mardi 5 décembre 2023

Neige / tristes langages / Vit och svart

On passe du noir au blanc ; enfer ou paradis pour les uns, inversement pour les autres. Du coup pour illustration et sans grand lien au sujet, j’ai retrouvé cette photo de Paris. Je ne saurais dire, à l’instant, quand je l’ai prise. Peu importe.

NB

Des jours passés ont été un bombardement d’ignominie importée de Fricland : le rush du black
friday… Au moins un ministre, en France, discrètement peut-être, a-t-il été à l’encontre d’une certaine doxa à ce sujet, dans son gouvernement même vraisemblablement. Dans un article du Figaro du 14 novembre dernier (de Jérémy Pennors) – puis il y a eu une campagne d’information qui a fait jaser… –, Christophe Béchu de dénoncer le récit du Black Friday, « qui vante un modèle de surconsommation insoutenable (…) Je rêve d’un Green Friday où le récit de la sobriété, de la réparation, du réemploi serait mis à l’honneur comme contre-modèle de société. »

Dans le Göteborgs Posten, un article de Jonathan Andersson (le 28 novembre) narre l’histoire d’un vendeur du magazine Faktum, journal de sans-abris :

« Den mångårige Faktum-försäljaren står utanför Systembolagets lokaler i Nordstan. Fredag har bytts mot måndag och affärerna går marginellt bättre. Två försäljningar har gjorts under dagen – en till en gammal bekant och en till en äldre man. 
Fredagen, som hade lovat så mycket med både Black Friday och löning, var en annan historia. »

« Le vendeur de Faktum, avec derrière lui ses années d’expérience, se tient devant la boutique du Systembolag à Nordstan. On est lundi, vendredi est passé, et les affaires vont un tout petit peu mieux. Il a pu faire deux ventes dans la journée : une à un habitué, une à un homme assez âgé.
Vendredi, qui promettait tant (Black Friday et jour de paie), ça a été une autre histoire. »

En gros, ce vendredi noir, il n’a rien vendu.
(Nordstan est une grande galerie (couverte donc) au centre de Göteborg, contenant boutiques, restaurants, accès aux gares…
Le Systembolag est la chaîne monopolisant la vente de l’alcool en Suède, contrôlée par l’État.)

NB - Alsace

Dieu sait que je ne suis pas opposé à la culture anglo-saxonne – anglaise, américaine… mais on peut légitimement subodorer que l’usage incontrôlé, la frénésie, voire l’incontinence de l’usage (avec l’accent français plîîîîseuh) de termes anglais, soit la marque d’un relâchement intellectuel.
Ainsi des publicités pour attirer des candidats aux concours de professeurs, récemment en France, lâchant comme une trouvaille le mot « challenge »…

Dans un article encore de novembre (le 30 novembre) de Krickelins, l'auteure du blog d’écrire :

« Jag vaknar, ligger och skruvar mig, går upp och kissar och försöker sedan blunda igen. Det är svårt. Jag tänker på mina listor och leveranser. Sedan tänker jag på träning. Därefter tänker jag på att jag inte får bli sjuk och på att alla runt om som är sjuka. Hur ska jag värja mig?
Räknar på fingrarna. Hur många timmars sömn har jag fått egentligen?
Klockan är fem när jag ger upp, stiger upp ur sängen, dra på varm tröja och smyger nerför trappan mot dagens första kaffe. Utanför kör plogbilen. Fram och tillbaka. Fram och tillbaka. Ännu mer snö. (…) »

« Je me réveille, reste encore un peu au lit, nerveuse, me lève, vais faire pipi, essaie de fermer les yeux à nouveau. Ce n’est pas facile ; je pense à mes listes, mes livraisons. Puis je songe à faire du sport. Puis je me dis qu’il ne faut pas que je tombe malade avec tous les gens malades autour.
Comment vais-je m’en préserver ?
Je compte sur mes doigts : combien d’heures de sommeil, réellement ?
Il est cinq heures, je me lève, sors du lit et mets un pull chaud, vais doucement en bas prendre le premier café du jour. Dehors le chasse-neige. Qui va, qui vient. Qui revient. Toujours plus de neige. »

Ça, c’est dans le Bohuslän. Thomas Nydahl évoque aussi à peu près au même moment la neige en Scanie, qu’il juge « infernale » (parce qu’il est âgé et malade).

Et même en Alsace où c’est devenu si rare, il y a eu un petit tapis de blanc.

Mais voyez comme on retombe sur ses pattes : elle se lève à cinq heures. Vous y avez pensé, n’est-ce pas ? Il est cinq heures, Paris…


Nils Blanchard

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