vendredi 28 juillet 2023

Pour lectures (même de soi-même)

 On peut commencer par se citer – une fois n’est pas coutume – ; ce poème écrit il y a deux ans. Or à nouveau cette année la Grèce est touchée par des incendies comme incontrôlables.

NB - Bohuslän

Återkomst, bränder och ensamhet i Arkadien *

Il pleut des cendres sur Athènes
Ici la nuit tarde à tomber
Que dirait quelque vague Hellène
de quelque roman de Dhôtel
de ces feux, de cet epochè ?
Ici le Bohuslän s’endort
Ça va être le temps des bêtes
Sombre tourne le bleu du ciel
Lorsque tu reviendras, alors
Aurai-je quitté ma retraite ?

(NB ; à E.)    * Retour, feux et solitude en Arcadie


NB - Bohuslän

Révisions pour les vacances : les blogs en lien de celui-ci.
Il faut aller dans les anglophones, le groupe du milieu (bon… The history of Nordic Women literature peut être mis aussi en suédois…) Dans Nordic Voices in Translation, il y a en lien Bernur, que je n’arrive pas – pour quelle obscure raison technique ? J’espère qu’il ne s’agit pas de je ne sais quelle querelle entre hébergeurs… – que je n’arrive pas à mettre en lien du mien. Il est donc en lien indirect… (Comme bien d’autres, de différents blogs ou sites en lien du mien ; allez y voir…)
Il parle, lui, récemment, de Simone Weil – idem Thomas Nydahl, qu’on trouve en lien de Bernur.
Lien de lien de lien… Lui parle aussi de Jane Birkin, le 25 juillet dernier.

Simone Weil, dont André Dhôtel a parlé aussi, et dont il sera sans doute question dans le prochain Cahier de la Route inconnue…


Lien indirect aussi : The Finnish [comprendre ici : Finnois] -English Literary Translation Cooperative. Là, il est beaucoup question de l’excellente Leena Lehtolainen – dont je reparlerai (mais il faut que je trouve des versions françaises, anglaises, ou suédoises… car je ne maîtrise pas le finnois). Ah, Cicatriceville… Comprenne qui voudra.


Nils Blanchard


Hors sujet, le 24 juillet, une nouvelle fois le président de la République s’en prend aux professeurs en prétendant qu’ils ne travaillent pas assez (puisqu’il y aurait des réunions sur le temps de cours (?), qu’il y aurait nécessité pour eux de « travailler plus pour gagner plus » – le fameux « pacte » qui n’est en rien une augmentation mais un attrape-gogo…)
Pourquoi ? Est-ce si populaire de s’en prendre aux professeurs, à l’éducation nationale en général ?
Est-ce parce que nos dirigeants actuels jugent que l’ensemble de la population serait descendue à un niveau intellectuel si bas que lui offrir les professeurs, les intellectuels en règle générale, en bouc-émissaires de tous maux, leur ferait forcément plaisir ? 

NB


mercredi 26 juillet 2023

Incursions de la Suède dans les Vosges – et vilenies

 Marche dans les Vosges, en très bonne compagnie bien sûr, dans une fin juillet pas trop sèche là ; arbres explosant de vitalité. Évidemment, songeai çà et là au livre de Benoît Duteurtre, Ma vie extraordinaire (drôle de titre…)

NB - Vosges, vers Wingen

À noter que l’écrivain, musicologue, y parle du KL Natzweiler (Struthof) (page 82-83).

Mais, en ce qui concerne la forêt (page 50) :

« On entrait timidement dans cette cathédrale obscure où les troncs nus se dressaient comme des colonnes gothiques. Les branches des conifères se déployaient très haut dans la canopée. Mais au pied des arbres proliférait un monde de pierres moussues, de champignons, de feuilles mortes, de fourrés, de frémissements animaux qui happaient notre attention. »

Mon ami de marche, précisément, d’origine alsacienne et lorraine, d’avoir remarqué, çà et là, des ponts entre les cultures suédoise et alsacienne, voire lorraine. Ainsi, exemple parmi d’autres, la soupe de pois alsacienne, ressemblant fort à la ärtsoppa suédoise.

NB - D662, à la sortie de Reyersviller

Bon, mais certaines incursions suédoises dans les contreforts des Vosges ont été moins glorieuses.
Ainsi au bord de la départementale 662, en direction de Siersthal, à l’actuel Reyersviller (au sud de Bitche), c’est un village entier qui a été massacré par les troupes suédoises pendant la guerre de Trente Ans (évoquée un peu là).
Il en reste un chêne qui daterait de Jeanne d’Arc, auquel les soudards auraient pendu les villageois.

NB - D662, à la sortie de Reyersviller

NB - D662, à la sortie de Reyersviller

NB - D662, à la sortie de Reyersviller

Pour en revenir à Benoît Duteurtre, il imagine vers la fin de son livre (3e chapitre sur « Le loup de Belbriette ») un futur peu ragoûtant, dans les Vosges (pages 335-336) :

« Il faisait près de trente degrés, ce 20 mars 2070, quand un convoi de tricycles tout-terrain, à biopropulsion, apparut en lisière de la forêt décharnée. (...) 
(…)le paysage autrefois sombre et humide de la Voj Mountain avait pris un caractère presque méditerranéen. »

Vous avez bien lu, « Voj Mountain »… C’est que l’auteur imagine/prévoit :

« Vingt ans plus tôt la loi Une langue pour chacun”, répondant aux revendications de nombreux groupes et associations, avait en effet balayé les règles communes, offrant une liberté qui abolissait la notion même de faute ou d’usage inapproprié. (...) »

On n’en est pas très loin.

Or ne parlions-nous pas au dernier billet, après avoir évoqué des incendies, de la politique présidentielle à l’endroit de l’Éducation nationale ?

En ce domaine, les errements remontent à loin et réconcilient des tendances politiques a priori diverses. Souvenez-vous de ce ministre qui se vantait de faire des fautes d’orthographe ; le même homme particulièrement doué qui parla d’ « imposture climatique », pour dénoncer des prévisions qu’il pensait sans doute être des errements d’écologistes illuminés… Est-ce un hasard ?


Nils Blanchard

samedi 22 juillet 2023

« Tout alors était vivant et amusant »

Vague question d’enfance, là. Puis après – parfois – on travaille. L’une et l’autre périodes ont leurs charmes, leurs alarmes… Jane Birkin faisait un peu un lien entre les périodes, entre toutes sortes de choses, un peu comme Sempé, peut-être.

CD de 2008

En écoutant des commentaires sur la mort de Jane Birkin (qui oublient, je ne sais pas pourquoi, le magnifique album de 2008 Enfants d’hiver, dont les textes – et l’interprétation bien sûr – sont pourtant bien d’elle… Période bleue, Enfants d’hiver ou… Madame (musique de Franck Eulry) :

« Merde j’suis quoi / Ta sœur ton frère / Essaye pour voir / Tâche d’être plus clair / Fille ou garçon, quelle affaire / De quoi j’ai l’air / Désarticulée par terre (…) » Voir / écouter en fait, là...

Et cela nous ramène vaguement à ce dont on parlait ici, il y a plus d’un an...
Un autre thème...)

Jane birkin dans Je t’aime moi non plus, de S. Gainsbourg, 1976, capture d’écran

Écoutant donc des commentaires, j’entends parler de La Belle Noiseuse, de Jacques Rivette, dans lequel jouait J. Birkin. Il se trouve qu’il était question ici, le 10 juillet, de Jacques Rivette. Bien par hasard, indépendamment du thème, il apparaissait soudain dans le billet, avec Paris nous appartient.

Bon, mais aussi je suis tombé le 14 juillet sur un article somme toute assez étrange, sur une exposition récente sur Serge Gainsbourg à Paris, dans le Göteborgs Posten, de Per Magnus Johansson. Article mentionnant aussi l’ouverture prévue à l’automne prochain de la maison de Gainsbourg de la rue de Verneuil au public… et s'interrogeant sur l'intérêt à dresser le portrait psychiatrique d'un artiste. Il commence ainsi :

« Hur kan man förstå det psykiska lidandet hos en kreativ människa? » « Comment peut-on comprendre les pathologies psychiatriques chez des êtres créatifs ? »

On y finit par conclure (ou presque) que, plus que d’éventuels cas psychiatriques, Gainsbourg notamment (comme d’autres, Van Gogh, etc.) était avant tout un bosseur.

À propos de bosseurs, Patrick Reumaux n’évoque pas, dans Maison noire, le botaniste Clas Bjerkander (qui n’était peut-être pas particulièrement mycologue). Le titre du livre de Kerstin Ekman, à son propos, résonne étrangement en regard de ce qui était évoqué au billet du 10 juillet : « Tout alors était vivant et amusant ».


Néanmoins, c’est vrai que je vis sans faire vraiment ce que j’aime. J’ai évoqué ce voisin de Suède, me rappelant que je lui ai déjà dit que je voulais m’installer là-bas… Je ne l’ai pas (encore) fait…

Une sorte de renoncement, oui… Quoique. Mais, le renoncement : une forme de mort ? Des gens se croient plus vivants à mesure qu’ils tentent des choses, « profitent » (ignoble verbe intransitivisé par une époque où pas mal de gens ont renoncé, pour le coup, à parler à peu près correctement leur langue…) Illusion ?

Sempé


Nils Blanchard

dimanche 16 juillet 2023

Argos

 J’ai parlé de la « tentation de la Laponie ». D’aucuns ont connu – « connu », vraiment ? – la tentation de Venise. Là, certaine tentation d’Ithaque.

NB - Auvergne, printemps 2023

Ça peut ne pas être si loin. Colmar (même si l’Alsace, comme l’Allemagne, m’a souvent paru être une région très difficile à traverser ; embouteillages, trains en retard ou supprimés, que sais-je…), par exemple pour moi, là à peu près où se situent les différents domaines de Claudie Hunzinger. Elle était à l’émission d’Alain Finkielkraut ; j'avais dit que j’en reparlerais.
Ah, aussi, récemment, chez des amis, à Reichshoffen – pas loin, encore –, un chien. Très beau ; assez jeune, lui ; nom d’un général romain victorieux.
Claudie Hunzinger, donc, de se « retirer » dans son domaine un peu hors de tout si l’on comprend bien.
« Affût », non pour chasser mais surprendre, observer… partager les autres vies, autres temps de diverses bêtes, les cerfs, entre autres.
Cet affût n’est pas très loin peut-être de l’attente dhôtelienne. Patrick Reumaux, (Maison noire, page 184) :

« Le soir, Dhôtel, qui avait acheté un baraquement en bois à la SNCF et l’avait perché dans ce hameau, au bord d’un précipice, s’asseyait sur le seuil et regardait, plus loin que les blés, la lisière. Que voyait-il ? Je ne sais pas. Personne ne l’a su. Ne le saura jamais. Mais il m’a souvent dit : N’oubliez pas de regarder les franges, les lisières. Souvenez-vous de Rimbaud, les claires-voies. Il fumait, assis sur le seuil et il attendait. »

NB - Vue du baraquement d'André Dhôtel

(Du reste, à Reichshoffen, il y a une « tour des Suédois », vestige du passage des armées de Gustave Horn en 1633… Pas des souvenirs des plus glorieux ; mais dont on reparlera bientôt.)

Or donc, ce chien d’amis ; général d’armée victorieux. On ne sort pas d’une certaine Antiquité.
Je disais régulièrement à mon ami de marche, sur les plateaux d’Auvergne, que tel chemin ressemblait à une voie romaine. Et certains devaient en être.

NB - Auvergne, printemps 2023

Mais justement, ce chien, Argos… Nous l’avons croisé à l’entrée d’un hameau apparemment désert (et magnifique). Vieil et digne animal, il est venu se faire caresser en remuant lentement la queue.
S'installer là, poser ses bagages ?
Mais c’est que j’étais plutôt dans l’esprit de Kristin Lagerqvist, fin mai sur son blog :

« Jag har funderat lite på det där – om hur rörelse hjälper människan att hålla sig vid liv, både fysiskt och mentalt.
(...)
De senaste veckorna har jag (…) fått en otrolig craving på att vandra i naturen – jag vill bara (…) packa ryggan och ta mig ut. Både i skog, på fjäll och vid hav. Det finns så mycket att upptäcka! »

« J'y ai réfléchi un peu : comment être en mouvement peut maintenir en vie, autant physiquement que mentalement.
(...) 
Ces dernières semaines (…), j’ai eu une terrible envie de me balader dans la nature – j’ai simplement envie (…) de faire mon sac et me mettre en vadrouille. En forêt, en montagne, ou à la mer. Il y a tant à découvrir ! »

NB - Auvergne, printemps 2023

N'allez pas croire qu’il s’agirait dans mon cas de bougeotte antidhôtelienne… Les choses sont plus compliquées. D’ailleurs, Georges Borgeaud, dans un article de la Gazette littéraire de Lausanne, de décembre 1955, sur Le pays où l’on n’arrive jamais, parle à propos de Dhôtel de « tentation du nomadisme ».


Nils Blanchard


lundi 10 juillet 2023

Vosges – Ardennes ; Descartes

 Série d’entretiens de Claudie Hunzinger, sur France culture, la semaine du 19 juin dernier. Avant cela, chez Alain Finkielkraut, le 6 mai : il était là question de chien. Mais de ça (de chien), on en reparlera.

NB - Canal de la Marne au Rhin

Claudie Hunzinger, elle, situe ses livres plus au sud que le canal de la Marne au Rhin, du côté de Colmar. (Du reste, le canal ne passe pas par les Ardennes non plus ; peu importe.)

On lit, en présentation du dernier entretien de la série :

« Pratiquant l’affût, Claudie Hunzinger a acquis au fil des années, une écoute très fine des êtres et des éléments, qu’ils soient végétaux, minéraux ou animaux. « On devient ce que l'on observe », dit-elle. Pour l'artiste, c'est une façon d'être à l'écoute du monde et de l'agrandir, « c'est une façon de se décoloniser soi-même » (…) »

Se libérer, comme l’écrit Thomas Nydahl, évoquant Imre Kertész (le 7 juillet dernier) :

« I detta kom Imre Kertész fram till kärnan: att bära en negativ erfarenhet genom livet behöver inte vara en börda. Den blir en börda för den människa som efter den erfarenheten förvandlar själva livet till just börda. För Kertész, och därmed för mig som lärdom, blir den en frigörelse. »

« En cela Imre Kertész est allé au nœud du problème : porter une expérience négative dans la vie ne nécessite pas que ce soit un fardeau. Ça le devient si la personne transforme sa vie en fardeau. Mais pour Kertész, et subséquemment pour moi, ça devient une libération. »


Ma vie extraordinaire, de Benoît Duteurtre, démarre, et revient régulièrement, aux Vosges de l’enfance de l’auteur. Sorte de paradis perdu, à la fois personnel (l’enfance) et de manière plus… globale, avec trois chapitres (« Le loup de Belbriette ») qui enserrent le livre, en partie d’anticipation (heureusement, souvent, dans ce domaine, on a tendance à se tromper…)
Ainsi lit-on page 227 :

« Tandis que le monde, sidéré, découvrait l’ampleur du désastre, Denis se rappelait son paradis perdu. [Qu’est-ce que je disais…] Après la Grande catastrophe de juin 2030, la perspective d’un refuge dans les montagnes lui apparaissait comme un espoir. (…) »

Une des conséquences de cette « grande catastrophe » est qu’il est nécessaire de détenir une sorte de pass pour entrer dans Paris. Et pourtant... 


O
n n’en est pas très loin… Quelqu’un, par exemple, qui n’utilise pas de smartphone se voit de plus en plus regardé de travers. (Ou n’est-ce pas que les gens qui utilisent beaucoup ces ustensiles ont tendance à ne plus regarder les autres qu’à travers leur écran, qui fait écran, qu’on le veuille ou non, devant une certaine réalité.)

Capture d'écran. Source?

Pas vraiment d’anticipation – plutôt l’inverse ; un peu Jean-Pierre Mocky au dix-septième siècle ? – chez Patrick Reumaux, dans Maison noire.
Puis là, on est passé dans les Ardennes, dhôteliennes à défaut d’être le « Dhôtelland » (comprenne qui voudra). Ce genre de pays où l’on pose un banc quelque part dans un village. Page 25 :

« Oui, il y a des Ardennais dans les Ardennes, à ceci près qu’on ne sait jamais de quelle Ardenne on parle – ni si ce dont on parle existe –, car le département qui porte ce nom n’est qu’un assemblage hétérogène estampillé par un coup de tampon administratif. »

Page 27 : « À deux pas de ma maison noire, sur la route de Saint-Lambert, au bas du village se dresse un tilleul, au pied duquel un banc a été aménagé pour que l’on puisse y prendre le frais. En plus de quarante ans, je n’ai jamais vu personne s’y asseoir. »

Et dans ce livre, beaucoup d’allusions à la Suède, mine de rien, vu qu’on y parle de mycologues, botanistes (Elias Magnus, un Finlandais aussi : Peter Adolf Karsten). Qu’un René Descartes, célébrité du village au banc, a quelque difficulté à parvenir à ses fins dans ses relations avec une reine de Suède…
Ou plutôt, il y arrive : il meurt.


À suivre.


Nils Blanchard


mardi 4 juillet 2023

Quand il y a tant de choses à faire

 Il n’en était pas ainsi autrefois, ou pas autant. (Et qu’est-ce qu’ « autrefois »?)

Mais ce sentiment, toujours, de n’avoir pas de temps pour ceci, pour cela, d’avoir autre chose à faire.

Cet autre chose : une sorte d’alien qui bouffe nos vies ?



NB - Bohuslän

On retrouve ça dans deux blogs que je consulte de temps en temps.
L'un, Sandra skriver – de Vaasa, où je vécus quelques semaines dans une autre vie – que je me déciderai peut-être à mettre en lien à celui-ci.

Sandra Holmqvist y écrit, le 1er juillet 2023, : « Men det suger att behöva vänta på bättre tider när de bästa tiderna ska vara nu. När det är piontider och midsommarrosorna blommar och det doftar torra tallbarr i skogen. När solendgången sätter skyn i brand och skogen fått ett nytt djup efter grannens fjolårsgallring, det är bara djupare och djupare grönt där mommo och jag sitter och dricker förmiddagskaffe på hennes veranda, i skuggan, i brisen. Om vi inte rör oss eller gör något så är det inte ens varmt. »

« Mais c’est dommage qu’il faille attendre des jours meilleurs, lors que le meilleur devrait être l’instant présent. Quand c’est le temps des pivoines, que les roses de Saint-Jean fleurissent et que ça sent les aiguilles de pin sèches dans la forêt. Quand le crépuscule embrase le ciel et que la forêt a gagné en profondeur après l'éclaircissement effectué par le voisin l'année dernière, c'est un vert toujours plus profond où grand-mère et moi nous asseyons et buvons notre café du matin sur sa terrasse, à l’ombre, avec un peu de brise. Si nous ne bougeons pas ou ne faisons rien, il ne fait même pas chaud. »

NB - Bohuslän

Et le même jour, Kristin Lagerqvist (blog Krickelins) commence un petit billet de la sorte : « Jag håller på och fixar iordning huset för att lämna Frankrike. Det gör mig ledsen.
Känner mig olustig och illa till mods. Fick vi gjort allt vi ville? Hann vi med både vila, familjeliv och att komma iordning i vårt nya hem? »

« Je suis maintenant occupée à ranger la maison pour quitter la France [et rentrer en Suède]. Ça me rend triste.
Sentiment de déprime, de mal être… Avons-nous pu faire tout ce que nous voulions ? Avons-nous pu nous reposer, mener notre vie de famille, et en même temps mettre de l’ordre dans notre nouvelle maison ? »

NB - Bohuslän

Comme quoi. Je me disais que ce sentiment « d’urgence », d’« autres » urgences, était lié chez moi par exemple au fait que j’ai vécu des périodes de solitude, ai dû jusqu’ici faire des métiers surtout alimentaires, que je considérais comme chronophages…
Or ces raisons, si j’ai bien compris, ne sont ni celles de l’une, ni de l’autre blogueuses.

Puis, pour ce qui est du deuxième texte cité, en ce qui me concerne, cette nécessité de quitter une maison d’été pour mon pays « ordinaire » se fait dans l’autre sens, de la Suède à la France.
Un voisin que j’aime bien, là-bas, m’a raillé sur ma plainte répétée, année après année, de devoir repartir. « Tu n’as qu’à rester. »

Non seulement rester là, à ce moment ; rester en ce pays, à cette autre vie.
Tout est autre. Notamment cet autre que l’on n’arrive pas à atteindre.

« Je est un autre ».

Dixit l’autre.


Nils Blanchard


P.-S. : Mort, à cent ans, de Léon Gautier, hier. Il était le dernier membre encore en vie du commando Kieffer ; on l’a évoqué ici récemment.

P.-S. 2 : Thomas Nydahl, quant à lui, après ses Vier Minuten (comprenne qui voudra), a repris son blog.
Xavier de Maistre, Svante Weyler… Ça vaut le retour !


April. Mais…

Dates, qui reviennent en ce blog. J’ouvre The Waste Land  ; évidemment : 1921-1922. «  A pril is the cruellest month, breeding / Lilacs out ...