Un des intérêts (ou… l’intérêt?) d’internet est d’avoir accès, bien sûr, facilement à des nouvelles, des réclames, presque des quotidiens (pas les journaux spécialement ; les gens ne les lisent plus paraît-il) du monde entier.
En l’occurrence, via les liens de ce blog, on tombe sur une réclame (sur le site de la SOV) pour une journée au musée de l’histoire de la marine, à Stockholm, consacrée aux pays baltes, via un partage culturel sur le thème de Noël. C’est ce 2 décembre…
On entre dans décembre bien sûr ; besoin d’un peu de scintillements rêveurs pour se réconforter face au froid qui s’installe, à l’obscurité… En France, qui plus est, les 2 décembre sont de fichue mémoire.
Bon, mais à Stockholm, l’hiver, le Mälar est vaguement pris dans les glaces, dans lesquelles les lumières s’en donnent à cœur joie. Il y a une étrange sensation d’espace, de possible.
NB - Stockholm en hiver |
On a accès – je reviens à internet – aussi à des événements moins sereins, pour le moins. Le site en lien de ce blog, récemment ajouté, « Föreningen Svenskbyborna » (sur Gammalsvenskby), fait régulièrement le point sur la situation face à la guerre, dans ce village d’origine esto-suédoise dont on a déjà plusieurs fois parlé en ce blog. Là (on est près de Kherson), on a connu des jours meilleurs. Un rapport du 22 novembre dernier, de Sofia Hoas, s’intitulait : « Värsta dagen någonsin » / « Le pire jour jusqu’à présent ». Le 25 novembre, on lisait (toujours de Sofia Hoas) :
« Rapport från Gammalsvenskby.
Vädret är nu kallare i byn och det har kommit lite snö. Ryska armén fortsätter sina terrorbombningar med artilleri, tunga glidbomber och drönare. Senaste dagarna har även brandbomber använts, som gjort att bostadshus har brunnit ner.
(...) »
« Rapport de Gammalsvenskby.
Le temps est plus froid maintenant et il a neigé un peu. L’armée russe poursuit ses bombardements de terreur via l’artillerie, des planeurs et des drones. Ces derniers jours, il y a eu aussi des bombes explosives, qui ont entraîné des incendies de maisons.
(...) »
Gammalsvenskby était une survivance, à l’histoire mouvementée (ce « retour » d’une partie de la population en Suède, puis la décision d’une partie d’entre eux de repartir vers l’Ukraine…)
Gammalsvenskby, évidemment, aujourd’hui, c’est une fenêtre vers cette autre réalité, celle de cette guerre.
Le 28 novembre, c’est la maison communale qui a été mise en miettes par un bombardement.
Quoi qu’il en soit, derrière cette autre réalité de la guerre, des guerres, pointe, souvent, la situation des minorités, plus ou moins acceptées, plus ou moins intégrées peut-être, plus ou moins fantasmées. (Je ne parle pas là de « wokisme »...) La première de ces minorités est la juive bien sûr. Je l’avais en tête – cela apparaît un peu dans mon livre – quand je travaillais sur l’histoire des Esto-Suédois pour présenter l’environnement d’Elmar Krusman.
Et je suis retombé sur un article (relativement) ancien de Thomas Nydahl, du 31 octobre 2022) ; il est introduit par cette citation d’Imre Kertész, traduit par Ervin Rosenberg :
« Jag lever i en frivilligt vald och accepterad minoritetssituation, jag skulle lika gärna kunna kalla den: världsminoritetssituation, och om jag ville ge en mer exakt definition av denna minoritetssituation skulle jag inte använda rasmässiga eller etniska begrepp och inte heller religiösa eller språkliga. Min accepterade minoritetssituation skulle jag definiera som en andlig livsform som har sin grund i den negativa erfarenheten. »
« Je vis dans une situation minoritaire volontairement choisie et acceptée ; je pourrais l’appeler aussi bien : situation de minorité au monde. Et si je voulais en donner une définition plus exacte, je n’utiliserais pas des notions de race ou d’ethnie, pas plus que de religion ou de langue. Ma situation minoritaire acceptée, je la définirais comme un mode de vie et de pensée ayant ses racines dans l’expérience négative. »
On en reparlera, vraisemblablement.
Bon, mais pour en revenir à ma modeste personne, j’ai ressenti çà et là par le passé quelque chose qui approche peut-être de la « situation minoritaire », mais elle n’avait pas de racine négative. Au contraire, dans un sens, cela partait de voyage, d’imprégnation dans divers pays, Finlande, États-Unis, Suède principalement, voire Allemagne, Royaume-Uni ; çà et là en France tout aussi bien.
Je faisais partie de la minorité des voyageurs, des gens qui se posent à un endroit sans savoir nécessairement combien de temps va durer leur séjour, qui envisagent, vaguement, plus ou moins précisément parfois en fonction de rencontres, d’amours, de s’installer plus longuement.
Et dans un sens, je n’ai jamais vraiment posé mes valises.
NB - Stockholm en hiver |
Nils Blanchard
Triche : J'évoquai Henrik Ibsen, L'ennemi du peuple au dernier post-scriptum, mais que je ne pus placer dans les étiquettes. Aussi: André Dhôtel, Jean-Claude Pirotte.
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