Dans l’automne encore, été passer quelques jours en Suède. Pour cela, traversé l’Allemagne, ce qui m’a remis en mémoire des souvenirs d’enfance – comme à chaque fois – et d’autres réflexions, constatations.
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Pris l’autoroute. On se promet toujours qu’on ne procédera pas ainsi, puis on
est pris par le temps… Un arrêt, après Kassel, où je ne suis pas retourné voir
les Savery, Rembrandt, vases grecs en ce château prisé par Mandiargues… Voir
ici. (Le blog « Ma plume fée dans Paris », déjà évoqué, parle aussi de
Mandiargues en lien à un article publié peut-être deux jours après ma
traversée allemande, dans un ancien article d’octobre 2015, sur le square
Georges Cain, en face de l’Institut Suédois… :
« Dans le Musée Noir (1946), l'auteur surréaliste André Pieyre de
Mandiargues (1909-1991) écrit, au sujet du square : « Il s'agit d'une sorte de
jardin tzigane ou parfois les séraphins s'exaltent, et parfois les démons, où ne
s'ouvrent parfois les grilles que sur un décor silencieux et vide devant lequel
s'érige, avec autant de présence que dans un désert roux, la silhouette et les
monolithes depuis trente siècles éclatés, l'attente, cette cathédrale morose
hantée par le solitaire. » »)
L’article initial, du 28 octobre 2022, portait sur la magnifique sculpture qui orne
ce square, Île de France, de Maillol… – Maillol dont il fut question aussi là...)
Bref, à cet arrêt, petit square de jeu pour les enfants où jouait vaguement un
garçon esseulé, rendu peut-être d’autant plus pusillanime du fait du vacarme
d’une souffleuse de feuilles actionnée par un employé (de l’autoroute?) Cela, à
quelques pas de cette vue, à la fois proche et inaccessible.
Paradis interdits des paysages d’autoroute…
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Or donc, souvenirs d’enfance ; voyages en voiture vers la Suède en famille.
L’Allemagne était un peu le « domaine » de mon père, qui aimait (aime)
beaucoup ce pays, pour toutes sortes de raisons… La Suède, ma mère en est
issue.
Souvenirs de chansons, aussi… Patricia Kaas, D’Allemagne… Je me suis
toujours interrogé sur ces paroles, de Didier Barbelivien et François Bernheim,
« Je sais où s’arrête l’indulgence ». À quoi est-il fait allusion, là ?
Mais quand j’étais enfant, j’avais « imposé » ma cassette de Pierre Bachelet.
« C’est drôle d’être réveillé en pleine nuit
Et de se dire que la paix est finie…
Souvenez-vous, je n’aimais que vous,
Je n’aimais que vous.
Puis ils ont occupé la préfecture
Tué quelques otages le long d’un mur
C’étaient des paysans, un charpentier,
Et la femme du petit vieux d’à côté... »
C’est du par cœur, et je pourrais continuer ; paroles de Jean-Pierre Lang.
NB |
(Au passage, lors que je m’apprête à évoquer çà et là l’année (19)22, on voit
que je roulais là à 122 kilomètres à l’heure. Clin d’œil à Alluvions…)
Mais, non, l’idée n’est pas ici de réveiller de vieux démons. J’ai parmi mes
meilleurs amis, aussi, en Allemagne. Puis la chanson de Bachelet précise :
« Mais méfions-nous qu’en y mettant des noms,
On se trompe de lieux ou d’opinions... »
Là aussi, on pourrait s’interroger : relativisme, nuance ? Par rapport à quoi ?
On a des trésors, dans notre patrimoine de variétés – qui ne lassent pas
d’interroger, et tant mieux, souvent – qui peuvent nous consoler de
certaines crasses sonores actuelles (pardon…)
Mais, l’Allemagne, traversée.
Je me souviens d’un oncle, avec qui je traversai aussi le pays, à un moment
où j’étais jeune conducteur, qui m’avertit (avec grande raison) : sur l’autoroute
allemande, il faut presque plus regarder dans son rétroviseur que devant soi.
NB |
N’a-t-on pas là, dans un sens, comme une métaphore d’interrogations sur le
passé, de la mise en question de l’histoire ?
Thomas Nydahl, le 8 novembre, s’interroge au début de son billet du jour :
« Vad väntar oss framöver? Det vet vi absolut ingenting om. Det är därför vi
påstår oss lära av det förflutna. Ändå är också det något vi dåligt förmår. Hur
tydliga måste tecken vara för att man ska ta dem på allvar? »
« Qu’est-ce qui nous attend plus loin ? On n’en a strictement aucune idée.
C’est pourquoi nous prétendons apprendre du passé. Cependant, ça non plus,
on ne le maîtrise pas bien. Et de quelle précision doivent être les traits pour
qu’on les prenne au sérieux ? »
Plus loin, sur l’autoroute allemande, souvent, des embouteillages. Et des travaux.
NB |
Nils Blanchard
P.-S. ¤ Ulf Kristersson rentré de Turquie... On reparlera, de ces histoires de
neutralité...
La Suède va-t-elle "lâcher" les Kurdes de Syrie? (Il est vrai que ce ne sera
pas la première...)
¤ Ouverture demain à Caen du festival les Boréales ; Suède à l'honneur.
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