un été

 Depuis longtemps je suis sur un poème ou une chanson, que je n’ai jamais réussi à finir. Je n’ai à peu près que le refrain : « J’attends l’été... "

Refrain 

d’une vie ? Non… Un de 

ces balbutiements intimes… Peu 

importe du reste.

Quant à l’été ; on y est, n’est-ce pas ?



Je me suis rendu compte il y a quelque temps, en ajoutant l’excellent site à elle consacré dans les liens de ce blog, que je n’y avais jusqu’ici jamais parlé de Tove Jansson. Ce n’est pas faute d’y avoir eu accès. Une grande amie en Finlande m’en avait offert un livre. Mais je ne sais pas, j’ai toujours été un peu rebuté par les Moumines eux-mêmes – du fait de leur forme un peu trop plastique ? C’est peut-être le fait de les avoir aperçus à la télévision, dans des adaptations en dessin animé (en Finlande, et donc en finnois).

C'est Bernur, le 26 mai dernier, qui m’a remis sur les voies de Tove Jansson, en évoquant un livre de Paul Gravett à elle consacrée, en tant qu’illustratrice.
Et là, on atteint à tout un univers (voir le site en lien, encore une fois…) et notamment ses dessins pour la revue finlandaise (en langue suédoise) Garm. (On finira par faire de moi – Cahier André Dhôtel n° 19 sur la revue 84, conférence sur Sovjet-Estland… un homme de revues.)

Numéro de Pâques 1944; la Finlande était alors en pleine Guerre de continuation.

Numéro de juillet 1947

Tout un univers, oui; cette revue, on y reviendra très vraisemblablement.

Bernur insiste sur la précocité, mais aussi – on y revient – la méticulosité… la capacité de travail de Tove Jansson.

Mais c’est du livre d’un été dont je voulais parler ; on y reviendra évidemment…


Nils Blanchard


P.-S.: Étrange hasard. Au cours de diverses lectures (de travail) de l’été, je tombe sur la Diète de Porvoo (Borgå en suédois). C’est là que les députés finlandais jurent fidélité au tsar Alexandre en 1809, en échange de la reconnaissance de certaines spécificités finlandaises…
Or il se trouve que le blog Sandra skriver relate récemment un week-end précisément à cet endroit ; article intitulé "Miraklet i Borgå". « Miracle » ?

mardi 4 juillet 2023

Quand il y a tant de choses à faire

 Il n’en était pas ainsi autrefois, ou pas autant. (Et qu’est-ce qu’ « autrefois »?)

Mais ce sentiment, toujours, de n’avoir pas de temps pour ceci, pour cela, d’avoir autre chose à faire.

Cet autre chose : une sorte d’alien qui bouffe nos vies ?



NB - Bohuslän

On retrouve ça dans deux blogs que je consulte de temps en temps.
L'un, Sandra skriver – de Vaasa, où je vécus quelques semaines dans une autre vie – que je me déciderai peut-être à mettre en lien à celui-ci.

Sandra Holmqvist y écrit, le 1er juillet 2023, : « Men det suger att behöva vänta på bättre tider när de bästa tiderna ska vara nu. När det är piontider och midsommarrosorna blommar och det doftar torra tallbarr i skogen. När solendgången sätter skyn i brand och skogen fått ett nytt djup efter grannens fjolårsgallring, det är bara djupare och djupare grönt där mommo och jag sitter och dricker förmiddagskaffe på hennes veranda, i skuggan, i brisen. Om vi inte rör oss eller gör något så är det inte ens varmt. »

« Mais c’est dommage qu’il faille attendre des jours meilleurs, lors que le meilleur devrait être l’instant présent. Quand c’est le temps des pivoines, que les roses de Saint-Jean fleurissent et que ça sent les aiguilles de pin sèches dans la forêt. Quand le crépuscule embrase le ciel et que la forêt a gagné en profondeur après l'éclaircissement effectué par le voisin l'année dernière, c'est un vert toujours plus profond où grand-mère et moi nous asseyons et buvons notre café du matin sur sa terrasse, à l’ombre, avec un peu de brise. Si nous ne bougeons pas ou ne faisons rien, il ne fait même pas chaud. »

NB - Bohuslän

Et le même jour, Kristin Lagerqvist (blog Krickelins) commence un petit billet de la sorte : « Jag håller på och fixar iordning huset för att lämna Frankrike. Det gör mig ledsen.
Känner mig olustig och illa till mods. Fick vi gjort allt vi ville? Hann vi med både vila, familjeliv och att komma iordning i vårt nya hem? »

« Je suis maintenant occupée à ranger la maison pour quitter la France [et rentrer en Suède]. Ça me rend triste.
Sentiment de déprime, de mal être… Avons-nous pu faire tout ce que nous voulions ? Avons-nous pu nous reposer, mener notre vie de famille, et en même temps mettre de l’ordre dans notre nouvelle maison ? »

NB - Bohuslän

Comme quoi. Je me disais que ce sentiment « d’urgence », d’« autres » urgences, était lié chez moi par exemple au fait que j’ai vécu des périodes de solitude, ai dû jusqu’ici faire des métiers surtout alimentaires, que je considérais comme chronophages…
Or ces raisons, si j’ai bien compris, ne sont ni celles de l’une, ni de l’autre blogueuses.

Puis, pour ce qui est du deuxième texte cité, en ce qui me concerne, cette nécessité de quitter une maison d’été pour mon pays « ordinaire » se fait dans l’autre sens, de la Suède à la France.
Un voisin que j’aime bien, là-bas, m’a raillé sur ma plainte répétée, année après année, de devoir repartir. « Tu n’as qu’à rester. »

Non seulement rester là, à ce moment ; rester en ce pays, à cette autre vie.
Tout est autre. Notamment cet autre que l’on n’arrive pas à atteindre.

« Je est un autre ».

Dixit l’autre.


Nils Blanchard


P.-S. : Mort, à cent ans, de Léon Gautier, hier. Il était le dernier membre encore en vie du commando Kieffer ; on l’a évoqué ici récemment.

P.-S. 2 : Thomas Nydahl, quant à lui, après ses Vier Minuten (comprenne qui voudra), a repris son blog.
Xavier de Maistre, Svante Weyler… Ça vaut le retour !


mardi 16 mai 2023

Forêt, livres. Universités, contradiction.

 Diverses choses me ramènent – des hasards ? – à la Finlande suédophone.

NB - Angers, février 2023

Cette photo, d’abord, prise à l’étang Saint-Nicolas, à Angers. En avais-je conscience quand je l’ai prise ? Je ne m’en souviens plus, ne saurais l’affirmer. Mais elle me ramène à cette peinture d’Ellen Thesleff, déjà montrée en ce blog.

Ellen Thesleff

N'est-ce pas ?

Ou encore, toujours autour de cet étang ; on distingue les bâtiments de l’université de Belle-Beille, où votre serviteur a fait quelques années d’études. Et il est vrai que de cette université – où étaient déposées encore, à l’époque, c’est un hasard complet je vous l’assure, des archives d’André Dhôtel, depuis « rapatriées » à Charleville Mézières… Il y avait en outre une collection à peu près complète je crois me souvenir de ses romans, à la bibliothèque… – de cette université, donc, on pouvait gagner en quelques pas cet ensemble forestier.

Alors, là, on repense au blog Sandra skriver, son auteure écrit de Vasa, où je passai quelques jours en bien bonne compagnie, là encore, il y a pas mal d’années… Elle, sa volonté soudaine d’aller en forêt, évoquée en ces lignes le 20 avril dernier, peut faire penser à ces déambulations mentales d’étudiant entre un bâtiment encore bien moderne – style « gris Mitterrand », comme le décrivait un mien professeur d’histoire – et l’espace boisé qui le flanquait.

NB - Angers, février 2023

Thomas Nydahl, le 9 mars (2023) :

« Bland de skogar jag mest vandrar i på gamla dar är strandskogen framtrâdande. Barn- och ungdomens var Bokskogen (…) Hela dagen kunde jag med barnen vandra, sitta och ligga där i den ljusa och milda skogen, på mopedavstånd från bostaden i Malmö.
Men ingen skog skänker så mycket tröst som bokens. Jag blir uppfylld av frid om jag får befinna mig i den. (…) »

« Parmi les forêts dans lesquelles je me promène le plus dans mes veux jours, celle de la plage est primordiale. Celle de l’enfance, de la jeunesse était Bokskogen* (…) Là, je pouvais y passer des journées entières avec les enfants ; on s’asseyait, on se posait quelque part dans le bois doux et 
 non loin de Malmö.
Mais il n’est pas meilleure forêt pour ma consolation que celle des livres. Quelle paix, quand je peux y être ! (…) »

* Bokskogen est un parc à Malmö. (Bokskogen peut signifier littéralement "forêt des livres"...)


De qui?

Étrangement, les bibliothèques personnelles sont très intimes, se lèguent difficilement (un peu comme les  jardins?)
Les bibliothèques universitaires – de même que les parcs ? – permettent une autre intimité, parfois ; une autre évasion.
Contradiction encore. 

Nils Blanchard


jeudi 20 avril 2023

Nu / Maintenant ; forêt

 Il y a évidemment ce faux ami ; le « nu » suédois signifiant maintenant ; pas de lien à la nudité. Quoique… Faux ami, vraiment ? Nos vêtements ne représentent-ils pas comme des mailles de temps sur nous ?

NB - Carl Milles, Malmö

Bon, mais dans un billet intitulé Nord(s) il fut question du recueil de poèmes Voyage nu de François Squevin. 

Presque par hasard, ce deuxième poème du recueil : 

Toutes les pierres du passage
le grand air des rochers
les roches gravées dans l'étendue
le froid

Je pars
dans les stries d'une errance.

NB - Bohuslän, octobre 2022

Pas vraiment de forêt, là ; je triche un peu. C'est que Voyage nu évoque l'île de Swona (Orcades), où il n'y a pas d'arbre. 
Or au départ, je voulais parler ici de forêt, en lien à un texte d'une Finlandaise (de langue suédoise) ; blog : Sandra skriver, qui écrit le 7 février dernier :  

« Jag längtar ut till skogen (...) 
På lördagen packar vi trangiakanna, vattenflaskor och puukko, klär vi oss i stickatröjor och kängor (...) 
"SKOGEN!" ropar jag när vi tog de första stegen in på ledden. "Nu är jag här!"
Att gå i skogen är att tvingas in i nuet. Fast tvingas låter för motspänstigt. Att gå i skogen är att inte kunna, inte vilja, vara annat än i nuet. Det gäller att se upp för stenar och rötter, sikta in sig på den säkraste vägen nerför en slänt. (...) » 


« J'ai une grande envie d'aller en forêt (...) 
Samedi on prépare thermos, bouteilles d'eau et puukko*, on revêt tricots et chaussures hautes (...) 
Je crie: "LA FORÊT !" dès qu'on pénètre dans le premier sentier. "J'y suis enfin !"
Marcher dans la forêt, c'est s'obliger à être dans l'instant, même si "s'obliger" fait penser à quelque résistance. Marcher en forêt, c'est ne pas pouvoir, ne pas vouloir être autrement que dans l'instant. C'est qu'il faut faire attention aux pierres et aux racines, bien repérer le meilleur passage pour descendre un talus. (...) »

* Couteau traditionnel finlandais.

NB - Été 2022, Cévennes

Je pourrais évoquer à nouveau ces marches, dans les Cévennes, en bien bonne compagnie – pas que celle de Stevenson ; et Hillevi Norburg n’évoqua-t-elle pas quant à elle, dans son blog, il n’y a pas si longtemps, Stevenson ? –
Ces discussions sur tout et n’importe quoi. Parfois n’importe quoi, oui ; K échappé en vacances – « J’ai choisi ce métier pour les grandes vacances », dixit Dhôtel, je me souviens avoir même évoqué – on a du temps à « perdre » !… – le Château, dans nos discussions de chemin…
Être dans l’instant présent ; « ne pas pouvoir, ne pas vouloir être autrement que dans l’instant »...
Eh ! Relisez Dhôtel, mes petits amis…
Sauf qu’être dans l’instant, c’est aussi être ailleurs. La vie est contradiction…



Nils Blanchard


vendredi 14 avril 2023

Blogs / Stockholm, Finlande et ailleurs

Il y a peut-être quelque chose de nordique dans mon attention aux saisons, aux signes de la nature en transformation, mon impatience aussi -- j'en ai déjà parlé -- devant une lenteur qui, à un moment sera changée en vitesse, elle-même exagérée.

NB - mars 2023

Blog Krickelins, le 26 mars ; un article intitulé: "Det blommar ! Eller snart i alla fall..." ("Ça fleurit! Ou bientôt en tout cas...") On y lit (pour retrouver la thématique de la vitesse): « Tiden går så fort nu när våren tar fart. Skynda långsamt är min parodi i år. Jag stressar ingenstans och allt ska få ta sin tid. »    

« Le temps passe si vite maintenant que le printemps démarre. Se dépêcher lentement : voilà ma parodie de l’année. Je n’ai pas de date butoir ; tout viendra à point. »

En Finlande, dans Sandra skriveron a de la neige en plus ; l’hiver cette année a été blanc.

Elle écrit le 28 mars dernier :

« Allt där ute är ännu vitt, det är bara fyra dagar till april och jag tänker på tidigare aprilmånader, år när jag skrivit dikter i och om vår och solsken och läderjackor och scillor och bar asfalt.

När har det senast varit så här mycket snö och så här sen vår? frågade jag pappa när jag var hemma i helgen.

Aldrig, svarade han. »

Jag tänker på 1816, året utan sommar. »

« Tout dehors est blanc encore. Il n’y a plus que quatre jours jusqu’en avril et je pense à des mois d’avril d’années passées, lorsque j’écrivais des poèmes sur le printemps, le soleil, les vestes de cuir et les bleuets et l’asphalte à nu. 

Quand y a-t-il eu autant de neige et si tard dans la saison ? Ai-je demandé à papa quand j’étais à la maison pour les vacances.

Jamais, a-t-il répondu.

Je pense à 1816, l’année sans été. »

NB - mars 2023
Petite introduction d’un article de L'Histoire, sur le net, sur ce thème de « 1816, l’année sans été » :

« Dans de nombreux pays, l'année 1816 est passée à la postérité comme “l'année sans été”. Pour l'Australien Gillen D'Arcy Wood, c'est un euphémisme au regard de la série de désastres et de souffrances enclenchée dans le monde par l'éruption du Tambora un an plus tôt. 

(…) Au cours de “l'année sans été” – en fait un bouleversement climatique long de trois ans –, les récoltes ont partout été détruites par le gel et la sécheresse ou noyées sous des pluies diluviennes. Les villageois du Vermont, en Amérique du Nord, ont survécu en mangeant des porcs-épics et des orties bouillies, tandis que ceux du Yunnan en Chine n'avaient que de l'argile blanche à sucer. Les touristes venus passer l'été en France prirent les hordes de mendiants qui encombraient les routes pour des armées en déroute.

Dans une villa au bord du lac de Genève, un groupe de voyageurs anglais, dont Mary Shelley et lord Byron, occupa ces longues journées froides et assassines à écrire des histoires de fantômes au coin du feu. »

NB - Stockholm
Pas Australienne, elle, mais revenant d’Australie, l’auteure du blog Gabrielles blog (en lien de celui-ci), évoque le 22 mars une balade qu’elle fait à Stockholm, de retour de son voyage.

« Igår blev det en dag med sol, visserligen rätt svag men i alla fall sol! Gick runt öarna igen, för första gången denna vårvinter: Skeppsholmen och Kastellholmen. Favoritpromenad. Jag tänkte på hur mycket jag tycker om dessa gamla miljöer med all sin gamla historia. Att få sånt går inte lika lätt i Melbourne 

« Hier a été un jour de soleil, certes bien timide mais du soleil quand même ! J’ai refait le tour des îles, pour la première fois depuis plusieurs mois : Skeppsholmen et Kastellholmen. Ma balade préférée. Qu’est-ce que j’aime ces vieux endroits, ai-je pensé, avec toute leur histoire ancienne. On n’a pas ça si facilement à Melbourne. »

Bon. Je dois bien reconnaître que je suis régulièrement énervé par les Australiens ; certains gouvernements stupides qu’ils ont (ré)élu, pour ensuite venir geindre sur les conséquences, dans leur pays (chaleurs, incendies…), d’un réchauffement climatique que leurs élus niaient !

C'est pourtant là qu’officiait le bien sympathique Napoléon Bonaparte (pas l’empereur, donc, qui en 1816 devait être du côté de Sainte-Hélène), dans les romans d'Arthur Upfield. Moitié occidental, moitié aborigène…

De là aussi que Charlelie Couture est revenu avec quelques chansons :

« Je relis un roman, il fait chaud, 
la ville de Batman se resserre
de chaque côté de la rivière Yarra
des marins venus de Grèce jouent aux dominos dans les jardins mécaniques (...) » 


Nils Blanchard

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