mercredi 14 décembre 2022

Un héros qui s’appelle Hiver

 À mon oncle Pierre Blanchard 

J’en ai parlé au premier bulletin de ce blog [ici, bien sûr], de ce (relativement) nouveau polar d’Åke Edwardson, de la série des Erik Winter. Le treizième. Il s’intitule Det trettonde fallet. La treizième affaire. (Éditions Bonniers.)

Début de la première phrase : « Winter hade druckit en snabb kopp kaffe 

på Málagas flygplats (…) » « Winter avait pris rapidement un café à

l’aéroport de Málaga (…) » 


Málaga, je pourrais en parler aussi, vaguement en rapport avec la Suède

d’ailleurs. Mais ma vie personnelle n’est pas l’objet de ce blog.

Le commissaire Winter, le héros de la série d’Edwardson, est bien quant à

lui un « Suédois d’ailleurs », vu qu’il vit en partie en Espagne, dans les 

derniers épisodes tout du moins, vu, aussi, qu’il n’arrive pas à construire

sa maison dans son propre pays.


Edith Södergran, « Jag är frammande i detta land » « Je suis étrangère en

ce pays »… Mais de quel pays parlait-elle ? La Finlande, la Russie, la

Suède ? Elle habita (et mourut je crois) néanmoins bel et bien dans une

maison… On l’y voit avec un chien -- d'habitude, ce sont plutôt des chats ; 

de gros chats de gouttière parés aux hivers de la Finlande d'alors... -- , sur 

une photographie d'un dernier billet du site de l’association de ses amis, en 

lien de ce blog…


Edwardson fait parfois parler Winter en espagnol. Comme pour le 

détacher encore plus de son pays ? (Où, pourtant, il envisage de

construire sa maison…) Du reste, l’auteur aurait affirmé (mais ce ne serait 

pas la première fois) que cette Treizième affaire serait la dernière de la

série.

Il est néanmoins en grande forme. Pour ceux qui ont lu d’autres volumes

(traduits en France en poche chez 10/18 – celui-là devrait l’être assez

vite…), ils ne s’étonneront pas de trouver des recettes de cuisines 

distillées dans l’intrigue, des jugements à l’emporte-pièce ponctuées de

« Tout le monde sait ça » (surtout au début du livre… comme, peut-être, 

pour prendre le rythme, là aussi…)

Plus tranché, page 247, cette variante (à propos de cuisine, pas même de

police) : « (…) inte alla skulle hålla med men vad visste de. » « (…) tout le

monde ne serait pas d’accord mais qu’est-ce qu’ils en savent. »

Qu’en savent les cohortes de crétins qui commentent anonymement tout 

et rien sur les « réseaux » « sociaux » ?

Que savent-ils, notamment, de l’alliance du Pinot gris avec le poisson,

dont parle à ce moment Edwardson (qui fait dans ce volume une petite 

fixette sur le vin d’Alsace…) ? Rien, bien sûr…


Pour ceux qui ont lu d’autres volumes, encore, peut-être se remémoreront-

ils d’autres références, dans d’anciennes enquêtes, à T. S. Eliot. Mais si… 

The Waste Land…


Page 42 : « Polishuset flödade över av elak aprilsol. Av alla årets solar är 

den i april värst, hårdast, kall och naken (…) » « L’hôtel de police scintillait

du méchant soleil d’avril. De tous les soleils de l’année, celui d’avril est le 

pire, le plus dur, froid et nu (…) »


Bon. Mais Eliot, « tout le monde sait ça »… « April is the cruellest month,

breeding / Lilacs out of the dead land, mixing (…) » 


On ne saura trop recommander la traduction de Pierre Leyris, ami d’André

Dhôtel. « Tout le monde... »



Et on retrouve les remarques, et plaisanteries iconoclastes de Fredrik 

Halders. Là, c’est un peu compliqué à décrire. Il faut connaître… Allez,

10/18…

Je peux quand même dire à son sujet qu’il m’a semblé le rencontrer en 

chair et en os, un très serviable (néanmoins…) contrôleur d’un train que

j’ai pris après diverses aventures que j’ai un peu narrées là même... 

Avis à un cinéaste éventuel : Halders existe…


Il devrait en exister plus, d’ailleurs.


Nils Blanchard


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