Il semble qu’il faille parler de Woody Allen au passé, depuis qu’il a été décidé par on ne sait quels néo-inquisiteurs qu’il était un vilain garçon (peu importe pour ces gens les décisions de justice…)
NB - New York, 1998; bien avant qu'on puisse même envisager qu'un Donald Trump puisse accéder à la magistrature suprême, qu'une Le Pen puisse contrôler un gouvernement. |
Et pourtant, quel plaisir de (re)voir ses films, comme Stardust memories (1980), avec la toujours excellente Charlotte Rampling.
Qui (et notamment parmi les inquisiteurs) pourrait faire aujourd’hui un film de cette qualité ?
Légèreté de ton alternant avec des retours sur on ne sait quelles enfances, répliques qui sonnent autant que crisse le catéchisme bigot de nos donneurs de leçons…
Ah… Mais il y a les séries… Elles grignotent peu à peu le cinéma ; les plateformes du cloud – avalant on ne sait combien de centrales nucléaires pour nourrir leur vacuité – remplacent peu à peu les salles obscures.
Salles obscures, antres de tant de fantasmes…
Mais là (fantasme!), il faut se signer… À défaut bien sûr de SIGNER les insultes déversées sur les réseaux sociaux ou je ne sais quelles plateformes d’« expression », qui n’ont d’expressionniste que leur vulgarité.
Stardust memories - Capture d'écran |
Eh, à un cinquième du film à peu près, (les personnages joués par) Woody Allen et Charlotte Rampling sont dans leur appartement new-yorkais – vue sur la skyline bien sûr… – et flirtent tranquillement quand un pigeon entre par une fenêtre ouverte. Woody Allen est pris de panique, chasse le pigeon par tout moyen, dont un extincteur, et a cette sentence : « I don’t want a winging thing in my house ! »
Mais Charlotte Rampling n’est-elle pas un ange ?
(Tenez, cette chanson d’Alain Chamfort – aucun rapport… Quoique ?)
Je rassure les amis des bêtes (dont je fais modestement partie) : le pigeon repartira finalement tranquillement par la fenêtre vers les gratte-ciels new-yorkais…
NB - New York |
Nils Blanchard
Et puis… Dans le Göteborgs Posten, article d’Adam Cwejman: « Ni såg det inte komma - och det är själva problemet » (« Vous ne l'avez pas vu venir - et c'est précisément le problème »). Il commence d’y rappeler les hauts scores en faveur de Trump, ce mardi 6 novembre, parmi par exemple les latino-Américains (qui, soit dit en passant, avaient déjà eu tendance à voter pour Bush (Junior)). Puis : « Trump, eller stödet till honom förklaras vara känslodrivet, irrationellt eller en konsekvens av lögner och falskt medvetande (…) Precis sådan arrogans är delvis det som har gjort Donald Trump så framgångsrik. » (« Trump, plutôt le soutien à sa personne est présenté comme émotionnel, irrationnel, ou encore le produit de mensonges et d’ignorance (…) Or c’est précisément ce genre d’arguments arrogants qui enrichit Trump. »
Un peu plus loin : « Ju mer innerstadsväljarens föreställningsvärld dominerar politiken, ju mindre blir stödet utanför bubblan. Bristande förståelse för vilka frågor som väljare berörs är en sak, men värre är när väljarnas bekymmer eller tankar betraktas som en konsekvens av desinformation eller att de är korkade och bigotta. » (« Plus les représentants des centres urbains dominent la politique, plus faible est leur prégnance en dehors de leur bulle. Une compréhension imparfaite des questions au centre des débats est une chose, mais plus grave est de considérer les préoccupations, pensées des électeurs comme le produit de la désinformation, la bêtise ou la bigoterie. »)
Puis Adam Cwejman de remarquer que les médias traditionnels ne sont plus au centre de l’« information » politique.
Bon. Tout ceci est intéressant me semble-t-il. Il convient en effet d’essayer de faire montre de lucidité, ne pas ruer systématiquement dans les brancards en hurlant, mais faut-il pour autant reculer devant ces gens ? Ces gens : qui diffusent de fausses informations, qui insultent leurs adversaires, qui dénigrent certaines parties de la population et qui, dans l’action, se révèlent d’une incompétence crasse (cf. D. Trump pendant la crise du Covid, ou face aux enjeux environnementaux).
Cela dit, on peut considérer cette élection américaine sous un autre point de vue : ne marque-t-elle pas paradoxalement un certain retour à la normalité ? Indépendamment de ce qu’on sait de Trump, de ses outrances, il a fait une bonne campagne, se fendant hier d’envisager de perdre et, dans cette éventualité, d’accepter sa défaite, ce qui lui donnait une figure de modéré…
De l’autre côté, Kamala Harris n’a pas fait une très bonne campagne : elle a peu proposé, a usé d’insultes de bobo (« fasciste », sans forcément que le terme soit bien maîtrisé). À sa décharge, le parti démocrate est dans une mauvaise passe : Biden, manifestement incapable d’exercer réellement ses fonctions – même si son administration semble avoir plutôt bien dirigé le pays –, aurait dû démissionner depuis longtemps (voire ne pas se présenter en 2020). Le fait d’avoir voulu le présenter à nouveau, puis d’avoir été obligé de faire machine arrière a été calamiteux. Et en plus la candidate démocrate s’est retrouvée avec un temps de campagne limité.
Sans doute aussi Kamala Harris n’a-t-elle pas eu les bons angles d’attaque en insistant sur ses qualités de femme et de noire. Les Américains élisaient un président, non une représentante de « communauté ».
Du coup, il était logique, sinon que Trump gagne, en tout cas que Harris perde.
On peu parier (ça ne coûte rien), sur le fait que ce second mandat de Donald Trump purgera une époque (comme il y a eu l’époque Clinton…) et qu’on passera normalement à autre chose ensuite.
On peut rêver (beaucoup insistent sur l’imprévisibilité du personnage) que Trump parvienne en effet à résoudre certains problèmes, qu’il prenne un peu plus en tout cas que lors de son premier mandat la mesure de sa fonction.
À surveiller maintenant ce qui se passe en France, avec un grand groupe industriel qui annonce des fermetures d’usines entre Vendée et Bretagne (Cholet, Vannes…) On songe aux « bonnets rouges », à la chouannerie…
(À suivre?)
NB
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