Un vingt-e-deux septembre au diable vous partîtes,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous…
Georges Brassens (bien évidemment…)
Je pense et fais allusion beaucoup à André Dhôtel, ces derniers temps. Il y a des raisons plus ou moins évidentes et logiques à cela (indépendamment du fait qu’il est un des plus grands écrivains français).
Il y a aussi une tapisserie de hasards, ainsi cet article du 16 septembre dans Alluvions, de Patrick Bléron (en lien à ce blog) : « Cristal noir #4 : De la souillure et du pangolin ». Cela débute ainsi :
« Sainte Catherine de Sienne regrettait vivement le dégoût que lui inspiraient les blessures qu'elle soignait. Pour lutter contre ce sentiment, elle en vint à boire délibérément un bol de pus. »
Aïe, aïe, aïe, aïe… va-t-on entendre à mon humble propos. Ça y est : ce qui devait arrivé arrive : il a cassé un câble… On l’a perdu…
La souillure, pourtant… Quel thème ! C’est qu’il ne faut pas oublier qu’André Dhôtel a écrit une biographie de Saint-Benoît Labre, saint du dix-huitième siècle réputé, outre un certain nomadisme – il a été surnommé le « vagabond de Dieu » (à situer, peut-être, et quand même, du côté du « promeneux » et de l’« homme aux semelles de vent »?) –, pour un vœu de saleté, fait par esprit de mortification. (Et il mourut en odeur de sainteté à trente-cinq ans…)
Nous y sommes…
Ou, à partir d’Alluvions, on tombe sur le blog fonge & florule – découvrons les plantes et les champignons du Berry, de Richard et Yvan Bernaer. Les champignons sont parfois assimilés à des souillures. Le 17 septembre, il y fut question de l’un d’eux, parmi ceux, phares, qui annoncent la fin de l’été :
« Le Polypore soufré : Lætiporus sulphureus (Bulliard : Fries) Murill, en est l’exemple le plus spectaculaire. Le nom générique de ce champignon, issu du latin lætus : gai, témoigne de la joyeuseté de sa couleur (…) »
Bon, là, le lien est plus facile à comprendre, Dhôtel s’étant intéressé, en compagnie parfois de Patrick Reumaux, à la mycologie… Et il se trouve justement que Le vrai mystère des champignons reparaît – c’est donc la saison –, aux éditions Klincksieck où Patrick Reumaux, précisément, s’occupe de la formidable collection De Natura Rerum (et y écrit aussi – voyez L’Artiste en petites choses, 2020).
Et quant au Berry du blog fonge et florule, il peut mener à Héloïse Combes, qui a notamment écrit L’Ensauvagé, livre que je ne peux m’empêcher de considérer comme passablement dhôtélien.
Et Héloïse Combes nous ramène à Brassens, qu’elle aime beaucoup.
Alors, mais les Suédois, là-dedans, d’Estonie ou d’ailleurs… Pas grand rapport me direz-vous ?
Non…
À moins de considérer que certaines évolutions politiques récentes, nationales et internationales, puissent être mises en relation avec cette notion de souillure, que l’on inflige, que l’on subit, que l’on redoute, que l’on attend : telle certaine pollution (nocturne, ou pas).
Carte de Suède.
Nils Blanchard
P.-S. : Bel article sur cette réédition du Vrai mystère des champignons, dans Le Monde du 16 septembre, « André Dhôtel, le nez dans l’humus », de Xavier Houssin. L’auteur y note notamment que si « Dhôtel n’était pas mycologue, (…) en amoureux de l’étrange, il avait saisi la folle, la labyrinthique complexité de ce petit peuple aux drôles de parentés, inclassable (…). Un autre monde est à nos pieds. Il suffit de s’y pencher. »
Et l’article sur Dhôtel jouxte un autre signé De. C., « Le premier roman dada », sur L’Autruche aux yeux clos de Georges Ribemont-Dessaignes. Et de dada on reparlera aussi…
NB
Nils, vous contribuez à ma ruine. J'ai envie d'acheter tous les livres dont vous parlez.
RépondreSupprimerSoit dit en passant, le fils d'Yvan Bernaer, fils lui-même de Richard, se prénomme Niels. Un charmant petit garçon.
Merci, Patrick. On commence à croiser un peu plus de Ni(e)ls ces derniers temps -- en Suède, le prénom est désuet. Il y a aussi un Nils dans "L'Artiste en petites choses" de Patrick Reumaux. Et là (p. 168) c'est "le petit ami de la jeune fille au pair de l'été précédent, un grand échalas de Danois, gentil comme un hareng saur, une catastrophe ambulante"...
RépondreSupprimer