mardi 16 septembre 2025

Carte (postale) de France / Peintres nordiques début de siècle

Il est arrivé que cette blogueuse de l’ouest de la Suède, Kristin Lagerqvist (Krickelins) soit évoquée ici ou là en ce blog, notamment en lien à une maison secondaire qu’elle possède en France, qui me ramène à diverses interrogations sur les maisons ; au-delà sur le chez soi, voire sur l’appartenance à un pays, une ville, voire…

NB - Auvergne, près d’Issoire, août 2025

Elle écrit le 10 septembre dernier, dans un article qui s’intitule « Vykort från Frankrike » (« Carte postale de France » :

« Jag vaknar i min franska säng. Utanför fönstret är det helt svart och alldeles tyst. Här i byn släcks gatubelysningen mellan midnatt och klockan sex, och mörkret känns nästan omslutande.
Jag brygger kaffe (…) »

« Je me réveille dans mon lit français. Derrière la fenêtre, tout est noir et parfaitement silencieux. Ici au village l’éclairage s’arrête entre minuit et six heures, l’obscurité devient presque enveloppante. 
Je fais du café (…) »

C'est amusant : plusieurs de ses articles donnent à voir son lit de maison française, défait toujours, on remarquera ; là : que d’un côté.

NB - Capture d'écran


Edvard Munch, 1917-1919 - Capture d’écran

Mais évidemment, retrouver une campagne épargnée par la pollution nocturne des éclairages citadins (pour les autres pollutions…), calme… Cela peut donner envie de se lever à l’aube.
L'obscurité semblera alors presque enveloppante.

Ne voudrait-on pas être un instant un petit renard épargné par les hommes et les loups, humant les senteurs de la fin de nuit de son terrier…

NB - Auvergne, près d’Issoire, août 2025

Je dis cela peut-être parce que je pense à Héloïse Combes, à d’autres, qui ne vivent pas exactement comme les communs des mortels, dépendants de compteurs électriques et de pixels…

Depuis combien de temps n’avais-je vu une vraie nuit, enveloppante ?

J'allais donc vers les Cévennes héloïsiennes, et j’ai fait une pause dans un coin improbable de l’Auvergne (peu après avoir salué le Puy de Dôme), magnifique, forcément.

Trouver une maison à cet endroit ? C’est, évidemment, un peu en dehors de mes routes (et déroutes…)

Krickelins poursuit :

« När dagen gryr drar jag en handduk kring axlarna och går nerför stentrappan till dagens första dopp. Vattnet är kyligt, som det ofta är så här års. Sommaren har övergått till sensommar i den lilla byn (…) »

« Quand le jour se lève, je prends une serviette sur mes épaules et descends l’escalier de pierre pour le premier bain du jour. L’eau est fraîche, comme de juste à ce moment de l’année. L’été s’est changé en été indien dans le petit village (…) »

Hans Ole Brasen, Salut à l’aube, 1907 - Wikipedia

Héloïse me montrera des piscines naturelles dans la petite rivière de sa vallée…

Krickelins, un peu plus loin : « Det fina är att jag numera kan resa hit med bara datorn, kameran och telefonen – allt annat finns redan i huset. Böcker, skor, krämer och klänningar. Det är som att ha ett parallellt liv här (…).
Men just en varm tröja och ett par raggsockor… det saknas. »

« Ce qui est bien, c’est que je peux désormais arriver ici avec simplement l’ordinateur, l’appareil pgoto et le téléphone – tout le reste se trouve déjà sur place. Livres, chaussures, crèmes et vêtements. C’est comme avoir ici une vie parallèle (…).
Manquent seulement un bon pull et une paire de grosses chaussettes. »

Eh ! Disposer d’une maison quelque part où l’on peut simplement arriver, déposer deux-trois livres, un carnet, que sais-je…

Évidemment, il peut toujours y avoir plein de choses qui vont manquer… L’été, déjà, oui, qui s’éloigne.

Paul Fischer, La plage à Båstad - Wikipedia


Nils Blanchard

jeudi 11 septembre 2025

Du côté de la Baltique

Un blog en lien indirect de celui-ci (via Alluvions), celui de Jean-Jacques Birgé, d’évoquer, sur plusieurs articles en ce mois de septembre, un voyage fait par le blogueur dans les Pays baltes.
Ce voyage se termine par la Finlande, via l’Estonie. 

NB - Hapsal (Estonie), 2018

J.-J. Birgé passe par Haapsalu (Hapsal, en suédois) « capitale » des Suédois d’Estonie. Visiblement, ce n’est pas un très grand souvenir pour lui (« pas beaucoup d'intérêt en dehors de son château médiéval. Aucune plage à la ronde malgré la côte, et les locations sont étonnamment plus chères qu'ailleurs. ») Il a dû passer sans doute sans le remarquer devant l’emblème de ce blog (sur la place du marché suédois – s’il est toujours là…)

Le château, il était en reconstruction quand j’y suis passé (en 2018…) J’avais eu l’impression d’y croiser de vagues fantômes.

NB - Hapsal (Estonie), 2018

Mais il est vrai que la pleine mer était difficile à trouver ; il aurait fallu, oui, aller à Saaremaa (Ösel en suédois, mais il n’y avait pas là particulièrement d’Esto-suédois…)
Moi, je n’avais pas vraiment le temps. (Pas trop d’argent, aussi, à cette époque où j’écrivais Elmar Krusman… J’avais besoin de temps, devais être plus ou moins en temps partiel…)

Bon, mais J.-J. Birgé assène : « Les autochtones sont accueillants, particulièrement en Lituanie et en Lettonie. Je comprends pourtant pourquoi les voyageurs vont plus souvent du nord au sud, on est toujours le méridional de quelqu'un ! L'Estonie est globalement plus sèche, plus scandinave. »
Prenons le temps, là, de corriger un point : les Estoniens – il n’est pas question plus précisément des Esto-Suédois – ne sont pas scandinaves mais, à l’instar des Finnois, finno-ougriens. C’est dit.

Et pour ce qui est de la calembredaine géo-sociale, je reconnaîtrai par honnêteté avoir rencontré une certaine « froideur » en Estonie, mais ça ne saurait me guérir de ma détestation des généralités (surtout françaises). C’est dit aussi.


Dans cette région (Ösel…), les chevaliers porte-glaive avaient poussé leurs pions (et il y avait beaucoup de Germano-Baltes à Saaremaa, minorité dont il est un peu question dans mes livre et article). On n’est pas très loin de la Prusse-Orientale d’un Ernst Wiechert, dans Missa sine Nomine. On y lit du reste – Suédois d’ailleurs… – sur la famille des principaux protagonistes (les Liljecronas – le nom en suédois signifie mot à mot « Petite couronne ») – Le livre de poche, traduction de Jacques Martin, pages 23-24 :

« Les Liljecronas, qui avaient dans leurs veines du sang suédois, lui avaient toujours paru une race sujette à caution, une race de paysans issue du monde obscur des Vikings, probablement, et il ne lui semblait pas impossible qu’ils se fussent nourris de viande de cheval quelques siècles plus tôt et qu’ils eussent offert des sacrifices humains à leur dieu borgne. »


Or il se trouve que François Bayrou, récemment renversé comme premier ministre – ce qui a fait la joie de révolutionnaires façon Mélenchon-Le Pen Prime qui ne tolèrent pas que quelqu’un sorte tant soit peu d’un cadre, d’un code établi par le monde de l’entreprise ; langue de bois et globish obligatoires (je dis ça en ayant conscience par ailleurs des maladresses de l’ancien premier ministre – je râlais précisément il y a peu contre tel grand patron appelant sarkozyquement au « travailler plus pour gagner plus », qui n’est en fait souvent le masque que d’un mauvais travail qui abîme tout…–, contre Bayrou lui-même s’en prenant à son discours d’investiture – peut-être qu’une mouche malade de pesticides l’avait piqué – aux inspecteurs de la biodiversité…) avait Ernst Wiechert comme écrivain de chevet.
On lit dans Le Point (article de Thomas Mahler), le 3 mai 2016 :

« François Bayrou détonne : depuis des années, il n'a cessé de susciter la surprise et la gêne des journalistes en citant Les Enfants Jéromine d'Ernst Wiechert.
(...) 
Au rythme des moissons et des chorals luthériens, des noces comme des enterrements, Wiechert raconte les existences laborieuses mais dignes de ces charbonniers, forestiers et pêcheurs. Ils ne lisaient pas de journaux et ce qui se passait dans le district ou dans le monde ne venait à leur connaissance que par la bouche de l'instituteur, qui était leur Moïse dans le désert. Il s'en était bien trouvé certains, parmi eux, que le vide de leur existence avait poussés au désespoir et qui passaient leurs journées à boire, en cachette ou sans vergogne. D'autres encore qui fermaient leurs cœurs remplis de haine et d'amertume, des misanthropes qui se dressaient, durs et froids, comme d'impitoyables juges, contre leurs enfants effarés, et qu'on ne revoyait plus lorsqu'à midi la cloche de l'école avait sonné. Cependant la plupart d'entre eux étaient remplis de la sagesse des pauvres et des solitaires, renfermés sans aigreur dans leur monde. »

Il est vrai que tout ça n’est pas très à la mode…


Nils Blanchard


Rattrapage d’étiquette du dernier billet : Mademoiselle K.

samedi 6 septembre 2025

Vers le pire ? (2)

Été à nouveau me promener près du canal. Pas Schwindratzheim, un peu plus loin vers Saverne. Idées plus ou moins joyeuses, mais marcher au bord de l’eau du canal – odeur légère de rivière – dans un paysage verdoyant – l’été jusque là n’avait pas dû être trop sec –, ça a quelque chose de… revigorant.

Isaac Cordal - Capture d’écran (blog Vu de la hune, photo BA)

Il y avait eu cette loi Duplomb (quelle idée! Autoriser – entre autres – un pesticide qu’on sait potentiellement (très) dangereux sous prétexte que d’autres pays européens le font… On est là en plein dans ce que j’appelle la maastrichtlisbonnisation…), heureusement retoquée par le Conseil constitutionnel le 7 août.
Mais le sénateur veut repartir en guerre, refaire passer sa mesure sous une autre forme législative.
C'est cela qui est déprimant, aussi : cette impression qu’on n’en a jamais fini avec certains problèmes ; certaines gens ne se fatiguent jamais…

NB

Je suis loin d’être un adepte de ce qu’on appelle le « street art », mais j’ai pris en photo ce graffiti, au cours de ma promenade, sous un pont « LGV » – cette ligne, que je ne prends pas assez souvent, qui va à Paris…
« J'profite de la chute avant la collision. » Peut-on dire que c’est une philosophie comme une autre ? Elle illustre bien certaines idéologies ; ce patron des patrons, ce sénateur Duplomb (et ses soutiens), « Après moi le déluge »…

NB - Pont de la LGV, Canal de la Marne au Rhin - et vaches

Or juste avant cette promenade, dans la voiture, j’entendais Valérie Chansigaud, historienne, évoquer Elisée Reclus. (Un vieil ami parisien – et dhôtelien – me répète parfois avec grande délectation qu’il est le seul anarchiste à avoir une rue à Paris…)
Eh ! Et précisément, cette anarchie, elle, de se soucier de l’environnement, des autres…
Ci-après, la présentation de l’émission de France culture :

« Géographe prolixe et anarchiste influent, Élisée Reclus est aussi remarqué pour sa préoccupation pour la nature, qui traverse ses écrits tout au long de sa vie. C'est à cet idéal de coexistence entre l'homme et son milieu qu'il consacre les dernières années de sa vie.
Valérie Chansigaud est historienne des sciences, chercheuse associée au laboratoire SPHERE. Elle retrace cet esprit de liberté et de solidarité qui s'articule avec l'anarchisme, notions majeures pour Élisée Reclus. »

Et l’historienne de poursuivre :

« "Ce qui pourrait paraître assez logique pour un anarchiste, lui ne se pense jamais comme maître, il ne va jamais chercher à faire école. (…) Il pense que les idées n'ont pas besoin d'être transmises de façon hiérarchique, mais qu'elles se diffusent dans la société." Pour Élisée Reclus cette notion de solidarité est essentielle, elle recoupe l'alliance entre les êtres humains, les organismes vivants et la planète, Valérie Chansigaud poursuit : "Cette solidarité, c'est aussi une notion propre à l'anarchisme, qui définit vraiment la liberté comme celle qui commence par celle de l'autre ; c'est-à-dire : j'ai besoin de la liberté d'autrui pour réaliser la mienne." »

Liberté de l’autre, et des générations à venir : celle de pouvoir encore observer des insectes – et subséquemment des oiseaux – dans nos campagnes ; entre autres.

NB - Canal de la Marne au Rhin

Étrangement (à peu près à la même période), je lisais à propos de Jean Follain (André Dhôtel, éd. Seghers, 1953, page 54) :

« Il semble que le thème qui doit pour ainsi dire vaincre notre temps soit en fin de compte celui d’un étrange arrêt dans la succession inéluctable des heures et des jours. Henri Thomas faisait déjà l’aveu d’une certaine expérience selon laquelle l’homme se sent soudain en dehors de la fuite des événements, ni avant ni après, à tel moment déterminé, mais par un décalage subtil, indépendant de la chaîne des choses vécues. Jean Follain montre en ce sentiment beaucoup plus de violence. Il use de cette force d’inertie de l’enfant, qui pesait de tout son poids pour obliger (par exemple) les parents à entrer dans un bazar et pour renverser le cours de la destinée inscrite sur le front familial. Ne pouvant ou ne voulant se détacher il s’appesantit. Il s’attache à ce qui s’oppose par sa densité aveugle au cours du destin ou bien encore il se fie au poids même de ce destin qui finalement devrait nous recueillir dans ses profondeurs éternelles. »

Allons, peut-être reparlera-t-on de cela aussi.

Mais ce n’est pas très gai, évidemment, bien que fort bien troussé. C’est pourtant du Dhôtel. Et du Dhôtel critique, autant dire que c’est du Dhôtel qui parle aussi – avant tout ? – de lui-même.
Cette réflexion : parce que je lisais aussi précisément Jacques Brenner (Journal, 21 mai 1941) :

« Un critique en dit plus sur soi que sur l’auteur qu’il étudie. (C’est d’ailleurs en cela que les critiques nous intéressent.) »


Nils Blanchard


Ajout. Retour de Mademoiselle K... Grand Dieu, trois ans après... trois ans, comme ce blog... 

lundi 1 septembre 2025

Schwindratzheim, un témoignage (et sortie de zone?)

Promenades plutôt de hasard qui me ramènent au bord du canal de la Marne au Rhin, somme toute agréable à longer.

NB

Une fois n’est pas coutume, on trouve un – rare – témoignage intéressant dans un journal local alsacien, les DNA… L’article est de Guénolé Baron ; il a été publié le 28 juin 2018 à l’occasion d’une exposition au centre culturel de la petite commune riveraine.
On y lit – à propos du petit camp annexe du KL Natzweiler qui se trouvait là – qu’un habitant de la commune, Charles Baltzer, se souvient du temps de guerre et « revoit son père, forgeron, tenter d’amadouer les Allemands dans son atelier de la rue de la Zorn. Ils venaient avec un ou deux prisonniers pour faire aiguiser ou réparer des outils. Alors mon père proposait un café aux soldats et leur demandait au passage s’il pouvait donner un petit bout de pain ou de lard aux détenus. »

On retrouve là un trait évoqué à propos d’autres camps annexes, notamment celui de Bisingen – celui où Elmar Krusman est mort –, lesquels se situaient au milieu de zones habitées et où des détenus pouvaient être « prêtés » à des habitants. (Ainsi Elmar Krusman, tailleur de métier, recousant un manteau pour une habitante : témoignage assez rare de précision (et poignant) de l’évocation d’un détenu, une cinquantaine d’années après, par une habitante, a priori sans rapport avec les activités du camp de concentration…)

L'article poursuit un peu plus loin : « Les détenus étaient logés dans un baraquement en grès des Vosges, cerclé de barbelés, juste à côté du canal.
Quand ils n’étaient pas de garde, les soldats allemands n’y restaient pas. Ils étaient hébergés dans l’ancienne laiterie, raconte Charles Baltzer. Les gradés, eux, se partageaient une maison, derrière la mairie historique de la commune. »

NB

Autre point qui recoupe – c’est étrange, ces promenades qui me ramènent à ces thèmes… – des remarques de mon livre : l'irrationnel. Le témoin évoque la libération de Paris apprise à la radio par son père. « Une victoire capitale des troupes alliées qui n’a pas découragé les Allemands de Schwindratzheim. Même s’ils venaient jusqu’au Rhin, la guerre ne serait pas perdue ! s’est exclamé un des soldats devant le père de Charles Baltzer. »
Ce fanatisme de certains Allemands, qui a expliqué aussi le « dynamisme » du système concentrationnaire, jusqu’aux derniers jours de la guerre, parce que certains croyaient que celle-ci n’était pas perdue – il y aurait des armes secrètes qui apparaîtraient, etc. –, j’en parle aussi dans Elmar Krusman. Et cela a été de pair avec la priorité donnée à la « politique raciale » sur l’intérêt stratégique.
La folie au pouvoir véritablement.

NB

Il y a aussi dans l’article un étrange souvenir du témoin : réel souvenir, passé recomposé par la mémoire à partir d’autres récits ? Ce n’est pas que je veuille remettre en cause (je précise…) l’honnêteté de Charles Baltzer, mais – renvoi à mon livre, là encore – la mémoire, surtout d’événements aussi anciens, peut être pour le moins surprenante… Ce souvenir : « J’ai vu les prisonniers nager dans le canal, sous la surveillance de deux SS qui avaient des pistolets-mitrailleurs. Le bain terminé, ils sont rentrés nus dans le camp. »


Nils Blanchard


Ajout. - Me promenant cet été précisément à Schwindratzheim, je tombe sur cette étiquette que de hauts esprits du lieu (ou d’ailleurs) ont collée sous le nom de la localité : "Im Elsass".

NB

Braves gens. Visiblement, ils voulaient être sûrs de ne pas se tromper de panneau (…) ; ils ont mis leur petit autocollant aussi là-dessus.

NB

 - Étiquette qui aurait dû se trouver au dernier billet: Musée de l’aquarelle.

mercredi 27 août 2025

Retour au musée de l’aquarelle

Dans le Bohuslän, à Tjörn plus exactement, il y a un beau musée de l’aquarelle (d’où l’on peut aussi se baigner, se promener…)
Je me dépêche ici de faire une première recension d’exposition, car ladite exposition ne court que jusqu’au 14 septembre (2025). En värld av mönster (A world of pattern – Un monde de motifs) ; on n’est pas très loin d’une exposition LONGING dont on parla, il y a… en ces lignes. 

Couverture du livret de l’exposition : détail d’une œuvre de Sölvi Helgason

Ce musée – on y reviendra… il faut que je me tienne à l’exposition – joue de relations particulières entre l’intérieur et l’extérieur.
Là, certain cagnard au dehors (on était quelque part à la mi juillet) ; pas pris trop le temps de flâner vers les espaces de baignade entre les rochers non loin.
Mais l’accueil par un artiste américain, Jacob Hashimoto, dans cette salle d’entrée où il y a souvent des « installations » impressionnantes, donne une impression de jeu de lumière qui se joue, précisément, de l’intérieur et de l’extérieur, du vivant et du fixe…

NB - Jacob Hashimoto, Akvarellmuseet, juillet 2025

Puis l’exposition sur les motifs balaye un spectre (temporel) qui tournicote autour du milieu du vingtième siècle, mais en allant parfois plus avant dans le passé, comme avec le préraphaélite Edward Burne-Jones.
Puis on entre dans le cœur du sujet en quelque sorte, l’Islandais Sölvi Helgason, la Suédoise Ingrid Dessau.

NB - Ingrid Dessau, Akvarellmuseet, juillet 2025

Ou encore Anni Albers, venue du Bauhaus. (Voir lien plus haut…)
Comme une parenthèse, son mari Josef Albers peut rappeler un peu Oskar Reutersvärd par ses figures logiquement illogiques.

NB - Josef Albers, Akvarellmuseet, juillet 2025

Puis On est passé par des compositions de Stig Lindberg.

NB – Stig Lindberg, Akvarellmuseet, juillet 2025

Découverte : la Suédoise d’origine finlandaise, passée par Paris, Viola Gråsten.
On parlait de jeux intérieur / extérieur, vivant / fixe… Là, on a quelque chose comme un aller-retour entre figuratif et abstraction (mais c’est sans parler de la couleur).

NB – Viola Gråsten, Akvarellmuseet, juillet 2025


NB – Viola Gråsten, Akvarellmuseet, juillet 2025


Puis il faudrait aussi évoquer Arne Jacobsen, Sofia Delaunay (!), Josef Frank…

On y reviendra bien sûr.


Nils Blanchard

jeudi 21 août 2025

Divers lieux, passés / de la trahison

La trahison n’est pas un thème qui m’intéresse particulièrement, mais une notion qui revient beaucoup ici et là, sous tels ou tels figure, éclairage… Je ne sais encore trop où j’ai rencontré ce mot tout récemment.

Thorvald Erichsen, Holmsbu, 1916 - Capture d’écran


Et moi-même espère ne pas avoir trop trahi le texte de Martin Fahlén, Le tableau de Savery, en le traduisant. (Martin Fahlén qui évoque entre autres dans son livre Thorvald Erichsen…) J’avais / j’ai la confiance de l’auteur, et même une certaine latitude… Eh, mais je ne vais pas me lancer dans des réflexions étymologiques, on n’en sortirait plus. Plus exactement, on n’irait pas là où je veux qu’on aille cette fois… : en Italie ; à Venise, plus précisément.
En février 2023, le tenancier du site Tramezzinimag parle de « journal retrouvé ». À vrai dire, je ne comprend pas très bien ; il s’agirait de textes écrits avant le confinement…
Toujours est-il qu’on y trouve ce thème de la trahison, du sentiment de trahison au regard de l’éloignement que l’on s’impose – qu’on se voit imposer – de lieux aimés.

« Quelques années plus tard, lui aussi est parti pour éviter de souffrir du départ de tous ceux qui viennent à Venise et semblent vouloir y rester mais finissent toujours par repartir.
Par une sorte de maléfice, moi qui n'ai jamais rien tant souhaité que de poser un jour et à tout jamais mes malles remplies de livres et de souvenirs sur les dalles de la Sérénissime, je trahis sans cesse mon vœu et ma ville, ne réalisant pas l'un et abandonnant l'autre à chaque fois et pleurant de le faire… »

Un peu dur à suivre, n’est-ce pas. Lieu : rattaché à une personne, évidemment ; un amour ? Voire, même – si, si – à un travail. Le lieu où je fus jusqu’à présent le mieux traité par mes employeurs est le Maryland, aux États-Unis ; Bob et Ellen.
J'en garde une sourde nostalgie de la Baie de Chesapeake.

Ponts de la Baie de Chesapeake - Wikipedia

Mais il n’y a pas que les lieux. Je suis de loin en loin, avec un certain détachement (forcément, non, mais ce que je veux dire, c’est que je « lis » / « tourne » (avec ma molette) les pages de ce site très vite, sans tout lire dans le détail), un blog dont il a été question ici, d’une dame, par ailleurs créatrice de mode, entre Varberg et le sud de la France : Krickelins.
Elle a un côté horripilant de consommatrice scandinave un peu mal dégrossie (si on veut « résumer » un « jugement », très hâtif forcément, et de manière en grande partie injuste et faussée bien sûr…) Derrière ça, néanmoins, transparaissent – souvent quand ses articles tournent autour de ses escapades de vacances ou de pause dans sa maison française – des réflexions qui valent qu’on s’y attarde.
Là, justement, le lieu, au fond, est-il si important ? (Bien sûr, quand on parle de lieu, on parle de l’histoire qu’on a avec, de ce qu’on en fait, de l’imaginaire qu’on y disperse, etc.) L’article s’appelle, justement encore : « När livet ser lätt ut – utifrån » (« Quand la vie semble facile – vue du dehors »), le 27 juin 2025. Il se termine de la sorte :

« I morse låg ett tungt tryck över mitt bröst. Trots att solen sken. Trots att jag var i södra Frankrike. Trots att jag kunde ta ett dopp i den svala poolen innan kaffet.
Jag tror att verklig lycka inte sitter i det yttre. Den bor i mammahjärtat – Om barnen mår bra. I om man själv är frisk och stark, både i kropp och själ. Den finns där man jobbar med acceptans och självkärlek. Och när man har människor omkring sig som älskar en, som bär när man själv inte orkar.
Det där går inte att köpa för pengar. »

« Je ressentais ce matin une lourde pression sur ma poitrine. Pourtant le soleil brillait. Pourtant j’étais dans le sud de la France. Pourtant je pouvais piquer une tête dans la piscine fraîche avant le café.
Je pense que le vrai bonheur n’est pas dans l’apparence. Il est dans le cœur de la mère – si l’enfant va bien. Et si l’on est soi-même forte et en bonne santé, de corps et d’esprit. Il est là où l’on travaille dans le respect et l’estime de soi. Puis quand on a des proches qui vous aiment, vous supportent quand on n’en peut plus.
Ça, ça ne s’achète pas. »



Doit-on prendre comme une trahison, quand on exerce comme professeur, tel « jugement »  (pour le moins) hâtif d’« inspecteur » (infoutu m’a-t-on dit de lever son cul de sa chaise pour aller regarder un cahier d’élève – tout aurait dû lui être apporté sur un plateau) ? Sa tentative de détruire, me fait-on lire encore, dans son outrance même, la contradiction apportée par d’autres « observateurs » le montre, relève quelque chose d’étrangement « dérouté » (à défaut d’être déroutant : je subodore d’autres causes « profondes » de la chose, jalousie, vengeance...)
Déroute, tra-duction, tradition et trahison… On en revient à des jeux d’étymologie déjà évoquées dans ces lignes.
(Bon, mais on me dira – de quoi se 
plaindrait un tel professeur ? – j’écrivais quelque part dans ce blog qu’un mauvais rapport d’inspection pouvait être un honneur...)

Face à cela, telle connaissance s’étonnait récemment que je lui eusse dit que je partirais du jour au lendemain s’il m’en prenait l’envie de mon emploi actuel, si besoin était par abandon de poste (on vous méprise beaucoup, dans certaines sphères administratives de l’Éducation nationale, mais on fait tout, en même temps, pour vous retenir – il est vrai que la situation (chute des vocations, départs…) devient inquiétante. On vous répète, par exemple, que vous n’aurez, en cas de démission, non seulement pas la moindre indemnité – à moins de faire partie d’un groupe de chanceux dont les algorithmes du coup de bol semblent pour tout le monde un fabuleux hasard – mais pas de droit non plus au chômage. On vous laisse entrevoir des complications paperassières digne d’un conte de Kafka…)

Mais c’est que, comme disait Krickelins (« Där man jobbar med acceptans och självkärlek » – « Où l’on travaille dans le respect et l’estime de soi »)…
Cette estime de soi, il semblerait que certains paperassiers ne soient occupés qu'à la brider chez autrui.


Nils Blanchard

vendredi 15 août 2025

Objets de placard (pas en plastique!) / Wera von Essen

Voyage étrange et à peu de frais dans le temps ; objets de placards laissés passablement intacts par mon grand-père, en Suède. En même temps, j’ai pu enfin me procurer la suite d’En debutants dagbok, de Wera von Essen.

NB - Bohuslän, juillet 2025


Oui, il y a plus – bien plus peut-être… – de quarante ans qu’ils dorment là, dans une maison en Suède, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas beaucoup plus anciens. On croira que Michel Houellebecq (on le préférera chanté par Carla Bruni, en l’occurrence) visait juste : « Il existe au milieu du temps / La possibilité d’une île. »

Au milieu des temps, temps suspendus ? Des flots. Mer d’huile.

Ça me fait penser à un roman (en cours d’écriture) interrompu. Pas eu le temps du tout de le reprendre lors de mon dernier séjour ; ne l’avais même pas amené. Pas eu le temps de grand-chose ; à peine la relecture d’un autre…
Voulais chercher du travail, passer à autre chose, autre chose, autre chose…

En juillet : eau à 23° !

Bains, promenades dans la forêt.

Été. (Participe passé autant que saison. C’est tout le truc de l’été suédois…)


NB

De quand date cette boîte de plombs ?

Bon, il y a bien un plomb qui a sauté.
Heureusement que j’étais avec un ami qui s’y connaissait mieux que moi, qui avait un regard extérieur sur la chose. Tableau électrique, compliqué par des annotations postérieures. Il suffisait de s’en tenir aux annotations (pas encore effacées, heureusement) de… mon grand-père.

NB


NB

Et cette boîte de thé ?

James Lundgren and co, Göteborg.

Je lis sur une annonce sur internet qu’elle est probablement du milieu du siècle.

NB

Ah, puis cette boîte pour un réchaud de camping.
Elle est bilingue (sur les autres faces) : les explications sont en suédois et en finnois. Ce devait être très courant à… quelle époque ? Milieu du siècle, là encore ? Mais je ne peux m’empêcher de voir ça comme un clin d’œil à ce blog.

Où a été rajouté depuis peu, du reste, un lien vers le blog d’Ulrika Nettelblad…

NB - Bohuslän


Mais Wera von Essen ?

J'avance tranquillement dans son livre, en ce début de mois d’août – entre deux visite à l’hôpital – aussi désordonné que ce billet.
Elle s’apprête précisément (page 109 / 14 juin 2021) à accepter – sans grand enthousiasme – à aller en Finlande (elle est alors à Stockholm). Il faut dire qu’elle a mal au dos, ne veut pas voyager du coup en voiture…

« Tåg upp till Umeå. Jag vet inte. Jag är så vag och ambivalent och kan aldrig planera något. »

« Prendre le train en montant à Umeå. Je ne sais pas. Je suis si indécise, partagée... je n'arrive jamais à rien planifier. »

Elle n'ira pas; elle ira en fait un peu plus tard. Elle aussi a une partie d'histoire en Finlande. Svensk Finland (Finlande suédoise), mais sans être finlandssvensk. Décidément.


Nils Blanchard


- Ajout d'étiquettes du dernier billet : néopuritanisme, Copenhague, Genève.

- Échec hier (14 août) de la réunion de Genève visant à limiter la production de plastique dans le monde. Victoire, à très très court terme, des producteurs de pétrole…
Quand on pense qu’en France, on nous rebat les oreilles, jusque dans des établissements scolaires, de football (masculin), et des exploits de certains « clubs » financés par des pétrodollars…

Carte (postale) de France / Peintres nordiques début de siècle

Il est arrivé que cette blogueuse de l’ouest de la Suède, Kristin Lagerqvist (Krickelins) soit évoquée ici ou là en ce blog, notamment en l...