lundi 8 avril 2024

Bermont – au-delà de la civilisation

Rencontres avec des étrangers, qui parfois peuvent donner l’impression que l’on est très proche du premier inconnu venu. Puis, la plupart du temps, ces rencontres se terminent comme des bulles de savon qui explosent sous la pression du temps, des nécessités.



Ces rencontres fortuites – un regard, une fraction de seconde parfois – n’est-ce pas pourtant aussi, d’une certaine manière ce qui permet d’entrevoir cet autre dhôtelien. Une fissure, un éclair.

Et c’est peut-être, bien modestement, le but que recherchent certains blogs.

Il y en a un, que je fréquentai assez régulièrement pendant les vicissitudes de la pandémie de Covid-19, c’est celui d’un certain Lorenzo, TraMeZziniMag – on en a parlé il n’y a pas très longtemps. Il y est question de Venise. (J’avais caressé l’idée de m’y rendre au moment de la pandémie, traînant derrière moi sans doute quelque sympathie pour Gustav von Aschenbach. Cette idée avait quelque chose de vaguement xénophobe, peut-être, comme une réaction à qui, du fait aussi d’une certaine sottise de rigidité de régime dictatorial, avait répandu sur la terre ce virus qui voulait nous priver du printemps – bref : je me disais que Venise, sans ses nombreux touristes habituels serait plus agréable à visiter.
Bon. Mais j’avais caressé aussi l’idée de louer un studio à La Baule – le masque n’était pas de rigueur pour regarder la mer de sa fenêtre...)



Là (dans TraMezziniMag), un article relativement récent (23 février 2024), non content de s’ouvrir sur une chanson de Georges Moustaki, regrette le temps des lettres de papier (qui n’étaient pas forcément de papier contrairement à moult messages numériques actuels). Ce temps résiste toujours, il est des incorrigibles emmerdeurs qui demandent encore de « jolis timbres » dans les bureaux de poste et refusent de se joindre à une « discussion » sur réseaux sociaux…
Demandez à Héloïse Combes.

L'article de TraMeZziniMag se poursuit en évoquant Tristes tropiques de Claude Lévy-Strauss.

« On peut y observer à la fois les pires choses, les choix les plus imbéciles, les comportements les plus détestables qui à un moment ou à un autre se reproduisent ailleurs. On peut y retrouver des idées, des techniques et des systèmes spécifiques qui peuvent être implantés ailleurs. C'est l'exemple de la protection des eaux que dès le Moyen-Âge la Sérénissime sut mettre en place, celui de la gestion des communications et des infrastructures qui fascina Le Corbusier et inspira l'architecture des villes nouvelles, etc.
(...)
[Citation de Lévy-Strauss :] L'humanité s'installe dans la monoculture, elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. »



À l'heure où certains de nos édiles se sont couchées devant les franges ultra-productivistes de la FNSEA, cette citation ne manque pas d’actualité. Puis – la betterave – la Champagne s’interpénètre pour ainsi dire avec l’Ardenne pouilleuse d’André Dhôtel. Bermont n’est pas très loin (d’où ce titre…), bien qu’elle

« (...) ne soit pas située avec exactitude.
(...) L'architecture bermontoise est très hétérogène, les cités neuves et géométriques alternant avec les vieux quartiers.
(...) [Et tenez, on parlait FNSEA et édiles… Les Soulèvements de la Terre indésirables récemment à un « grand débat » sur l’agriculture et l’environnement… N’est-ce pas comme si vous ne conviiez pas, à un débat autour de la médecine, toute personne ayant fait le serment d’Hippocrate…] Il faut citer le quartier Sainte-Soline [ça ne s’invente pas] aux maisons superposées sur des assises de tuf, la cour des Choules, où les habitants fouillent dans les ordures dans l’espoir de recueillir des nouvelles du Paradis, la torride rue des Freux, près de l’usine à gaz, où les habitants parlent, le soir, d’un domaine immense survolé par un aigle blanc ; enfin, la rue des Aulnes, qui est si tranquille qu’elle semble n’être habitée que par des fantômes. »

Cette citation est de Patrick Reumaux, article « Bermont, ou Berlieu », dans Le Guide de nulle part & d’ailleurs, aux éditions du Fanal ; je la tire (grâce à Roland Frankart) du dernier bulletin de La Route inconnue, déjà évoqué là


Nils Blanchard

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