mercredi 3 janvier 2024

Paix, nouvelle année – peinture norvégienne

J'ai reçu le nouveau livre de Martin Fahlén , et j’en parle ici tout de suite parce qu’il prend un caractère particulier, en ces temps de guerre, en Ukraine, en Palestine ; en ces temps aussi de résolues remises en causes de l’état de droit, avec la montée des extrêmes dans bien des lieux. Son titre, en effet : Sädeskorn för freden. Je traduirais ça : Semailles pour la paix.



Mais mot à mot, il s’agit de grains, de céréales. Les choses, comme bien souvent, sont un peu plus compliquées qu’il n’y pourrait paraître. Le sous-titre annonce : « En bok om Arnold Raestad ». Bien, et voilà ce qu’on apprend sur la quatrième de couverture :

« Le titre de ce livre, Sädeskorn för freden vient d’un poème qu’Arnold Raestad a écrit dans sa jeunesse. Juriste norvégien, artisan de la paix, il est passé progressivement, après la séparation de la Norvège d’avec la Suède, du nationalisme à la citoyenneté mondiale, avec le souci de protéger l’existence des plus petits États. Ce livre donne une image de cette évolution, à travers lettres et journaux intimes. Polyglotte actif, impliqué en profondeur dans les affaires étrangères, l’économie, le droit civil, la radio, l’aviation, la pêche à la baleine, la littérature classique, le problème Quisling*, les sciences et l’art, il a été autant acclamé que controversé. Après sa thèse sur les frontières maritimes de la Norvège, il s’est impliqué dans la législation concernant Svalbard, ce qui a fait de lui, peu de temps, un ministre des affaires étrangères dans les années 1920. Puis comme chef de la radio nationale norvégienne (NRK) dans les années trente, il a vite été tôt une voix qui a averti contre les risques d’une politique de neutralité face à Hitler. Son épouse Märta et lui furent de la fuite épique en Norvège, pendant la Seconde Guerre mondiale**, avec le gouvernement en exil et le roi Haakon VII. Il devint alors directeur de la banque de Norvège au moment où il s’agissait de sauver les réserves d’or du pays. Conseiller des plus proches de Tryggve Lie*** pendant le conflit, il émit des idées pour une alliance atlantique et participa à la délégation norvégienne à San Francisco pour la création de l’ONU. »



* Vidkun Quisling (1987–1945), dès l’invasion allemande en Norvège, essaie une première fois de prendre le pouvoir (avril 1940) puis devient « ministre-président » à la solde des nazis à partir de février 1942, jusqu’à la fin de la guerre. Il a été d’autant plus zélé qu’il a peiné à se faire reconnaître non seulement de la population mais aussi des occupants allemands. Arnold Raestad a écrit un ouvrage en anglais à son propos, qui n’a pas été publié.

** Le tableau de Savery (cf page de ce blog, en haut à droite) a pour titre original Märtas tavla, mot à mot Le tableau de Märta ; les aléas de la guerre, qui concernèrent en effet le tableau, y sont relatées.

*** Tryggve Lie (1896–1968) fut Secrétaire général de l’ONU de 1946 à 1952.


Hugo Lous Mohr, capture d'écran

Aussi, le titre de ce livre me rappelle étrangement Si le grain ne meurt d’André Gide, dont il a été question, en ce blog, à cet endroit. Aucun rapport a priori. Mais allons, on ne sait jamais.
Quant au peintre auteur du portrait de couverture, Hugo Lous Mohr (1889-1970), il fait partie de ces artistes norvégiens qui sont un thème non négligeable qui apparaît dans Le tableau de Savery
Et lui peut nous ramener parfois à des vues guère éloignées du Bohuslän.

On le trouve notamment au Musée National norvégien.

Et il est passé, comme beaucoup de cette génération de peintres norvégiens, par Paris.
Comme Harriet Backer, qui est l’objet d’une exposition en ce moment à Oslo.

Bonne année !


Nils Blanchard


Triche : je rajoute des étiquettes que je n'eus le temps de mettre au dernier billet : Voyage dans les lettres nordiques, Jean-Félix Annic.

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