jeudi 29 juin 2023

Sentiers battus

Lors de cette marche autour des puys d’Auvergne que je fis fin avril, en fort bonne compagnie bien sûr, je ne m’attendais pas à ce que certains souvenirs, vues glanés là puissent servir à ce blog. (Quant bien même, malgré les pancartes sur le parcours du Puy de Dôme, celui-ci eût tendance à s’écarter des sentiers battus.)

NB - Montée du Puy de Dôme 

 
NB - Puy de Dôme

Or à Pontgibaud, je tombe sur une plaque de rue consacrée à Andrée Sudre, passée par le camp de concentration de Ravensbrück. Un peu plus loin, on apprend que les Frères de l’école chrétienne de Pontgibaud ont accueilli et caché des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, le frère Marcel Genestier, Juste parmi les Nations. À l’hôtel de ville, une plaque en hommage à un résistant fusillé…
Au-dessus (si l’on peut dire) du frère Genestier, l’évêque de Clermont, Mgr Piguet. On lit sur sa notice de l’AJPN : « Dès 1940, Mgr Piguet aurait demandé officieusement à toutes les supérieures de congrégations qui avaient des écoles, que l'on cache des enfants juifs.
(...)
Le 24 mai 1943, il dénonce le national-socialisme : "L’évêque de Clermont exige le respect des
droits de la personne humaine et de l’autorité et dénonce publiquement la violation des lois de la guerre, le mysticisme de la haine et l’égarement des esprits. Il ne voit comme seul salut et comme vraie paix que le retour des personnes à la foi en Dieu dans un réel amour à l’égard du prochain et dans l’unité. Il donne des indications pratiques pour le maintien de l'ordre social".
(...)
Enfermé à la prison de Clermont, puis interné au Struthof-Natzweiler, il sera déporté à Dachau en septembre 1944 et le seul évêque français déporté à Dachau. »

« Dès 1940 »… Ça nous ramène à tous ces gens – certains arrivent même parfois à se présenter aux présidentielles – qui expliquent, après les catastrophes, qu’ils ne savaient pas, qu’on ne pouvait pas savoir.

NB - Volvic

À Volvic, à l’hôtel où nous nous étions arrêtés (du reste le seul je crois de la ville), cette plaque que nous n’avions pas vue en entrant.

NB - Auvergne

Peu avant, cette vue du Puy de Dôme, que nous vîmes sous plusieurs angles.

Puis à Volvic, comme une intemporalité d’une petite ville au printemps, avec nuages.


NB - Volvic


Nils Blanchard


lundi 26 juin 2023

Anticyclone, blogs en lien

 Face à cette sorte de pression que l’on connaît (climat, géopolitique – émeute récente de mercenaires en Russie – qu’est-ce que ça va entraîner comme réaction chez Poutine ?…), ou aussi en Alsace cet anticyclone qui va peser tout l’été, nuit et jour – lors que nos édiles forcent des élèves (je suis encore professeur) à « reconquérir le mois de juin », jusqu’en juillet, dans des classes surchauffées, à trente là-dedans…

Dessin d'élève

C'est que, sans le savoir, nous avons dû voter pour un Sarkozy 2 ; « travailler plus pour gagner plus »… Continuer de produire, d’artificialiser, de bassiner, lors que (presque?) chaque mois qui passe fait tomber un record de température quelque part dans le monde, chaque mois qui passe, aussi, ajoute au plastic-fogg, dans les océans, partout… cette saloperie dont on ne sait comment on arrivera à seulement essayer de se débarrasser.
Continuer… On appelle ça un « pacte » ces derniers temps, dans l'Éducation nationale. Avec le diable ?

Besoin de se changer les idées. Pour ça, changer de langue est pratique ; on change de monde quoi qu’on en dise. Je vais picorer (pas beaucoup d’oiseaux, aussi, je trouve, cette année. Où sont mes amis moineaux, qu’il y a quelques décennies encore, on croisait dans la gare Montparnasse, partout à Paris ? La gare Montparnasse est devenue un foutoir de galeries mercadentes…) dans des sites en lien de ce blog.

Dans Dixikon, article sur une biographie (de James Curtis) de Buster Keaton, dont je suis un inconditionnel.

Buster Keaton, The Navigator. (Capture d'écran Youtube.) 

Comme par hasard, André Dhôtel aussi aimait beaucoup Buster Keaton.
Magnus Hedlund débute son texte :

« Buster Keaton är i sina filmer den fullständige främlingen. Allt förvånar honom, men ingenting upprör honom. Hans blick är ständigt fjärrskådande, spanande mot något långt bortom våra horisonter. Hans klassiska gest för detta är handen som skuggar över ögonen, oavsett om solen skiner eller inte. »

« Buster Keaton est dans ses films le parfait étranger. Tout l’étonne, mais rien ne le bouleverse. Son regard est régulièrement fixé au loin, scrutant quelque chose loin au-delà de notre horizon. Du coup, son geste classique est la main qui se porte au front pour ombrager les yeux, que le soleil brille ou non. »

Les yeux comme infinis de Buster Keaton…

NB - Été à Paris

Dans Gabis Annex, l’auteure, le 25 juin, a fait un « Rapport de la Saint-Jean ».
Gabrielle Björnstrand (qui écrit de Laponie) semble vivre un été plutôt frais :

« Midsommardagen var klar och solig, men fortfarande kall, i nordvästlig hård vind. (…) Sen satt G och jag en stund i kvällssolen och uthärdade blåsten. Men inte länge. Jag var stelfrusen när jag kom hem. Tog på mig allt ylle jag har. Gick ut - med dunkappa - i solnedgången, och den var lika vacker som förra året. Och idag, på söndagen, kom lite värme och sol tillbaka. »

« Le jour de la Saint-Jean a été clair et ensoleillé, mais froid encore, avec un vent fort du nord-ouest. (…) Après nous sommes allés un moment, G et moi, dans le soleil du soir et nous nous sommes confronté au vent. Pas si longtemps. J’étais gelée quand je suis rentrée à la maison. J’ai enfilé tous les lainages que j’ai. Suis ressortie – avec un manteau en duvet – au crépuscule, et il était aussi beau que l’année dernière. Et aujourd’hui, dimanche, on a eu à nouveau un peu de chaleur et de soleil. »

Suit une très belle photo du crépuscule en question. En lien…
Certaine tentation de la Laponie…

Je parlais de galeries de foutoir mercadentes. C’est sur cette dernière image, apparemment, que s’achève le blog de Thomas Nydahl, duquel j’ai parlé de temps en temps en ce blog-ci…

Köptempel i Birmingham, West Midlands, photo : Astrid Nydahl, capture d’écran.



Nils Blanchard


P.-S.: témoignage assez saisissant diffusé sur France info, le 18 juin dernier, de l’ancien résistant Jean Lafaurie, déporté en 1944 à Dachau. Voir ici.
Il est né en 1923. Deux ans après Elmar Krusman, quatre ans avant Maurice Vissà.


mardi 20 juin 2023

Coïncidence – Suédois du Dhôtelland

 Ce blog a ce défaut – ou cette qualité ? Mais n’est-ce pas un peu la même chose ? – de s’éloigner parfois de son sujet titre.


C'est souvent pour s’enfoncer dans le « Dhôtelland ».
Or j’ai lu David, relativement récemment. Ça se passe dans un Val Blanc où se situe Bermont, bourg dhôtelien sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Et ce Bermont, quelques années après la Première Guerre mondiale, est abandonné de ses habitants, puis re-« colonisé » – je ne trouve d’autre terme –, par divers « pré-hippies » – je ne trouve d’autre terme –, parmi lesquels au moins deux Suédois.

Alors, là ; pardon ! On ne peut pas avoir des Suédois plus d’ailleurs que ces Suédois-là !

NB - Forêt d'Ardenne

Ils sont mentionnés une première fois à la page 193 (vers la fin, déjà…) :

« C'est un fait que de nombreux voyageurs du cimetière, venus de tous les pays (le tourisme des champs de bataille, leur devoir les amenaient dans ce lieu) entendirent parler de David. Puis, on ne sait comment, son ancien surnom réapparut. De modestes voyageurs d’Allemagne, de Suède ou des États de l’Amérique purent rapporter chez eux, avec des bibelots, des fleurs séchées, le souvenir d’une histoire variable : celle de l’enfant au cœur insensible. »

Bon… Mais Dhôtel parlait-il lui aussi de « devoir de mémoire », Pour les touristes, donc ? Ma foi…
Quant au lien entre des Suédois et les champs de bataille de la Première Guerre ; c’est encore un autre sujet.

Autre occurrence, page 210 :

« Y avait-il beaucoup d’étrangers au Val Blanc ?
Un tiers venait d’Angleterre ou d’Allemagne. Le reste se composait de Français ou de Belges. Il fallait aussi mentionner deux Suédois. »

Oui, il le fallait !

Et la question qui suit est d’importance :

« Les femmes étaient-elles nombreuses ?
Il y avait un peu moins de filles et de femmes que d’hommes. Parmi elles on comptait très peu de Françaises. »

Sans doute ces deux Suédois sont-ils parmi les gens qui déambulent sur la terrasse de l’ancienne maison de Robier, dans la nuit, que le narrateur aperçoit alors qu’il s’est paumé bien sûr – on se perd beaucoup dans les romans d’André Dhôtel, ou encore dans Le vrai mystère des champignons ; on appelle ça « la science subtile de l’égarement » – ; allez-y voir…

Cette terrasse, le Val Blanc dans son ensemble ; plus du côté de la Belgique, de Delvaux ?



Paul Delvaux

« Science subtile de l’égarement » qui nous ramène bien sûr à Patrick Reumaux, qui a réédité en 2022 Le vrai mystère des champignons, et qui a publié cette année Maison noire.
On y reviendra – je ne trouve d’autre façon de dire…
Mais dans Maison noire (on parlait du Dhôtelland) Patrick Reumaux écrit page 186 :

« Lœuvre entière [de Dhôtel], me semble-t-il, est un topos, une exploration de l’espace. Dans la version de Nadeau, cet espace devient le “Dhôtelland”. On ne peut guère trouver expression plus malheureuse. Toute sa vie, la question de l’espace a préoccupé Dhôtel et il suffit de parcourir ses livres pour comprendre que les lieux dont il parle sont le plus souvent des non-lieux, des lieux où il n’y a rien, plus exactement, des lieux où il n’y a rien à voir. Des lieux où, pour voir quelque chose, il faut commencer par regarder. »


NB - Forêt d'Ardenne


Nils Blanchard


mercredi 14 juin 2023

Les Suédois en Ukraine I – et Charles XII, Nestor Burma

 J'ai des vices, comme tout le monde. J’aime bien regarder les épisodes de Nestor Burma, avec Guy Marchand dans le rôle titre. La chose est d’autant plus honteuse, et je suis subséquemment d’autant plus penaud de le reconnaître que, n’ayant pas de télévision, je regarde ces épisodes en streaming, quand il m’en passe devant les yeux au gré de je ne sais quel hasard numérique.

Mazeppa, Horace Vernet

Mais : « un coup de dé n’abolira jamais le hasard. » Bon. Est-ce valable aussi pour les touches d’un clavier, les caresses sous-rougeâtres d’une souris fatiguée ?

Dans Noblesse désoblige (2001, réalisé par Philippe Venault), Nestor Burma se fait passer pour un courtier en chevaux suédois, et se présente ainsi auprès de sa proie :
« Je représente Ivan Samuelson, un amateur qui voudrait acquérir de jeunes chevaux (...) »
Ce Suédois vient de loin… Bon, ma foi, il doit bien y avoir des Ivan en Suède.
Cela m’a ramené à une lecture récente… Un livre d’Erik Egnell, Les Suédois en Ukraine (Éditions Cyrano) ; ça a de quoi intéresser !

Il est vrai que les couleurs des drapeaux de l’Ukraine et de la Suède sont les mêmes. Les Suédois, indépendamment de l’aventure de Gammalsvenskby – pas évoquée en ce livre – ont en effet formé à plusieurs reprises des Suédois d’ailleurs en Ukraine.

Deux épisodes principaux. D’abord celui, « au tournant du 2e millénaire », de la fondation de la Rus’, par les Varègues, Vikings de l’Est (de Suède, donc, lors que leurs cousins danois s’occupaient plutôt de l’Occident, et déjà évoqués ici).

La Rus’, ce n’est pas à confondre avec la Russie. Serait-ce plus proche d’une antique Ukraine ?


Autre épisode : Charles XII (voir aussi ici). Son aventure russe que Napoléon (personnage que je m’étonne toujours de voir susciter tant d’intérêt…) avait en tête en se lançant dans la funeste campagne de Russie (et en y lançant, surtout, ses malheureux soldats).
Charles XII (qui règne de 1697 à 1718) est ce roi connu pour avoir passé son temps à faire la guerre, notamment lors de la "Grande Guerre du Nord", avec cette défaite de Poltava en 1709, à l'origine de la cession des provinces baltes que possédait la Suède (dont le nord de l'actuelle Estonie; voir mon livre page 15). Erik Egnell évoque Charles XII surtout à travers son biographe : Voltaire. On y reviendra. 

P. A. Brunet-Houard

Un article récent dans le Göteborgs Posten (d’Andreas Granath, 23 novembre 2022) indique qu’on tend désormais à considérer que Charles XII n’aurait pas été tué par un de ses soldats fatigués par ses guerres, comme ça a longtemps été dit.
Il commence ainsi :

« Sedan Karl XII:s död i november 1718 har det spekulerats vilt. Var det hans egna soldater som satte kulan i kungens huvud? (...)
Det var en dimmig novemberkväll när kungen klättrade upp på krönet vid löpgravarna under belägringen av Fredrikstens fästning. (...) »

« Depuis la mort de Charles XII en novembre 1718 on s'est beaucoup interrogé. Sont-ce ses propres soldats qui lui ont tiré une balle dans la tête ? (...) 
C'était un soir brumeux de novembre; au milieu des tranchées le roi gravissait la colline sous la forteresse assiégée de Fredrikstens. (...) »

Plus loin, l'article présente les conclusions des chercheurs finlandais qui ont étudié la chose (à partir de techniques de médecine légale, balistique, etc.): 

« Det var alltså förmodligen en norsk kula som släckte kungens liv – och med det drömmen om det svenska stormaktsväldet. »

« C'est donc vraisemblablement une balle norvégienne qui a tué le roi – et par là-même les rêves de grande puissance de la Suède. »

Charles XII par J. D. Swartz, 1682. Wikipedia Common.

Quant à Mazeppa ?
On y reviendra.


Nils Blanchard 

mercredi 7 juin 2023

Quelques concomitances – Françoise Gilot, Kakhovka, Léon Gautier, Benoît Duteurtre

- Françoise Gilot.


C'est un hasard, elle était née la même année qu’Elmar Krusman (1921).
Grande peintre, elle était aussi de cette étrange aventure du collège de ‘Pataphysique. On la voit sur une photo que l’on peut retrouver facilement ici, en compagnie, entre autres, d’Emmanuel Peillet.

Elle est morte à Manhattan le 6 juin 2023.
Ça n’a rien à voir – ce sont mes lectures du moment… – : ville refuge d’un Benoît Duteurtre, nous raconte-t-il dans Ma vie extraordinaire, à une certaine époque.

Ah, mais moi aussi j’ai bien aimé New York. J’en ai quelques photos assez réussies avec le Canon que j’avais à l’époque. Je trouverai bien un prétexte pour en mettre dans ce blog ; pour évoquer Göteborg, peut-être, et ce Göteborgs Manhattan qu’ils sont en train d’élever, à coups de tours qui, je dois dire, me laissent passablement circonspect.



- Le barrage de Kakhovka ; Léon Gautier.

C'est moins un hasard, en ce sens que ça arrive au moment où il y aurait une contre-offensive ukrainienne en cours : explosion de ce barrage sur le Dniepr, à Kakhovka, avec les conséquences que vous avez dû voir.
Ce qui est plus du domaine du hasard, c’est que c’est aussi ce 6 juin 2023 que ça s’est produit.
6 juin 2023 où Léon Gautier, dernier survivant du commando Kieffer, était à Colleville Montgomery aux côtés du président pour les célébrations du « D-Day ».

Juillet 1929, sur le Dniepr, des habitants de Gammasvenskby 
s'apprêtent à "repartir" en Suède. 

Kakhovka, il se trouve que c’est tout près de Gammalsvenskby.


- Retour à Ma vie extraordinaire.

Pas la mienne, celle de Benoît Duteurtre. J’en étais justement, vers la fin du livre, au début d’une partie intitulée « Les vieilles dames ». Là, il est question de la grand-tante du narrateur, Rosemonde, ancienne résistante qui est dans sa dixième décennie dans un appartement donnant sur la mer, au Havre. (Folio, page 253.)

« Elle adorait compter les navires et les reconnaissait comme des personnages familiers. À quatre-vingt-dix ans, munie d’une paire de jumelles, elle restait des heures dans son fauteuil face à la baie vitrée qui donnait sur l’entrée du port. Elle vivait au rythme de ce spectacle animé, sauf la nuit, quand il se réduisait au mouvement de lumières glissant dans l’obscurité. »

Cette Rosemonde, Françoise Gilot ; de part et d’autre de l’Atlantique.


Nils Blanchard


mardi 6 juin 2023

Obernai, III – archéologie, population…

 Il fut question ici le 12 mai dernier d’une conférence sur l’archéologie des camps, notamment sur celui de l’ancien KL Natzweiler. Sans doute serait-il intéressant de mener une étude archéologique à Obernai, autour du camp, du château de Hell, d’autres sites peut-être.

NB - mars 2023

La visite que j’y ait faite a été plus une incursion qu’autre chose.
Incursion, même, dans ce qui me sembla être comme à la frontière de temps – de mondes ?

Ce château, qu’on devine délaissé quand on y regarde mieux, avec ses ponts qui ne mènent plus nulle part ; ses passages abandonnés.

NB - mars 2023

Que sont devenues les auxiliaires SS formées là ? Ont-elles surveillé des camps où étaient détenues des femmes, des filles ? Ravensbrück, d’autres…

J'évoquai le rapport avec la population locale. Le château est à peu près en pleine ville. Les déportés ont travaillé à divers chantiers (hormis l’aménagement du château) en ville, à des travaux agricoles. Ils ont croisé des habitants. Quelles relations, réactions ? (C’est une question qui apparaît aussi dans mon livre à propos du KZ Bisingen ; une question ouverte encore pour les chercheurs à venir… Là, c’est particulier, car c’est en France – partie de France annexée on le sait à l’époque par le Reich.)

On a mis à l’article précédent la photo de cette brouette de chantier gardée par une habitante locale.
Il y a aussi ce bateau. Voici ce qu’on lit sur le site Chemins de la mémoire.

 « Les travaux extérieurs auxquels sont contraints les déportés les conduisent à avoir quelques relations avec la population locale qui, parfois, peut leur venir en aide. A l'évacuation du camp en novembre 1944, un détenu, dont le nom ne nous est pas parvenu, a ainsi offert à un habitant d'Obernai ce voilier pour le remercier de la nourriture fournie clandestinement.
Cet objet permet donc de mettre en lumière les gestes de solidarité qui pouvaient se manifester dans de telles circonstances, malgré les risques et les difficultés. Il témoigne aussi du maintien d'une activité créatrice clandestine à l’intérieur des camps de concentration, et donc de cette humanité que les nazis s'évertuaient tant à réduire. »

Source: cheminsdelamemoire.gouv.fr

C'est ce qui a poussé Roger Dale à peindre dans le camp du Struthof, où il imaginait que des artistes avaient pu être détenus.

Pour en revenir à l’archéologie, certains abords des château et camp sont en travaux, ou plus exactement en passe d’y être. Si j’ai bien compris, les bâtiments du camp proprement dit (ancienne écurie), ont servi de remise municipale. Il est question d’y faire quelque chose autour de la protection des hirondelles.

NB - mars 2023


NB - mars 2023


NB - mars 2023


NB - mars 2023

NB - mars 2023


Tour des anciennes écuries ; site du camp.

Il y a encore non loin un centre équestre. (Sur la photo ci-dessous, on voit le bâtiment du camp au fond à gauche, le château au fond tout droit.)

NB - mars 2023

Bon. Mais à Obernai, on tombe aussi sur une statue à la gloire de l’évêque Freppel, dont on retrouve aussi une statue (et une place) à Angers vu qu’il y a été évêque.
Petits hasards d’autres temps.

NB - Obernai

NB - Obernai


NB - Angers


Nils Blanchard


vendredi 2 juin 2023

De la mémoire, Claudie Gallay, Jean Mergeai…

Conseillé par Héloïse Combes, j’ai lu avec plaisir (j’en ai déjà un peu parlé ici) ce long roman de Claudie Gallay, Les déferlantes, de 2008, qui se déroule en un lieu qui m’est étrangement un peu familier : La Hague. 

NB - La Hague

On va rejoindre les thèmes de ce blog par deux voies.
D'abord, la Normandie reste aussi le pays des gens du Nord, ces vikings pour se débarrasser desquels le roi Charles le Simple, en 911, octroie à Rollon (originaire vraisemblablement du Danemark) le duché de Normandie.
Ensuite, un certain travail (oh que je n’aime pas ces expressions!) sur la (et non « de ») mémoire est au cœur du livre.
On y lit (page 187) :

« – Pourquoi tu t’intéresses à ça ? Il m’a demandé en écrasant sa canette entre les doigts.
Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités. Les choses dites en décalé, celles dites seulement en partie et celles qui ne le seront jamais. Toutes les teintes du contre-jour.
J'avais appris ça avec les cormorans.
Quand un cormoran avale un poisson, c’est toujours la tête en premier. Leur estomac digère par étape. Un jour, j’ai trouvé un cormoran mort, je l’ai éventré, à l’intérieur de son estomac, la moitié du poisson qu’il venait d’avaler était encore intacte alors que tout le reste était en bouillie. »

NB - La Hague
L'image est bien trouvée, n’est-ce pas ?
Les monceaux de mémoire qui émergent, « sans filtre », brutes encore.
Qu’en faire ? Qu’en dire ?
(Et digérée ou non, la mémoire n’est pas exempte d’erreurs…)

J'ai appris des choses encore très récemment sur l’arrestation d’Elmar Krusman, – qui sont du domaine privé plus qu’autre chose et que je ne révélerai pas, ou pas « brutes »… peu importe… – ; monceaux de mémoire échappés du temps.

NB - La Hague

Quant aux erreurs de la mémoire, ses traficotages plus exactement là, on retrouve ça chez Jean Mergeai, auteur belge, entre autres, des Vêpres buissonnières (Duculot, 1974, page 64), que je connais parce qu’il est (magnifiquement, bien sûr) préfacé par André Dhôtel :

« Il est vrai qu’entre adultes – entre hommes faits, comme on dit – on ne parle guère de ses premières années si ce n’est pour évoquer un bonheur diffus, trafiqué par la mémoire (…). »


On penche là, là aussi, vers l’enfance.


Nils Blanchard


April. Mais…

Dates, qui reviennent en ce blog. J’ouvre The Waste Land  ; évidemment : 1921-1922. «  A pril is the cruellest month, breeding / Lilacs out ...