En Allemagne, je m’étais arrêté pour dormir, tout au Nord. À Strukkamp, au sud de l’île de Fehmarn, dont j’atteignis l’adresse de mon auberge grâce au GPS. Nuit noire ; peu de lumières.
L’image : troisième de couverture du magnifique roman (et on y reviendra)
David, d’André Dhôtel. Éditions : L’Arbre vengeur. Au premier billet sur
cette traversée de l’Allemagne, avait été évoqué Le musée noir de
Mandiargues...
Or, l’Allemagne ; tout là-haut.
Nuit noire donc, un de ces endroits peut-être où l’on a la bonne idée
d’utiliser parcimonieusement l’éclairage – pour voir les étoiles ?
(Voir, vaguement à ce sujet, l’article du blog « Le SauteRhin », du
20 novembre.)
Passage d’un lièvre devant ma voiture au pas.
Dîné dans un restaurant désert, à deux kilomètres de là, près d’un
camping où ce n’est pas un lièvre qui a surgi devant mes phares,
mais un garçon à vélo comme sorti de nulle part, faisant des tours
sur l’asphalte invisible. Près de la mer, qu’on ne voyait pour ainsi
dire pas.
Qu’on devinait, partout, jusque dans l’ambiance estivale du restaurant.
Pour peu, il y aurait eu encore des traînées de sable par terre.
Réminiscences d’autres vies. Là, très proches, et comme inaccessibles.
Humeur un peu morose.
Et je tombe sur ce passage dans le blog de « Sandra skriver » : « En sen
kväll, ja, det är ju redan natt, har jag svårt att sova för ångesten som
surrar inombords. Då smyger jag fram till bokhyllan och läser sedan
omsorgsfullt Pannkakstårtan (…) » « Le soir est déjà avancé, oui,
c’est même déjà la nuit, j’ai du mal à dormir, du fait d’une anxiété qui ne
me lâche pas. Du coup, je me glisse vers la bibliothèque et me mets à lire
avec application Pannkakstårtan [Le gâteau à la crêpe ; livre illustré
pour enfants de Sven Nordqvist, mettant en scène un homme un peu
foutraque et son chat…] (…) »
Là, l’Allemagne, on était tout au bout. Déjà au-delà, la Scandinavie de
l’autre côté de la mer.
Et ça me fait penser à des traversées (des passages en tout cas) en
Allemagne, dans des films. J’en ai au moins deux à peu près en
mémoire.
Le premier, souvenir vague ; Le vent de la nuit. Daniel Duval,
ombrageux. Au volant d’une Porsche, rouge. À un moment,
son personnage et son acolyte traversent l’Allemagne ; il y a un
différend quelque part – une station service ? On y est parfois
très mal accueilli… – L’acolyte ressort des arguments d’un
autre temps.
Catherine Deneuve, aussi, dans ce film de Philippe Garrel.
Ne me demandez pas l’année. Autre temps ?
Puis cet autre film où un personnage joué par Depardieu se voit
récompensé du prix Nobel de littérature. Décide d’aller le chercher
en moto. Il a une fille (Sylvie Testud), un fils (Guillaume
Depardieu)…
Eux prennent la voiture ; c’est compliqué…
Sur le bateau, la fille saute. Son frère plonge et la récupère…
Alors là, pardon, mais j’y pensais, sur le pont du bateau ; ce n’est pas
possible : le temps que le frère plonge, le bateau a déjà avancé de cent,
deux cent mètres… Il faut déjà nager cette distance avant d’aller
repêcher la sœur qui a coulé à pic…
Aime ton père, film de Jacob Berger ; 2002.
Je ne sais plus s’ils posent le pied en Suède.
Nils Blanchard
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