mercredi 26 avril 2023

Désirs des cents

 Sur ce mauvais jeu de mot, je profite de ce centième billet pour mentionner deux livres que je voudrais lire, n’ai pas encore…




Ces deux livres ont été publiés chez le même éditeur finlandais, Schildts & Söderströms
Le premier (Le monde est à moi en français) est une compilation de poèmes et de photographies d'Edith Södergran. 
Le second (Le pouvoir de la mémoire) contient les récits de ce qui est une psychologue juridique, qui est intervenue dans des cas impliquant des enfants. Du coup: expériences et réflexions sur la mémoire, sa fragilité, sa fiabilité... dans le cadre de tribunaux, oui, mais on n'est pas très loin des réflexions que l'on se fait sur les témoignages en histoire, notamment autour d'événements aussi traumatisants et marquants (au sens premier du mot -- qui laissent une marque) que certaines expériences de la Seconde Guerre mondiale. 
Difficile sans doute de faire un lien entre les deux, si ce n’est en parlant d’un livre que j’ai lu, en revanche. Avec un très grand plaisir de lecture, surprenant – on n’a pas, sincèrement, si souvent cela. Il s’agit de La vallée de la vie, de Myriam Kissel (L’Harmattan, 2022).


J'ai croisé cette auteure lors d’un colloque à Besançon en janvier puis ai commencé un peu par hasard ce livre d’elle pour ne plus parvenir à m’en détacher avant la fin. Attention néanmoins : pas de ces lectures boulimiques de polar tard dans la nuit (quoique…) Lecture tranquille, suivant la personnage, Pauline, dans son périple. « Périple », vraiment ? On ne peut évidemment en dire beaucoup plus sur l’histoire que ce qu’il y a d’annoncé sur la quatrième de couverture…


Si ce n’est… que Pauline ne trouve pas réellement « son » pays. (Eh ! Au colloque de Besançon, j’en ai déjà parlé, j’évoquai quant à moi Le pays où l’on n’arrive jamais.) Et on retrouve dans un certain sens ce titre de recueil (posthume) de Södergran : Landet som icke är (et qui figure dans la compilation sus-mentionnée…

Ça, c’est pour Södergran.


Pour Julia Korkman, on passe donc au thème de la mémoire, problématique, des témoignages, à des procès… 
Pauline, l’héroïne du roman de Myriam Kissel fait un travail d’anthropologie ; sont cités des voyageurs, anthropologues, dont Pauline approuve plus ou moins les recensions ou les façons de travailler (sans leur faire quelque procès que ce soit, certes).

Et ça me ramène à un autre livre de L’Harmattan… le mien. (Comme ça : Schildts & Söderströms – L’Harmattan, 2 partout…)
Je ne sais si ce thème ressort beaucoup d’Elmar Krusman, et pourtant il m’a occasionné pas mal de réflexions et recherches – mais le champ est à peu près infini… – : celui de la mémoire ; des mémoires… son évolution dans le temps. Ainsi ces cinq auteurs témoins dont j’ai utilisé les textes, n’ayant pas connu Elmar Krusman, mais ayant connu des conditions de détention et de malheur relativement comparables, près du Neckar. Ces auteurs (Roger Farelle, Philippe Bent, Michel Ribon, S. J. Sagan et Maurice Voutey), ont rédigé leurs souvenirs à des dates différentes: 1945, 1958, 1972, 1982, 1990. On a l'impression de jalons de mémoire jusqu'à... l'histoire.   


Nils Blanchard


jeudi 20 avril 2023

Nu / Maintenant ; forêt

 Il y a évidemment ce faux ami ; le « nu » suédois signifiant maintenant ; pas de lien à la nudité. Quoique… Faux ami, vraiment ? Nos vêtements ne représentent-ils pas comme des mailles de temps sur nous ?

NB - Carl Milles, Malmö

Bon, mais dans un billet intitulé Nord(s) il fut question du recueil de poèmes Voyage nu de François Squevin. 

Presque par hasard, ce deuxième poème du recueil : 

Toutes les pierres du passage
le grand air des rochers
les roches gravées dans l'étendue
le froid

Je pars
dans les stries d'une errance.

NB - Bohuslän, octobre 2022

Pas vraiment de forêt, là ; je triche un peu. C'est que Voyage nu évoque l'île de Swona (Orcades), où il n'y a pas d'arbre. 
Or au départ, je voulais parler ici de forêt, en lien à un texte d'une Finlandaise (de langue suédoise) ; blog : Sandra skriver, qui écrit le 7 février dernier :  

« Jag längtar ut till skogen (...) 
På lördagen packar vi trangiakanna, vattenflaskor och puukko, klär vi oss i stickatröjor och kängor (...) 
"SKOGEN!" ropar jag när vi tog de första stegen in på ledden. "Nu är jag här!"
Att gå i skogen är att tvingas in i nuet. Fast tvingas låter för motspänstigt. Att gå i skogen är att inte kunna, inte vilja, vara annat än i nuet. Det gäller att se upp för stenar och rötter, sikta in sig på den säkraste vägen nerför en slänt. (...) » 


« J'ai une grande envie d'aller en forêt (...) 
Samedi on prépare thermos, bouteilles d'eau et puukko*, on revêt tricots et chaussures hautes (...) 
Je crie: "LA FORÊT !" dès qu'on pénètre dans le premier sentier. "J'y suis enfin !"
Marcher dans la forêt, c'est s'obliger à être dans l'instant, même si "s'obliger" fait penser à quelque résistance. Marcher en forêt, c'est ne pas pouvoir, ne pas vouloir être autrement que dans l'instant. C'est qu'il faut faire attention aux pierres et aux racines, bien repérer le meilleur passage pour descendre un talus. (...) »

* Couteau traditionnel finlandais.

NB - Été 2022, Cévennes

Je pourrais évoquer à nouveau ces marches, dans les Cévennes, en bien bonne compagnie – pas que celle de Stevenson ; et Hillevi Norburg n’évoqua-t-elle pas quant à elle, dans son blog, il n’y a pas si longtemps, Stevenson ? –
Ces discussions sur tout et n’importe quoi. Parfois n’importe quoi, oui ; K échappé en vacances – « J’ai choisi ce métier pour les grandes vacances », dixit Dhôtel, je me souviens avoir même évoqué – on a du temps à « perdre » !… – le Château, dans nos discussions de chemin…
Être dans l’instant présent ; « ne pas pouvoir, ne pas vouloir être autrement que dans l’instant »...
Eh ! Relisez Dhôtel, mes petits amis…
Sauf qu’être dans l’instant, c’est aussi être ailleurs. La vie est contradiction…



Nils Blanchard


vendredi 14 avril 2023

Blogs / Stockholm, Finlande et ailleurs

Il y a peut-être quelque chose de nordique dans mon attention aux saisons, aux signes de la nature en transformation, mon impatience aussi -- j'en ai déjà parlé -- devant une lenteur qui, à un moment sera changée en vitesse, elle-même exagérée.

NB - mars 2023

Blog Krickelins, le 26 mars ; un article intitulé: "Det blommar ! Eller snart i alla fall..." ("Ça fleurit! Ou bientôt en tout cas...") On y lit (pour retrouver la thématique de la vitesse): « Tiden går så fort nu när våren tar fart. Skynda långsamt är min parodi i år. Jag stressar ingenstans och allt ska få ta sin tid. »    

« Le temps passe si vite maintenant que le printemps démarre. Se dépêcher lentement : voilà ma parodie de l’année. Je n’ai pas de date butoir ; tout viendra à point. »

En Finlande, dans Sandra skriveron a de la neige en plus ; l’hiver cette année a été blanc.

Elle écrit le 28 mars dernier :

« Allt där ute är ännu vitt, det är bara fyra dagar till april och jag tänker på tidigare aprilmånader, år när jag skrivit dikter i och om vår och solsken och läderjackor och scillor och bar asfalt.

När har det senast varit så här mycket snö och så här sen vår? frågade jag pappa när jag var hemma i helgen.

Aldrig, svarade han. »

Jag tänker på 1816, året utan sommar. »

« Tout dehors est blanc encore. Il n’y a plus que quatre jours jusqu’en avril et je pense à des mois d’avril d’années passées, lorsque j’écrivais des poèmes sur le printemps, le soleil, les vestes de cuir et les bleuets et l’asphalte à nu. 

Quand y a-t-il eu autant de neige et si tard dans la saison ? Ai-je demandé à papa quand j’étais à la maison pour les vacances.

Jamais, a-t-il répondu.

Je pense à 1816, l’année sans été. »

NB - mars 2023
Petite introduction d’un article de L'Histoire, sur le net, sur ce thème de « 1816, l’année sans été » :

« Dans de nombreux pays, l'année 1816 est passée à la postérité comme “l'année sans été”. Pour l'Australien Gillen D'Arcy Wood, c'est un euphémisme au regard de la série de désastres et de souffrances enclenchée dans le monde par l'éruption du Tambora un an plus tôt. 

(…) Au cours de “l'année sans été” – en fait un bouleversement climatique long de trois ans –, les récoltes ont partout été détruites par le gel et la sécheresse ou noyées sous des pluies diluviennes. Les villageois du Vermont, en Amérique du Nord, ont survécu en mangeant des porcs-épics et des orties bouillies, tandis que ceux du Yunnan en Chine n'avaient que de l'argile blanche à sucer. Les touristes venus passer l'été en France prirent les hordes de mendiants qui encombraient les routes pour des armées en déroute.

Dans une villa au bord du lac de Genève, un groupe de voyageurs anglais, dont Mary Shelley et lord Byron, occupa ces longues journées froides et assassines à écrire des histoires de fantômes au coin du feu. »

NB - Stockholm
Pas Australienne, elle, mais revenant d’Australie, l’auteure du blog Gabrielles blog (en lien de celui-ci), évoque le 22 mars une balade qu’elle fait à Stockholm, de retour de son voyage.

« Igår blev det en dag med sol, visserligen rätt svag men i alla fall sol! Gick runt öarna igen, för första gången denna vårvinter: Skeppsholmen och Kastellholmen. Favoritpromenad. Jag tänkte på hur mycket jag tycker om dessa gamla miljöer med all sin gamla historia. Att få sånt går inte lika lätt i Melbourne 

« Hier a été un jour de soleil, certes bien timide mais du soleil quand même ! J’ai refait le tour des îles, pour la première fois depuis plusieurs mois : Skeppsholmen et Kastellholmen. Ma balade préférée. Qu’est-ce que j’aime ces vieux endroits, ai-je pensé, avec toute leur histoire ancienne. On n’a pas ça si facilement à Melbourne. »

Bon. Je dois bien reconnaître que je suis régulièrement énervé par les Australiens ; certains gouvernements stupides qu’ils ont (ré)élu, pour ensuite venir geindre sur les conséquences, dans leur pays (chaleurs, incendies…), d’un réchauffement climatique que leurs élus niaient !

C'est pourtant là qu’officiait le bien sympathique Napoléon Bonaparte (pas l’empereur, donc, qui en 1816 devait être du côté de Sainte-Hélène), dans les romans d'Arthur Upfield. Moitié occidental, moitié aborigène…

De là aussi que Charlelie Couture est revenu avec quelques chansons :

« Je relis un roman, il fait chaud, 
la ville de Batman se resserre
de chaque côté de la rivière Yarra
des marins venus de Grèce jouent aux dominos dans les jardins mécaniques (...) » 


Nils Blanchard

lundi 10 avril 2023

L’Hiver qui semble n’en plus finir ; l’élastique du temps

 Ce héros qui s’appelle Hiver – dont on a déjà parlé, là, son auteur a plusieurs fois annoncé sa retraite, voire sa mort…


Ainsi dans Le dernier hiver, un chapitre a été ajouté (version poche de 2010 – on le voit annoncé dans la petite pastille ronde) par rapport à la version de 2008. Ce sont sept pages, intitulées « Den sista kvällen », qui « ressuscitent » en quelque sorte le héros de la série, dont l’auteur s’était peut-être débarrassé un peu vite.

Pour en revenir à Det trettonde fallet – dernière enquête jusqu’à maintenant à ma connaissance d’Erik Winter, on est dans le « Göteborgsvädret » d’après l’auteur. Ce n’est pas l’été, le temps est à la pluie… (Je ne sais pas si cette réputation de ville au temps maussade est si méritée que ça…)

Et la ville est aux travaux. (Là, on ne peut guère contredire l’auteur…)

Page 51: 

« Pålkranarna hamrade bredvid Amerikanhuset, hamrade, hamrade, ett fruktansvärt oväsen. Området norr om Masthuget hela vägen till vattnet liknade en framtida krigzon.

(...) 

"Påminner om sjuttiotalet", sa Ringmar. "Jag trodde det vansinnet var förbi." »

« Les grues à palplanches martelaient près de la Maison de l'Amérique, martelaient, martelaient; un boucan terrible. Toute la zone du nord de Masthuget jusqu'à l'eau avait des allures d'une zone de guerre du futur.

(...) 

"Ça me rappelle les années 70", dit Ringmar. "Je croyais que toute cette folie était derrière nous." »


NB - Göteborg, il y a quelques années...

Mais puisqu’il est question d’hiver, qu’il fut question de T. S. Eliot quand j’évoquai Edwardson les fois précédentes, on peut faire une transition vers Londres (où les bétonneurs n’ont pas chômé non plus).

Pierre Leyris, dans son Pour mémoire (Corti, 2002), page 174: 

« L'hyperactivité de Londres d'après Jean*, avec boutiques ouvertes toute la nuit, etc., m'a tellement étonné que mon vieil hiver londonien va passer à la trappe, sauf le brouillard en sortant du métro, et aussi les voitures émergeant, à gauche, d'un brouillard moins épais alors que je débarquais.» 

* Pas l'évangéliste, mais le fils de l'auteur... Note du blogueur. 



Ill. Alphonse de Neuville et Léon Benett

On sait que le fameux fog londonien, qui dut participer à nommer le flegmatique héros du Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne (et on revient là aussi au thème de la vitesse), était lié à la pollution des usines – des combustions diverses, aussi, feux de cheminée depuis interdits… – de la puissance qui avait initié la révolution industrielle.
Bon. Mais on reparlera d’écologie, de travaux indécents…
Je pensais à la météo (le printemps qui semble tarder… ça, surtout en Finlande, en Scandinavie où l’année a été à la neige… – en France, c’est sans doute plus un état d’esprit qu’autre chose), en tombant sur ce titre de livre de Jean-Louis Comolli, En attendant les beaux jours, présenté par Tiphaine Samoyaut dans le Monde du 17 mars dernier.

Le Monde, 17 mars 2023

Quand les saisons ont une autre signification...

NB - avril 2023


Nils Blanchard 

jeudi 6 avril 2023

Ragots, déferlantes, pénis de marbre

 Un titre ce jour dans la version numérique du Göteborgs Posten : « Franska demonstranter kastade döda råttor. » « Des manifestants français ont lancé des rats morts. »

Michel-Ange, David (détail), Wikipedia 
Renseignement pris (ce que j’ai trouvé sur internet, seulement une vidéo d’1 mn. 30 de BFM TV), ce sont des employés des services municipaux qui ont jeté quelques cadavres de rats devant l’hôtel de ville, à Paris.
Ce n’est pas ragoûtant !
On pourrait même dire que c’est radicalement bête, étant donné que la municipalité de Paris est dirigée par Anne Hidalgo, qui a assez montré (et s’est assez fait rabrouer pour cela) qu’elle n’était pas particulièrement favorable à la réforme des retraites.
Bref, c’est raté.

Mais ça m’a fait penser aux Déferlantes, de Claudie Gallay (roman de 2008), que je suis en train de terminer (bonne lecture, conseillée il est vrai par Héloïse Combes). Là, une des personnages a un rat, domestiqué donc, qui ne semble pas avoir une vie très frénétique.
Le frère de cette personnage est sculpteur (on se rapproche de nos thèmes).
Et l’ensemble se passe à la Hague. Et on en reparlera.


En remontant un peu le temps, le 17 mars, dans Le Monde cette fois, un petit article sur les Pays-Bas (on n’est pas si loin de la Suède), page 3 : « Percée d’un parti hostile aux réformes environnementales ». Apparemment, c’était à des élections sénatoriales ; la fronde viendrait notamment d’agriculteurs.
On trouve de tout.

Je me suis dit que ça me faisait penser à quelque chose.
Un roman, pêché un peu par hasard dans les chaluts de L’Harmattan : La convergence du loup, de Pascal Hémon. 
(Entre autres, un loup, un renard – arctique – interviennent dans l’histoire ; que demande le peuple?)

Page 21 (il s’agit d’un article de presse) : « Après l’annonce en début de mois du gouverneur de Californie d’activer le plan de restriction d’usage de l’eau dans tout l’état, les lobbies agricoles se font entendre afin d’obtenir des dérogations. »



Puis en Floride, cette fois – mais l’info m'est venue, à nouveau, du Göteborgs Posten, le 27 mars ; article d’Andreas Granath :

« En bild på Michelangelos Davidstaty visades på en lektion i en skola i Florida. ”Pornografi”, tyckte vissa upprörda föräldrar. Skolans rektor fick sparken. »

« Une image du David de Michel-Ange a été montrée en cours, dans une école de Floride. ”Pornographie”, on jugé des parents indignés. Le directeur de l’école a été renvoyé. »

On trouve de tout, oui, commentera-t-on poliment.
Cela peut faire penser au titre d’un roman de Geneviève Dormann : Mickey l’ange.
Elle, dans ce qui a dû être une de ses dernières interviews, alors que le journaliste s’étonnait qu’elle ne se soit pas défendue lors d’une controverse où elle était en cause (elle n’était pas réputée pour avoir la langue dans sa poche), de répondre : « Il faut bien que les cons puissent s’exprimer. » (Je cite de mémoire.)

Nils Blanchard


lundi 3 avril 2023

Obernai, I

J'étais en cette bien belle ville, fin mars, pour une autre raison : voir le soir une petite fille, notamment, jouer de la clarinette à un concert d’écoles de musique.

NB - mars 2023

Mais je suis venu dès l’après-midi pour voir cet étrange château de Hell, et les restes du petit camp annexe du KL Natzweiler qui le jouxta entre décembre 1942 et août 1944.

Début de printemps ; contre-jour… On a l’impression que les fleurs de l’arbre, comme du présent, peinent à dissimuler la bâtisse comme restée dans le passé.
Certain froid, aussi, dès que le soleil s’éloigne. Est-ce un hasard – là, oui, peut-être... – s’il fait souvent si froid en ces sites de camps annexes ? (voir Voir ici et aussi là notamment...)

Muni d’un plan sommaire, je savais que ce que je cherchais était non loin de la rue de l’Altau. Grâces du GPS.

Trouvé tout de suite le château Hell, grande bâtisse entourée de barrières de chantier. Juste devant, on pourrait ne pas voir du premier coup d’œil que le bâtiment est en partie abandonné.

NB - mars 2023

NB - mars 2023

NB - mars 2023

Mais c’est l’ancien camp que je cherche. Où est-il ? Trace ? Panneau ? Pas très loin de là, on ne peut rater les indications pour un promontoire mémoriel dédié à l’ADEIF, au-dessus des vignes et de la ville.
Juste devant le château, une pancarte raconte son histoire. La guerre y est absente.

(Au passage, la future Marie Féodorovna dont il est fait mention sur cette plaque se marie en 1776 au futur Paul Ier, sous le règne de Catherine II, cinq ans avant la création de Gammalsvenskby…)

Je me retourne. Une plaque noire (du Souvenir français) attire mon regard à quelques mètres.

NB - mars 2023


NB - mars 2023

J'y reviendrai, bien sûr.


Nils Blanchard


samedi 1 avril 2023

1er avril / De la modernité

Rien à voir avec un poisson, si ce n’est que ce qui suit ne relève pas exactement de l’expression « comme un poisson dans l’eau ».

NB - Bohuslän

Il s’agit de la concomitance, à quelques heures d’intervalle, ce premier avril, de deux discours passablement circonspects quant à la modernité, ou la façon de l’appréhender.
Évidemment, il faudrait se demander ce qui, au fond, relève réellement de la modernité.
(Je dirais quant à moi une certaine course vers le mur de la société de consommation, et une double conscience de finitude – disons que ça fait isolant – après l’entrée dans l’ère nucléaire…)

Donc, en tout début de ce jour pour commencer, dans l’émission « Les Nuits de France culture », la reprise d’un entretien de 1977 mené par Jacques Paugam dans l’émission "Parti pris", avec le poète et romancier Camille Bourniquel (1918-2013). D’après lui, l’homme contemporain est « rongé par l’insatisfaction permanente ».

D'expliquer : « Aujourd’hui les gens vivent mieux, ils ont des assurances de toutes sortes, des loisirs et des vacances, mais fondamentalement ils ne sont pas heureux. »

Il comparait là l’homme (dans les sociétés occidentales tout au moins) des années 70, pouvant prendre l’avion, disposer de soins hospitaliers assez poussés, que sais-je encore, et ses parents, peut-être grand-parents ou arrière-grand-parents, qui ne disposaient pas des mêmes avantages, et qui cependant paraissaient aux yeux de l’auteur se contenter plus facilement de leur sort.
Difficile de lui donner tort, et c’est d’autant plus vrai en 2023, où l’on ne cesse d’entendre parler de toute part de malheurs, insatisfactions, dureté des temps…

NB - 31 mars 2023

Quelques heures plus tard, on lit sur le blog de Thomas Nydahl, un développement d’un homme qui s’est peut-être, simplement, levé du mauvais pied, ou qui vraiment ne se reconnaît plus dans son époque ; il relate l’apparence de jeunes passants dans la rue qui l’a déconcerté, puis fait appel à Pasolini :

« Pasolini var redan på 1960-talet djupt pessimistisk, han kunde inte annat än instämma om någon hävdade att konsumismen hade segrat. Denna "nya fascism", säger Pasolini, har redan förstört alla klassbestämda värderingar, arbetare och bönder skäms över sitt klassursprung, och "om en gata är full av ungdomar så kan ingen längre - utifrån kroppens utseende - urskilja en arbetare från en student, en fascist från en antifascist..." »

« Déjà dans les années 60 Pasolini était profondément pessimiste ; il ne pouvait faire autre chose qu’approuver si quelqu’un affirmait que le consumérisme avait vaincu. Ce “nouveau fascisme”, dit Pasolini, a déjà détruit les valeurs de classe, les travailleurs et paysans ont honte de leurs origines, et “si une rue est pleine de jeunes gens, plus personne ne peut désormais – à leur apparence corporelle – distinguer un travailleur d’un étudiant, un fasciste d’un antifasciste...” »

Bon, mais que veut-on ? Revenir au Moyen Âge ? Idée de l’instant, parce que la veille (le 31 mars, donc), Bernur notait à propos du nouveau recueil de poèmes de Judith Kiros, Det röda är det gränslösa (qu’on pourrait traduire par Le rouge n’a pas de limites) :

« Det är en bok att slå bo i, att vistas i under flera dagar. Omslaget visar en stygg djävul som sträcker sina skändliga armar mot en kyskt sovande kvinna, och bilden blir en modell som pekar ut en tid där både Djävulen och Gud höll sig närmare människorna än de gör nu (…) »

« C'est ce genre de livre dans lequel il faudrait s’incruster, y séjourner plusieurs jours. La couverture représente un méchant démon qui étend ses bras infâmes vers une chaste femme endormie, et l’image nous montre un temps où Diable et Dieu en même temps se tenaient plus près des hommes que maintenant (…) »



On ne choisit pas son époque ; mais du moins peut-on choisir ses lectures.


Nils Blanchard


April. Mais…

Dates, qui reviennent en ce blog. J’ouvre The Waste Land  ; évidemment : 1921-1922. «  A pril is the cruellest month, breeding / Lilacs out ...