lundi 5 août 2024

Fin juillet, début août / Modiano, etc.

Je parlais au dernier billet, à propos d’une marche dans le Jura, de sensation d’affolement. Depuis, très vite, comme s’il fallait forcément aller si vite pendant les vacances, passé quelques jours à Angers. Déjà « rentré » – où est chez moi ? – après cinq heures de train.

NB - été 2024

Accueilli par le chat vaguement SDF. C’est comme s’il me guettait, qu’il voulait s’assurer que j’étais bien rentré.

Ces heures de train m’ont permis de finir la lecture de Rue des Boutiques Obscures, de Modiano – au moins un prix Nobel français pas trop dominicain (vous savez, cet ordre très en pointe dans l’Inquisition…) –, et surtout, quand même, un très grand écrivain.
Je l’avais emmené (et commencé) pendant ma marche jurassienne.

Il y est question d’un roi de Suède au détour d’un méandre de passé plus ou moins rapiécé du narrateur. Mais il est surtout question de mémoire.

Couverture : Pierre Le-Tan


Le narrateur, amnésique, est en quête de son passé, de fait de son identité, au sens d’abord administratif du terme : son nom, sa nationalité, jusqu’à son image en photographie lui sont problématiques.
Vers la fin du livre, on lit (page 238) :

« Jusque là, tout m’a semblé si chaotique, si morcelé… Des lambeaux, des bribes de quelque chose, me revenaient brusquement au fil de mes recherches… Mais après tout, c’est peut-être ça, une vie…
Est-ce qu’il s’agit bien de la mienne ? Ou de celle d’un autre dans laquelle je me suis glissé ? »

Le vague historien que j’ai pu être dans mon étude d’Elmar Krusman sait de quoi il est question là. (Et on verra encore peut-être cela dans un livre qui pourrait paraître prochainement…) Qui plus est : il s’agit dans Rue des Boutiques Obscures de s’étudier soi-même ; grand Dieu…

Ah, mais Botteghe oscure (Boutiques obscures), c’est aussi le nom d’une revue, fondée et dirigée par Marguerite Caetani, dans laquelle a écrit, entre autres, André Dhôtel (25 grosses livraisons du printemps 1948 au printemps 1960 ; Dhôtel y ayant publié neuf textes). On y lisait des textes en anglais, français, italien… (Je tiens ces renseignements d’un texte d’Emmanuel d’Yvoire, Cahier 10 de La Route inconnue, 2012…) On y reviendra, etc.

(Capture d'écran)


La fin du roman de Modiano se passe en partie en montagne ; Megève… On n’est pas loin du Jura, d’autant plus qu’il y a une affaire de guerre, de passeurs ; vous verrez, articles à suivre…

Mais, « rentré » donc après quelques heures de train, je lis l’article du 31 juillet de Julia Eriksson (blog en lien de celui-ci, etc.) ; elle rentrait alors d’un voyage de trente heures de train, de Biarritz :

« Dagstidningarna har tagit över hallmattan och den stora väskan hinner knappt packas upp förrän den ska fyllas igen. Jag lägger fram allting i högar på bordet. (…) Två veckor av semester har fått huvudet att börja spinna. Jag funderar på vad jag vill göra och vem jag vill vara. Ifrågasätter om jag tappat en del av min kreativitet under våren (…) »

« Les journaux jonchent le sol de l’entrée et j’aurai du mal à pouvoir vider le grand sac avant de le remplir à nouveau. Je dépose tout en piles sur la table. (…) Ma tête tourne après deux semaines de vacances : n’aurais-je pas perdu une partie de ma créativité au printemps ? (…) »

Moi, mon appartement n’a pas été rangé depuis la fin de la dernière année scolaire et universitaire.
Ai-je perdu une partie de ma créativité au printemps, ou à un autre moment ? Je ne sais… Mais il ne me faut pas confondre amoncellement et création… sans quoi, chassé de mon propre logis par mon désordre, j’irai rejoindre le chat dans les rues d’été…


Nils Blanchard

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