J'ai vécu en Finlande – j’en ai peut-être déjà parlé en ces lignes –, y ai partagé le quotidien de diverses personnes, mais comme à un autre rythme ; je n’avais pas les mêmes nécessités qu’eux.
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NB - Hiver à Karis, Finlande |
Comment expliquer cela : même avec des gens très proches dans l’instant, bien des choses furent incommunicables, parce que nous vivions comme dans des dimensions différentes.
Et il y a eu cependant parfois des rencontres. Et il y a eu des êtres exceptionnels. Sofi, Peggy ; d’autres encore.
J'y pensais à la lecture d’un article de Sandra Holmqvist (blog Sandra skriver, en lien de celui-ci) du 11 février. Me débattant moi-même entre diverses priorités (j’ai tendance il est vrai à résoudre les choses de manière un peu simpliste, en les annulant toutes, ou plus exactement en les reportant toutes au dernier moment…), je lis :
« Man säger ju så ibland – ”jag hinner inte skriva/läsa/träna/laga mat” – och allt som oftast påstår jag att det bara handlar om prioriteringar och val att göra något annat än skriva/läsa/träna/laga mat (…) »
« Il est vrai qu’on dit parfois – ”je n’arrive pas à écrire/lire/m’entraîner/faire la cuisine” – et trop souvent je prétends moi-même que c’est une question de priorités si l’on fait autre chose qu’écrire/lire/s’entraîner/faire la cuisine (…) »
Et, un peu plus loin :
« Till och med i mina drömmar är upptagen med att laga läckande toalettstolar, vara på resande fot och avvärja dödsfara.
Det har varit mycket på gång sedan, hmm, oktober. »
« Jusque dans mes rêves je suis débordée, devant réparer des toilettes qui fuient, me préparer pour partir en voyage, me garder de dangers mortels.
Il y a eu beaucoup à faire depuis, disons… octobre. »
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Venny Soldan-Brofeldt, Pêcheurs au filet - Wikipedia |
En ce qui me concerne, qu’est-ce que j’ai eu sur le feu depuis… octobre ? Il y a eu le travail, ce blog bien sûr (diverses recherches plus ou moins liées, écrivains, églises… les séries sur les Norvégiens de Cernay ou Tidö…), de vagues tracas personnels, familiaux… puis tant de projets reportés, cuisant à petit feu dans je ne sais quel marmite de documents amassés, d’à peu près et de plans sur la comète. Problèmes d’yeux par là-dessus…
Et quant aux voyages…
Depuis combien de temps n’ai-je pas été en Suède ?
En Finlande ?
La Finlande, aussi, ce sont ces promenades aux senteurs d’infini, en bordure de champs noirs ou dans des forêts plus ou moins sombres.
Il y a quelque chose de rassurant de penser à cette immensité dans laquelle on peut à loisir – allons, avec un peu de jugeote quand même, histoire de ne pas se perdre corps et biens (eh ! J’ai l’impression de vous servir de cet affreux « avec modération » que les cuistres oignent à toute allusion à quelque boisson alcoolisée) – pratiquer la science subtile de l’égarement chère à André Dhôtel.
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Venny Soldan-Brofeldt - Capture d’écran |
Seulement voilà, la sauvagerie – nue – de la forêt, du dehors, d’un autre dedans, a aussi ses dangers.
Ainsi a-t-on pu lire dans les journaux suédois au début de février qu’un enfant finlandais, dans le sud est de la Finlande, s’était aventuré dans la forêt du côté de la frontière russe, était passé de l’autre côté et… était depuis retenu par les autorités russes.
Bon, après lectures plus approfondies au fil des jours, il semble que l’enfant ait délibérément traversé la frontière ; on parle aussi d’origines ukrainiennes ; on n’y comprend plus rien…
Mais ces histoires de traversées plus ou moins accidentelles de cette frontière sont au cœur d’une partie d’un assez long roman qu’il faut que je trouve le temps de relire.
Et cela devrait-il devenir une de mes priorités ?
Nils Blanchard
Triche ; ajout d’étiquettes du dernier billet : 1941, 1942, Donald Trump, Andrew Jackson, Afrique, Senghor, Henning Mankell.
Mais aussi : un certain Sylvain Courage, sur France info, le 12 mars, dans une séquence « Cartes blanches » des « Informés » (émission que je n’écoute d’habitude pas), où l’un de ses collègues n’a rien trouvé mieux que vendre son propre bouquin – sur le service public ! – « journaliste » je crois au Nouvel Obs, de piétiner la présomption d’innocence, en commentant le procès en cours d’une professeure accusée de harcèlement sur une élève ; on parle de « la question des professeurs toxiques », comme s’il y en avait à tous les coins de classe, je cite : « C’est une minorité de professeurs, mais il y en a dans tous les établissements. » Ah ? Des faits ? Des noms ? Donnez donc le mien, histoire qu’on s’amuse trois secondes !
Et encore : commémorations, en ce moment, à Haguenau par exemple, de la libération de l’Alsace en 1945.
Étrange de voir çà et là – et c’est bien normal – des drapeaux américains, au moment où les temps ont changé, comme on en a déjà parlé ici ou là.
La guerre, particulière ici (mais quelle région, de France, d’Europe, n’a pas eu ses particularités?), est prégnante encore dans les discours, « recherches » (qui n’en ont parfois que le nom). Il arrive que ce soit de manière assez répugnante, comme avec cette vidéo d’anciens SS fièrement (re?)publiée sur un étrange site local.
Jeudi dernier, l’ancien camp de Natzweiler (que j’ai fait visiter) était sous la neige. Plutôt bien, la neige : ça limite le froid, c’est moins désagréable que la pluie. Et une fois que le brouillard (encore…) se dissipe, elle offre des paysages magnifiques.
Elmar Krusman n’est jamais passé par ce camp central, mais a bien été immatriculé au KL Natzweiler. Il est mort au camp annexe de Bisingen, à trois jours près il y a exactement 80 ans, le 13 mars 1945.
Pour en revenir à la libération de l’Alsace. La peintre Geneviève Asse, engagée dans la 1ère DB, y participa. Il y a un texte (et des photos de peintures) très intéressant, de Carine Chichereau, en lien indirect de ce blog (Diacritik, via Alluvions).
Un peu de bleu...
NB
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