On m’embête çà et là, jusqu’à des gens censément très proches, parce que je n’utilise (quasiment) pas de smartphone. Qui plus est, je me tiens à l’écart de toute forme de « réseaux » dits « sociaux ».
En fait (et je vais bien parler de faits), au départ ce qui me gêne dans ces ustensiles, c’est l’anonymat dont ils couvrent certaines personnes.
À vrai dire, l’anonymat… Cela a toujours existé ; je veux dire, des gens usant de pseudonymes, de « noms de plume ». Mais je parle là – pardon d’avance, on m’accusera peut-être de snobisme – de l’anonymat des médiocres, de ces gens qui déversent sans réfléchir la tiédeur de leurs réflexions dans la masse informe de « discussions » et de concours d’anathèmes. Pas mal de siècles après les jeux du cirque, pouces levés et baissés ont été paraît-il, un temps, remis au (dé)goût des jours.
J'aime l’écrit direct, simple – j’espère que mes bavardages sont à peu près compréhensibles… – De là l’évocation, çà et là, d’un Paul Léautaud.
De là, aussi, mon goût pour Laclos. Cette leçon d’écriture de la marquise de Merteuil à Cécile Volanges (lettre CV) :
« Voyez donc à soigner davantage votre style. Vous écrivez toujours comme un enfant. Je vois bien d’où cela vient ; c’est que vous dites tout ce que vous pensez, et rien de ce que vous ne pensez pas. (…) Vous voyez bien que, quand vous écrivez à quelqu’un, c’est pour lui et non pas pour vous : vous devez donc moins chercher à lui dire ce que vous pensez, que ce qui lui plaît davantage. »
Tant il est vrai que certains écrivains peuvent charmer par ce qu'ils dévoilent d'eux-mêmes – Léautaud prônait l’écriture au fil de la plume, la vérité…
J'aime néanmoins les relations simples ; de là une certaine méfiance pour les démocraties trop indirectes, ou compliquées.
Je me refuse aussi à participer à des élections où l’on passe par une « machine » pour s’exprimer et non seulement par un bulletin simplement préparé dans une urne.
Pardon pour cette digression ; elle me vient de ce ticket de ferry pour l’île de Marstrand. Le flashcode y occupe près de deux fois plus d’espace que les quelques lignes d’écriture du billet.
Forme d’écriture cryptée, elle donne ou non droit de passage. On arguera que c’est très pratique ; quelque chose me gêne, là-dedans.
Quelque chose à voir avec ces pièces qu’on posait sur les yeux des morts, à l’intention du passeur ? – On voit que je reste aussi dans la thématique du dernier billet…
Itou me gêne cette nouvelle – annoncée depuis longtemps déjà – de la disparition, cet automne, des carnets de tickets de métro dans le métro (et de bus et tramway) de Paris ; et les tickets à l’unité devraient disparaître aussi dans quelques mois.
Profitera de cette disparition, de ce simple moyen de transport d’honnêtes gens, qu’ils habitassent ou non Paris, ce monde d’étiquettes – à défaut de noms – : on sera j’imagine estampillé « touriste » si on n’a pas la carte de réduction des résidents d’Île de France.
Je ne suis pas un touriste à Paris. Paris est une fête, et le vrai Paris emmerde les étiquettes.
Profitera aussi de cette disparition le « smartphone », ou une carte qu’il faudra recharger et faire biper sur je ne sais quel ustensile, pour rejoindre le troupeau dûment flashcodé et bippé…
J'aime beaucoup les vaches, et j’en reparlerai. Mais je n’ai guère de goût pour les étiquettes qu’on leur met parfois sur les oreilles.
Nils Blanchard
– Ajout : J'évite en ce blog, pour diverses raisons, les opinions politiques, les réactions « à chaud » sur l’actualité… Cependant, le 7 novembre au matin sur France info : interview de Dominique de Villepin.
Dans la lignée de Joe Biden, il a rapproché 2023 et 2003.
2003, c’est la rage revancharde d’un G. Bush, à laquelle s’opposa, avec l’Allemagne (et contre l’ensemble du reste de l’UE) la France, dont le ministre des affaires étrangères était Dominique de Villepin ; il fut alors, quand il s’exprima notamment à la tribune de l’ONU, le vrai ami des Américains, en leur conseillant la bonne voie (en l’occurrence, renoncer au mensonge sur les prétendus sites d’armements irakiens) ; de même, lui – mais il ne représente plus la France – est un vrai ami d’Israël quand il lui conseille de ne pas céder aux sirènes de la revanche aveugle.
J'avais participé au début d'une manifestation en 2003 contre la guerre en Irak, à Lille. Mais j’avais quitté la manifestation caviardée par des pseudo « anti-sionistes » (où était le rapport ?) que j’avais jugé alors, avec raison me semble-t-il, être simplement antisémites.
Étrange souvenir ; étrange écho.
– Triche, je rajoute à ce billet ces étiquettes qui auraient dû figurer au précédent : André Dhôtel, André Lhote, Kerstin Ekman.
NB
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