Pour un dhôtelien un peu patenté, s’interroger sur les lieux, dans la littérature, relève à la fois de la porte ouverte et – clin d’œil à Héloïse Combes – de la porte fermée sur laquelle quelque distrait peut venir donner de son corps.
NB - 2025 |
C'est à propos de cinéma, brésilien, et de Recife, du Nordeste, que Wera von essen s’interroge dans un article récent de FLM (21 mars 2025) : Vad berättar en plats ? (Qu’est-ce qu’un lieu raconte?)
Elle interroge, et on en revient tout de suite à Dhôtel – que n’a-t-on pas dit qu’il avait sans cesse réécrit le même roman ? – :
« Man brukar fråga sig ifall en författare skriver samma verk hela livet. Men berättar en plats samma historia om och om igen? Berättelsen om människor i nordöstra Brasilien är en central del av landets filmtradition (…) »
« Il est de coutume de se demander si un écrivain écrit toute sa vie la même œuvre. Mais un endroit raconte-t-il quant à lui la même histoire, encore et encore ? Les récits sur les gens du Nordeste sont centraux dans la tradition filmographique du Brésil (…) »
NB - 2025 |
Le 16 août 2024, Thomas Nydahl parlait en son blog d’un quartier de Malmö où il avait passé son enfance. Il le voit en passant par le bus ; n’y revient pas. « Vad skulle jag där att göra? » (« Qu’est-ce que je pourrais bien y faire ? »)
Cet attachement que l’on peut avoir pour certains lieux. Ou cette mémoire, un peu comme une réminiscence olfactive, mais c’est plus profond encore… plus généralisé. Tenez, je pourrais retourner en tel lieu près de Paris, où je n’ai pas mis les pieds depuis plus de vingt ans (ou, une fois, quand même ; j’ai dû passer pas loin…) Où je n’ai pas trop de raison de revenir.
Il y avait cette fille…
Une autre fille, en Suède, d’origine danoise comme Thomas Nydahl si j’ai bien compris.
Récemment, je suis passé par l’Université catholique à Angers... Terrain de jeu d’une certaine enfance.
Mais je m’égare.
NB - 2025 |
Plus près de nous – de maintenant –, annonçant pour la énième fois que son blog va peut-être s’arrêter, Thomas Nydahl (le 18 mai 2025), dans un article intitulé : « Grön står skogen och nu dör snart bloggen » « Il y a la forêt, verte, et bientôt ce blog va mourir » parle de son rapport aux blogs et réseaux sociaux.
Cela commence ainsi :
« När jag kommer hit andas jag ut.
Det betyder helt enkelt att jag uppfylls av ensamhetens frihet.
Så har det varit hela mitt vuxna liv.
Men nu handlar det om avslutningen av ett mångårigt och plikttroget deltagande i sociala medier.
Jag var mycket tidigt med i bloggvärlden.
(...) »
« Je souffle quand je viens en ces parages.
Je veux dire simplement que je suis pris de liberté, liberté de solitude.
Il en a été ainsi de toute ma vie d’adulte.
Mais maintenant il s’agit de la fin d’un long, minutieux engagement dans ls réseaux sociaux.
J'ai été très précoce dans la blogosphère.
(...) »
Je ne peux tout citer, mais d’un côté Thomas Nydahl annonce qu’il va (peut-être…) arrêter son blog, de l’autre qu’il a quitté « Facebook » (qu’y faisait-il, grand Dieu?) Ce n’est pas tout à fait la même chose…
Et de constater un peu amèrement qu’il n’a plus autant de lecteurs sur son blog depuis qu’il a quitté les réseaux sociaux.
Eh ! Évidemment, on a moins de lecteurs si on ne se compromet pas sur les « réseaux sociaux », parmi les anonymes criards. (Et même si l’on n’y est pas anonyme soi-même…)
Thomas Nydahl est intéressant comme blogueur – je le « suis » depuis quelques années. Il est peut-être d’autant plus intéressant pour quelqu’un comme moi qu’il me donne une fenêtre à un monde (littéraire, culturel) suédophone dont je suis quand même un peu éloigné – dont j’ai été plus éloigné encore par le passé. On ne doit donc pas être très nombreux dans ses parages.
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André Dhôtel sur un tournage, années 1980, source, La Route inconnue |
Plus loin dans son article (FLM), Wera von Essen évoque un entretien qu’elle a eu avec l’auteur et réalisateur J.P. Cuenca. Retour au Nordeste ; là, fiction, réalité – la place du passé, dans tout ça ? – ; J.P. Cuenca :
« Det är därför jag bara är intresserad av projekt som filmats på plats, med vanliga människor istället för skådespelare. Fiktion eller ej, det som intresserar mig är att processen blir något verkligt levande och oförutsägbart. »
« C'est pourquoi seuls les projets filmés sur place m’intéressent, avec des gens ordinaires au lieu de comédiens. Fiction ou pas, ce qui m’intéresse est que le tout devienne vivant et imprévisible. »
On en revient à Dhôtel, voire même au tournage de certain téléfilm tiré d’un de ses romans.
Nils Blanchard
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