Autre livre commencé à peu près à l’instant où je l’ai reçu : Le Chaudron fêlé, de Michel Lamart (A l'index, Les Plaquettes). (Lien avec les Suédois d’ailleurs ? Je sais qu’il y en a, personnels…)
La Vérité, Le Bernin, Galerie Borghèse, Palazzi Bernini (Rome) |
C'est un livre d’aphorismes qui tournent autour de la parole. Quelque chose de paulhanien, là-dedans, cité d’ailleurs ; mise en abyme incessante du langage. La première partie s’appelle « Fêlures ». On y lit (page 8) :
« (9) La parole tendue décoche les mots, telles des flèches sur le fil vibrant du discours.
(10) Flèche et cible se confondent dans la parole. »
Eh ! La sculpture du Bernin reprise par Sanja Särman (billet précédent). Même si, peut-être, pour ce qui est de Svar till D, de Wera von Essen, on pourrait jouer avec la parole : « La parole tendue décoche les maux... »
Mais dans Le Chaudron fêlé, un peu plus loin page 9 (aphorisme 18) :
« Parler, c’est jouer avec la parole sans jouer avec les mots. »
Puis quant à la politique, la géopolitique… Entendu beaucoup parler de vérité (sanning-en) ces derniers temps, dans mes lectures suédoises surtout, et notamment en lien à l’actualité.
Dans le Göteborgs Posten du 8 avril dernier, Britt-Marie Mattsson titre sa chronique : « Förnekelsen ökar den ryska skuldbördan » (« Les démentis augmentent le poids de la culpabilité de la Russie »).
Et de commencer ainsi, paraphrasant vaguement, au passage, Staline : « Endast för dem som dödats är kriget över » (« La guerre n’est finie que pour ceux qui sont morts »). Puis d’expliquer comment « Rysslands ledare använder sig av begreppet “fake news” för att sprida lögnen om att allt fasansfullt som går att se är påhittat och riggat » (« Les autorités russes se sont emparées de l’expression “fake news” pour répandre cette vision mensongère selon laquelle toutes les horreurs qu’on nous montre seraient montées, construites de toute pièce »).
Elle arrive à cette conclusion : « Ukraina är inte ett unikt krig. Men sättet på hur brotten dokumenteras bär den nya teknikens prägel. Satellitbilder, mobilfilmer (…)
Krigets första offer är inte, som förr, sanningen. » (« La guerre en Ukraine est unique. Mais la manière avec laquelle les exactions sont documentées porte l’empreinte des techniques nouvelles. Images satellites, films sur smartphones (…)
Contrairement à ce qui se passait autrefois, la première victime de la guerre n’est plus la vérité. »)
Sanningen, donc. Wera von Essen, Svar till D, page 40 :
« Sanningen är, det som ingen säger, men det som han sa till mig i en dröm, bara ett dygn efter att han lämnade mig, han kom till mig i drömmen, ljus, som i psaltarpsalmernas öppningar mot mörkret, han log, åt oss, vårt drama, sitt eget, och han sa Det är din egoïsm som gör dig olycklig, Du måste börja leva för andra, och sanningen är det man inte säger (…) »
(« La vérité est ce que personne ne dit mais ce qu’il m’a dit dans un rêve, un jour seulement après qu’il m’ait quittée, il est venu me voir dans mon rêve, lumière, comme les ouvertures du livre des Psaumes contre l’obscurité, il souriait, à nous, notre histoire, la sienne, et il a dit C’est ton égoïsme qui te rend malheureuse, Tu dois te mettre à vivre pour les autres, et la vérité est ce que nous ne disons pas (…) »)
La Vérité, Le Bernin, Galerie Borghèse, Palazzi Bernini (Rome) |
Sourit-elle, cette Vérité du Bernin ? Il semble. Comme l’ange à la flèche de sainte Thérèse, ou l’ange (au sourire), de Reims (où vit Michel Lamart), ange dont je reparle bientôt ; on verra pourquoi. (En ces temps de suspense…)
Nils Blanchard
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