dimanche 16 novembre 2025

De l’éternel problème du gagne-pain

Il m’est arrivé de dire au cours de ma carrière de professeur, en faisant mine de ricaner mais au fond avec le plus grand sérieux – mais être sérieux n’est pas toujours très poli – que j’attendais les vacances pour pouvoir me mettre sérieusement au travail.

Asuka Kazama ©, Paris, rue de l’Échaudé et pluie.
Collection particulière.

Au travail : rédiger un article, procéder à des recherches sur tel ou tel sujet, préparer mes cours d’université à une certaine époque du reste pas si éloignée, écrire… simplement écrire ; mais relire ensuite, forcément, et corriger… Cela demande temps et disponibilité, les deux ensemble, union dont on manque singulièrement quand on est professeur – j’ai renoncé à expliquer ça à certaines gens.

Or donc écrire ? Se dévouer entièrement à l’écriture ? Profiter, par exemple, d’une rente, d’une fortune, d’un braquage, que sais-je…
Certains auteurs affectent d’en discuter l’intérêt. Ce thème du travail (alimentaire) et de l’écriture ressort avec insistance chez plusieurs écrivains. Paul Léautaud, pour commencer, remarque régulièrement dans son journal qu’il faut avoir un métier (en plus de la manie d’écrire). Dhôtel, moins insistant, le dit dans cet entretien filmé par Pierre-André Boutang : « L’écriture c’est un peu en dehors. Pour moi c’est pas un métier ; et pourtant il faut un métier ! »

A. Dhôtel dans le film de P.-A. Boutang - Capture d'écran 

 On retrouve ces réflexions chez trois auteurs que je lis en ce moment : Angelo Rinaldi parce que j’ai appris récemment sa mort en mai 2025 – c’est un vieil ami parisien qui m’en a fait part –, Jacques Brenner parce que je relis son Journal (je l’ai chez moi vu que ce vieil ami parisien, précisément, m’en a offert les cinq gros volumes), et Wera von Essen parce que j’avance tranquillement dans son En emigrants dagbok que je me suis procuré lors de mon dernier séjour en Suède.

Angelo Rinaldi, dans un entretien avec Pierre Boncenne, le 1er octobre 1980 dans L’Express, évoque en fait d’abord la question – serpent de mer de bien des gens de plume – de la vie et de l’écriture :

« P.B. " L'œuvre préférée à la vie "?
A.R. On ne peut pas écrire et vivre. Il faut choisir.

P.B. Vous avez choisi d'écrire.
A.R. Jusqu'à présent, je n'ai pu que constater que le fait d'écrire m'a coupé d'une certaine vie. On ne peut pas faire deux choses à la fois. Je vous rappelle que je suis un salarié. Travaillant d'une part et d'autre part écrivant, je dois par conséquent renoncer à beaucoup.

P.B. Et si vous pouviez financièrement vivre de votre plume selon l'expression consacrée?
A.R. Au fond, je crois que c'est très vulgaire de vivre de sa plume. Vous êtes entraîné à donner au public toujours la même chose qui a fait votre succès. Un éternel remake. Il est très dangereux de vivre de sa plume et je préfère encore les sacrifices du travail de journaliste-critique aux facilités de l'argent venant par les seuls livres. L'argent gagné avec des livres me paraît suspect. Et au moins sur ce plan-là, je me permets de vous signaler que je suis à l'abri de la vulgarité. »


Chez Jacques Brenner – homme d’édition, libraire un temps, homme de revues… – on a l’impression au cours de plus de cinquante ans de Journal d’un long combat pour vivre de littérature (ce qui n’est pas forcément ou uniquement écrire…), cette littérature-là repoussant comme un aimant, paradoxalement peut-être, la possibilité de se consacrer vraiment à une œuvre. (À moins, bien sûr, que cette œuvre ait été son Journal, mais qui pour le coup – il n’en est pas moins à mon avis passionnant – a manqué de ce que Jacques Brenner savait si bien être pour les autres : ce que les Suédois appellent redactör ; comment traduire cela : un éditeur actif, accompagnant, guidant le travail de l’auteur…)

Jacques Brenner et le chien Falco - Capture d'écran


Wera von Essen, plus près de nous, En emigrants dagbok (5 mai 2021, page 66) :

« Jag vet inte vad jag ska göra om jag inte får pengar från förlaget (…) Essäerna bär inte min ekonomi. Jag måste betala sjugo tusen i skatt. Och så tio tusen varje månad för boende, räkningar, skulder. Hur ska det här gå till ? Problemet är att arbetsron försvinner, jag kan inte koncentrera mig på texterna (…) Det här är inte vad jag ville. Jag ville inte tvinga skrivandet, göra det till bröd. Det var av den anledningen jag hellre tog hotelljobb än att korrumperas av en byline. (…) Jag vill inte att litteraturen ska handla om försöjning, att den ska anpassas och kommersialiseras och få fel utgångspunkt. »

« Je ne sais pas ce que je vais faire si je ne reçois rien de la maison d’édition (…) Les articles ne me permettent pas de vivre. J’ai 20 000 couronnes d’impôts à payer. [Environ 2000 euros.] Puis aussi 10 000 chaque mois pour le loyer, les factures, crédits. Comment tout ça va-t-il finir ? Le problème est que je ne trouve plus le calme nécessaire au travail, n’arrive pas à me concentrer sur les textes (…) Cela n’est pas ce que je voulais. Je ne voulais pas avoir à forcer l’écriture pour en faire un gagne-pain. C’est pour ça que j’ai préféré prendre un travail à l’hôtel plutôt que me corrompre dans des écrits commandés. (…) Je ne veux pas que la littérature soit liée à la subsistance, qu’elle doive s’adapter et se vendre et partir ainsi du mauvais pied. »

Wera von Essen, photo de l’éditeur Polaris

Retour à Rinaldi. En décembre 2018, il donne un entretien à Zone critique, mené par Guillaume Narguet. Il se termine sur ceci :

« Et tous les artistes – écrivains, compositeurs, peintres – ont matériellement une vie difficile. [C'est très discutable me semble-t-il.Mais, comme disait Cioran, s’il faut rater sa vie, mieux vaut la rater à Paris qu’ailleurs. »

Du côté de la rue de l’Échaudé encrée par Asuka Kazama ?


Nils Blanchard


Ajout. Asuka Kazama (cliquer sur ce nom pour accéder à son site...) n'est pas une Suédoise d’ailleurs, peut-être pourrait-on dire une Japonaise d’ailleurs, encore que ses appartenances se floutent étrangement, étrangement car le « flou » est parfois très précis dans ses œuvres où la pluie souvent intervient presque comme artiste à part entière.

Elle a vécu notamment à Strasbourg après une première phase d'études et de travail au Japon. Là, elle passe par l’Université (un Master 2 notamment – où j’ai enseigné un peu, dans un autre département bien sûr) et par la HEAR - Haute école des Arts du Rhin, où ont enseigné Roger Dale, avant lui Camille Claus, dont ce blog parle çà et là. Et elle a obtenu le prix Théophile Schuler, de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg en 2012.
Elle travaille maintenant à Paris, où elle enchaîne des expositions qui montrent l'étendue de son talent... 

jeudi 13 novembre 2025

Entre passivité et bêtise

J'ai été récemment témoin – et ça a été assez désagréable – d’une crise de passivité intellectuelle, de bêtise régionaliste d’une artiste que j’avais un peu aidée – j’admire toujours son œuvre du reste.

NB - Haguenau, septembre 2025 ; illustration à peu près de hasard

Bon, ça n’a pas une très grande importance et ne devrait pas figurer ici, sauf que j’ai lu – je ne suis pas rancunier… pas trop… ; voir le billet précédant... – un article récent de Thomas Nydahl, s'interrogeant lui-même sur un article de Torsten Fagerholm, dans le journal finlandais de langue suédoise Hufvudstadsbladet, le 25 septembre 2025. T. Fagerholm commence par se demander ce qu’ont à fiche de riches touristes russes à Biarritz ce dernier été. Il commente :

« Många upplever det som direkt provocerande att hundratusentals förmögna, oberörda ryssar obehindrat roffar åt sig från buffébordet av friheter som det demokratiska Europa erbjuder, samtidigt som Ukrainas folk genomlider ett fjärde år av terrorbombningar styrda från Moskva. »

« Beaucoup de gens peuvent vivre comme une provocation que des Russes aisés, indifférents, se gavent sans réserve au buffet des libertés offertes par l’Europe démocratique, lors que dans le même temps le peuple ukrainien subit sa quatrième année de bombardements moscovites. »

Thomas Nydahl (cette fois…) de nuancer :

« Det är en såväl delikat som relevant fråga. Men min följdfråga blir lika tydlig: ska ett folk som lever under diktatur och som drabbats av diktatorns krigspolitik också straffas? »

« Voilà une question aussi pertinente que délicate. Contre-question, directe : un peuple qui vit en dictature, qui subit la politique de guerre du dictateur, doit-il en plus être puni ? »

NB - Haguenau, septembre 2025 ; illustration à peu près de hasard

Thomas Nydahl poursuit : « Ett preliminärt svar är, att ett sådant straff förmodligen är oundvikligt. Hur skulle andra folk – historiskt och samtida – behandlas i samma situation? »

"Tout d'abord, une telle "punition" est inévitable. Puis, comment d'autres peuples (du passé et d'aujourd'hui) se conduiraient-ils dans la même situation ? »

L'histoire ne repasse pas les plats. Et je n’aime pas diffuser ici de mes opinions politiques – même si certaines transparaissent forcément de tout ce bavardage… Mais si l’on compare la situation de la Russie avec celle de la France. On peut se dire – en considérant les Russes comme des citoyens (ou d’anciens citoyens ?) – qu’un président comme Nicolas Sarkozy n’a pas été réélu. Les Russes pouvaient-ils encore, dans les années 2000, ne pas réélire Poutine ?

Ingrid Ruin - Publicité de 1928, Capture d’écran

Pour en revenir au propos de Torsten Fagerholm, il parle bien de « förmögna, oberörda ryssar » (« Russes aisés, indifférents »). N’est-ce pas un peu différent de la masse du peuple, pris dans les soucis et joies du quotidien, qu’on peut difficilement rendre responsable de la venue au pouvoir de tel ou tel.
Mais où commence l’opulence dispensatrice d’une responsabilité accrue ?

Au fond, n’est-il pas intenable de dire que les peuples sont irresponsables ; pourquoi alors le système de la démocratie ? Le moins mauvais des systèmes.

Churchill encore.

Les résistants, parmi lesquels certains ont fini à Natzweiler, sous la férule d’un Franz Hermanntraut, les Alexeï Navalny, eux ont voulu défendre une certaine responsabilité des peuples. Ils ont pris la leur.
À quel prix.


Nils Blanchard


P.-S. : – Rajout d'étiquette du dernier billet : Salla Leponiemi.

« Moins mauvais des systèmes », encore ne faut-il pas trop de démagogie. Ne pas laisser pénétrer les établissements scolaires, par exemple, de parents d’élèves parfois à moitié crétins – sous prétexte de « coéducation » – dont les plus bêtes essaieront forcément d’empêcher leur progéniture de les dépasser un tant soit peu.

Il fut un temps, en Égypte, où le ministère de l’Éducation s’appelait le Ministère du Savoir. Il est vrai qu’on n’y était pas encore en démocratie ; (on n’y est toujours pas du reste.)

Ingrid Ruin - Capture d’écran

– Ingrid Ruin, peintre finlandaise (d’expression suédoise…), a été russe dans un sens, vu qu’elle a connu l’époque (elle était née en 1881) où la Finlande était un Grand-duché intégré à la Russie…

– Rien à voir avec la passivité : dix ans qu'ont eu lieu les abominations des attentats de Paris, un vendredi. 

samedi 8 novembre 2025

Exclusion / Retour d’un blog ?

"Retour" de l’Ouest, il n’y pas si longtemps, par Fontevraud. Je voulais y voir le musée d’art moderne. On y arrive peu après 18h00, prévenus par internet que le musée fermait à 19h00. Ah, mais c’était compter sans le logiciel, qui n’acceptait plus personne à partie de 18h00.

NB - Fontevraud

Tant qu’on est là… L’abbaye, quant à elle, fermait à 20h00 à ce moment du mois d’août, on visite. Là, bien sûr, le logiciel ne refuse pas que l’on verse le droit d’entrée qui n’est pas modique dans ce musée privé.
On se retrouve évidemment très vite devant les quatre gisants. Aliénor d’Aquitaine, Richard Coeur de Lion… Qui étaient-ils exactement, quid des deux autres ? On ne peut être spécialiste de tout, mais on trouvera bien des explications quelque part…

Eh bien non. Et puis, si, peut-être sur un QR code. Le dépliant-guide de la visite, quant à lui, est très incomplet. Là : sentiment d’exclusion ; quand bien même l’un d’entre nous disposerait d’un smartphone, on ne sait ni ne veut s’en servir de la sorte.

NB - Fontevraud, août 2025


NB - Fontevraud, août 2025

Bon, mais la chose devient proprement provocation : dans cette antre culturelle, où partout des affiches louent les efforts du musée privé, des sortes de smartphones géants ont été installés çà et là. Il faut les tapoter du doigt pour qu’apparaisse on ne sait quel verbiage. On se met à la place de parents bien intentionnés qui se disent qu’ils vont soustraire pour quelques heures leur progéniture de l’influence des écrans…

NB - Fontevraud, août 2025

Au moins, soudain, un arbre. D’où sort-il ? Qui l’a peint ?

NB - Fontevraud, août 2025


                                                                                 *

Cela m’amène – ce n’est pas si loin – à un article, dans Dixikon (en lien de ce blog), de Maxim Grigoriev (du 4 septembre dernier) : « Att översätta världen » / « Traduire le monde ». L’auteur y évoque une série de conférences de Juan Gabriel Vásquez, autour du rôle de la fiction, à ne pas prendre pour argent historique comptant, mais qui peut viser néanmoins à des ouvertures, des connaissances inatteignables par les textes plus scientifiques. En bref, l’art différencie une fiction d’un amas d’infox... Et :

« Vi lever i dag”, skriver Vásquez, ”i en polariserad och uppretad tid”. Vår tillvaro har avhistoricerats. För honom är vi inte längre med i en gemensam berättelse, och romanens uppgift är därför att återetablera de narrativa länkarna som förbinder individen med den kollektiva historien; en människa, så att säga, med ”hennes land”. »

« Nous vivons aujourd’hui, écrit Vasquez, une époque polarisée, tendue.Notre environnement s’est déshistorisé. Pour lui, nous ne participons plus d’un récit commun, et une tâche du roman est du coup de rétablir les liens narratifs qui relient l’individu à l’histoire collective, pour ainsi dire une personne à son pays”.

Même des gens qui visitent la même abbaye sont ramenés à leurs intérieurs numériques plus ou moins scabreux, plutôt que se voir offrir une connaissance commune, universelle.

Capture d'écran


                                                                                  *

Capture d'écran - Blog de Thomas Nydahl

Pianotant précisément un peu par désœuvrement sur mon clavier d’ordinateur dans mes intérieurs numériques, je constate que Thomas Nydahl semble reprendre son blog.

15 septembre ; une photo de Malmö des années 50 – 60. « Ska bloggen öppna igen? Tanken har börjat gro. Den mörka känslan behöver ljus. Nu återstår bara beslutet. Huvudet är fullt. »

« Vais-je me remettre à ce blog ? Cette pensée a commencé de germer. Les idées noires aspirent à la lumière. Il ne reste plus que la décision à prendre. La tête est pleine. »

N'a-t-on pas là un peu l’inverse de ce que j’évoquais précédemment : un intérieur numérique comme une lumière ?


Nils Blanchard


Ajout, quelques jours après la rédaction du billet. Talleyrand je crois disait « Défiez-vous des premiers mouvements, ce sont les bons. » Peut-être Thomas Nydahl aurait-il dû suivre ses premiers mouvements (et il y en eut quelques uns, il avait déjà plusieurs fois annoncé qu’il cessait d’écrire dans son blog) et… cesser son blog. Il se « lâche » en effet, de manière assez pitoyable, le 20 septembre dernier, sur l’immigration permissive en Suède des dernières décennies (jusqu’au dernier gouvernement Tidö exclu…) Dans un texte passablement vomitif – il y a fort à parier qu’il disparaîtra d’ici peu du blog ; c’est tout le problème de blogueurs qui ne se relisent pas suffisamment, ne prennent pas de recul et qui regrettent trop tard ce qu’ils ont « publié », quand ils le regrettent…

NB - Le Rhin, septembre 2025

Il part d’un argument somme toute défendable : il s’en prend aux gens qui arborent malhonnêtement la nationalité suédoise (et là-dedans le « fameux » personnummer…) Mais c’est ensuite pour mélanger allègrement immigration et criminalité, sans argument aucun.
Beaucoup de « vrais » Suédois ne sont pas comme ça. Je peux en témoigner. D’ailleurs, parfois – pas qu’en Suède –, les xénophobes – façon milicien de Kungälv – donnent l’impression de mal comprendre leur propre environnement, partant le pays qu’ils prétendent défendre.

Bon, mais quelques jours plus tard encore, Thomas Nydahl parle du livre récent de Salla Leponiemi sur l'artiste finlandaise Elin Danielson-Gambogi... 

Elin Danielson-Gambogi, autoportrait - Capture d'écran


NB

lundi 3 novembre 2025

Encore des lits défaits / des disparitions

J'ai parlé déjà de lits défaits du blog (qui n’est pas en lien de celui-ci) Krickelins, qui plus est déjà vaguement de retour d’Auvergne. Draps froissés, traces d’on ne sait quels mouvements, plus ou moins nocturnes, plus ou moins conscients… N’y a-t-il là comme une allégorie d’une façon de voir la mémoire ? 

NB, Auvergne, fin octobre 2025

Alors que je m’apprêtais à aller voir son exposition dans le Limousin, devant donc me rendre en Auvergne – pour des raisons, voyez-vous ça, très dhôteliennes –, j’apprends la disparition de Gilles Sacksick, le 13 octobre dernier. Il était membre d’honneur de la Route inconnue, du fait de son amitié avec André Dhôtel. Et l’on peut discerner entre les deux créateurs une certaine correspondance d’univers, pourrait-on dire, peut-être.



J'ai écrit il y a quelques années un article sur des correspondances, oui, entre Dhôtel et le peintre Balthus. Certaines de ces correspondances – Balthus et Sacksick sont un peu de la même famille de peintres – peuvent se retrouver entre Dhôtel et Sacksick : des univers ordinaires en apparence, plutôt ruraux, des atmosphères d’attente. J’avais cité en exergue une citation de Jean-Claude Pirotte qui peut illustrer cette correspondance : « Il disait qu’il suffisait de regarder sans préjugé pour découvrir la permanente et merveilleuse innocence du monde, et sa sauvagerie, et cette étrangeté familière qui ménage sans cesse la surprise. » (Préface à la Chronique fabuleuse.)

Capture d'écran - Krickelins

Mais ces dernières nuits de la fin du mois d’octobre, entre Ouest de la France et Auvergne, j’ai assez mal dormi. C’est aussi que je participai à un travail d’inventaire d’une bibliothèque (on en reparlera, peut-être), travail passionnant mais remuant toutes sortes de poussières, comme autant de constellations de pistes de travail et de connaissances, mais… allez comprendre pourquoi : changements de températures, d’altitudes, d’oreillers ? Toujours est-il qu’un mal de tête, par moments, sournois, revenait…
Peut-être aussi qu’une bibliothèque – un peu complète… – est une image d’une vie… qui renvoie à la nôtre, à nos manques, à nos urgences ?

Photo de Tadzio (Björn Andrésen) - Capture d’écran

De retour d’Auvergne, précisément, je musarde sur divers sites. Parmi eux, un blog « gay » (Je suis partout n’est pas ma tasse de thé, mais je vais partout, ou pour le moins çà et là où il y a des choses intéressantes à lire, tant qu’il n’y a pas trop de sectarisme) : Gay Cultes.

Ceci me fait penser à cette réplique du personnage joué par Claude Rich, père de celui joué par Jean-Pierre Bacri (disparus eux aussi) dans le formidable Cherchez Hortense, de Pascal Bonitzer. Père et fils sont dans un restaurant japonais ; le fils se rend compte que son père folâtre avec le serveur charmant. Il lui demande des explications. Le père répond qu’il lui arrive de coucher avec des hommes, mais qu’il n’est pas homosexuel pour autant. Troublé, le fils quitte à un moment la table. Il revient…

« – Ça va mieux ? [Demande le personnage du père.]
– Oui… Parfaitement. [Répond le fils, qui fait mine de s’intéresser à nouveau au dossier qu’il a apporté avec lui, pour demander un service à son père, qui siège au Conseil d’État.] Euh… donc… euh… Mais, j’ai… j’ai pas très bien compris : tu couches, euh, avec des hommes, mais… tu n’es pas homosexuel…
– Il y a en chacun de nous une part de l’autre sexe. Seuls les imbéciles refusent de le reconnaître.
– Peut-être. Néanmoins…
– Je n’ai aucun goût pour ces casiers identitaires ridicules où tout le monde se bouscule pour entrer, pour ce communautarisme répugnant qui cherche à s’imposer partout, créer la haine de tous pour tous et finira par tout détruire. Je couche avec qui je veux. Et personne ne me collera une étiquette. »

Bon, mais tout cela pour dire que dans ce blog-là, j’apprends le décès récent de Björn Andrésen, « världens vackraste pojke », « le garçon le plus beau du monde », d’après un documentaire de 2021, l’acteur suédois de Mort à Venise, l’adaptation par Luchino Visconti du livre de Thomas Mann. (Il en a été question ici, aussi, entre autres là…)

Clic, clic… (Ou clic-clac?) Lits défaits de la mémoire du net.


Nils Blanchard

mardi 28 octobre 2025

Balade / traces / forêt

À l'occcasion de ce samedi ensoleillé (dernier jour de l’été en fait cette année), sitôt la « Kartoffelkeller » visitée, j’ai gravi – en voiture… – un peu encore le Mont Louise pour arriver à un point à 1000 mètres d’altitude. De là, d’un lieu où il y a des « Pierres de mémoire » : petite marche ; je me suis un peu enfoncé dans la forêt.

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

Mais à propos de voiture, ce lieu, près, autour de l’ancien camp de concentration de Natzweiler, a quelque chose quand même de particulier.
En allant à l’aller au Struthof, sur la petite route en zigzags bien après Rothau, une femme en voiture me coupe délibérément la route, tout en faisant une sorte de signe de la main, d’excuse ? de fatalité ? Elle était à un stop ; démarre juste quand j’allais la croiser.
Heureusement, conducteur somme toute expérimenté, j’avais comme subodoré la chose, n’allais pas très vite (on était de toute façon à un virage) et étais prêt à piler, ce que j’ai fait, tout en déviant à droite pour éviter l’imprudente – ou la folle ?

J'ai pensé à diverses choses, diverses symboliques dont on pourrait parer cette conductrice. Puis bien sûr j’ai eu autre chose en tête.

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

Mais j’y ai repensé au moment de ma promenade. Ce lieu.

Il y a là des panneaux qui datent de 2006, posés alors sans doute pour illustrer un « Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme ». De l’autre côté de la route, un panneau détaillé indique les randonnées possibles sur le thème. Il est criblé de balles (ou de jets de pierres?)

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)


NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

Itou, il faut en convenir, un panneau à proximité marquant l’entrée d’une zone forestière :

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

Des gens par ici ont-ils des pulsions incontrôlables : tirer sur des panneaux (entre autres) mémoriels, couper la route d’autres automobilistes ?

Songe aussi à Benoît Duteurtre, en entendant des motos faire rugir leurs moteurs.

Évidemment, plus vraisemblablement, on a simplement un faisceau de hasards…

Retour à « mon » côté de la route, vers ma balade, et aux panneaux de 2006. L’un est quasiment effacé.
On est presque dans l’archéologie des ferrailles indicatrices.

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

On y lit sans trop de difficulté, néanmoins : « “Toi qui marches sur le sentier, libre et sans crainte, / entends le message des pierres, mets-toi debout, deviens sentinelle / œuvre à ce que, plus jamais, le murmure du vent dans les branches / ne soit étouffé par la plainte des opprimés.” Juin 2006 »

Il ne reste que le panneau inférieur (l’inscription) ; le haut du panneau a disparu.
Un peu plus loin, une autre inscription.

« Libre et sans crainte » ?

Celle-ci est criblée de balles aussi, et difficile à lire.

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

Écriture (étrangement) manuscrite : « Pierre de la Mémoire // Ici, au point culminant du Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme, / et la croisée des chemins, point de convergence entre passé et futur, / se dresse la Pierre de la Mémoire. / Les pierres couchées, de granit rose, ont symboliquement été prélevées / dans la Grande Carrière du Struthof et représentent l’homme opprimé, / humilié dont les droits fondamentaux ont été bafoués. / La pierre dressée, de granit gris, provient des abords de la RD 130 / menant au village du Hohwald, village natal du Dr Adélaïde Hautval, / médecin résistante, déportée par solidarité. / Cette pierre dressée symbolise / l’Homme debout dans toute sa dignité et sa grandeur. / Que cette Pierre de la Mémoire rayonne dans l’édification de notre futur. »

Plus loin encore, des indications mises à bas.

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)

Puis c’est la forêt et un étrange silence – hormis quelques pétarades de motos plus ou moins loin – ; une douceur, aussi, de dernier jour d’été.

NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)


NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)


NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)


NB - Struthof (Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme)


Nils Blanchard


Ajout. – Il y a quelques jours, publication d’une étude de l’OCDE relevant, d’après ce qu’en dit la presse, un mal-être des professeurs un peu partout dans le monde mais notamment en France.
Bon. C’est la même OCDE qui fait paraître régulièrement les pseudo « enquêtes » PISA qui ont consciencieusement sapé depuis des décennies maintenant le travail desdits professeurs.
Une idée d’économie pour le gouvernement : sortir de l’OCDE, ce qui soulagerait la France (ce serait sans doute symbolique, mais…) de sa participation au budget de ladite organisation (5,1 % nous dit-on sur son site), et du « travail » de fonctionnaires, notamment de l’Éducation Nationale, qui sous-traitent les fameuses « enquêtes » PISA ; ceux-là pourraient être mis devant des classes.

Un point néanmoins dont ne saurait être rendue responsable l’OCDE (quoique… n’y conseille-t-on pas de mettre les jeunes élèves devant des écrans?), c’est l’effet délétère, particulièrement sur certains enfants, des « réseaux » « sociaux » et autres smartphones.

– Ajout d’étiquettes de l’article précédent : Télérama, Bernur, Haguenau.



NB

vendredi 24 octobre 2025

Octobre / Deux ans, dix ans après – Une sorte de fuite hors de la réalité

Les jours, semaines, années passent avec les mêmes problèmes, dossiers, qui s’empilent toujours plus lourds sur les bureaux des gens. Face à eux, beaucoup se découragent, n’osent même pas soulever la moindre feuille, s’en prennent aux intellectuels, à l’élite. Ces gens évoquent les « écolos », « punitifs »… alors qu'eux-mêmes s'envoleront comme des poupées de papier sous le moindre souffle argumenté.

NB - Haguenau, octobre… 2024

Deux ans déjà que je voulais citer cet article de Gabrielles blogg (en lien de celui-ci, etc.) du 20 octobre 2023 : « Oktoberblåst » (« Vent d'octobre »).

« 2023 är det varmaste år som uppmätts hittills i världen, och årets september blev den i särklass varmaste septembermånad som noterats. Och vad gör vår usla regering åt klimatet? Det verkar ju gå åt fel håll när det gäller detta som med så mycket annat.
Varma perioder har förekommit tidigare under den tid det funnits liv på jorden, men det farliga nu är att förändringar sker så snabbt. [Elle cite Alasdair Skelton :]”Det är inte temperaturökningen i sig som är farlig, utan det som är farligt i dag är hastigheten. Det som normalt sker på 50 miljoner år händer på 50 år.” »

« 2023 est l’année la plus chaude qui ait jamais été mesurée, et septembre cette année a été haut la main le septembre le plus chaud jamais noté. Et que fait notre triste gouvernement pour le climat ? [Rappel, il est question déjà il y a deux ans du gouvernement de Tidö] On semble être sur le mauvais chemin, en cela comme en bien d’autres choses.
Il y a eu des périodes de réchauffements dans l’histoire de la vie, mais ce qui est dangereux actuellement, c’est la vitesse des changements. [Elle cite Alasdair Skelton :]Ce n’est pas l’augmentation des températures en soi qui est dangereuse aujourd’hui mais sa rapidité. Ce qui se déroule normalement en 50 millions d’années prend 50 ans.” »

Une tarte à la crème : « On ne savait pas, on n’en a pris conscience que très récemment ». Pardon !
J'ai été écologiste dès mon enfance (comme beaucoup d’enfants du reste).
Le nom de René Dumont ne m’était pas inconnu.

Un autre personnage, Claude Lorius, est mort précisément en 2023. Nicolas Delesalle écrivait à son propos dans Télérama, le 27 octobre 2015, à propos du livre La Glace et le Ciel de Luc Jacquet :

« Comment fut récompensé le premier lanceur d'alerte de l'histoire après Cassandre ? On lui écrivit des élégies ? On lui tressa des couronnes de lauriers ? On jeta à ses pieds un tapis de pétales de roses ? Non, Claude Lorius, chercheur au fameux laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement de Grenoble, dut affronter pendant presque vingt ans incrédulité, mépris, moqueries et railleries.
Il faut avoir vu le regard condescendant du commandant Cousteau, l'un de ses plus grands contempteurs (avec Claude Allègre) sur FR3, dans une émission présentée par Jean-Marie Cavada à la fin des années 80, juste après la publication dans la revue Nature de trois articles qui prouvaient la corrélation entre la concentration de gaz carbonique et l'élévation moyenne des températures du globe. »

Dieu merci, je n’avais pas la télévision alors. (Ne l’ai toujours pas, si ce n’est via internet…)

NB - Haguenau, octobre… 2024

Via Gabrielle Roland Waldén (Gabrielles Blogg) Alasdair Skelton poursuit, en 2023 :

« ”Resultatet blir klimatzoner som rör sig ofattbart snabbt. Arterna hinner inte anpassa sig. Det är det som är den absolut största faran med dagens uppvärmning (…) »

« ”Le résultat est que les climats évoluent incroyablement vite. Les espèces vivantes n’arrivent pas à s’adapter. Voilà le danger le plus important du réchauffement climatique actuel (…) »

Le problème du climat s’inscrit on le sait au centre d’autres calamités : production puis déversement incessante de plastique dans la nature, réduction des espaces naturels…

En octobre 2023 toujours, un auteur de blog en lien indirect de celui-ci (via Nordic Voices in Translation, Bernur…), Lennart Erling, dans Den långsamma bloggen, évoque un poirier plein de fruits, dont certains sont tombés au sol. Puis :

« Nu varnas för starka vindar, kanske storm. Det brusar i de höga träden. Det viner runt husknutarna. I år har redan tre träd fällts här på gården, knäckta av vinden eller för att de inte kunnat hålla sig upprätt i den vattensjuka marken.

Jag läser Werner Aspenström, omläsning, naturligtvis. Prosaböckerna "Bäcken" och "Sommar", som jag skrivit om här tidigare. Ett slags verklighetsflykt kanske, undan denna onda tid (…) »

« Maintenant s’annoncent des vents forts, peut-être la tempête. Les hautes branches bruissent sous son souffle, qui siffle autour des constructions. Cette année, trois arbres du jardin sont déjà tombés, cassés par le vent ou abîmés par l’humidité inhabituelle du sol.

Je lis Werner Aspenström – relecture, naturellement. Les livres en prose Bäcken et Sommar sur lesquels j’ai déjà écrit quelque chose ici. Une sorte de fuite hors de la réalité peut-être, hors ces temps mauvais (…) »

Werner Aspenström (l'homme, pas le chat) - Capture d'écran

D
epuis, ce blogueur, Lennart Erling, est décédé. Reste à lire Werner Aspenström.


Nils Blanchard

dimanche 19 octobre 2025

Publications / Pistes de Travail

Hasard des services postaux, des commandes, des réceptions d’articles… reçu il y a peu deux publications : le dernier numéro de Kustbon, dans lequel un dossier de quatre pages est consacré à l’hebdomadaire Sovjet Estland, en lien à l’article de Nordiques. Reçu aussi le livre que j’évoquais sur Jeanne Letourneau, Clichés barbares.

NB - Hapsal (Estonie), vue de l’Aibolands Museum

Ce numéro de Kustbon est passionnant. Plusieurs sujets : l’exposition à Tallinn sur les Esto-Suédois (annoncée déjà ici). Aussi, des textes sur la petite île d’Odensholm (notamment au moment de la Seconde Guerre mondiale), île qui a été un de mes premiers centres d’attention au début de mes recherches sur Elmar Krusman, ceci pour des raisons aussi passionnantes qu’improbables ; j’y reviendrai peut-être.
Il est question aussi d’un étrange jugement, avec des Esto-Suédois impliqués, concernant un vol (présumé) sur une épave en 1756 ; mais plusieurs des prévenus meurent en prison.
(Quand on visite la prison de Marstrand, on voit un autre décor que celle de la station balnéaire riante de l’été ; on n’est pas très étonné que des prisonniers pussent décéder au dix-huitième siècle avant leur jugement, dans les prisons du Nord…)
D'autres articles encore, nouvelles diverses (dont la chronique des anniversaires et décès, où je retrouve étrangement des noms de moi connus, rencontrés au cours de mes travaux…), en Estonie et en Suède.

NB - Estonie, région d’où était originaire Elmar Krusman

Bien, puis sur quatre pages (34-38) : recension de l’article de Nordiques avec divers commentaires et des textes issus de Sovjet-Estland. Le tout, réalisé par Mattias Reinholdsson. (Et j’y apprends que mon livre a rejoint la bibliothèque de la SOV à Stockholm où il y a plus de 600 autres volumes sur le thème des Esto-Suédois et de l’« Aiboland » – les régions par eux fréquentées autrefois en Estonie.)

Fra Angelico, L’Annonciation - Wikipedia

J'ai reçu aussi ce livre, que j’évoquais il y a quelques jours, consacré à cette professeure d’arts plastiques rescapée du camp de Ravensbrück.
Comme il avait été dit au colloque de fin septembre, la finalité première des dessins des camps – essentielle, voire unique pour leurs auteurs – était le témoignage.
Dans ce livre, ceux de Jeanne Letourneau accompagnent des pages de récit écrites peu après la guerre.

Le récit est passionnant et méritera une plus ample étude. En une quinzaine de (grandes) pages, on entre dans l’expérience de déportée de Jeanne Letourneau par petites touches, « petites » expériences qui sont autant de cas d’école, cas d’études sur le système concentrationnaire. L’auteure écrit avec sobriété ce qu’elle a vu, expérimenté, sans essayer d’en dire plus qu’elle ne sait, sans cacher non plus ce qui est difficile à dire.
Les gardiennes (Aufseherin), plus ou moins inhumaines, les relations avec les autres déportées de divers âges et nationalités, relations particulières dans ce camp de femmes parce qu’apparaissent çà et là aussi des enfants (garçons parfois), les transferts, les appels…
À cet ensemble, la professeure de dessin qu’était Jeanne Letourneau ajoute des réflexions, très courtes, passagères – c’est comme malgré elle – artistiques. Ainsi rencontre-t-on au détour du récit, aussi inattendus soient-ils, Fra Angelico ou Dürer. On parle aussi çà et là du Moyen Age, ce qui rejoint la conclusion de mon livre (ou plutôt, ce en quoi mon livre rejoint Clichés barbares…), mais, oui, on en reparlera.

Le terme « barbares », du titre, est étrange. Il peut désigner ce qui est fondamentalement étranger à l’expérience de vie antérieure de la déportée. Page 67 : « Que devenait parmi ces rebuts d’humanité aux mœurs les plus dépravées une pauvre prisonnière politique appartenant à un milieu honnête et sain ? » Il peut désigner ce qui est cruel et inhumain, au sens moderne du terme (page 73) : « On pense aux temps barbares aux “Brunehaut” et aux “Frédégonde”, à ces récits lus dans notre enfance en frémissant d’horreur. »

Le tout est très bien présenté par des auteurs locaux ; on y lira notamment avec intérêt divers développements sur la résistance en Anjou.


Nils Blanchard


Étiquette rajoutée du dernier billet : ONU.

De l’éternel problème du gagne-pain

Il m’est arrivé de dire au cours de ma carrière de professeur, en faisant mine de ricaner mais au fond avec le plus grand sérieux – mais êtr...