Ou de la phobie administrative... (Di)vaguant sur des blogs en liens d’Alluvions, je constate que Jean-Jacques Birgé parle lui aussi de Kafka, le 8 décembre (ici même), et même du Château.
J’ai évoqué moi aussi dans ce blog ce roman, à quelques occasions, notamment
dans de rares et brumeuses occurrences où je fais référence à quelque (plus ou
moins) haut fonctionnaire à qui je n’eus pas affaire.
Et je voulais justement mettre en relief ces deux citations du Château (pages
242 et 245 de l’édition en livre de poche ci-dessus…) Il est questions de lettres
du redouté Klamm à K, sans doute en réponse de requête de K à Klamm… on
s’y perd. Mais au moins ce sont des lettres :
« Même si ce sont de vieilles lettres sans valeur, tirées au hasard d’un tas de
lettres également dénuées de valeur, au hasard et avec autant de cervelle qu’il
en faut aux canaris des fêtes foraines pour choisir du bec dans un tas la
destinée du premier venu (…) »
(Au moins ces canaris, me dira-t-on, ne sont-ils pas devant les élèves.)
« Sortini [l’un des fonctionnaires] est censé s’occuper notamment de la lutte
contre les incendies, mais peut-être se contentait-il de représenter quelqu’un –
la plupart des fonctionnaires se représentent mutuellement, ce qui rend difficile
de repérer les attributions de chacun (…) »
Ah, en ce qui me concerne, une lettre que j'ai reçue, si... « Pour le Machin et
par délégation, La Responsable de la division truc »; elle ne signe pas. Un autre
"signataire" est ajouté : « Pour le machin [sic, pas de majuscule, cette fois] et
par délégation, l’adjoint à la cheffe de division truc »… Est-ce que l’un
d’eux a seulement lu ce qu’il n’a pas écrit ?
Sont-ils, au fond, responsables de la lutte contre les incendies, notamment ?
Bon, mais dans le livre bleu, de 1922 – c’est en 1922 que Kafka, ai-je cru
comprendre, se met au Château – dont je parlais à mon dernier billet, il y a cette
gravure d’August Strindberg par Anders Zorn.
Or j’ai trouvé un article (via le site Cairn.info) dans les Études germaniques n°
272, de 2013, de Björn Meidal, intitulé « Strindberg en Suède et dans le
monde ». J’y reviendrai… Mais pour l’heure, ce passage (pages 712-713) :
« Les linguistes suédois datent la naissance de la langue suédoise écrite
moderne du roman de Strindberg La Chambre rouge (1879). Sa prose, toutefois,
avec son style immanquablement reconnaissable pour ses compatriotes, n’a
pas, à l’instar de son œuvre dramatique, conquis le monde. Pas encore, du
moins, serait-il prudent d’ajouter. (…) Elle a malgré tout eu des répercussions
importantes sur la littérature allemande en particulier. Franz Kafka en est
l’exemple le plus intéressant.
Les universitaires ont constaté que la technique narrative représentative de
Kafka, où tout est vu du point de vue du héros, ou plutôt, de l’anti-héros, en
dépit du fait que l’histoire est racontée à la troisième personne, (…) a un lien
très fort avec le roman de Strindberg Au bord de la vaste mer. »
(Et on pourra s’amuser un jour à comparer les chambres rouge de Strindberg et
bleue de Simenon…)
Bon… Mais moi, au billet du 2 décembre -- et, les 2 décembre... --,
arrivant sur l’île de Fehmarn dans la nuit, cet automne, j’étais un peu
entre Strindberg et Kafka, pourrait-on dire : Au bord de la vaste mer mais –
c’est le début du Château (traduction d’Axel Nesme) :
« Il était tard dans la soirée lorsque K. arriva. Une neige épaisse recouvrait le
village. La colline du château était invisible (…) »
Bon… Il est vrai… Qu’est-il venu foutre là ?
Nils Blanchard
P.-S., triche. Pas pu ajouter, la dernière fois, les étiquettes de Libération et de
Frédérique Roussel. Il était question d'anges.
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