samedi 16 novembre 2024

Nostalgie ? Again ?

Est-ce vraiment de la nostalgie ? Qu’est-ce que la nostalgie ? Un précédent billet de ce blog, le 16 septembre dernier, faisait allusion à une amie retrouvée par la blogueuse Sandra Holmqvist

NB - église de Laroche – Saint-Cydroine


On retrouve quelque chose d’un peu similaire – mais la réaction est différente – dans celui de Julia Eriksson le 4 novembre dernier ; ça se passe chez un marchand de couleurs à Stockholm :

« (...) och så plötsligt i gången står ett bekant ansikte från förr. ”Men, det är ju du”, säger hon. ”Det är ju du!”, svarar jag. Vi möts i en kram och jag tänker att det måste vara tio år sedan sist och vi pratar ikapp i väntan på att nummertavlan ska ropa ut våra siffror och hon ska måla om sitt kök och jo, jag bor här nu, bara några kvarter bort och vi båda har lämnat hemstaden, ungdomen, spårvagnarna och våra gemensamma nämnare bakom oss. Blivit några andra men ändå så mycket samma. »

« (...) et soudain, dans le passage : un visage connu du passé. ”Mais c’est bien toi”, dit-elle. C’est bien toi !”, je réponds. Nous nous étreignons, lors que je songe que ça doit faire dix ans la dernière fois, et nous parlons sans nous arrêter en attendant que nos numéros d’attente soient appelés ; elle va rependre sa cuisine, et oui, j’habite ici maintenant, à quelques rues seulement ; toutes deux avons laissé derrière nous la ville d’origine, la jeunesse, les tramways, ce qui nous rassemblait. Devenues des autres personnes et cependant tellement les mêmes. »

NB – église de Chassericourt


En l’occurrence : intrusion du passé dans la vie quotidienne. Mais ce passé peut être aussi un refuge savamment recherché, entretenu – ravivé ? – :

« Där [vid kvällsöppna museet] vandrar jag sedan i tystnad bland färgstarka tavlor, låter mig sköljas av expressionismens uttryck, fäster blicken på en annan tid, betraktar den med ögonen och magen, andas långsamt och tar in. »

« Là [dans un musée ouvert le soir] j’évolue ensuite en silence entre les tableaux aux couleurs vives, me laisse emporter par l’impressionnisme, porte le regard dans un autre temps, le contemple avec les yeux, le ventre, respire lentement et y adhère. »

NB – église de Chassericourt


C'est ce que je fais bien différemment lors de traversées assez régulières de la France ces derniers temps. Aux confins de l’Aube et de la Haute-Marne, il y a une multitude de plus ou moins petites églises à visiter, quand elles sont ouvertes. Deux ou trois kilomètres – un peu plus ? – de détour pour aller en chercher une ; on hésite… On y va ?

NB - église de Vallentigny


On se retrouve soudain comme dans un autre monde. Une dame arrange des fleurs sur des tombes à proximité – sourire discret ; qu’est-ce que vient faire cet homme plus ou moins entre deux âges, peut-elle se demander, là ? Un prêtre ? Un pilleur ? Quelqu’un qui a des origines par ici ?
Un touriste, un curieux ? Un badaud… Il y en a si peu.

Des tableaux sont mités, on marche sur une tombe.
Proportions, lumières ; çà et là des traces de fragilité.
Çà et là des morceaux d’anciennes fresques médiévales qui resurgissent. Mais elles se confondraient presque avec l’humidité qui ronge aussi ces édifices pas toujours assez entretenus, même si on devine – grillages métalliques – une volonté de les aérer.


NB - église de Vallentigny


Parties du XIIIème siècle, du XIVème. Beaucoup de choses héritées du XVIème siècle dans cette région…
Et le XVIIIème siècle est intervenu, avec ses maître-autels notamment. Des angelots souvent étrangement maladroits dans le dessin de leurs visages.
Équilibre somme toute précaire dans une calme résistance au temps.


Nils Blanchard


Et puis… L’article d’Adam Cwejman, pour rappel, à propos de l’élection de D. Trump (le 6 novembre dernier, dans le Göteborgs Posten) mentionnait une opposition entre villes et campagnes : « Ju mer innerstadsväljarens föreställningsvärld dominerar politiken, ju mindre blir stödet utanför bubblan. » (« Plus les représentants des centres urbains dominent la politique, plus faible est leur prégnance en dehors de leur bulle. ») Mais il faut y regarder de plus près : il semble que les trumpistes aient fait des progrès aussi dans les villes… Alors ?
J'essayais de faire montre d’un certain optimisme. Mais j'ai vu (sur internet, sur je ne sais quelle chaîne publique française) une partie de reportage montrant des partisans de l’ancien/futur président défiler en files de « panzers » dans la campagne de je ne sais quel État. (Je suis peu précis, me dira-t-on. Peu importe.) Impression qu’a retrouvée en moi cette visualisation – je ne crois pas qu’il y avait un quelconque montage, une quelconque falsification. Quelque chose de proprement infernal – et on reviendra à l’enfer… – rappelant un peu le début du roman Le retour du gang de la clé à molette (Edward Abbey)…
Quatre ans, quand même, ce sera long.

L'ancien/futur président… Ancien/futur, décidément… Les deux sont liés mais ces gens, brûlant leur essence peut-être schisteuse dans leurs « panzers » rejettent ce lien. Ils croient se ruer dans le futur par peur du passé ; ils détruisent la vie par peur de la mort.

(À suivre ?)

NB

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