Été à nouveau me promener près du canal. Pas Schwindratzheim, un peu plus loin vers Saverne. Idées plus ou moins joyeuses, mais marcher au bord de l’eau du canal – odeur légère de rivière – dans un paysage verdoyant – l’été jusque là n’avait pas dû être trop sec –, ça a quelque chose de… revigorant.
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Isaac Cordal - Capture d’écran |
Il y avait eu cette loi Duplomb (quelle idée! Autoriser – entre autres – un pesticide qu’on sait potentiellement (très) dangereux sous prétexte que d’autres pays européens le font… On est là en plein dans ce que j’appelle la maastrichtlisbonnisation…), heureusement retoquée par le Conseil constitutionnel le 7 août.
Mais le sénateur veut repartir en guerre, refaire passer sa mesure sous une autre forme législative.
C'est cela qui est déprimant, aussi : cette impression qu’on n’en a jamais fini avec certains problèmes ; certaines gens ne se fatiguent jamais…
NB |
Je suis loin d’être un adepte de ce qu’on appelle le « street art », mais j’ai pris en photo ce graffiti, au cours de ma promenade, sous un pont « LGV » – cette ligne, que je ne prends pas assez souvent, qui va à Paris…
« J'profite de la chute avant la collusion. » Peut-on dire que c’est une philosophie comme une autre ? Elle illustre bien certaines idéologies ; ce patron des patrons, ce député Duplomb (et ses soutiens), « Après moi le déluge »…
NB - Pont de la LGV, Canal de la Marne au Rhin - et vaches |
Or juste avant cette promenade, dans la voiture, j’entendais Valérie Chansigaud, historienne, évoquer Elisée Reclus. (Un vieil ami parisien – et dhôtelien – me répète parfois avec grande délectation qu’il est le seul anarchiste à avoir une rue à Paris…)
Eh ! Et précisément, cette anarchie, elle, de se soucier de l’environnement, des autres…
Ci-après, la présentation de l’émission de France culture :
« Géographe prolixe et anarchiste influent, Élisée Reclus est aussi remarqué pour sa préoccupation pour la nature, qui traverse ses écrits tout au long de sa vie. C'est à cet idéal de coexistence entre l'homme et son milieu qu'il consacre les dernières années de sa vie.
Valérie Chansigaud est historienne des sciences, chercheuse associée au laboratoire SPHERE. Elle retrace cet esprit de liberté et de solidarité qui s'articule avec l'anarchisme, notions majeures pour Élisée Reclus. »
Et l’historienne de poursuivre :
« "Ce qui pourrait paraître assez logique pour un anarchiste, lui ne se pense jamais comme maître, il ne va jamais chercher à faire école. (…) Il pense que les idées n'ont pas besoin d'être transmises de façon hiérarchique, mais qu'elles se diffusent dans la société." Pour Élisée Reclus cette notion de solidarité est essentielle, elle recoupe l'alliance entre les êtres humains, les organismes vivants et la planète, Valérie Chansigaud poursuit : "Cette solidarité, c'est aussi une notion propre à l'anarchisme, qui définit vraiment la liberté comme celle qui commence par celle de l'autre ; c'est-à-dire : j'ai besoin de la liberté d'autrui pour réaliser la mienne." »
Liberté de l’autre, et des générations à venir : celle de pouvoir encore observer des insectes – et subséquemment des oiseaux – dans nos campagnes ; entre autres.
NB - Canal de la Marne au Rhin |
Étrangement (à peu près à la même période), je lisais à propos de Jean Follain (André Dhôtel, éd. Seghers, 1953, page 54) :
« Il semble que le thème qui doit pour ainsi dire vaincre notre temps soit en fin de compte celui d’un étrange arrêt dans la succession inéluctable des heures et des jours. Henri Thomas faisait déjà l’aveu d’une certaine expérience selon laquelle l’homme se sent soudain en dehors de la fuite des événements, ni avant ni après, à tel moment déterminé, mais par un décalage subtil, indépendant de la chaîne des choses vécues. Jean Follain montre en ce sentiment beaucoup plus de violence. Il use de cette force d’inertie de l’enfant, qui pesait de tout son poids pour obliger (par exemple) les parents à entrer dans un bazar et pour renverser le cours de la destinée inscrite sur le front familial. Ne pouvant ou ne voulant se détacher il s’appesantit. Il s’attache à ce qui s’oppose par sa densité aveugle au cours du destin ou bien encore il se fie au poids même de ce destin qui finalement devrait nous recueillir dans ses profondeurs éternelles. »
Allons, peut-être reparlera-t-on de cela aussi.
Mais ce n’est pas très gai, évidemment, bien que fort bien troussé. C’est du Dhôtel. Et du Dhôtel critique, autant dire que c’est du Dhôtel qui parle aussi – avant tout ? – de lui-même.
Cette réflexion : parce que je lisais aussi précisément Jacques Brenner (Journal, 21 mai 1941) :
« Un critique en dit plus sur soi que sur l’auteur qu’il étudie. (C’est d’ailleurs en cela que les critiques nous intéressent.) »
Nils Blanchard
Ajout. Retour de Mademoiselle K... Grand Dieu, trois ans après... trois ans, comme ce blog...
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