jeudi 21 août 2025

Divers lieux, passés / de la trahison

La trahison n’est pas un thème qui m’intéresse particulièrement, mais une notion qui revient beaucoup ici et là, sous tels ou tels figure, éclairage… Je ne sais encore trop où j’ai rencontré ce mot tout récemment.

Thorvald Erichsen, Holmsbu, 1916 - Capture d’écran


Et moi-même espère ne pas avoir trop trahi le texte de Martin Fahlén, Le tableau de Savery, en le traduisant. (Martin Fahlén qui évoque entre autres dans son livre Thorvald Erichsen…) J’avais / j’ai la confiance de l’auteur, et même une certaine latitude… Eh, mais je ne vais pas me lancer dans des réflexions étymologiques, on n’en sortirait plus. Plus exactement, on n’irait pas là où je veux qu’on aille cette fois… : en Italie ; à Venise, plus précisément.
En février 2023, le tenancier du site Tramezzinimag parle de « journal retrouvé ». À vrai dire, je ne comprend pas très bien ; il s’agirait de textes écrits avant le confinement…
Toujours est-il qu’on y trouve ce thème de la trahison, du sentiment de trahison au regard de l’éloignement que l’on s’impose – qu’on se voit imposer – de lieux aimés.

« Quelques années plus tard, lui aussi est parti pour éviter de souffrir du départ de tous ceux qui viennent à Venise et semblent vouloir y rester mais finissent toujours par repartir.
Par une sorte de maléfice, moi qui n'ai jamais rien tant souhaité que de poser un jour et à tout jamais mes malles remplies de livres et de souvenirs sur les dalles de la Sérénissime, je trahis sans cesse mon vœu et ma ville, ne réalisant pas l'un et abandonnant l'autre à chaque fois et pleurant de le faire… »

Un peu dur à suivre, n’est-ce pas. Lieu : rattaché à une personne, évidemment ; un amour ? Voire, même – si, si – à un travail. Le lieu où je fus jusqu’à présent le mieux traité par mes employeurs est le Maryland, aux États-Unis ; Bob et Ellen.
J'en garde une sourde nostalgie de la Baie de Chesapeake.

Ponts de la Baie de Chesapeake - Wikipedia

Mais il n’y a pas que les lieux. Je suis de loin en loin, avec un certain détachement (forcément, non, mais ce que je veux dire, c’est que je « lis » / « tourne » (avec ma molette) les pages de ce site très vite, sans tout lire dans le détail), un blog dont il a été question ici, d’une dame, par ailleurs créatrice de mode, entre Varberg et le sud de la France : Krickelins.
Elle a un côté horripilant de consommatrice scandinave un peu mal dégrossie (si on veut « résumer » un « jugement », très hâtif forcément, et de manière en grande partie injuste et faussée bien sûr…) Derrière ça, néanmoins, transparaissent – souvent quand ses articles tournent autour de ses escapades de vacances ou de pause dans sa maison française – des réflexions qui valent qu’on s’y attarde.
Là, justement, le lieu, au fond, est-il si important ? (Bien sûr, quand on parle de lieu, on parle de l’histoire qu’on a avec, de ce qu’on en fait, de l’imaginaire qu’on y disperse, etc.) L’article s’appelle, justement encore : « När livet ser lätt ut – utifrån » (« Quand la vie semble facile – vue du dehors »), le 27 juin 2025. Il se termine de la sorte :

« I morse låg ett tungt tryck över mitt bröst. Trots att solen sken. Trots att jag var i södra Frankrike. Trots att jag kunde ta ett dopp i den svala poolen innan kaffet.
Jag tror att verklig lycka inte sitter i det yttre. Den bor i mammahjärtat – Om barnen mår bra. I om man själv är frisk och stark, både i kropp och själ. Den finns där man jobbar med acceptans och självkärlek. Och när man har människor omkring sig som älskar en, som bär när man själv inte orkar.
Det där går inte att köpa för pengar. »

« Je ressentais ce matin une lourde pression sur ma poitrine. Pourtant le soleil brillait. Pourtant j’étais dans le sud de la France. Pourtant je pouvais piquer une tête dans la piscine fraîche avant le café.
Je pense que le vrai bonheur n’est pas dans l’apparence. Il est dans le cœur de la mère – si l’enfant va bien. Et si l’on est soi-même forte et en bonne santé, de corps et d’esprit. Il est là où l’on travaille dans le respect et l’estime de soi. Puis quand on a des proches qui vous aiment, vous supportent quand on n’en peut plus.
Ça, ça ne s’achète pas. »



Doit-on prendre comme une trahison, quand on exerce comme professeur, tel « jugement »  (pour le moins) hâtif d’« inspecteur » (infoutu m’a-t-on dit de lever son cul de sa chaise pour aller regarder un cahier d’élève – tout aurait dû lui être apporté sur un plateau) ? Sa tentative de détruire, me fait-on lire encore, dans son outrance même, la contradiction apportée par d’autres « observateurs » le montre, relève quelque chose d’étrangement « dérouté » (à défaut d’être déroutant : je subodore d’autres causes « profondes » de la chose, jalousie, vengeance...)
Déroute, tra-duction, tradition et trahison… On en revient à des jeux d’étymologie déjà évoquées dans ces lignes.
(Bon, mais on me dira – de quoi se plaindrait un tel professeur ? – j’écrivais quelque part dans ce blog qu’un mauvais rapport d’inspection était un honneur…)

Face à cela, telle connaissance s’étonnait récemment que je lui eusse dit que je partirais du jour au lendemain s’il m’en prenait l’envie de mon emploi actuel, si besoin était par abandon de poste (on vous méprise beaucoup, dans certaines sphères administratives de l’Éducation nationale, mais on fait tout, en même temps, pour vous retenir – il est vrai que la situation (chute des vocations, départs…) devient inquiétante. On vous répète, par exemple, que vous n’aurez, en cas de démission, non seulement pas la moindre indemnité – à moins de faire partie d’un groupe de chanceux dont les algorithmes du coup de bol semblent pour tout le monde un fabuleux hasard – mais pas de droit non plus au chômage. On vous laisse entrevoir des complications paperassières digne d’un conte de Kafka…)

Mais c’est que, comme disait Krickelins (« Där man jobbar med acceptans och självkärlek » – « Où l’on travaille dans le respect et l’estime de soi »)…
Cette estime de soi, il semblerait que certains paperassiers ne soient occupés qu'à la brider chez autrui.


Nils Blanchard

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