Non, non : pas de communauté suédoise remontant au Moyen Age en Belgique.
Simplement on a appris la mort récente du chanteur Arno.
NB - Près d'Ekenäs |
Alors que vient faire ici cette photo de la côte finlandaise en face d’Ekenäs (Tammisaari) ?
C'est qu’il y a maintenant pas mal d’années, j’ai écrit un roman (envoyé à un éditeur, refusé, remisé dans un placard, en partie oublié) dont la seconde moitié (de mémoire, donc) se passe à Helsinki et en Suède. Des Français – entre autres – plus ou moins, ou pas du tout (il y a un vieux monsieur à qui une ancienne amoureuse donne un rendez-vous) liés à ces pays y font des séjours ; ils s’entrelacent à des personnages du cru.
Bon, mais alors, Arno ?
Ce roman, une de ses versions en tout cas, s’intitule Pas heureux ni malheureux.
Et Pas heureux ni malheureux, c’est une chanson d’Arno. Voilà. Tout simplement. Je ne saurais trop en recommander l’écoute.
Allez, extrait :
C'est elle, la plupart du temps, qui prend des initiatives lorsqu’on est ensemble. Mais là, alors que nous étions réfugiés à une petite table au fond de son café de quartier ravivé par la pluie, il était clair qu’elle n’avait pas son allant habituel. Je me suis dit à ce moment-là qu’il ne fallait pas lui poser la mauvaise question. Enfin non, j’écris ça parce que j’écris... Je ne me suis rien dit du tout ; je lui ai demandé :
— C'est ton blondinet ?
— Non, ah lui... Ça fait deux semaines que je l’ai envoyé au diable, mais...
Mais, blondinet ou pas, elle ne voulait pas demeurer seule, détestait la classe d’hypokhâgne dans laquelle elle regrettait d’être entrée. Seul le professeur d’histoire lui plaisait et l’encourageait, par élimination, à poursuivre dans cette voie. Mais elle se sentait terrifiée à l’idée d’étudier les morts.
Elle trouvait ça malsain, l’histoire. Je me souviens que je l’ai trouvée très belle ; elle a dit soudain :
— Charles Ernest.
— Pardon ?
— C'est le nouvel album d’Arno. Pas heureux ni malheureux, Je veux nager...
En temps normal, elle aurait déjà tout envoyé paître. Or précisément... Elle se demandait si elle avait encore le droit de faire des caprices ; elle avait peur d’être déjà engoncée dans une vie qui ne lui plairait jamais. Terriblement peur.
On était en février, déjà en février, je me rendais compte ? Depuis notre dernière rencontre, elle avait eu le temps de s’amouracher d’un garçon puis de s’en séparer. Elle avait aussi écrit un petit roman qui ne valait rien et...
Je ne sais plus très bien de quoi on a parlé ensuite. On a dû évoquer notre semblant de pacte (…)
Oui, bien sûr, un peu d’autobiographie là-dedans. À l’époque où j’ai pris ces photos, il y a… plus de deux décennies, je passais un an en Finlande. Dans la Finlande suédophone.
L'eau a coulé autour des archipels ; Ekenäs maintenant a fusionné avec deux communes voisines (Karis et Pohja) et est devenue Raseborg (Raasepori).
Arno :
T’as rien à perdre
Let’s get out of this world
Il n’y a pas de malheur
À s’aimer soi-même
Aucune religion peut nous sauver
Quand il reste plus rien,
il n’y a rien à casser
On n’est pas heureux, ni malheureux
(…)
(A. Hintjens / A. Hintjens, S. Feys, S. Baelen – Arno’s Music, Delabel Éditions)
Post-scriptum :
Au moment où je « boucle » ce billet, il est question aux informations (radio, Le Monde) du rendu imminent du rapport de la commission historique indépendante chargée d’enquêter (à la demande de l’Université de Strasbourg) sur les activités de la Reichsuniversität Straßburg (université du Reich de Strasbourg) durant l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne nazie, et notamment sur les agissements de « médecins » de l’université en lien avec le camp du Struthof.
Nils Blanchard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire