jeudi 18 juillet 2024

(À) poil ; encore plus loin qu’ailleurs

Au début de l’été, dans le blog Gabis annex (Gabrielle Björnstrand) en lien de celui-ci, l’auteure intitule son article : « Plötsligt tänkte jag på döden ». Elle y évoque Ingmar Bergman, qu’elle a connu si j’ai bien compris, puis différentes choses, sur la possibilité d’un ciel (non d’une île…)

Hugo Simberg (capture d'écran)

 Puis elle en arrive à l’angoisse de la mort dont elles se dit préservée. Elle compare alors la mort à un chien bâtard (il y a peut-être une expression là-dessus en suédois que je ne connais pas) qu’on peut laisser dans un coin avant de se rendre compte qu’on ne l’a peut-être pas assez nourri…
Ou on peut le sortir :

« Och medan den löper kan man tänka på allt möjligt som döden kanske lär oss. Till exempel att vi är rätt små, oavsett vad vi gör och inte gör. Till exempel att vi är rätt stora. Vi är faktiskt allt vi kan se och fatta med våra öppna ögon och sinnen och tankar. »

« Et pendant qu’il court, on peut penser à tout ce que la mort peut nous enseigner. Par exemple notre petitesse, quoi qu’on fasse ou qu’on ne fasse pas. Par exemple notre grandeur. Nous sommes au fond tout ce qu’on peut voir et comprendre avec nos yeux ouverts, nos sens et pensées. »

De là, on en arrive aux diverses expériences religieuses, puis à Eros. Eros et Thanatos, Freud…

« Dödsdriften i hans tappning är förstörande, destruktiv, upplösande. Eros förbinder och bygger upp och älskar och har sig. Men i Eros finns också ett försvinnande. Emellanåt blir man ett, i en enda stor känsla. Man går upp i, ger sig hän, sjunker i ett hav. Och fransmännen, som alltid är lite sisådär finsmakare när det gäller erotik, kallar tillståndet efter orgasmen för Le petit mort, den lilla döden. »

« La pulsion de mort, dans son sens, abîme, détruit, dissout. Eros relie et reconstruit et aime et s’assume. Pourtant il y a aussi une disparition en lui. Dans l’intervalle on ne fait plus qu'un, dans un seul grand sentiment. On monte et on s’abandonne dans une mer, on y plonge. Et les Français, qui sont toujours peut-on dire connaisseurs en matière d'érotisme, appellent l'état qui suit l'orgasme "Le petit mort". »

L'erreur est intéressante peut-être. La petite mort – la mort, comme la vie, est féminin (et pas besoin d’« inclusion » là-dedans!) – est l’orgasme lui-même. La mort qui le suivrait pourrait être issue d’une épectase…

Hugo Simberg (capture d'écran)

À v
rai dire, ce billet fait suite à deux autres : celui-ci, celui-là, d'il y a un an, mais je l’ai laissé trop longtemps de côté et suis parti dans autre chose… Il devait être question au départ de Vosges, d’Ardennes, autour d’André Dhôtel, Benoît Duteurtre et même Jules Roy… On y reviendra plus tard, vous verrez.
Mais je retrouve Jane Birkin, dans la chanson (écrite par elle) Enfants d’hiver (musique de Hawksley Workman) :

« Les corps gris, enfants / D’hiver, rares / Les poils éparpillés / Sur les jambes bleutées / Éraflées par les / Épines des jardins défendus / Croyant toute perfidie interdite / Épaves de promesses enfantines / Les lèvres mauves, les plages noires / J’ai passé mes nuits à nous regretter / Il y a un pays / Invérifiable / Inaccessible / Comme les morts / J’ai passé ma vie à le rechercher (…) »

Eh allez ! Ça devait arriver quand même ; on retourne à Dhôtel ; Le pays où l’on n’arrive jamais.
D'ailleurs, le méchant dans ce roman – il y a un « méchant » (en fait, au fond, c’est sans doute plutôt un indifférent ; et n’est-ce pas la même chose?) – s’appelle Parpoil.


Nils Blanchard


Étiquettes rajoutées du précédent billet : Philippe Noble, Alsace.

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