lundi 29 janvier 2024

Stockholm – Rio – Newcastle

Il y a peu de temps, est apparu en lien de ce blog celui de Julia Eriksson. Un petit clic, et on se retrouve, la plupart du temps, dans la magnifique ambiance bleu-dorée de Stockholm.

NB - Stockholm en hiver

Je l’avais évoquée : malade juste avant Noël.
Du champagne a depuis coulé dans les coupes ; la blogueuse s’est rétablie juste à temps pour les fêtes – enfin ; allez-y voir par vous-mêmes.
Puis elle raconte un premier de l’an passé du côté de Newcastle.
Puis elle a des coups de blues ; on en reparlera peut-être.

Devant ses belles photos de la campagne anglaise, on est frappé par la ressemblance entre ces paysages et ceux de l’ouest bocager de la France.

NB - Anjou, 1er janvier 2024

Est-ce parce que nous, Anglais et Français,  nous ressemblions tant, que nous nous sommes tant fait la guerre, autrefois ?
C'est un hasard et j’en reparlerai, mais revenant précisément d’Anjou, je me suis arrêté à Fontevraud. Passé assez vite devant les gisants (Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion, Henri II Plantagenêt, Isabelle d’Angoulême) devant lesquels une guide essayait d’attraper l’intérêt d’enfants en leur parlant de Robin des bois, ce qui du reste semble avoir fonctionné… et ai été regarder une exposition dans le chœur… mais j’en reparlerai aussi.

NB - Fontevraud,œuvre de Georges Jeanclos 

Ce personnage au lit, dans des draps – c’est rare de trouver cela représenté dans l’art, notamment dans la sculpture – : quelqu’un avec de la fièvre juste avant Noël ?
Non, ou pas seulement ; on en reparlera.

Puis peu de temps après que je sois « rentré » en Alsace, un couple d’amis venus du Brésil en France quelques jours, est venu déjeuner chez moi.
Ont été évoqués des auteurs comme Sébastien Lapaque – buveur de vin en des temps où des pisse-vinaigre voudraient convertir les Français au coca-cola obligatoire – pour un livre sur Bernanos au Brésil, que je vais me dépêcher de me procurer.
Ils me conseillent aussi Luis Alfredo Garcia-Roza ; on va se dépêcher de lire cela aussi.
Cela et bien d’autres choses.

J'ai un dossier, à l’intérieur de mon dossier « Suédois d’ailleurs » (où voisinent tous les petits traficotages historiques, littéraires, artistiques… oniriques de ce petit blog), intitulé « Lusophone », parce que Thomas Nydahl, Bernur, parlent çà et là de Pessoa, et que j’aime aussi cet auteur…

Parce que Wera von Essen, aussi, bien sûr.

En attendant En emigrants dagbok… J’ai reçu en cadeau des bougies de Rio de Janeiro, qui me font penser à cette citation du premier livre de Wera von Essen (En debutants dagbok), que je cite (et traduis) dans un roman dont, jusqu’ici, les éditeurs (il est vrai peu sollicités) n’ont pas voulu :

« Älska mig ! Älska mig ! Jag ger dig en massage med eteriska oljor. När jag fått sittbadkar tappar jag upp ett bad till dig med dalter som jag strör i sju gånger med sju goda intentioner, skog, sol, stjärnor, kärlek, frid, sanning, måne, sedan några droppar oljor beroende på hur du mår, om du är trött och trög kanske jag har i tea tree-olja. För en doftupplevelse kanske rosmarin och cananga. Först har jag rökt ut badrummet med palo santo. Sedan tänt ljus. (…) »

« Que l'on m'aime! Aime-moi! Je te ferai un massage aux huiles essentielles. Quand j'aurai une baignoire, je te ferai couler un bain avec les sels que je mélangerai sept fois pour les sept bonnes influences: forêt, soleil, étoiles, amour, paix, vérité, lune, puis quelques gouttes d'huiles en fonction de ce qu'il te faut, si tu es fatigué et aphasique peut-être que je mettrai de l'huile de l'arbre à thé. Pour une expérience olfactive, peut-être du romarin et du cananga. Et tout d'abord j'aurai fait brûler dans la salle de bain du palo santo. Puis j'aurai allumé des bougies. (...) »  



Bon, bien sûr, un dossier « lusophone », dans un dossier… Combien de dossiers ? Des livres, qui vont s’ajouter à combien de livres commencés ? On s’y perd un peu ?
Mais cette perdition-là n’est pas désagréable.


Nils Blanchard


P.-S.: On apprend que La Tribune relaie une pétition de dirigeants de fédérations sportives à l’encontre de la « communauté éducative », les incitant à « prendre le temps de découvrir » Mme Oudéa-Castera (voir à ce sujet cecicela...) De quoi ces gens se mêlent-ils ? Qu’ils prennent le temps quant à eux de découvrir les montants obscènes de certains salaires, dans les fédérations sportives, bénéficiant souvent de dotations publiques et dont le fonctionnement, souvent encore, est assuré en grande partie par des bénévoles. 

NB

mardi 23 janvier 2024

Incendie chez Héloïse

 Une fois n’est pas coutume (il est vrai que peu de choses sont « de coutume », ces derniers temps), je profite de ce blog pour relayer un appel à soutenir Héloïse Combes (son site, en sommeil depuis quelque temps, est en lien de ce blog).

NB






Héloïse a écrit de formidables livres (romancière, photographe, poète, chanteuse aussi), dont il a été un peu question ici (voir l’index, à droite, version ordinateur…)

Et elle a un recueil de poèmes en préparation (croisons les doigts, que ce projet aboutisse au plus vite!)


NB - Cévennes

Sur l’électrosensibilité, ci-après, sites parmi d’autres, français :






Ce site suédois : Elöverkänsligas Riksförbund

Ce site anglophone: ttps://www.mast-victims.org/


Je suis pour quelques mois un peu pris par le temps, mais… j’ai picoré un peu dans les sites ci-dessus. AZB (Association zones blanches) est le plus facile d’abord, clair, accueillant… C’est cette association qui a conduit un projet de logements pour EHS à Durbon, dont on entend parler ici et là. Mais ce site nous informe que le projet est pour l’heure abandonné.

Quant aux zones blanches, le constat fait sur ce site est sans appel :

Capture d'écran



Nils Blanchard





mardi 16 janvier 2024

D'une nouvelle ministre, de Cripure, de Nabucet / Et Colette, et 1921

 On a fait mention récemment – via Marie-Hélène Lafon, mais on parla surtout de Thierry Maricourt – de personnes seules à Paris.

NB - Paris

On retrouve ce thème dans un article d’Argoul (présent en lien à la page « Le tableau de Savery », sur ce blog), à propos de Colette, sur laquelle l’auteur revient régulièrement.
Là, on parle de Paris de ma fenêtre, publié en 1942 sous le titre De ma fenêtre et republié (corrigé) en 1944 avec une préface de Francis Carco.
Argoul présente le livre :

« De sa fenêtre du Palais royal, au premier étage au-dessus du restaurant Le Grand Véfour, elle observe les passants des galeries, les putains qui font le tapin, les enfants qui jouent au sable, les chiens qui pissent sur les bosquets. Elle est voisine de la Comédie française qui reprend ses représentations, et de Jean Cocteau qui habite le quartier. »


Mais Argoul remarque :

« Évidemment les bêtes, les corneilles qui tombent des clochers sur le jardin, les chats qui chassent le rat pour manger par « haine raciale ». Nécessité n’est pas gourmandise, les chères lectrices rationnées auront compris, mais le terme repris de la propagande contre les Juifs sonne un peu bizarrement. Colette se sent-elle chatte pour chasser par nécessité du temps l’ennemi héréditaire, le rat-juif ? Ou n’use-t-elle de cette expression que parce qu’elle est dans l’air du temps, comme sans y penser ? Ne pas y penser, justement, montre combien les gens les plus intelligents, comme Colette, peuvent se « laisser aller » à suivre le mouvement de l’opinion par inadvertance, moutonnant avec les moutons jusqu’à dire des horreurs qui seront ainsi peu à peu acceptées par tous. »

Illustration de Dignimont (Colette, Paris de ma fenêtre)

Autre chose que les gens répètent comme un mantra, de nos jours – du moins, encore une fois, certains journalistes – : l’absentéisme des professeurs serait gigantesque, un nombre énorme « d’heures non remplacées » est avancé : 15 millions, d’après la ministre à la mémoire pour le moins erratique dira-t-on, évoquée au dernier billet, Mme Oudéa-Castera (source : Libération du 15 janvier dernier, page 14, première colonne). (Mais pour quels niveaux, quand, où, qui ?… Une enquête sérieuse sur le sujet ? Y compte-t-on des heures qui sautent mais que les professeurs rattrapent à d’autres moments ? Quid des heures supplémentaires effectuées – non payées – auprès des élèves, dans le cadre par exemple de sorties ; ceci, pour me faire insulter, il y a quelques années, par un très bon élève, qui avait derrière lui sa « maman », et qui, ayant reçu son bulletin de notes, pensait pouvoir s’en prendre aux professeurs. – Je l’imagine bien passé dans un réseau de petits péteux se croyant tout dû… À moins, bien sûr, que malgré toutes leurs absences, les professeurs l’aient rendu à terme moins bête que ses parents...)
Le 16 janvier, le président Macron d’avancer le chiffre de « 10 millions », dans sa conférence de presse.
Peut-être le pape, demain, parlera-t-il de 5 millions ?
Qui dit plus, moins ?

Illustration de Dignimont (Colette, Paris de ma fenêtre)

D
ans cette conférence de presse (qu’on ne peut entendre que partiellement sur France info – non que ça semble d’un intérêt saisissant…, des « journalistes », « observateurs », « experts » obscurs bavassant par dessus…), il a été question de remise solennelle de diplômes dans les écoles, de Marseillaises obligatoires.
Je pense à ce bon Cripure, dans Le Sang noir, de Louis Guilloux, aux Nabucet.


Mais, sans transition, 1921… Il en a été question plusieurs fois dans ce blog (le fait que ce soit la date de naissance d’Elmar Krusman, c’est un peu un hasard).
Et récemment, je trouve cette couverture de Life, du 21 avril 1921, de Gustav-Adolf Tenggren. Les traits « sémites » caricaturés en haut à droite ramènent bien à ce qu’évoque Argoul à propos de Colette.

Ce n’était peut-être pas si méchant, à cette époque (1921), un affleurement de médiocrité qui, peut-être, sans doute, peut arriver à tout le monde.
Mais de nos jours – voir les effluves antisémites qu’on a senties l’année dernière ; atavisme des « réseaux » « sociaux » anonymes ? – le médiocre la ramène trop.


Nils Blanchard

dimanche 14 janvier 2024

Communication – travail

Je me faisais cette réflexion devant des panneaux publicitaires et autres opérations « communicationnelles » que, via notamment le numérique, la communication tue la communication.

NB - Anjou, travaux sur rivière en hiver

J'enfonce une porte ouverte, me dira-t-on ?
Quelqu’un récemment m’a reproché de me tenir à l’écart des réseaux sociaux, « applications » de « smartphones »… Mais alors que nous nous étions retrouvés dans la salle d’attente d’un hôpital, où nous attendîmes, nous deux seuls, peut-être entre une demi-heure et une heure, nous échangeâmes certes quelques banalités, puis la conversation de tourner court, vu que mon vis-à-vis maintint les yeux rivés sur son « smartphone » pendant toute l’attente qui suivit.
Un peu après, alors que nous sortions de l’hôpital, cette personne me dit benoîtement : « Nous devrions essayer de nous voir pour discuter. » Certes.

Capture d'écran

Mais encore, j’ai évoqué (K)ungälv en septembre dernier notamment. La commune a un site internet – on pourrait dire, une plateforme, allez, un « hub » de communication – assez bien fait (refait récemment je crois) ; toujours est-il que je n’ai reçu aucune réponse à mes sollicitations. Il était pourtant question d’abus de « pouvoir » d’une société privée, voire de xénophobie…
C'est que « communiquer », contrairement à ce que croient certains journalistes (voir parfois une émission comme « Les informés » sur France-info), mais aussi certains politiques ou universitaires, n’a aucun intérêt (au contraire) s’il n’y a pas un travail en amont, si, en d’autres termes, il n’y a rien à dire.
(D'où l’exaspération, par exemple, de professeurs (plus ou moins) obligés d’assister à des réunions de plus en plus nombreuses et inintéressantes. Les professeurs, eux, ont des élèves qui les attendent ensuite…)

Gravure, 1861, illustration du Laboureur et ses enfants

La « communication », encore, n’empêche-t-elle pas le travail ?

Pour rester dans le domaine de l’éducation (une fois n’est pas coutume), on peut évoquer la sortie récente de la nouvelle ministre de l’éducation nationale, qui dans les pas d’un Claude Allègre, alors qu’elle n’a peut-être encore pas eu le temps depuis sa nomination de s’asseoir une seule minute à un bureau pour étudier un dossier, conspue le personnel dont elle a la charge (source, RTL, 12 janvier 2023) ; elle évoque son fils aîné scolarisé un temps dans une école publique, ce qui entraîna :

« (…) la frustration de ses parents, mon mari, et moi, qui avons vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées [à l’école primaire, si l’on comprend bien. Mais comment fait un professeur de l’école primaire malade quand il n’a pas de remplaçant ?]. Y’a un moment on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles, qui à un moment ont fait un choix, voilà, d’aller chercher une solution différente. On habitait rue Stanislas, scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité, et depuis de manière continue nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés avec de l’exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux, et qu’ils sont heureux, qu’ils sont épanouis, qu’ils ont des amis, qu’ils sont bien, qu’ils se sentent en sécurité, en confiance, et c’est le cas pour mes trois petits garçons, mes trois enfants, qui sont là-bas. Alors je pense que... avant de stigmatiser les choix des parents d’élèves, il est important de rappeler que l’école, c’est celle de la République, et que la République travaille avec tout le monde, dès lors que… on est au rendez-vous, voilà, de ses exigences et de ses valeurs. »

« Voilà ». En creux : dans le public, les enfants ne sont pas bien formés, ils sont malheureux, pas épanouis, n’ont pas d’amis, ne sont pas en sécurité, pas en confiance…

Cette ministre aurait travaillé, au lieu de « communiquer », elle ne se serait peut-être pas mis à dos certaines gens.

*

Alors que je finissais cet article, j’ai entendu que la ministre avait présenté des « regrets » à « certains professeurs ».
C'est alambiqué. Qui sont ces « certains professeurs » ?
La communication aussi se travaille, surtout si l’on veut absolument ne faire que ça. Cette dame devait envisager (ou son « coach » comme elle dit de Matignon) qu’on l’interrogerait sur le sujet de la scolarisation de ses enfants. Elle pouvait alors prévoir de répondre qu’elle ne souhaitait pas commenter ce qui relevait de sa vie privée. Elle aurait pu aussi (si c’était le cas) arguer qu’elle avait agi ainsi du fait de ses opinions morales, personnelles, ou de celles de son époux ou compagnon.

Voilà, voilà...


Nils Blanchard

mercredi 10 janvier 2024

Au hasard, Stockholm, Paris… (à défaut d’un Paris-Stockholm)

Martin Fahlén m’informe de la tenue d’une conférence sur sa parente, dont il est question dans Le tableau de Savery, Marika Stiernstedt.

NB - Stockholm en hiver

Quand je travaillais à la traduction du Tableau de Savery, je m’étais intéressé à elle. C’était en effet la sœur de Märta, la grand-mère du titre original en suédois (Märtas tavla) ; elle est évoquée page 55 de la traduction française : on note qu’elle se décida tôt à devenir écrivaine, et qu’elle lisait ses premiers jets à sa sœur.
Et en note : « Marika Stjernstedt (1875–1954) catholique et socialiste, a publié une trentaine de livres, romans, essais et mémoires. À Paris, elle a connu notamment Jules Pascin. »

Marika Stiernstedt

J'avais compulsé notamment une revue, Hertha, « Tidskrift för den svenska kvinnorörelsen » (« Revue pour le mouvement féministe suédois »). 
C’est un peu un hasard (un peu beaucoup), j’ai fait un cours avant les vacances, à l’université, justement sur le mouvement féministe nordique – à quoi j’ai ajouté des développements sur Edith Södergran et sur la tuberculose.
Liens ? Edith Södergran elle-même, bien sûr. Mais voyez aussi cette publication (que je n’ai pas utilisée pour ce cours…)


Elle contient cette publicité: 



On reviendra sur tout cela, les sanatoriums, Edith Södergran, Hertha

Eh ! Dans ce numéro, aussi, un article sur l’onanisme, la nécessité du désarmement international… (Non, là, je ne crois pas qu’il y ait de lien particulier…)



Puis un article sur quatre pages (deux colonnes) d’Ellen Kleman (la directrice de la revue) s’intitule : « Deras liv och minnen » – « Leurs vies et souvenirs ». Il y est recensé des ouvrages de Selma lagerlöf, Alma Söderhjelm, historienne (notamment) finlandaise de langue suédoise, et Marika Stiernstedt.

Que de gens fascinants (auteure de l’article comprise) !
Que de thèmes à découvrir, à évoquer !
Je serais volontiers allé à Stockholm assister à la conférence, mais n’en saurais trouver le temps (cours à donner – et préparer… –, aussi à l’université), sans parler de l’autorisation de congé qu’il me faudrait obtenir de ne ne sais quelle sous-Klamminette.

Mais pour ceux qui seraient plus libres de leurs mouvements ces temps-ci, voici déjà l’affiche de l’événement – où l’on apprend au passage que Marika Stiernstedt traduisait ses œuvres en français…


Hasard encore, ça se passe à Humlegårdsgatan où j’ai travaillé quelques mois… J’évoque cette rue dans un roman, non encore publié ; il est vrai que je n’ai guère pressé les éditeurs, paraît-il débordés ces temps-ci (il n’y a pas que moi).


Nils Blanchard

dimanche 7 janvier 2024

Anjou, presse, camps, actualité

 Jamais en Alsace bien sûr, mais ailleurs il peut m’arriver, avec intérêt, de lire la presse locale.

NB – Anjou, janvier 2024

De passage à Angers, lecture dans Ouest-France (les éditions de ce journal, en ce qui concerne certains thèmes historiques de la Seconde Guerre mondiale liés à l’Alsace – décidément… –, ne font pas toujours des choix très judicieux, mais, bon…)

Début novembre (2023), un article de Christophe Penot relevait l’étrange mise en vente, dans une enchère, d’une tenue de déporté. Le journaliste précisait qu’elle avait appartenu au résistant Francis Richard, arrêté en mai 1944 et déporté à Dachau. Il avait survécu… Le « lot » provenait d’un vide-grenier. N’avait-il plus de famille ?

Ouest-France, 4-5 novembre 2023

Le 2 janvier 2024, un autre article, d’Emmanuel Esseul, concerne un autre déporté, Charles Gohier, mort fin décembre 1943 ou début janvier 1944 dans l’enfer de Dora, camp alors dépendant de Buchenwald.
C'est à la suite d’une « cousinade » que des gens de sa famille ont enquêté sur cet homme.

Ouest-France, 2 janvier 2024

En l’occurrence, il ne semble pas avoir été déporté pour action de résistance, mais pour vol de matériel allemand.
Cela permet de souligner que l’enfer concentrationnaire a incorporé des gens de divers horizons, aux parcours divergents. Mais le résultat, pour Charles Gohier, mort à vingt ans après des mois de travail – torture ? – dans un tunnel, rappelle le destin de Maurice Vissà, dans l'enfer de Haslach.

NB – Anjou, décembre 2024

C'est aussi une face du nazisme – du totalitarisme ? –, cette manière de traiter les réprouvés, les prisonniers. Ceux qui, dans un État de droit digne de ce nom devraient (éventuellement…) subir une simple privation de liberté.
Est-ce un hasard si la montée des extrêmes accompagne la remise en cause de principes élémentaires de la justice, de l’État de droit (présomption d’innocence, jugements dans un cadre idoine, avec droit à la défense – pas sur l’étal poissonneux d’un marché télévisuel…) ?


Nils Blanchard


N.-B. : Parution annoncée pour ce mois-ci du nouveau livre de Wera von Essen, qui s’annonce comme la suite du formidable En debutants dagbok.



mercredi 3 janvier 2024

Paix, nouvelle année – peinture norvégienne

J'ai reçu le nouveau livre de Martin Fahlén , et j’en parle ici tout de suite parce qu’il prend un caractère particulier, en ces temps de guerre, en Ukraine, en Palestine ; en ces temps aussi de résolues remises en causes de l’état de droit, avec la montée des extrêmes dans bien des lieux. Son titre, en effet : Sädeskorn för freden. Je traduirais ça : Semailles pour la paix.



Mais mot à mot, il s’agit de grains, de céréales. Les choses, comme bien souvent, sont un peu plus compliquées qu’il n’y pourrait paraître. Le sous-titre annonce : « En bok om Arnold Raestad ». Bien, et voilà ce qu’on apprend sur la quatrième de couverture :

« Le titre de ce livre, Sädeskorn för freden vient d’un poème qu’Arnold Raestad a écrit dans sa jeunesse. Juriste norvégien, artisan de la paix, il est passé progressivement, après la séparation de la Norvège d’avec la Suède, du nationalisme à la citoyenneté mondiale, avec le souci de protéger l’existence des plus petits États. Ce livre donne une image de cette évolution, à travers lettres et journaux intimes. Polyglotte actif, impliqué en profondeur dans les affaires étrangères, l’économie, le droit civil, la radio, l’aviation, la pêche à la baleine, la littérature classique, le problème Quisling*, les sciences et l’art, il a été autant acclamé que controversé. Après sa thèse sur les frontières maritimes de la Norvège, il s’est impliqué dans la législation concernant Svalbard, ce qui a fait de lui, peu de temps, un ministre des affaires étrangères dans les années 1920. Puis comme chef de la radio nationale norvégienne (NRK) dans les années trente, il a vite été tôt une voix qui a averti contre les risques d’une politique de neutralité face à Hitler. Son épouse Märta et lui furent de la fuite épique en Norvège, pendant la Seconde Guerre mondiale**, avec le gouvernement en exil et le roi Haakon VII. Il devint alors directeur de la banque de Norvège au moment où il s’agissait de sauver les réserves d’or du pays. Conseiller des plus proches de Tryggve Lie*** pendant le conflit, il émit des idées pour une alliance atlantique et participa à la délégation norvégienne à San Francisco pour la création de l’ONU. »



* Vidkun Quisling (1987–1945), dès l’invasion allemande en Norvège, essaie une première fois de prendre le pouvoir (avril 1940) puis devient « ministre-président » à la solde des nazis à partir de février 1942, jusqu’à la fin de la guerre. Il a été d’autant plus zélé qu’il a peiné à se faire reconnaître non seulement de la population mais aussi des occupants allemands. Arnold Raestad a écrit un ouvrage en anglais à son propos, qui n’a pas été publié.

** Le tableau de Savery (cf page de ce blog, en haut à droite) a pour titre original Märtas tavla, mot à mot Le tableau de Märta ; les aléas de la guerre, qui concernèrent en effet le tableau, y sont relatées.

*** Tryggve Lie (1896–1968) fut Secrétaire général de l’ONU de 1946 à 1952.


Hugo Lous Mohr, capture d'écran

Aussi, le titre de ce livre me rappelle étrangement Si le grain ne meurt d’André Gide, dont il a été question, en ce blog, à cet endroit. Aucun rapport a priori. Mais allons, on ne sait jamais.
Quant au peintre auteur du portrait de couverture, Hugo Lous Mohr (1889-1970), il fait partie de ces artistes norvégiens qui sont un thème non négligeable qui apparaît dans Le tableau de Savery
Et lui peut nous ramener parfois à des vues guère éloignées du Bohuslän.

On le trouve notamment au Musée National norvégien.

Et il est passé, comme beaucoup de cette génération de peintres norvégiens, par Paris.
Comme Harriet Backer, qui est l’objet d’une exposition en ce moment à Oslo.

Bonne année !


Nils Blanchard


Triche : je rajoute des étiquettes que je n'eus le temps de mettre au dernier billet : Voyage dans les lettres nordiques, Jean-Félix Annic.

April. Mais…

Dates, qui reviennent en ce blog. J’ouvre The Waste Land  ; évidemment : 1921-1922. «  A pril is the cruellest month, breeding / Lilacs out ...