samedi 12 novembre 2022

Traversée de l’Allemagne (2)

(...) En Allemagne, plus loin, souvent : des embouteillages et des travaux. (…)
Il faudrait aller voir comment se passaient les voyages de Vergennes quand il alla et revint de son ambassade.

NB - Allemagne

Des voyages beaucoup plus longs, bien sûr, parsemés d’étapes.
Pourquoi est-ce que je me retrouve (nous retrouvons-nous) cerné sans cesse d’un sentiment d’urgence ?
Certes, j’avais des gens à voir en Suède, un article à écrire…

Et tenez, cette (mini) étape que j’évoquais au billet précédent : aire d’autoroute allemande, garçon dans une aire de jeu et ramasseur de feuille à la soufflerie bruyante… N’est-ce pas un peu à l’image de notre époque ? Plus personne ne balaie les feuilles, avec balais et râteaux, nous dira-t-on, notamment pas les professionnels.
Mais Lennart Erling, si (le 31 octobre dernier), dans Den långsamma bloggen : 

« Nu faller löven från gårdens alla stora, vackra träd (…) och det är dags att börja räfsa undan från gräsmattor och gårdsplan. Det har jag inget emot, tvärtom. Speciellt en dag som denna, då den gråmulna himlen äntligen spricker upp (…) Det är det slags arbete som befrämjar långsamt tänkande, kanske också ett slags glömska, en flykt från denna höst då overkligheten blivit verklighet. » 

« Voilà que nous sommes au temps où tombent les feuilles de tous ces grands et beaux arbres (…) et il est temps de commencer à ratisser la pelouse, le terrain. Ça ne me dérange pas, au contraire. Surtout un jour comme celui-ci, où le temps gris, couvert, se dégage enfin. (…) C’est un type de travail qui encourage une pensée tranquille, peut-être aussi un certain oubli, une fuite hors de cet automne lors duquel l’irréalité est devenue réelle. »

Bon. Mais à une station-service, m’est revenu mon interrogation sur la parole et le bien (et donc le mal). J’étais allé faire pipi aux toilettes, payantes là-bas ; avais-dû donc franchir un tourniquet à l’aide de ma carte bleue.
Tourniquet passé, une femme derrière moi m’interpelle. Voilée, d’origine étrangère (elle parlait allemand encore plus mal que moi), elle me demande comment on fait pour entrer. Je lui explique qu’il faut payer, puis entre aux toilettes en me disant que je lui paierai son « passage » à mon retour.
Et de retour, je la retrouve à la même place, mais en train d’écouter les explications d’un autre voyageur, en train, pour autant que j’aie compris, de lui dévider un cours sur les institutions politiques de l’Allemagne. Bref, ça bavasse… Je ne veux pas les déranger, m’en vais (pressé, aussi, je l’ai dit).
Puis je me fais cette réflexion que le voyageur bavard n’a peut-être pas eu la (petite) générosité de faire passer son attentive auditrice.
Conclusion : la parole n’est pas toujours du côté du bien… Voyez le serpent du Jardin…

NB 

Pris la route classique, traversée Puttgarden – Rødby pour aller au Danemark.
Là, dans le royaume d’Hamlet, flopée d’affiches électorales le long des routes pour les élections législatives dont les résultats – c’est la mode – ont été serrés et indécis.
Sur une affiche des « Démocrates danois », le slogan : « Les Danois d’abord ». Ce genre de billevesées aussi est à la mode. Notre monde se referme, on a déjà évoqué ça…
(Ces Danois-là n’ont-ils pas été contents, pourtant, de profiter des vaccins suédois, allemands, américains, pendant la crise sanitaire, qui auraient tout aussi bien pu être indiens ou sud-africains ?)

NB

Gabrielle Roland Walden, dans son blog  (Gabrielles blogg), le 4 novembre dernier, s’effraie quant à elle de la manière des extrême droites actuelles de s’éloigner des principes des Nations Unies, et d’abord ceux des droits de l’homme.
Ça va un peu avec ce repli sur eux-mêmes de bien des pays ; rejeter les autres, n’est-ce pas un peu se rejeter soi-même ? En géopolitique, en tout cas…

Tenez, Elseneur (Helsingør). C’est la deuxième traversée en bateau, Danemark – Suède.

NB

On y reviendra, comme je dis peut-être trop souvent.


Nils Blanchard


P.-S. – La Revue des revues, dont le numéro 68 est paru récemment, évoque 84, Vie et littérature, avec sollicitude. Archivistique négative, théologie négative… Et Bernard Baillaud de finir : « Nous en reparlerons. »
Surtout, la revue (des revues…) est pasionnante ; il y est question aussi d’Edda, du Contrat social, des correspondances Apollinaire – Salmon, Paulhan – Breton, et bien d’autres choses encore…





Enfin, à Strasbourg…



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