J’avais dit que j’y reviendrais. Et il y a de quoi revenir, en effet, sur ce roman somme toute étrange -- qui reste en mémoire, ne laisse pas indifférent... -- d’Hillevi Norburg, Messalina (éditions Augusti).
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Aubrey Beardley, wikipedia
La couverture du livre est un un détail de Aubrey Beardley, et sa quatrième
annonce la parenté de l’ouvrage avec la littérature décadente.
Et il y a bien de ça. D’ailleurs, Hillevi Norburg a pu faire allusion aux
éditions du Chat rouge, dans son blog (en lien à celui-ci), dont une simple
visite du site [ Ici ! ] est un plaisir pour les yeux.
J’ajouterais qu’il y a un côté Liaisons dangereuses, mais à l’envers. Ce
n’est certes pas un roman épistolaire (malgré des lettres glissées au milieu
des chapitres) et l’époque est différente (fin dix-neuvième siècle). Mais on
a néanmoins une sorte d’anti Valmont dans le personnage principal (du
moins de ce qu’on peut imaginer de Valmont jeune du roman de Laclos).
David, le héros, ne cède pas facilement à la tentation de la chair – même
dans un bordel de Bruxelles où il s’est fait entraîner un peu malgré lui –, et
quand il y cède, c’est dans le cas d’un viol (ou viol imaginé ? On finit par
douter…) Et lui-même, dans quelle mesure n’est-il pas manipulé par
l’image qu’il se fait, cette fixette étrange, de la jeune femme qu’il appelle
Messaline ?
Et à l’inverse de Valmont, il ne court pas à sa perte sociale, mais à la
respectabilité et la richesse vraisemblablement (ne dévoilons rien), ce qui serait bien
pire peut-être, finalement…
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Aubrey Beardley, wikipedia
La forêt a un rôle non négligeable, dans ce livre. D’où l’illustration qui
précède, mais on y reviendra. (Je devrais faire en janvier une conférence
sur la forêt…)
Je reviendrai sur d’autres choses aussi, mais tâchons de mettre un peu
d’ordre dans cette chronique ; voyons la quatrième de couverture :
« Adelsmannen David de Lesrat reser i det sena 1800-talet från Paris till
sommarvistelse hos sin borgerlige vän Camille och hans familj i Belgien.
Snart utvecklar sig ett mörkt triangeldrama med Camilles syster Mathilde,
både irriterande, rödhårig och outgrundligt tilldragande, och den förhatlige
poeten Laléande som alltid verkar ligga steget före David.
Under tiden faller de Lesrat allt djupare ner i sina egna tankars
narcissistiska domän (…) »
« David de Lesrat, homme issu de la noblesse, se rend de Paris en
Belgique, à la fin du dix-neuvième siècle, pour passer les vacances d’été
dans la famille de son ami, le bourgeois Camille. Assez vite se développe
un drame triangulaire avec la sœur de Camille, Mathilde, tout à la fois
irritante, rousse, et terriblement attirante, et le poète, détesté par le héros,
Laléande, qui semble toujours avoir une longueur d’avance sur David.
Dans le même temps, de Lesrat s’enfonce toujours plus dans le domaine
de ses pensées narcissiques (…) »
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Aubrey Beardley, wikipedia
Fin dix-neuvième, donc… Allusion (page 29), à l’Anthologie des poètes
d’aujourd’hui, dans laquelle Mathilde aurait découvert le poète Laléande,
en 1891.
Bon, mais moi, je pense là aux Poètes d’aujourd’hui de Léautaud et van
Bever (van Bever avait-il des origines flamandes?), dont la première
édition date de 1900… Où figure un poète comme Pierre Louÿs, (qu’Hillevi
Norburg a commencé de traduire je crois) – voir à ce sujet un site très
documenté sur Léautaud : dans ces parages. Allusions aussi aux milieux
de salons littéraires du temps. Natalie Barney est citée... Je parlais de
concomitances, d’intérêts...
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Natalie Barney, 1900
Il y a un autre personnage, aussi, une voisine, Frida, que David (qui est
aussi le narrateur) a donc / croit donc avoir violée, vaguement
sous l’influence de Mathilde…
Et Mathilde, plus douée que son frère pour beaucoup de choses, mais qui
ne peut aller à la Sorbonne, ni développer vraiment ses talents
artistiques… D’une certaine manière, elle tentera de se venger (pour
parler comme Annie Ernaux) par l’arme qu’on lui donne, le mariage…
Concomitance d’intérêt : David de Lansrat, aussi, est originaire d’Angers,
ou plus exactement de Champigné, un peu au nord de la ville. On y
reviendra, etc. (Quelque part en janvier ? D’ici-là, il faut que je parle
encore un peu de 1922…)
NB |
La Loire près d’Angers, à peu près à cette époque de l’année, l’année
dernière.
Nils Blanchard
P.-S. Sur le site de Svenska Litteratursälllskapet i Finland (SLS)
(L’association suédoise de littérature en Finlande), en lien de ce blog, j’ai
vu qu’il y aurait en janvier une « Nuit des sciences » avec ce titre :
« Jorden, orden, Norden » (« Le Terre, les mots, le Nord »).
Les premières lignes de présentation en sont alléchantes : « Kan vi lära
oss av historien? Hur kan skönlitteraturen vidga våra perspektiv? Hur kan
vi få grepp om tiden? (…) » – « Peut-on apprendre de l’histoire ?
Comment la littérature peut-elle élargir nos perspectives ? Comment peut-
on avoir prise sur le temps ? (…) »
Ce sera à Helsingfors, le 12, Riddaregatan 5 (rue des Chevaliers)...
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