jeudi 25 avril 2024

April. Mais…

Dates, qui reviennent en ce blog. J’ouvre The Waste Land ; évidemment : 1921-1922.
« April is the cruellest month, breeding / Lilacs out of the dead land, mixing / Memory and desire, stirring / Dull roots with spring rain. » T. S. Eliot.

NB - avril 2024

J'ai l’édition bleue, bilingue, rééditée en 1995 (Seuil) de celle de Pierre Leyris de 1947.

Le 21 avril dernier, on voit une image de travaux à Stockholm (Odenplan) dans le Gabrielles blogg (en lien de celui-ci, etc.) – quelques articles avant, des images de Slussen, en travaux depuis plusieurs années. Moi-même, les dernières fois que je suis allé à Stockholm, dû emprunter cet espèce de pont de bois provisoire pour enjamber le Mälar. Écriteau de la municipalité, quelque part là, disant, de mémoire – la mémoire suffit amplement pour ce genre de chose – : « À quoi reconnaît-on un vrai Stockholmois ? Il râle contre les travaux. »
Bon, mais c’est marrant cinq minutes.
Quant au désir ; retourner me promener un peu à Stockholm. Retrouver une vie d’avant ? Je ne sais plus.

« Dull roots with spring rain. »

Gabrielle Roland Walden, donc : « Det är en märklig april vi har. Isande kall blåst och som om ett grått lock ligger nertryckt över stan. »

« On a un mois d’avril bien étrange. Venteux, glacial, et c’est comme-ci un couvercle de griseur était posé sur la ville. »

NB - avril 2024


J'ai traversé le Rhin il y a peu pour aller voir quelques amis. Ciel noir sur le fleuve à peine tempéré par un petit arc-en-ciel.
Dans la discussion – restaurant au bord d’un lac. On parle français ; mais par ailleurs, qu’est-ce qui m’arrive ? Je comprends de moins en moins l’allemand. Allez comprendre… –, on constate que le monde traverse une mauvaise passe : Proche-Orient, Ukraine… Pour ne pas parler de tout ce dont on ne parle pas…
(Tenez, je me rendais compte que France info était de plus en plus inaudible, même si je le mettais encore parfois. Mais c’est que c’est devenu une télévision. On donne à écouter une télévision à des auditeurs de radio… Alors, forcément…)
Pour le reste, faut-il être plus précis ? On envisage d’être obligé de faire la guerre contre Poutine, contre les fondamentalistes en Iran ; Israël se transforme en forteresse byzantine ; les États-Unis seraient au bord d’une guerre civile…



Je reviens à ce roman qui ouvrit pratiquement ce blog. On y lit, page 46 :

« Världen skulle bli en ännu mer kapitalistisk planet. Jorden var fortvarande kingen i solsystemet. (…). Det skulle vara så länge det varade. Regnskogarna skulle gå ännu mer åt helvete. Floderna skulle torka ut och sjöarna (…). Folk skulle fortsätta att lågprisflyga till Thailand. De skulle fortsätta att köpa brottsligt billiga kläder tillverkade av slavar i Sydasien. Kanske jordens problem låg där, hos västvärldens obildade massor. »

« Le Monde allait devenir une planète plus capitaliste encore. La Terre était toujours la reine du système solaire (…). Et il en serait toujours ainsi. Les forêts intertropicales continueraient de morfler. Les fleuves allaient s’assécher, comme les lacs (…). Les gens allaient continuer leurs voyages en charter en Thaïlande. Ils allaient continuer à acheter des vêtements à prix scandaleusement bas fabriqués par des esclaves en Asie du Sud. C’est peut-être là qu’était le problème du Monde, dans ces masses occidentales incultes. »

Pour en revenir à T. S. Eliot, Pierre Leyris n’est pas son unique traducteur bien sûr. Karin Boye aussi l’a (co)traduit (avec Erik Mesterton) en 1931. Elle s’est suicidée dix ans plus tard, sa compagne allemande un mois après elle a fait de même.

Herman Österlund, forêt de printemps - capture d'écran. 


Et je pense à cet enfant de mes amis d’Allemagne, un peu plus de deux ans – il a quasiment l’âge de ce blog –, gambadant çà et là dans ce restaurant au bord du lac. Que l’avenir lui épargne les âneries du passé !


Nils Blanchard

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