lundi 27 novembre 2023

Des requins aux bains de mer / Peintres suédois

Je reprends le fil de billets déjà (...) un peu anciens.  Icilà...
Quant aux bains de mer, on y revient, toujours avec Kristin Lagerkvist qui en parle régulièrement dans son blog, à toutes saisons… Ou avec deux autres blogs d’intérêt récemment découverts : Julia Eriksson et Ulrika Nettelblad – en som skriver.

Gerda Roosval-Kallstenius - Capture d'écran

La première écrit le 7 novembre, au début d’un long article intitulé : « Novembers djupa andetag » – « La profonde inspiration de novembre » :

« Kalendern visar november. Årets elfte månad, den långa och gråa, men också det djupa andetaget innan. Före högtider och glitter, decembers hysteri.
(...)
En fördel med det stilla, gråa är det ännu inte blivit för kallt för att ses på bryggan på onsdagsmorgnarna för ett dopp. Kylan biter förvisso hårdare och stunden i vattnet blir kortare, men ruset efteråt finns fortfarande där. När kroppen skjutsar runt blodet och det liksom pirrar i bröstkorgen av energi och extas. »

« Novembre au calendrier. Le onzième mois, long et gris, mais aussi la profonde inspiration avant la suite. Avant les fêtes et les lumières, l’hystérie de décembre.
(...)
Un avantage avec ce calme, ce gris, est qu’il ne fait pas encore trop froid pour qu’on ne puisse se retrouver au ponton les mercredis matins pour un petit plongeon. Il fait froid cependant et le bain en est raccourci, mais l’ivresse, après, est bien là. Quand le corps propulse le sang en lui et qu’il y a comme ce picotement dans la cage thoracique – énergie et extase. »

Anders Zorn - Capture d'écran

Cela est entremêlé de photos de Stockholm, du bain, où je retrouve mes lumières et ambiances de cette ville – à l’époque, Anne-Marie Berglund vivait toujours (souvent à Stockholm) et je l’ignorais totalement (on en reparlera…) J’avais d’autres chats à fouetter il est vrai.

Plus loin, elle affiche sa lecture d’Isabelle Ståhl (qui faillit remporter le prix du journal de Borås en 2018 ; et Wera von Essen l’a remporté en 2019…), un roman intitulé Eden. Or j’ai eu beaucoup affaire à la notion de paradis au cours de recherches et lectures récentes ; quelque chose qui me poursuit, sur quoi je n’arrive pas à mettre précisément le doigt.

Birger Simonson (école des coloristes de Göteborg) - Capture d'écran

La seconde écrit d’Åland – photos en noir et blanc ; textes prisés ; et on en reparlera… ; dans un article du 27 septembre, on lit :

« En septemberkväll packar vi (…), åker till stranden och har vårt lördagsmys där. Det är indiansommar. Kvällen är ljum, men den kommer att svalna snart. Snart skymmer det. Vi simmar i havet. Säsongens sista bad. Jag har känt obehag för kallt vatten så länge nu, trots att jag förr älskade att bada. Som om stress och sorg tunnat ut huden. Som om minsta obehag, minsta motstånd inte gått att genomleva för belöningen som kommer strax därefter.
Men nu simmar jag mot vågorna, det doftar salt mot mitt ansikte, jag sänker mig under ytan, allt är svalt. »

« Un après-midi de septembre, on a fait nos sacs (…), puis on est allé à la plage pour notre détente du samedi. C’est l’été indien. La soirée est douce, mais il va bientôt faire plus frais. La nuit va commencer de tomber. Nous nageons dans la mer. Le dernier bain de la saison. Ça fait si longtemps que je n’aime plus l’eau froide, lors que j’adorais autrefois me baigner. Impression que le stress, la peine, s’exhalent de la peau. Comme si le moindre désagrément, la moindre contrariété ne pourraient survivre à la récompense, juste après.
Or maintenant je nage vers les vagues ; ça sent le sel sur mon visage ; je me laisse aller en profondeur, tout est fraîcheur. »

Fraîcheur, froid… Mais en même temps, quel plaisir d’entrer dans l’eau d’huile, noire d’un fjord et rencontrer quelque pingouin, plongeon… (je n’ai pu déterminer, cette fois-là, l’espèce exacte). Entrer comme en un autre monde, comme entrer dans une autre lumière.

Ivar Kamke - Capture d'écran

Henri Thomas – que l’on rerouve bien sûr dans l’article de Bernard Baillaud sur 84, dans La Revue des revues – avait un grand goût pour les bains de mer. Cela se passait en Corse, en Bretagne… Il y avait les bains de sa « vie  réelle », ceux de ses romans. Ainsi dans La vie ensemble (Gallimard, 1945), il se baigne à plusieurs reprises – enfin, Souvrault – et notamment du côté de Porquerolles, vers la fin de ce roman riche et étrange ; une sorte de Paris-Méditerranée de guerre, sans guerre, ou…

Pendant l’Occupation, il fut privé de plage par le blocage des côtes par les Allemands. Se souvenait-on de ce genre de détail ? Où le diable se glisse…
Et voilà : retour à l’enfer ; du coup, retour au paradis.


Nils Blanchard


P..-S. : - Je parlais de feuilleton sur France Culture. En ce moment : Un ennemi du peuple, d’Ibsen.
C'est le soir à 20h30, en semaine.

- En lien de lien de ce blog, via Alluvions, le site de Jérôme Leroy: Feu sur le quartier général... Là, un très court texte, avec une photographie qui parlera aux promeneurs... Il y est question, entre autres, d'André Dhôtel, Jean-Claude Pirotte... Que demande le peuple?

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