Titre un peu étrange, peut-être ; c’est que j’ai dans l’esprit un autre billet sur le thème de la colonisation.
Mais là, article de Bernur (Björn Kohlström), en lien indirect de ce blog (voir Voices in translation), le 14 juin dernier, sur une nouvelle traduction de Robert Antelme en Suède : Hämd ? (Vengeance?)
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NB - Eva Blanchard – Collection particulière |
Bernur rappelle que Robert Antelme a été marié à Marguerite Duras, qu’ils se sont séparés après la guerre (lors de laquelle Antelme a survécu notamment à Buchenwald) et que Duras a tiré de la période de la guerre le recueil La Douleur (récits retrouvés plusieurs décennies plus tard par l’auteure, publiés en 1985).
Quand on pense à Marguerite Duras, on pense bien sûr à la présence française en Indochine. Or récemment, Argoul a évoqué un roman de guerre, Le navigateur de Jules Roy. Jules Roy, lui, s’il a écrit aussi sur l’Indochine, et évidemment la Seconde Guerre mondiale, est lié à son histoire algérienne, une certaine amitié avec Camus.
Deux auteurs, donc, concernés par deux drames comme parallèles, qui se suivent chronologiquement, les guerres d’Indochine et d’Algérie. Ces guerres : acmés de la bêtise et de l’ignominie de la colonisation, et de sa gestion à cette époque.
Peut-être y reviendra-t-on.
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Eugène Delacroix, Roméo et Juliette au tombeau des Capulet – Capture d’écran. |
Mais le sentiment de vengeance, l’incapacité à tirer un trait (même pointillé, même nuancé) sur un passé, la transmission d’une volonté de violence à des générations à venir – la vendetta ? – ; n’y a-t-il pas là une forme de colonisation des esprits ?
On ne peut s’empêcher d’y penser en lien aux événements autour de Gaza ; la fuite en avant criminelle de B. Netanyahou, qui mélange allègrement notions et époques, suscitant sciemment le désordre dans les âmes plus ou moins simples (de Mélenchon à l’excité anonyme et ignare derrière son écran...)
Bernur commente :
« Numera handlar allt om det bibliska öga mot öga (fast mer ”öga mot ögon, tand för tänder …”). Vad beror det här på? Kanske vår tid är för narcissistisk: det här är priset vi får betala för att allt större fokus läggs på individen, våra känslor och hur vi upplever saker. Vi pratar för mycket om våra rättigheter, och för lite om våra skyldigheter. På ett sätt blir vi allt dummare, det vill säga, mindre intellektuella. »
« Maintenant il n’est plus question que de l’œil pour œil biblique (ou plutôt “œil pour œil, dent pour dent…”). À quoi cela est lié ? Peut-être est-ce que notre temps est trop au narcissisme : c’est le prix à payer de ce que l’individu prend de plus en plus de place, avec ses sentiments, sa façon d’appréhender les choses. Nous parlons trop de nos droits, pas assez de nos devoirs. Dans un sens, nous devenons de plus en plus bêtes, plus exactement de moins en moins cérébraux. »
NB – Carrière du Struthof, août 2022 (depuis, la recherche a avancé…) |
Je ne suivrai pas dans son article Bernur dans tous ses commentaires ; mais celui-ci est assez imparable me semble-t-il. J’ajouterai néanmoins : droits, et devoirs, vis-à-vis de la vie, de la nature, des autres espèces…, surtout.
Et un des moyens d’échapper aux réductions et généralisations erratiques, c’est le travail et la réflexion étayée, de bonne foi.
L'archéologie offre un terrain de réflexion et de travail méthodique, ancré dans ce qui nous a précédé, formé. Il y avait justement (14 et 15 juin), les journées de l’archéologie, à l’ancien camp de concentration de Natzweiler (Struthof) notamment.
Les archéologues font suffisamment râler les entrepreneurs de « BTP », quand leur progression bétonisée est ralentie par un signe du passé.
Au Struthof, ailleurs, l’archéologie permet de clarifier, remettre en perspective certaines zones d’ombre, ou de trouble. On en reparlera aussi.
Nils Blanchard
Ajout : visite du président Macron au Groenland, le 15 juin. Il s’agit là de lutter contre une autre forme de danger de colonisation.
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