vendredi 24 juin 2022

« Si tu n’y es jamais allé »

Trouvé par hasard sur le net la reproduction d’une lettre d’André Pieyre de Mandiargues au peintre Félix Labisse, dont je n’ai pas l’année. Je n’ai que le jour, simplement : un 6 août.

On pourrait rechercher… Mais en l’occurrence, là n’est pas la question.







Mandiargues ne devait pas être complètement étranger à la Suède, puisqu’on trouve de lui une lettre de 1962, écrite de Stockholm, où il fait escale au cours d’un voyage de plusieurs semaines (cette missive est vraisemblablement adressée à Maurice Nadeau).

Mais, deux choses : l’auteur finit sa lettre (à F. Labisse, d’une page) là-dessus :

« Je viens de découvrir en Allemagne un endroit d’une beauté vraiment idéale et qui semble tombé tout droit du rêve : le parc de Wilhelmshöhe, à côté de Cassel [Kassel]. Il faudra que tu ailles là un jour, si tu n’y es jamais allé. »

J'y suis allé, il n’y a pas si longtemps, à l’occasion de recherches aux archives de Bad Arolsen, non loin de là, pour mon livre. C’est en effet un fort bel endroit.

NB - Kassel


NB - Kassel


NB - Kassel

Le musée, dans le château, est d’une richesse surprenante. Rez-de-chaussée consacré aux Antiquités, puis les peintres aux étages : Rembrandt, Poussin, divers peintres allemands bien sûr, comme Martin Schaffner, des Italiens, Miradori, Le Titien, Cesari, Manetti… et des Flamands comme Roelandt Savery.

NB - Orphée de R. Savery, Kassel (détail)


NB - Orphée de R. Savery, Kassel (détail)

Bon, mais Savery – on s’approche de la question ? –, je ne me suis pas arrêté devant ce tableau par hasard. Pas complètement. Il est beau, il est vrai.
Mais c’est aussi que j’avais commencé de lire, à l’époque, un livre suédois que je me suis mis depuis à traduire : Märtas tavla, de Martin Fahlén.


Les trois premières lignes de la quatrième :

« I vuxen ålder hittade författare oväntat en kär tavla av Roelant Savery i Boston. Savery var hovmålare hos Rudolf II i början av 16-hundratalet. » – « Devenu adulte, l’auteur retrouve incidemment un tableau qui lui est cher, de Roelandt Savery, à Boston. Savery était maître-peintre auprès de [l’empereur] Rodolphe II, au début du XVIIe siècle. »

On en reparlera…

Et il est vrai que l’endroit est charmant. La promenade dans le parc lui-même du château où se trouve le musée, je l’ai faite en automne. Bien par hasard, là je cheminai assez longtemps aux côtés d’un groupe de Suédois de Finlande.

Que font tous ces hasards ensemble ?

Il y en a un autre, dans la lettre : l’adresse de l’écrivain ; il habite alors au 11 rue Payenne, qui est l’adresse actuelle de l’Institut suédois à Paris. (Surréaliste, tout cela ? Félix Labisse… Et Leonor Fini habitait au-dessus de lui rue Payenne…)

En bon épistolier, en 1967 – quand les travaux commencent dans l’hôtel de Marle qui va accueillir l’actuel institut suédois –, A. Pieyre de Mandiargues a déménagé rue de Sévigné.

NB - 11 rue Payenne


Nils Blanchard


1 commentaire:

  1. Quel beau voyage littéraire!
    L'Esprit vagabonde du parc de Kassel à l'Hôtel de Marle en passant par des chemins poétiques. Là aussi, j'ai pris grand plaisir à lire votre article et à butiner des souvenirs liés à André Pieyre de Mandiargues. Merci pour l'évocation de ce parc au charme intense.
    Je n'y suis jamais allée et qui sait, peut-être un jour...
    Belle continuation à votre blog
    Bonne soirée
    Cendrine
    Ma Plume Fée dans Paris

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