Rencontres avec des étrangers, qui parfois peuvent donner l’impression que l’on est très proche du premier inconnu venu. Puis, la plupart du temps, ces rencontres se terminent comme des bulles de savon qui explosent sous la pression du temps, des nécessités. Oui…
Oui, c’est la même introduction que celle de l’avant-dernier billet, où j’ai bbifurqué, entraîné par Lorenzo et Patrick Reumaux.
Ces rencontres fortuites – un regard, une fraction de seconde parfois – n’est-ce pas pourtant aussi, d’une certaine manière ce qui permet d’entrevoir cet autre dhôtelien. Une fissure, un éclair.
Et c’est peut-être, bien modestement, le but que recherchent certains blogs.
Bien. Reprenons là.
Le blog de Gabrielle (Gabrielles blogg, en lien de celui-ci), par exemple ? C’est de lui dont je voulais parler.
Le 18 février dernier, l’auteure y raconte une rencontre de hasard avec une femme un tout petit peu plus âgée qu’elle.
« Jag slår mig ner på bänken vid hållplatsen. Efter en liten stund kommer en äldre kvinna i svart vinterrock och svart mössa och sätter sig bredvid mig.
”Trött?” frågar jag.
”Jag har gått omkring nere på stan. Vet du när bussen kommer?”
”22 över. Det tar en stund, men jag väntar på den. Har du varit och shoppat?”
”Ja, jag behövde några grejer.” »
« Je m’assois sur le banc de la salle d’attente. Après un petit moment, survient une femme d’âge mûr avec un manteau noir, un bonnet noir, qui s’installe à côté de moi.
”Fatiguée ?” je demande.
”J’ai été me balader en ville. Quand est-ce que le bus arrive ?”
”À 22. Ça fait un peu long mais j’attends quand même. Tu as fait des courses ?” [Le tutoiement est de rigueur, en Suède.]
”Oui, j’avais besoin de différents trucs.” »
Bon, elles sont en Suède, vers Stockholm, sans doute.
Mais on pourrait aussi bien les imaginer sous un temple (la salle d’attente…) en Grèce, ou en Asie Mineure… C’est que je suis dans la lecture d’Eschyle en Mayenne, de Jean-Loup Trassard.
C'est que, savez-vous, l’Ukraine (et la Russie soit dit en passant), est dans sa troisième année de guerre.
« Medan vi sitter där och väntar hinner vi med att sucka djupt över världsläget, Putin, Navalnyj och så Mellanöstern med Israel och om hur landet kom till. Och så talar vi om vintrarna (…)
”Men jag är inte härifrån”, säger jag. ”Jag är uppvuxen i Söderhamn, strax norr om Gävle.”
”Jamen jag är född i Örnsköldsvik!”
”Du är norrlänning du med – roligt!”
”Ja, en sån där tystlåten tillbakadragen typ.”
”Som aldrig pratar med främlingar…” fyller jag i.
Vi skrattar båda två. »
« Alors que nous sommes là à attendre, on arrive à refaire le monde, Poutine, Navalny et le Moyen-Orient avec Israël et la situation de notre pays. Puis nous en venons aux hivers (…)
”Mais je ne suis pas d’ici”, je précise. ”J’ai grandi à Söderhamn, juste au nord de Gävle.”
”Ah, mais ça… Moi-même, je suis née à Örnsköldsvik !”
”Alors toi aussi tu es du Norrland ; c’est marrant !”
”Oui, je suis une ce es gens taiseux et renfermés...”
”Qui n’adresse jamais la parole aux étrangers…” je complète.
Nous rions toutes deux. »
Fissures.
Jean-Loup Trassard évoque Eschyle, les Perses… et de temps en temps on a comme une image, une fraction de parenthèse mayennaise. Un chant d’oiseau, une parole d’agriculteur.
Rencontres comme à travers le temps ; en temps de retour de guerre.
Nils Blanchard
Triche : Étiquettes du billet précédent, rajoutées ici: État de droit, Paris, Deauville, Cherbourg.
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