dimanche 3 août 2025

Vers le pire ? – Laser, vélos, fermeture de blog et patron

Toute fin de juillet, journée, décidément… Je sors de l’hôpital après être passé entre les mains d’un interne… comment dire, pas particulièrement délicat (et je ne crois pas être spécialement douillet…) Je me retrouve dans les rues de Strasbourg ; œil douloureux et larmoyant – « surlunettes » merci à vous… –, à me faufiler un chemin, un peu flageolant…

NB Autoportrait à la coquille (juin 2025)

Me faufiler un chemin… parmi les vélos (et les voitures, mais elles au moins restent sur leurs voies). Sans mentir : je cherche un endroit réservé aux piétons. Sur telle avenue, on leur laisse un petit chemin au bord de la chaussée, en plein cagnard…
Je fulmine, râle… devant les cyclistes à la queue-leu-leu qui, au mieux, ne voient rien de mon manège, au pire, doivent me prendre pour un fou, un marginal, un inadapté… ce que je suis peut-être après tout…

Je repense à Benoît Duteurtre, encore une fois. Mélanie… (Souvenez-vous, dans En marche!)
Pages 97-102 :

« (…) Mélanie (…) fit avancer son fauteuil vers le trottoir où elle jeta un regard plein de colère. Car le spectacle de cette ville la confortait, jour après jour, dans sa principale certitude : ce monde – comme chacun d’entre nous – avance obstinément vers le pire.
(…) Quant aux cyclistes auxquels on avait accordé tant de privilèges, ils en exigeaient davantage et abandonnaient continuellement la chaussée pour ces mêmes trottoirs où ils se sentaient plus en sécurité. Rapides et silencieux, ils ne semblaient guère s’aviser que leurs engins, déboulant parmi les promeneurs, semaient l’inquiétude. Surgissant à chaque instant, ils filaient à vive allure, slalomaient entre les piétons, faisaient du lèche-vitrine entre les poussettes. Et Mélanie observait avec colère ce mékange d’assurance vertueuse (eux aussi luttaient pour sauver la planète et de mépris pour les autres. »

Mélanie, on en a déjà parlé a pour sport favori de remettre à leur place ces cyclistes. Et :

« Penaud, le coupable s’en retournait vers la chaussée. Mais, dès qu’il enfourchait de nouveau sa selle, il retournait les mœurs de sa caste et dressait un doigt d’honneur en direction de la handicapée, puis disparaissait en quelques tours de pédales, certain qu’elle ne le rattraperait pas. »

NB - Strasbourg, août 2025

Bon, mais aussi, il y avait eu certes quelques fausses alertes, mais cette fois c’est la « bonne » semble-t-il : Thomas Nydahl a fermé son blog !
Désormais, plus rien : il faut être « invité »… ce qui revient à dire semble-t-il que c’est fermé…
Évidemment, il était malade, fatigué… Il écrivait le 18 janvier 2025 (j’avais « copié-collé »…) :

« Det kan gå dagar mellan suckarna. Påstår han själv. Men omgivningen hör hur de kommer allt tätare, som attacker mot tystnaden. Suckarna har blivit hans nya sätt att meddela omvärlden vantrivlseln.
(...)
Tyst men märkbart suckar han sig denom dagarna. Tyngden på hans axlar och smärtan i hans bröst är nu som en synlig rustning som ska skydda honom mot världen. »

« Il peut s'écouler des jours entre les soupirs. Du moins d'après lui. Mais son entourage les entend de plus en plus fréquemment, comme des attaques contre le silence. Ils sont devenus le nouveau moyen d'expression de son malaise. 
(...) 
Silencieux, mais visible, il soupire et pleure au travers des jours. Le poids sur ses épaules, la douleur dans sa poitrine, sont maintenant comme une protection ostentatoire contre le monde. »

Capture d'écran du blog de Thomas Nydahl - Fausse alerte en juin 2023...

Autre fin d’une histoire – fin d’une époque en tout cas : Gammalsvenskby. L’agression russe qui n’en finit pas… On lit sur le site Svenskbyborna, en lien de ce blog, le 28 juillet (Sofia Hoas) :

« Ryska armén fortsätter att beskjuta och bränna det som finns kvar av byn. Drönare släpper sprängämnen och minor.
Det är svårt att hålla kontakt med de 6 personer som är kvar. En person lämnade byn till fots. Han möttes upp och togs till sjukhus för behandling.
De som är kvar uppmanas att omedelbart lämna byn till fots, till en säker plats. »

« L'armée russe continue de prendre pour cible, de brûler ce qu’il reste du village. Les drones larguent explosifs et mines.
Difficile de garder un contact avec les six personnes restantes. Un habitant s’est enfui à pied ; il s’en est tiré et a été soigné à l’hôpital.
Ceux qui restent sont invités à quitter sans délai le village vers des lieux plus sûrs. »

Mollie Faustman - Capture d’écran

Et puisqu’on est dans des thèmes peu réjouissants, on peu ajouter ici ces discours, toujours semblables, qui se répètent comme des disques rayés au fil des années…
Un chef de syndicat des patrons, sur une chaîne de radio d’« informations », explique qu’il faut travailler plus pour produire plus. Il est favorable évidemment à la suppression de jours fériés, reprend l’antienne de l’absentéisme qui serait plus fort dans le secteur public que dans le privé (bien qu’on ait dû lui expliquer moult fois que les choses étaient à y regarder de plus près…)
Le brave garçon n’a jamais entendu parler, semble-t-il, de réchauffement climatique, de baisse drastique de la biodiversité, de la nécessité de baisser l’artificialisation des sols, de cesser l’empoisonnement des gens (pesticides, etc.) C’est apparemment un héritier ; quelqu’un qui consacre sa vie à préserver ce qu’il a reçu de plus que d’autres pour se donner de l’importance, et ce, « quoi qu’il en coûte » (socialement, écologiquement…)
Morbide, oui.

Il est de ces journées…


Nils Blanchard

Vers le pire ? – Laser, vélos, fermeture de blog et patron

Toute fin de juillet, journée, décidément… Je sors de l’hôpital après être passé entre les mains d’un interne… comment dire, pas particulièr...