jeudi 11 juillet 2024

Ricochets et hasards – Conférence à Bisingen ; 2

Étranges sentiments de déjà-vu, çà et là, indépendamment de ce que j’avais vraiment déjà vu. Le fonctionnement de l’association, me rappelant vaguement – version allemande – des associations que je fréquente, certains personnages (parmi les présents), certaines impressions en me promenant dans la ville.

Westerbork, Wikipedia


Bon, mais Westerbork, camp de regroupement et de transit au nord-est des Pays-Bas, dans la province d’aride réputation de Drenthe, a vu passer plus de 100 000 personnes, déportées et assassinées à Auschwitz et Sobibor principalement ; certaines ont aussi été déportés vers Bergen-Belsen et Theresienstadt

Etty Hillesum, lors qu’elle est rentrée à Amsterdam après un séjour au camp, en décembre 1942 (Lettres de Westerbork, traduction de Philippe Noble, Points-Seuil, 1995, page 254) : le décrit ainsi :

« (...) un village de baraques en bois, serti entre ciel et lande avec en son milieu un champ de lupins d’un jaune éblouissant et des barbelés tout autour. »

Parmi les gens qui y sont passés, la famille de la conférencière Monika Jalili, mais aussi, outre Etty Hillesum : Anne Frank.
Comme ailleurs dans le Monde, dans les années trente, les frontières des Pays-Bas s’étaient progressivement refermées en lien aux migrations entraînées par les totalitarismes. On commence à regrouper les réfugiés dans plusieurs camps d’internement – 20 000 réfugiés juifs étrangers aux Pays-Bas en 1939. Cette même année, on décide leur regroupement dans le camp de Westerbork (dont la construction est censée être remboursée par des associations juives néerlandaises).

À partir de là, ce camp a connu plusieurs statuts, plusieurs types d’administrations.
- D'octobre 1939 à mai 1940, le camp dépend du ministère de l’Intérieur néerlandais.
- Il reste ensuite sous cette autorité, malgré l’occupation allemande, jusqu’en juillet 1940.
- De juillet 1940 à juillet 1942, toujours officiellement sous autorité néerlandaise, Westerbork passe sous l’autorité du ministère de la Justice (avec surveillance de la police militaire néerlandaise).
C'est à cette époque, fin 1941, que le camp devient un camp de transit pour les camps d’extermination. Il augmente en taille (plus exactement, en nombre de baraquements), une voie ferrée le dessert.
- À partir de juillet 1942, le camp passe sous l’autorité de la SS.

Etty Hillesum encore, même lettre, fin 1942 (page 267) :

« Sur une population de dix mille personnes, deux mille cinq cents environ sont logées dans les deux cent quinze petits pavillons qui constituaient autrefois l’essentiel du camp et qui, à l’air “prédéportationnaire”, abritaient une famille chacun. »

Son histoire se poursuivra après la Libération, on y reviendra… C’est une autre histoire.

Camp de transit, donc, sa population va relativement se stabiliser, car si on continue d’y faire entrer des déportés, il en sort régulièrement pour les convois vers les camps d’extermination ; il s’agit désormais, outre ceux qui restent parmi les juifs allemands du départ, de la population juive néerlandaise. 

Etty Hillesum - capture d'écran


Retour à Bisingen, 2024.
À l'issue de la conférence, discussion, en allemand, sur les élections européennes passées, les scores de l’extrême droite… Question récurrente : que faire pour transmettre aux jeunes gens l’héritage de la mémoire de la Shoah ? On en revient au thème de la génération d’après…
Là, questions étranges : doit-on aller sur « tik-tok » pour discuter avec les jeunes gens ?
Grand Dieu... 

Et à l'Alsace... 
Je reviens à ce que j’évoquais de cette brochette de villages autour d’un collège de ma connaissance. Là, le candidat d’extrême droite a été largement élu au second tour ; dans deux communes, il a allègrement dépassé les 60 %.
J'ai déjà évoqué un aspect assez « privilégié » (économiquement en tout cas) de l’endroit…
Je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec un discours historique local (oui, ces trois termes sont bien dissonants, particulièrement à cet endroit), notamment sur la Seconde Guerre mondiale, n’ayant de cesse de présenter les Alsaciens comme systématiquement victimes, plus exactement : plus victimes que les autres…, d’abandon par la France, d’injustice…
Bon, mais se mettre sous la coupe d’un parti ayant prôné bon an mal an une certaine allégeance à Poutine… Pensent-ils vraiment se préserver ainsi de problèmes à venir ? Pensent-ils ?


Nils Blanchard


J'ajoute les « étiquettes » suivantes de l’article précédent : Le Pen, E. Zemmour, G. Meloni, M. Salvini, France télévision, Olivier Faure, Jean Moulin.

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