vendredi 29 décembre 2023

Miscellanées, Auvergne et autres blogs, et chats, et neige, 5

L'hiver, donc.
Attention, Kafka n’est pas très loin.
« Écrire doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. » 

NB - Auvergne, printemps 2023

Mais c’était de Marie-Hélène Lafon dont on parlait au début de cette série de billets plus ou moins à partir de l'Auvergne ; j'ai lu récemment Le roman du fils (Buchet/Chastel, Libella, 2020).
M'y a touché un détail, vers la fin (je trouve que c’est là que le roman devient intéressant, quand il ne parle plus du fils, mais de la mère comme indigne, Gabrielle, qui préfère Paris – simplement Paris, apparemment – à… tout le reste.
Il est question d’un de ses voisins d’immeuble (pages 158-159) ; le récit se fait via une concierge :

« (...) l'hiver dernier, heureusement qu’il avait fait très froid à ce moment-là, le locataire était mort depuis trois jours, dans son lit, quand elle l’avait trouvé, son chat aussi était mort, elle ne disait pas crevé, et depuis plus longtemps que ça, il l’avait arrangé comme une momie (…) comment imaginer ça, un homme qui présentait si bien et avait monté ses cinq étages jusqu’au dernier jour. On frôlait des précipices glacés de solitude. »

Peut-être. Pas forcément… Ça sonne un peu faux.

Mais, bon. Ça m’a ramené à autre chose.

Une certaine sauvagerie-solitude, dans une grande ville. L’anonymat de Paris n’est pas si isolant toujours ; il peut être protecteur, disait-on là...

Ça ramène à autre chose, donc, une des rares personnes qui rapprochent les thématiques de ce blog : Thierry Maricourt. J’en reparlerai plus longuement. Un de ses recueils de poèmes, Miel de neige (La Passe du vent), est préfacé par Jean-Claude Pirotte. Un de ses récits, L’Excuse de la vie / L’Arbre, le doute (Syllepse), par Pierre Drachline. Or tous deux ont été membres d’honneur de l’Association des amis… d’André Dhôtel. Et par ailleurs, Thierry Maricourt anime un site formidable sur la culture des pays nordiques. C'est là, mais je n’arrive toujours pas à le mettre parmi la liste des sites en lien permanent au mien. Ces listes en lien, vous savez, c’est à droite, en haut, sur ce blog… Trop à droite pour lui ?


Or Thierry Maricourt peint très bien cette « sauvagerie solitude », dans Le chevreuil (SCUP, 2018), pages 255-256 :

« Il ne se lie pas, bien que son allure, cheveux blanc et visage radieux, incite à lui sourire aimablement. Les villes sont peut-être peuplées d’innombrables individus à son image, éjectés du cours tumultueux de l’Histoire pour une quelconque raison, qui ont trouvé une cachette où se réfugier, des moyens de subsistance à la limite de la légalité, et qui survivent sans attirer l’attention sur eux.
Parfaitement intégrés, apparemment, dans le paysage social, on ne les retrouve qu’après leur mort, lorsque les voisins se plaignent de l’odeur infecte qu émane d’un appartement (…) On les retrouve (…) un chat maigre et momifié à leurs pieds. »

C'est l’auteur lui-même qui m’a envoyé ce beau livre, après avoir été le premier à écrire sur mon Elmar Krusman ; les deux livres avaient en commun la Seconde Guerre mondiale.

Couverture: Jean-Félix Annic

Un peu solitaire-sauvage moi-même ?
Si j'avais un peu plus de temps... La tentation d'Argos... Me retirer dans l'un de ces lieux à cent lieues de tout ou presque.
Peut-être le nord de la Suède de Gabrielle (tiens…) Björnstrand (blog Gabis annex, 11/12/2023) :

« Enorma mängder snö. Och ingen vind. Snön ligger kvar i träden och skapar en skulpturpark utanför mitt fönster. Jag har varit ute i stort sett varje dag med sparken (…) Och så åkte vi till kyrkan i lördags, jag och grannarna. Julpsalmer med kören och allsång och glögg. En gitarrist sjöng solo. Bra stämning, mycket barn. Alla var där.
Mitt liv här uppe är mycket enkelt och naturnära, med P2 som i stort sett enda dagliga underhållning. (…) »

« Énormes quantités de neige. [On a déjà cité ce blog, en lien de celui-ci (à droite, à droite…) Sa tenancière vit très au nord de la Suède.] Et pas de vent. La neige reste sur les branches et ça crée un parc de sculptures, devant ma fenêtre. J’ai été dehors à peu près chaque jour avec le spark*(…) Puis nous sommes allés à l’église le samedi, avec les voisins. Chants de Noël avec chœurs et tous chantant, et vin chaud. Un solo de guitare. Bonne ambiance, beaucoup d’enfants. Tout le monde était là.
Ma vie là haut est très simple et proche de la nature, avec P2** comme à peu près la seule distraction. (…) »

* Vous souvenez-vous ? On a déjà évoqué cet objet, sorte d’hydre de luge et de déambulateur.

** Une des radios nationales suédoises. (Programme n° 2.)

Mais gare, là, à ne pas se trouver dépendant du RSA, en ces jours étranges où des députés de droite ont fait passer un projet de loi à l’Assemblée pour obliger les chômeurs de longue durée à se prévaloir de recherches actives, formations, que sais-je…

NB - Auvergne, printemps 2023

Une chose est sûre : cette droite-là n’est pas gaulliste. « Imaginerait-on le général de Gaulle »… comme dit l’autre… fliquer ainsi des gens en difficulté ? D’abord, de Gaulle était chrétien. Puis il avait un certain sens de l’honneur. Ah, mais… ce terme risque de n’être pas compris par certains. De ma part : snobisme… intellectualisme?


Nils Blanchard

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