jeudi 9 mai 2024

Vérité, mensonge, fiction… et hasards

Il faudrait pouvoir retenir le temps bien sûr. J’en suis encore à des réflexions – au sens premier du terme d’abord, de « reflets » – lancées l’année dernière. Sur quoi s’interpénètrent (pardon, un certain langage universitaire?) des références plus anciennes…



Cette image par exemple, tirée d’une collection de STF (Svenska turistföreningens Årskrift – bulletin annuel de l’association du tourisme en Suède), héritée de mes grand-parents, en l’occurrence l’exemplaire de 1944 (!), que j’ai feuilleté pour préparer un cours sur la Suède et la Seconde Guerre mondiale. Elle me ramène bien sûr à celle d’Ove Zerge.


Des hasards, aussi… Cette représentation de la mort jouant aux échecs est issue d’une voûte peinte de l’église de Täby (Uppland).
Or musardant sur le blog en lien de SLS, je tombe sur une annonce de conférence sur la façon d’interagir avec un saint (dans la Finlande médiévale…) (Ça a eu lieu le 8 mai à Helsinki…) La photo de la présentation montre un plafond d’église décoré…


Double hasard : j’ai fait une marche il y a quelques jours autour d’églises – entre Aube et Haute-Marne – entre autres à pans de bois. Suis tombé en arrêt devant cette statue de saint Gond, à Outines…
(On reviendra sur tout cela…)

NB - Saint Gond, bois polychrome du XV, vers 1510-1520.

L'image de la mort jouant aux échecs m’a fait penser à un article du Göteborgs Posten sur le dernier livre de Salman Rushdie (de Johan Hilton, le 16 avril dernier), dans lequel il évoque notamment la tentative d’assassinat dont il a été victime en août 2022. Couteau s’appelle le livre – Kniv en suédois.

Et le mot me ramène, cinématographiquement, à Polanski, son premier film en 1962 étant Le couteau dans l’eau, dont l’image ci-dessous – couple illégitime, pour faire vite – ramène à celle d’un récent billet de ce blog ; Assassins et voleurs…

Le couteau dans l’eau, Jolanta Umecka et Zygmunt Malanowicz

Mais en l’occurrence, Johan Hilton, le 16 avril, débute ainsi son article :

« Naturligtvis är Ingmar Bergman en av referenserna som far genom skallen på författaren Salman Rushdie, dagarna efter attentatet i Chautaqua, New York.
(...) Nu rör sig alltså till slut Döden mot honom – inte helt olik Bengt Ekerots sinistra uppenbarelse i Bergmans ”Det sjunde inseglet”.
Svartklädd, svart munskydd, ansiktslös. »

« Naturellement, Ingmar Berman a été une des références qui a traversé l’esprit de Salman Rushdie, dans les jours qui ont suivi l’attentat de Chautaqua, à New York.
(...) Finalement, en effet, la Mort s’occupe de lui – pas si différente que la sinistre apparition de Bengt Ekerot dans Le septième sceau.
Vêtue de noir, masque noir, sans visage. »

Puis encore, du 15 au 19 avril, France culture a diffusé une série d’entretiens réalisés dans la maison new-yorkaise de Salman Rushdie, par Christophe Ono-Dit-Biot, en partenariat avec le magazine Le Pointdans l’émission « À voix nue ».

Là, il est question à un moment de vérité et de mensonge, autour des âneries véhiculées – et crues – par les partisans de Donald Trump. Cette phrase me frappe :

« Le pays [les États-Unis] est très divisé. La division est si radicale qu’il est difficile de voir comment ça va se terminer. Il y a un nombre choquant de personnes qui ont perdu la capacité de faire la distinction entre vérité et mensonge. Ils ont été nourris quotidiennement par l’aile droite et ils croient en ses mensonges... »

L'incapacité de plus en plus partagée à distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux. Plus exactement, il est inquiétant de constater l’absence de volonté de le faire sérieusement, semble-t-il, chez bien des gens, lors même qu’ils s’expriment, anonymement le plus souvent, sur les « médias » à leur disposition.

De son côté, Johan Hilton note dans son article :

« Inte minst som försvarstal betraktat, faktiskt ett av de mest övertygande argument jag läst för att klichén om att ordet är mäktigare än svärdet faktiskt talar sant.
För här vaskar Rushdie fram det litterära värdet ur en i bokstavlig mening värdelös handling och formar omsorgsfullt om det till något som alltid har fått människor att orka leva vidare: berättelsen. »

« Non seulement comme un discours de défense, vraiment c’est un des arguments les plus convaincants que j’ai lu quant à la véracité du cliché selon lequel la parole est plus puissante que l'épée.
C'est qu’ici Rushdie extrait la valeur littéraire d’un acte sans valeur proprement parler et le transforme soigneusement en quelque chose qui a toujours donné sens à la vie humaine : le récit. »

Bref, un livre encore à lire.


Nils Blanchard

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