J'avais dit que j’y reviendrais. Et il y a de quoi revenir, en effet, sur ce roman somme toute étrange d’Hillevi Norburg, Messalina (éditions Augusti).
La couverture du livre est un un détail de Aubrey Beardley, et sa quatrième annonce la parenté de l’ouvrage avec la littérature décadente.
Et il y a bien de ça. D’ailleurs, Hillevi Norburg a pu faire allusion aux éditions du Chat rouge, dans son blog (en lien à celui-ci), dont une simple visite du site (Ici !) est un plaisir pour les yeux.
J'ajouterais qu’il y a un côté Liaisons dangereuses, mais à l’envers. Ce n’est certes pas un roman épistolaire (malgré des lettres glissées au milieu des chapitres) et l’époque est différente (fin dix-neuvième siècle). Mais on a néanmoins une sorte d’anti Valmont dans le personnage principal (du moins de ce qu’on peut imaginer de Valmont jeune du roman de Laclos). David, le héros, ne cède pas facilement à la tentation de la chair – même dans un bordel de Bruxelles où il s’est fait entraîner un peu malgré lui –, et quand il y cède, c’est dans le cas d’un viol (ou viol imaginé ? On finit par douter…) Et lui-même, dans quelle mesure n’est-il pas manipulé par l’image qu’il se fait, cette fixette étrange, de la jeune femme qu’il appelle Messaline ?
Et à l’inverse de Valmont, il ne court pas à sa perte sociale, mais à la respectabilité et la richesse vraisemblablement (ne dévoilons rien), ce qui serait bien pire peut-être, finalement…
La forêt a un rôle non négligeable, dans ce livre. D’où l’illustration qui précède, mais on y reviendra. (Je devrais faire en janvier une conférence sur la forêt…)
Je reviendrai sur d’autres choses aussi, mais tâchons de mettre un peu d’ordre dans cette chronique ; voyons la quatrième de couverture :
« Adelsmannen David de Lesrat reser i det sena 1800-talet från Paris till sommarvistelse hos sin borgerlige vän Camille och hans familj i Belgien. Snart utvecklar sig ett mörkt triangeldrama med Camilles syster Mathilde, både irriterande, rödhårig och outgrundligt tilldragande, och den förhatlige poeten Laléande som alltid verkar ligga steget före David.
Under tiden faller de Lesrat allt djupare ner i sina egna tankars narcissistiska domän (…) »
« David de Lesrat, issu de la noblesse, se rend de Paris en Belgique, à la fin du dix-neuvième siècle, pour passer les vacances d’été dans la famille de son ami, le bourgeois Camille. Assez vite se développe un drame triangulaire avec la sœur de Camille, Mathilde, tout à la fois irritante, rousse, et terriblement attirante, et le poète, détesté par le héros, Laléande, qui semble toujours avoir une longueur d’avance sur David.
Dans le même temps, de Lesrat s’enfonce toujours plus dans le domaine de ses pensées narcissiques (…) »
Fin dix-neuvième, donc… Allusion (page 29), à une Anthologie des poètes d’aujourd’hui, dans laquelle Mathilde aurait découvert le poète Laléande, en 1891.
Bon, mais moi, je pense là aux Poètes d’aujourd’hui de Léautaud et van Bever (van Bever avait-il des origines flamandes?), dont la première édition date de 1900… Où figure un poète comme Pierre Louÿs, (qu’Hillevi Norburg a commencé de traduire je crois) – voir à ce sujet un site très documenté sur Léautaud : dans ces parages. Allusions aussi aux milieux de salons littéraires du temps. Natalie Barney est citée... Je parlais de concomitances, d’intérêts...
Il y a un autre personnage, aussi, une voisine, Frida, que David (qui est aussi le narrateur) a donc / croit donc avoir violée, vaguement sous l’influence de Mathilde…
Et Mathilde, plus douée que son frère pour beaucoup de choses, mais qui ne peut aller à la Sorbonne, ni développer vraiment ses talents artistiques… D’une certaine manière, elle tentera de se venger (pour parler comme Annie Ernaux) par l’arme qu’on lui donne, le mariage…
Concomitance d’intérêt : David de Lansrat, aussi, est originaire d’Angers, ou plus exactement de Champigné, un peu au nord de la ville. On y reviendra, etc. (Quelque part en janvier ? D’ici-là, il faut que je parle encore un peu de 1922…)
La Loire près d’Angers, à peu près à cette époque de l’année, l’année dernière.
Nils Blanchard
P.-S.: Sur le site de Svenska Litteratursälllskapet i Finland (SLS) (L’association suédoise de littérature en Finlande), en lien de ce blog, j’ai vu qu’il y aurait en janvier une « Nuit des sciences » avec ce titre : « Jorden, orden, Norden » (« Le Terre, les mots, le Nord »).
Les premières lignes de présentation en sont alléchantes : « Kan vi lära oss av historien? Hur kan skönlitteraturen vidga våra perspektiv? Hur kan vi få grepp om tiden? (…) » – « Peut-on apprendre de l’histoire ? Comment la littérature peut-elle élargir nos perspectives ? Comment peut-on avoir prise sur le temps ? (…) »
Ce sera à Helsingfors, le 12, Riddaregatan 5 (rue des Chevaliers)...
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