Un blog en lien indirect de celui-ci (via Alluvions), celui de Jean-Jacques Birgé, d’évoquer, sur plusieurs articles en ce mois de septembre, un voyage fait par le blogueur dans les Pays baltes.
Ce voyage se termine par l’Estonie.
NB - Hapsal (Estonie), 2018 |
J.-J. Birgé passe par Haapsalu (Hapsal, en suédois) « capitale » des Suédois d’Estonie. Visiblement, ce n’est pas un très grand souvenir pour lui (« pas beaucoup d'intérêt en dehors de son château médiéval. Aucune plage à la ronde malgré la côte, et les locations sont étonnamment plus chères qu'ailleurs. ») Il a dû passer sans doute sans le remarquer devant l’emblème de ce blog (sur la place du marché suédois – s’il est toujours là…)
Le château, il était en reconstruction quand j’y suis passé (en 2018…) J’avais eu l’impression d’y croiser de vagues fantômes.
NB - Hapsal (Estonie), 2018 |
Mais il est vrai que la pleine mer était difficile à trouver ; il aurait fallu, oui, aller à Saaremaa (Ösel en suédois, mais il n’y avait pas là particulièrement d’Esto-suédois…)
Moi, je n’avais pas vraiment le temps. (Pas trop d’argent, aussi, à cette époque où j’écrivais Elmar Krusman… J’avais besoin de temps, devais être plus ou moins en temps partiel…)
Bon, mais J.-J. Birgé assène : « Les autochtones sont accueillants, particulièrement en Lituanie et en Lettonie. Je comprends pourtant pourquoi les voyageurs vont plus souvent du nord au sud, on est toujours le méridional de quelqu'un ! L'Estonie est globalement plus sèche, plus scandinave. »
Prenons le temps, là, de corriger un point : les Estoniens – il n’est pas question plus précisément des Esto-Suédois – ne sont pas scandinaves mais, à l’instar des Finnois, finno-ougriens. C’est dit.
Et pour ce qui est de la calembredaine géo-sociale, je reconnaîtrai par honnêteté avoir rencontré une certaine « froideur » en Estonie, mais ça ne saurait me guérir de ma détestation des généralités (surtout françaises). C’est dit aussi.
Dans cette région (Ösel…), les chevaliers porte-glaive avaient poussé leurs pions (et il y avait beaucoup de Germano-Baltes à Saaremaa, minorité dont il est un peu question dans mes livre et article). On n’est pas très loin de la Prusse-Orientale d’un Ernst Wiechert, dans Missa sine Nomine. On y lit du reste – Suédois d’ailleurs… – sur la famille des principaux protagonistes (les Liljecronas – le nom en suédois signifie mot à mot « Petite couronne ») – Le livre de poche, traduction de Jacques Martin, pages 23-24 :
« Les Liljecronas, qui avaient dans leurs veines du sang suédois, lui avaient toujours paru une race sujette à caution, une race de paysans issue du monde obscur des Vikings, probablement, et il ne lui semblait pas impossible qu’ils se fussent nourris de viande de cheval quelques siècles plus tôt et qu’ils eussent offert des sacrifices humains à leur dieu borgne. »
Or il se trouve que François Bayrou, récemment renversé comme premier ministre – ce qui a fait la joie de révolutionnaires façon Mélenchon-Le Pen Prime qui ne tolèrent pas que quelqu’un sorte tant soit peu d’un cadre, d’un code établi par le monde de l’entreprise ; langue de bois et globish obligatoires (je dis ça en ayant conscience par ailleurs des maladresses de l’ancien premier ministre – je râlais précisément il y a peu contre tel grand patron appelant sarkozyquement au « travailler plus pour gagner plus », qui n’est en fait souvent le masque que d’un mauvais travail qui abîme tout…), contre Bayrou lui-même s’en prenant à son discours d’investiture (peut-être qu’une mouche malade de pesticides l’avait piqué) aux inspecteurs de la biodiversité… – avait Ernst Wiechert comme écrivain de chevet.
On lit dans Le Point (article de Thomas Mahler), le 3 mai 2016 :
« François Bayrou détonne : depuis des années, il n'a cessé de susciter la surprise et la gêne des journalistes en citant Les Enfants Jéromine d'Ernst Wiechert.
(...)
Au rythme des moissons et des chorals luthériens, des noces comme des enterrements, Wiechert raconte les existences laborieuses mais dignes de ces charbonniers, forestiers et pêcheurs. “Ils ne lisaient pas de journaux et ce qui se passait dans le district ou dans le monde ne venait à leur connaissance que par la bouche de l'instituteur, qui était leur Moïse dans le désert. Il s'en était bien trouvé certains, parmi eux, que le vide de leur existence avait poussés au désespoir et qui passaient leurs journées à boire, en cachette ou sans vergogne. D'autres encore qui fermaient leurs cœurs remplis de haine et d'amertume, des misanthropes qui se dressaient, durs et froids, comme d'impitoyables juges, contre leurs enfants effarés, et qu'on ne revoyait plus lorsqu'à midi la cloche de l'école avait sonné. Cependant la plupart d'entre eux étaient remplis de la sagesse des pauvres et des solitaires, renfermés sans aigreur dans leur monde.” »
Il est vrai que tout ça n’est pas très à la mode…
Nils Blanchard
Rattrapage d’étiquette du dernier billet : Mademoiselle K.
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