mardi 4 juillet 2023

Quand il y a tant de choses à faire

 Il n’en était pas ainsi autrefois, ou pas autant. (Et qu’est-ce qu’ « autrefois »?)

Mais ce sentiment, toujours, de n’avoir pas de temps pour ceci, pour cela, d’avoir autre chose à faire.

Cet autre chose : une sorte d’alien qui bouffe nos vies ?



NB - Bohuslän

On retrouve ça dans deux blogs que je consulte de temps en temps.
L'un, Sandra skriver – de Vaasa, où je vécus quelques semaines dans une autre vie – que je me déciderai peut-être à mettre en lien à celui-ci.

Sandra Holmqvist y écrit, le 1er juillet 2023, : « Men det suger att behöva vänta på bättre tider när de bästa tiderna ska vara nu. När det är piontider och midsommarrosorna blommar och det doftar torra tallbarr i skogen. När solendgången sätter skyn i brand och skogen fått ett nytt djup efter grannens fjolårsgallring, det är bara djupare och djupare grönt där mommo och jag sitter och dricker förmiddagskaffe på hennes veranda, i skuggan, i brisen. Om vi inte rör oss eller gör något så är det inte ens varmt. »

« Mais c’est dommage qu’il faille attendre des jours meilleurs, lors que le meilleur devrait être l’instant présent. Quand c’est le temps des pivoines, que les roses de Saint-Jean fleurissent et que ça sent les aiguilles de pin sèches dans la forêt. Quand le crépuscule embrase le ciel et que la forêt a gagné en profondeur après l'éclaircissement effectué par le voisin l'année dernière, c'est un vert toujours plus profond où grand-mère et moi nous asseyons et buvons notre café du matin sur sa terrasse, à l’ombre, avec un peu de brise. Si nous ne bougeons pas ou ne faisons rien, il ne fait même pas chaud. »

NB - Bohuslän

Et le même jour, Kristin Lagerqvist (blog Krickelins) commence un petit billet de la sorte : « Jag håller på och fixar iordning huset för att lämna Frankrike. Det gör mig ledsen.
Känner mig olustig och illa till mods. Fick vi gjort allt vi ville? Hann vi med både vila, familjeliv och att komma iordning i vårt nya hem? »

« Je suis maintenant occupée à ranger la maison pour quitter la France [et rentrer en Suède]. Ça me rend triste.
Sentiment de déprime, de mal être… Avons-nous pu faire tout ce que nous voulions ? Avons-nous pu nous reposer, mener notre vie de famille, et en même temps mettre de l’ordre dans notre nouvelle maison ? »

NB - Bohuslän

Comme quoi. Je me disais que ce sentiment « d’urgence », d’« autres » urgences, était lié chez moi par exemple au fait que j’ai vécu des périodes de solitude, ai dû jusqu’ici faire des métiers surtout alimentaires, que je considérais comme chronophages…
Or ces raisons, si j’ai bien compris, ne sont ni celles de l’une, ni de l’autre blogueuses.

Puis, pour ce qui est du deuxième texte cité, en ce qui me concerne, cette nécessité de quitter une maison d’été pour mon pays « ordinaire » se fait dans l’autre sens, de la Suède à la France.
Un voisin que j’aime bien, là-bas, m’a raillé sur ma plainte répétée, année après année, de devoir repartir. « Tu n’as qu’à rester. »

Non seulement rester là, à ce moment ; rester en ce pays, à cette autre vie.
Tout est autre. Notamment cet autre que l’on n’arrive pas à atteindre.

« Je est un autre ».

Dixit l’autre.


Nils Blanchard


P.-S. : Mort, à cent ans, de Léon Gautier, hier. Il était le dernier membre encore en vie du commando Kieffer ; on l’a évoqué ici récemment.

P.-S. 2 : Thomas Nydahl, quant à lui, après ses Vier Minuten (comprenne qui voudra), a repris son blog.
Xavier de Maistre, Svante Weyler… Ça vaut le retour !


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