samedi 10 février 2024

La nostalgie des panzers / Retour à Gracq

« Votation » à Paris, sur une augmentation des tarifs de stationnement pour les panzers, pardon, les véhicules de plus de 1,6 tonnes (et électriques de plus de 2 tonnes), le 4 février dernier. 54,55 % pour. 

André-Georges Barbier, vue de Paris (capture d'écran)

Entendu sur une radio un représentant d’association d’automobilistes (je ne sais pas laquelle) commencer de glapir de la sorte : « C’est déjà difficile d’habiter à Paris, alors... »
Plus exactement, pour des questions de prix du logement, il est impossible, pour beaucoup de gens, de s’installer à Paris. Mais une fois qu’on y est : « difficile de vivre à Paris ?... » (surtout quand on a assez d’argent à perdre dans un panzer…?) De qui se moque-t-on. Mais si ces gens-là n’aiment pas Paris, qu’ils aillent vivre ailleurs ! Et peut-être retrouvera-t-on dans la capitale des logements abordables.

André-Georges Barbier, vue de Paris (capture d'écran)

Ce qui est un peu dommage, c’est que si peu de gens aient voté : 78 121 Parisiens sur 1 374 532 inscrits.
Quoique. Je déteste ces énormes véhicules qui fondent derrière vous sur les routes tous feux surallumés parfois, ou qui, s’ils sont devant vous, vous bouchent toute vue ; prennent plus de place que les autres généralement. Néanmoins : donner sa voix à l’accroissement d’une taxe de stationnement ? Sur le principe, ça me gêne bien sûr ; les octrois et autres oiseaux de fer (voir à cet endroit – si, si : il suffit de cliquer –) ne sont point du tout mon fait. On me reprochera quelque misanthropie ? C’est gentil, après tout, de faire payer les « encombrants » dans les villes (voir, encore, ici…), C’est bien intentionné. Comme les pavés de l’enfer.
(Et avec cet argent, les gentilles municipalités pourront financer du mobilier urbain adapté à empêcher que des pauvres, des vagabonds, des SDF puissent s’y coucher ou y dormir…)

Puis bien sûr certains arguments des tenants des « SUV » – qu’ils n’aillent pas nous faire croire par contre qu’ils sont écologiques – et autres « 4X4 » sont peut-être entendables. Si la Seine débordait, peut-être parviendraient-ils plus facilement à passer par des rues inondées avec leurs véhicules. Ou si des animaux de la ménagerie s’échappaient, sans doute s’y sentiraient-ils plus en sécurité derrière les pare-buffles.
Moins sérieusement, certes, la mesure ne fera vraisemblablement que peu baisser la pollution, etc.

André-Georges Barbier, vue de Paris (capture d'écran)

Mais c’est une question culturelle qui est en jeu. « On achète ce qu’on veut ! » Non. Tout n’est pas, ne doit pas être nécessairement à vendre contrairement à ce que l’on voudrait parfois faire croire. Et en l’occurrence, l’Europe est un petit continent (en superficie) ; les panzers n’y sont pas adaptés, sauf en temps de guerre auxquels personne ne souhaite revenir. On a déjà artificialisé beaucoup trop d’espace ; on ne peut plus continuer d’augmenter la taille des routes, des places de stationnement…

Mais la question remue je ne sais quoi dans l’irrationnel de certaines gens.
Frappé de voir la forte proportion de panzers au Danemark récemment, qui n’est pourtant pas un pays qui dispose d’énormément de place quant à lui.
Ces véhicules n’éveillent-ils pas quelque chose d’une vague nostalgie d’après-guerre (je vais faire un peu de psychologie de bazar), reçue par les actuels propriétaires de ces engins de leurs grand-parents, arrière-grand-parents peut-être, devant un antique poste de télévision, en regardant des films vaguement rigolards sur la Seconde Guerre mondiale ?

André-Georges Barbier, vue de Paris (capture d'écran)

Là, on peut revenir à Gracq.
Il rend très bien la rencontre avec un char allemand, dans Un balcon en forêt.


Nils Blanchard


Triche : Je rajoute Louis Guilloux, Cripure, Nabucet aux étiquettes ; c’était trop plein la fois dernière.

P.-S.: Retour à 1921. Mort de Robert Badinter le 9 février. Je me renseigne sur l’abolition de la peine de mort dans les pays nordiques ; pour ce qui est de la Suède, l’abolition pour les crimes commis en temps de paix a eu lieu officiellement le 30 juin 1921, le 1er janvier 1973 pour ce qui est des crimes commis en temps de guerre. Plus important peut-être : la dernière exécution y a eu lieu le 23 novembre 1910.
Il ne s’agit pas ici de se rengorger que les uns ou les autres aient supprimé la peine de mort plus ou moins tôt, mais pour la France, la disparition de Robert Badinter accompagne, j’en ai peur – on en reparlera – un temps particulier, où une certaine vigilance se relâche vis-à-vis de l’antisémitisme, ou de manquements à certains principes essentiels de l’État de droit. J’ai entendu aussi il y a quelques jours, au cours d’un entretien à la radio, Martin Kamitz évoquer un respect moins grand depuis quelques décennies pour le corps, à travers les photos, les films, avec des scènes de violence, de torture, presque banalisées.

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