J’ai parlé de la « tentation de la Laponie ». D’aucuns ont connu – « connu », vraiment ? – la tentation de Venise. Là, certaine tentation d’Ithaque.
NB - Auvergne, printemps 2023 |
Ça peut ne pas être si loin. Colmar (même si l’Alsace, comme l’Allemagne, m’a souvent paru être une région très difficile à traverser ; embouteillages, trains en retard ou supprimés, que sais-je…), par exemple pour moi, là à peu près où se situent les différents domaines de Claudie Hunzinger. Elle était à l’émission d’Alain Finkielkraut ; j'avais dit que j’en reparlerais.
Ah, aussi, récemment, chez des amis, à Reichshoffen – pas loin, encore –, un chien. Très beau ; assez jeune, lui ; nom d’un général romain victorieux.
Claudie Hunzinger, donc, de se « retirer » dans son domaine un peu hors de tout si l’on comprend bien.
« Affût », non pour chasser mais surprendre, observer… partager les autres vies, autres temps de diverses bêtes, les cerfs, entre autres.
Cet affût n’est pas très loin peut-être de l’attente dhôtelienne. Patrick Reumaux, (Maison noire, page 184) :
« Le soir, Dhôtel, qui avait acheté un baraquement en bois à la SNCF et l’avait perché dans ce hameau, au bord d’un précipice, s’asseyait sur le seuil et regardait, plus loin que les blés, la lisière. Que voyait-il ? Je ne sais pas. Personne ne l’a su. Ne le saura jamais. Mais il m’a souvent dit : “N’oubliez pas de regarder les franges, les lisières. Souvenez-vous de Rimbaud, les claires-voies.” Il fumait, assis sur le seuil et il attendait. »
(Du reste, à Reichshoffen, il y a une « tour des Suédois », vestige du passage des armées de Gustave Horn en 1633… Pas des souvenirs des plus glorieux ; mais dont on reparlera bientôt.)
Or donc, ce chien d’amis ; général d’armée victorieux. On ne sort pas d’une certaine Antiquité.
Je disais régulièrement à mon ami de marche, sur les plateaux d’Auvergne, que tel chemin ressemblait à une voie romaine. Et certains devaient en être.
NB - Auvergne, printemps 2023 |
Mais justement, ce chien, Argos… Nous l’avons croisé à l’entrée d’un hameau apparemment désert (et magnifique). Vieil et digne animal, il est venu se faire caresser en remuant lentement la queue.
S'installer là, poser ses bagages ?
Mais c’est que j’étais plutôt dans l’esprit de Kristin Lagerqvist, fin mai sur son blog :
« Jag har funderat lite på det där – om hur rörelse hjälper människan att hålla sig vid liv, både fysiskt och mentalt.
(...)
De senaste veckorna har jag (…) fått en otrolig craving på att vandra i naturen – jag vill bara (…) packa ryggan och ta mig ut. Både i skog, på fjäll och vid hav. Det finns så mycket att upptäcka! »
« J'y ai réfléchi un peu : comment être en mouvement peut maintenir en vie, autant physiquement que mentalement.
(...)
Ces dernières semaines (…), j’ai eu une terrible envie de me balader dans la nature – j’ai simplement envie (…) de faire mon sac et me mettre en vadrouille. En forêt, en montagne, ou à la mer. Il y a tant à découvrir ! »
N'allez pas croire qu’il s’agirait dans mon cas de bougeotte antidhôtelienne… Les choses sont plus compliquées. D’ailleurs, Georges Borgeaud, dans un article de la Gazette littéraire de Lausanne, de décembre 1955, sur Le pays où l’on n’arrive jamais, parle à propos de Dhôtel de « tentation du nomadisme ».
Nils Blanchard
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