Me voici à nouveau dépassé par les étiquettes de mes derniers billets, d’où celui-ci. Et j’en profite pour évoquer un livre que je viens de terminer, que j’ai lu par hasard complètement. Et dont le titre est un peu problématique.
Je me suis arrêté récemment dans une vieille maison du passé – par hasard, un peu, là encore.
Vieille, intemporelle…
Il y avait là un livre de poche des années soixante, que je me suis mis à livre, puis que j’ai apporté avec moi pour le finir : Les louves, de Boileau-Narcejac (Denoël, 1955), dont les pages ont gardé en elles le parfum de la maison.
C'est que c’est une histoire assez prenante. Un film en a été tiré en 1957 (puis au moins un téléfilm). Toute l’histoire se passe à Lyon ou aux environs, où arrivent – ça se passe pendant l’Occupation – par train deux prisonniers qui se sont échappés d’un stalag.
Le titre donc : Les louves… Sans tomber dans du Me too de prisunic, il est un peu injuste. Il y a trois femmes dans le roman ; on peut imaginer que les trois – ou deux des trois comme sur l’affiche du film ? – se seraient comportées comme des « louves » envers le personnage principal. En fait, les trois personnages féminins deviennent louves successivement, puis ne le sont plus pour les deux premières. Et quant à la troisième, la fin est incertaine.
C'est aussi une histoire d’erreur ; le personnage principal ne cesse, au fond, de se tromper.
Or une seule me paraît réellement malintentionnée. (Et celle-ci – on le devine, ce n’est pas sûr cependant – a prévu depuis le départ de tuer le personnage principal à petits feux…)
Mais le personnage principal, justement, pourrait aussi être intégré dans la meute sauvage : il n’a pas été particulièrement sympathique avec sa première épouse, et il est infâme envers sa fausse sœur Julia, quels que soient les torts de cette dernière.
Bon, bien sûr, on devine que l’homme a eu à souffrir d’une mère peut-être possessive…
Difficile de donner un nom au personnage principal, vu qu’il usurpe – sans penser à mal, il faut le reconnaître, et avec la bénédiction de l’usurpé – l’identité d’un autre.
Au fond, cela ne devrait pas être très important, vu que cette identité, il s’en sert auprès de gens qu’il ne connaît pas au départ.
Il pourrait y avoir un nouveau départ, précisément. Mais c’est qu’on est en temps de guerre, ça complique les choses. Et on est dans un roman policier où une personne au moins – pas toutes les femmes, donc – est foncièrement malintentionnée, même si, à la fin du livre, le personnage principal lui cherche des excuses.
Syndrome de Stockholm ? On est dans des situations successives qui ressemblent à des prises d’otage, claustrations.
(Identité, internement ; de très loin, ça me ramène un peu à Elmar Krusman : cette question non résolue ; pourquoi a-t-il été inscrit au camp de Natzweiler comme Suédois?)
Il y a un autre thème dans le roman, celui de la relation, de la rivalité entre (demi) sœurs. L’une (Agnès) est clairement désignée comme fautive et jalouse de l’autre. Elle termine pourtant somme toute comme victime.
Ça me ramène à divers sujets, ceux notamment de l’amitié, inimitié, auquel je me plais parfois à joindre le mythe d’Osiris.
Dans ce mythe, Seth est désigné d’office comme le frère jaloux ; Osiris le roi spolié. Mais pourquoi Osiris a été roi au commencement ?
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Oscar Reutersvärd - Capture d'écran |
Aussi, les deux évadés d’un stalag du début du roman – l’un meurt vite, par accident, l’autre usurpe l’identité du premier – sont amis. Mais l’amitié du premier (Bernard) est comme possessive. Le second (Gervais) a un caractère plus solitaire et indépendant mais n’arrive pas à se défaire de l’influence de Bernard, le suit malgré lui. Il en arrive même à certains moments à haïr son ami. Ce dernier, pourtant, en agonisant, lui offre tout : son nom, sa fortune, un refuge immédiat (qui n’est pas rien en temps d’occupation quand on est un évadé), sa marraine de guerre envisagée comme une future épouse.
Cette amitié a quelque chose, en somme, de ces « objets impossibles » d’Oscar Reutersvärd, que je connais d’abord par les timbres suédois de mon enfance…
Puis, recherchant de plus près qui était ce peintre, je suis tombé sur une série de dessins érotiques en lien (grand Dieu pourquoi ?) à l’Egypte (voir plus haut). Ça me permet d’une certaine manière une nouvelle fois de retomber sur mes pattes…
Nils Blanchard
Rajout d’étiquettes, donc, du dernier billet : Maurice Carrez, Göte Brunberg, Thierry Maricourt, Helene Schjerfbeck, SVT, Gabrielle Roland Waldén, Gabrielles blogg, François, Alexander Stubb, Alar Karis.
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