Le n(N)ord est une n(N)otion à laquelle des universitaires (dont je faisais partie, même si je n’ai plus trop l’occasion de fréquenter les universités), réfléchissent, ont réfléchi notamment en novembre dernier (ça fait plus d’un an…)
NB - Bohuslän |
Je veux parler bien sûr de ce congrès de l’APEN, Entre Scandinavie et
Baltique orientale, déjà évoqué en ces billets (dans ces parages).
Par exemple, Pierre Ange Salvadori s’interrogea sur « Le Nord de la
Renaissance : dés-orientation des imaginaires, ré-orientation des cartes et
englobement du monde ». Entre autres ; on ne peut tous les citer, et on y
reviendra.
Toujours à mes croisées de chemins hasardeux, mes concomitances d’intérêt
(expression de Roland Frankart), j’en arrive là à ce poème de François
Squevin, membre de La Route inconnue…
Je me suis pris à la distance calme et lumineuse
du Nord
Je ne sais plus partir.
L'air solide d'un matin froid
Il n'y a presque rien d'autre que la poésie
et pourtant je suis seul.
Joli, vrai ?
C’est dans Voyage nu, éditions Herbes folles / Le dé bleu, 1986 (page 14). On
trouve une version numérique de ce recueil sur internet, à un prix modéré, que
je ne saurais trop recommander. Là, par exemple.
Il se trouve donc que François Squevin est un grand lecteur d’André Dhôtel,
qui lui est aussi l’auteur de Nulle part.
Ça se passe à Béthune ; un certain Nord quand même. Des passages de
frontière, de contrebande, vers la Belgique.
Et cela fait partie de ce qu’il faut relire
Ce roman a été publié deux fois : une première fois chez Gallimard en
novembre 1943. une deuxième fois chez Pierre Horay en 1956, dans une
version légèrement différente je crois. On ne sort jamais tout à fait des
histoires de la guerre. Mais peut-être la guerre n’eut là aucune influence.
J’y pense, soudain, de manière absolument hasardeuse : un spectacle a eu
lieu il y a quelques années, mêlant Suède et Pologne dans l’étrange citation
de Jarry. (N’en sais rien de plus – sur ce spectacle – pour être tout à fait
honnête…)
Document du blog Alluvions |
Simple rappel, concernant mon petit livre : Elmar Krusman a été détenu un
mois au KL Stutthof (Dantzig – Gdansk – Pologne actuelle) avant d’être
envoyé dans le KZ (camp annexe) Bisingen, où il est mort.
Là, inscrit comme Schwede – Suédois. Lui qui au départ venait d’Estonie. Je
crois qu’il n’avait jamais mis le pied en Suède. Ce serait à vérifier.
(Comment ?…)
Récemment, à propos de ce camp, il y a eu divers procès, et condamnations,
d’anciens gardiens. Tout récemment, cette mention dans Ouest France (du
29 décembre dernier ; quand on n’est pas en Alsace, on peut lire la presse
locale…) :
J’évoque aussi la question dans un petit bouquin de notes sur mes
recherches, qui paraîtra peut-être un jour (avis aux collègues éditeurs…) : le
20 avril 2019 :
« Lu qu’un ancien gardien du camp de Stutthof (j’ai trouvé ça sur le site
internet de Die Zeit) a été inculpé (mis en examen ? – angeklagt –) pour
complicité de meurtre de plus de 5000 personnes. Il aurait été actif au camp
d’avril 1944 à avril 1945. Il pourrait y avoir croisé Elmar Krusman, qui y était en
septembre 1944…
S’il passe effectivement devant la justice, ce sera devant un tribunal pour
enfants de Hambourg, vu l’âge qu’il avait en 1944-1945 ; il a 92 ans. (Les
Allemands disent Jugendstrafkammer – chambre correctionnelle pour la
jeunesse…) »
Puis le 6 février 2021 (on en arrive à la gardienne de l’article) : « En
Allemagne, il est question de mettre devant la justice (un tribunal pour
enfants ; elle avait moins de 21 ans à l’époque) une ancienne secrétaire du
camp de Stutthof. (Vu cela sur le site des Dagens Nyheter.) »
Étrange élastique du temps.
Nils Blanchard
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