lundi 5 décembre 2022

1922, un livre de gravures d’Anders Zorn

C'est un livre allemand, édité à Dresde. Après la traversée de l’Allemagne… Traversée d’un siècle, en quelque sorte.


Dresde, alors, était à vingt-trois ans de ce bombardement particulièrement meurtrier… Là n’est pas la question.
Elmar Krusman avait un an, et mourrait vingt-trois ans plus tard.
Là n’est pas la question non plus. Ou… tout est question…
Mon grand-père en avait vingt-sept.
Ce livre est de de ceux qui restent de sa bibliothèque en Suède. Un livre bleu. À peine plus tout à fait neuf.




Axel Romdahl, lui, on lit sur Wikipedia qu’il était un historien de l’art, directeur de musée… Qu’il avait aimé Göteborg…
Bon. Mais, Anders Zorn, qu’on connaît bien, entre autres, pour ses paysages de bords de mer, ses filles qui se baignent – archipel du Bohuslän ? De Stockholm ?

Allez…





Anders Zorn a été en Estonie, aussi. Comme l’explique Felicia Markus, dans son livre sur les Esto-Suédois (Living on Another Shore – Early Scandinavian Settlement on the North-Western Estonian Coast, Université d’Uppsala, 2004), il avait accompagné en 1905 Albert Engström et Axel Gallén – en fait Akseli Gallen-Kallela…, à propos duquel on a évoqué (bien rapidement…) une exposition [c'est ici...] à Paris récemment… – en Finlande et en Estonie…

« Ils firent une étape dans la lointaine et petite île d’Odensholm (…) là, ils rencontrèrent une étrange communauté, qui vivaient d’une manière assez primitive, et qui parlaient suédois bien qu’ils appartinssent à la province russe d’Estonie. »

On reparlera de cette visite du point de vue d’Engström (et, je l’ai peut-être déjà dit quelque part, il faudra aussi reparler de cette petite île d’Odensholm, du point de vue, entre autres, d’un soldat alsacien de la Wehrmacht, qui y a été stationné quelques mois…)
Un extrait de son récit (tiré d’un article sur cette équipée dans le Kustbon de septembre 1993. Je me trouvais quant à moi alors en Finlande, totalement ignorant de l’existence des Esto-Suédois juste de l’autre côté du golfe…) :

« Efter några få timmars sömn gingo vi i land igen för att dra ut kvadratroten ur Odensholm. Och det blev en fest for oss – kanske mest för Zorn. Han kände sig förenad med öborna genom något mystiskt blodsband. Han beundrade deras stolta hållning och rättframhet. Hos dem fanns ingen slavkänsla, sade han, och ändå hade de varit ryssar så länge. »

« Après quelques heures de sommeil, nous sommes retournés à terre pour prendre les dimensions d’Odensholm. Et ça a été pour nous une fête – particulièrement pour Zorn. Il se sentait lié aux habitants d’une sorte de mystique communauté de sang. Il admirait leur maintien altier et leur franc-parler. Nulle trace de sentiment esclave, chez eux, disait-il ; lors qu’ils avaient été russes si longtemps ! »


Nils Blanchard


N.-B.: Je ne suis pas le seul à avoir mêlé Christian Bobin aux anges ; c’est aussi ce qu’a fait Frédérique Roussel, le 25 novembre dans Libération, intitulant son article : Christian Bobin aux anges.

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