dimanche 15 janvier 2023

Forêt du corps

 De François Squevin, dhôtelien, et poète, j’ai lu avec beaucoup de plaisir il y a quelque temps Voyage nu. Et j’en parlais au dernier billet.

Ellen Thesleff, Nuit printanière, 1894, Ateneumin taidemuseo, Helsinki

Puis voici qu’il m’écrit, lors que je lui demandais si ça ne le dérangeais pas 

que je parle de lui en ce blog :


« “C’est dans le contact maintenu délicatement avec le paysage et les

saisons que je trouve la vertu la plus pénétrante de votre livre” – lettre à 

André Dhôtel d’Henri Thomas ; c’est bien là que j’ai cherché toute

aventure, dans la nudité du monde. »


Edith Södergran, comme André Dhôtel – c’est singulier, quand même ! – 

parlent de la « nudité des arbres ».

(À propos d’Edith Södergran, le site à elle consacré, en lien de ce blog, 

rappelle que 2023 est l’année du centenaire de sa mort.)


Dhôtel, dans le poème Orage (Le temps qu’il fait, 2000) :


« Les arbres nus tremblaient

devant nos regards vides

qui ne savaient plus voir

les fleurs des lendemains. »


Edith Södergran (dans Automne) :


« De nakna träden stå omkring ditt hus

Och släppa in himmel och luft utan ända, (…) »


« Les arbres nus entourent ta maison

Et laissent passer sans fin ciel et air, (...) »


NB - Anjou

Et l’on pourrait continuer. Dhôtel, dans La vie passagère, page 57, 

Chanson de l’apatride :


« Je ne saurais toucher

le soleil de ton corps.

Les pôles de tes collines

sont de beaux pays étrangers. »


Qui ramène, un peu au « Jag är främmande i detta land » – « Je suis

étrangère en ce pays » de Södergran.


François Squevin, on l’a vu, m’écrit quant à lui au dos d’une carte 

représentant le tableau Nuit printanière d’Ellen Thesleff, artiste finlandaise

suédophone.


Ellen Thesleff

Et, donc, dans l’envoi de François Squevin, son autre recueil : Forêt du 

corps, suivi de Neige (Éditions Preuves – Société des Écrivains ardennais

mais je n’ai pas l’année. Le volume est préfacé par Jean-Marie Le 

Sidaner ; on en reparlera…)

Là, page 15 :


Respiration extrême


Ultime réveil des corps

qui contiennent l’ouverture


L’air nous tient à hauteur de l’aube


Notre vraie nudité est celle des forêts


Bon, mais alors, forcément, je pense à un colloque auquel je participerai, à

Besançon, organisé par l’ELLIADD, « La forêt est une métaphore ».

J’y parlerai quant à moi de Dhôtel, bien sûr, du Pays où l’on n’arrive 

jamais.

Mais on y parlera aussi de contes, enfance, adolescence, du Japon,

Mircea Eliade, Pierre Michon, Le Clézio, Ibsen, Rousseau…


On en reparlera… (Cette expression finira par devenir le titre de ce blog…)



Nils Blanchard




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